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Du sang infortuné de notre premier roi.
Plein d'une juste horreur pour un Amalécite,
Race que notre Dieu de sa bouche a maudite,
Il n'a, devant Aman, pu fléchir les genoux,
Ni lui rendre un honneur qu'il ne croit dû qu'à vous.
De là contre les Juifs et contre Mardochée,
Cette haine, Seigneur, sous d'autres noms cachée.
En vain de vos bienfaits Mardochée est paré :
A la porte d'Aman est déjà préparé

D'un infâme trépas l'instrument exécrable.
Dans une heure au plus tard ce vieillard vénérable,
Des portes du palais par son ordre arraché,
Couvert de votre pourpre, y doit être attaché.
ASSUÉRU S.

Quel jour mêlé d'horreur vient effrayer mon âme!
Tout mon sang de colère et de honte s'enflamme.
J'étais donc le jouet... Ciel, daigne m'éclairer !
Un moment sans témoins cherchons à respirer.
Appelez Mardochée, il faut aussi l'entendre.
(Assuérus s'éloigne.)

UNE ISRA ÉLITE.

Vérité que j'implore, achève de descendre!

SCÈNE V.

ESTHER, AMAN, LEC HOE U R.

AMAN,

à Esther.

D'un juste étonnement je demeure frappé.
Les ennemis des Juifs m'ont trahi, m'ont trompé.
J'en atteste du ciel la puissance suprême,
En les perdant, j'ai cru vous assurer vous-même.
Princesse, en leur faveur employez mon crédit.
Le Roi, vous le voyez, flotte encore interdit.
Je sais par quels ressorts on le pousse, on l'arrête,
Et fais, comme il me plaît, le calme et la tempête.
Les intérêts des Juifs déjà me sont sacrés.
Parlez vos ennemis aussitôt massacrés,
Victimes de la foi que ma bouche vous jure,
De ma fatale erreur répareront l'injure.
Quel sang demandez-vous ?

ESTHER.

Va, traître, laisse-moi.

Les Juifs n'attendent rien d'un méchant tel

Misérable, le Dieu vengeur de l'innocence,

Tout prêt à te juger, tient déja sa balance.
Bientôt ton juste arrêt te sera prononcé.

que

toi.

Tremble: :son jour approche, et ton règne est passé.

AMAN.

Oui, ce Dieu, je l'avoue, est un Dieu redoutable. Mais veut-il que l'on garde une haine implacable? C'en est fait ; mon orgueil est forcé de plier; L'inexorable Aman est réduit à prier.

(Il se jette à ses pieds.)

Par le salut des Juifs, par ces pieds que j'embrasse, Par ce sage vieillard, l'honneur de votre race, Daignez d'un Roi terrible apaiser le courroux; Sauvez Aman, qui tremble à vos sacrés genoux.

SCÈNE VI.

ASSUÉRUS, ESTHER, AMAN, ÉLISE,

LE CHOEUR, GARDES.

ASSUÉRU S.

Quoi! le traître sur vous porte ses mains hardies!
Ah! dans ses yeux confus je lis ses perfidies;
Et son trouble, appuyant la foi de vos discours,
De tous ses attentats me rappelle le cours.
Qu'à ce monstre à l'instant l'àme soit arrachée ;
Et

que devant sa porte, au lieu de Mardochée, Apaisant, par sa mort, et la terre et les cieux, De mes peuples vengés il repaisse les yeux.

(Aman est emmené par les gardes. )

SCÈNE VII.

ASSUÉRUS, MARDOCHÉE, ESTHER, ÉLISE,

LE CHOEUR.

ASSUÉRUS, s'adressant à Mardochée.

Mortel chéri du ciel, mon salut et ma joie,
Aux conseils des méchans ton Roi n'est plus en proie.
Mes yeux sont dessillés, le crime est confondu :
Viens briller près de moi dans le rang qui t'est dû.
Je te donne d'Aman les biens et la puissance;
Possède justement son injuste opulence.

Je romps le joug funeste où les Juifs sont soumis;
Je leur livre le sang de tous leurs ennemis.

A l'égal des Persans je veux qu'on les honore,

Et

que tout tremble au nom du Dieu qu'Esther adore. Rebâtissez son temple, et peuplez vos cités. Que vos heureux enfans, dans leurs solennités, Consacrent de ce jour le triomphe et la gloire, Et qu'à jamais mon nom vive dans leur mémoire,

SCÈNE VIII.

ASSUÉRUS, ESTHER,MARDOCHÉE, ASAPH, ÉLISE, LE CHOeur.

Que veut Asaph ?

ASSUÉRUS.

ASAPH.

Seigneur, le traître est expiré,

Par le peuple en fureur à moitié déchiré.
On traîne, on va donner en spectacle funeste,
De son corps tout sanglant le misérable reste.

MARDOCHÉE.

Roi, qu'à jamais le ciel prenne soin de vos jours!
Le péril des Juifs presse, et veut un prompt secours,
ASSUÉRU S.

Oui, je t'entends. Allons, par des ordres contraires,
Révoquer d'un méchant les ordres sanguinaires.

ESTHER.

O Dieu! par quelle route inconnue aux mortels,
Ta sagesse conduit ses desseins éternels!

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