Quoi? OE NONE. PHEDRE. Je te l'ai prédit, mais tu n'as pas voulu : Vous mourez! que, OE NONE. PHEDRE. Juste ciel ! qu'ai-je fait aujourd'hui ? Mon époux va paraître, et son fils avec lui. Je verrai le témoin de ma flamme adultère, Observer de quel front j'ose aborder son père, Le cœur gros de soupirs qu'il n'a point écoutés, L'œil humide de pleurs par l'ingrat rebutés. Penses-tu sensible à l'honneur de Thésée, Il lui cache l'ardeur dont je suis embràsée ? Laissera-t-il trahir et son père et son roi? Pourra-t-il contenir l'horreur qu'il a pour Il se tairait en vain. Je sais mes perfidies, OEnone, et ne suis point de ces femmes hardies Qui, goûtant dans le crime une tranquille paix, Ont su se faire un front qui ne rougit jamais. Je connais mes fureurs, je les rappelle toutes. Il me semble déjà que ces murs, que ces voûtes Vont prendre la parole, et prêts à m'accuser, moi? Attendent mon époux pour le désabuser. courage: Mourons; de tant d'horreurs qu'un trépas me délivre! OE NONE. Il n'en faut point douter, je les plains l'un et l'autre. De quel œil voyez-vous ce prince audacieux ? PHEDRE. Je le vois comme un monstre effroyable à mes yeux. OE NONE. Pourquoi donc lui céder une victoire entière? PHÈDRE. Moi, que j'ose opprimer et noircir l'innocence ? OE NONE. Mon zèle n'a besoin que de votre silence. Un père, en punissant, Madame, est toujours père ; Mais, le sang innocent dût-il être versé, Que ne demande point votre honneur menacé ? C'est un trésor trop cher pour oser le commettre. Quelque loi qu'il vous dicte, il faut vous y soumettre, On vient ; je vois Thésée. PHÈDRE. Ah! je vois Hippolyte ; Dans ses yeux insolens je vois ma perte écrite. SCÈNE IV. pour moi. THÉSÉE, HIPPOLYTE, PHEDRE, OENONE, THERAMENE. THÉSÉE. La fortune à mes vœux cesse d'être opposée, PHÈDRE. Arrêtez, Thésée, Et ne profanez point des transports si charmans. Je ne mérite plus ces doux empressemens. Vous êtes offensé. La fortune jalouse N'a pas, en votre absence, épargné votre épouse. SCÈNE V. THÉSÉE, HIPPOLYTE, THÉR AMENE. THÉSÉE. Quel est l'étrange accueil qu'on fait à votre père, Mon fils? HIPPOLYTE. Phèdre peut seule expliquer ce mystère. Mais si mes vœux ardens vous peuvent émouvoir, Permettez-moi, Seigneur, de ne la plus revoir : Souffrez que pour jamais le tremblant Hippolyte Disparaisse des lieux que votre épouse habite. THÉSÉE. Vous, mon fils, me quitter? HIPPOLYTE. Je ne la cherchais pas ; C'est vous qui sur ces bords conduisîtes ses pas. Je fus même chargé du soin de les garder. |