Immagini della pagina
PDF
ePub

consulat de Lepidus et d'Oreste; et en cette année il y eut effectivement un tribun du nom de M. Junius Pennus, qui fit rendre une loi contre les étrangers (1); mais Klenze remarque avec raison que Sigonius n'a point connu le fragment de la loi Servilia, où M. Junius est nommé fils de Decimus, tandis que le Junius Pennus, dont parle Cicéron, était fils d'un M. Junius, qui fut consul avec Q. Aelius, en l'an 586 (2). Nous ne savons donc rien de certain, ni sur l'auteur, ni sur l'année de cette loi Junia de repetundis.

Quant à supposer, avec Sigonius, que cette loi prononçait l'exil contre le condamné, rien n'autorise une pareille conjecture; elle est même en désaccord avec ce que nous savons des lois de concussion qui suivirent. Le plus sage en ce point est donc de confesser notre impuissance. Douter à propos, et avouer une ignorance invincible, est souvent plus utile à la science que de hasarder des hypothèses destinées à tomber au premier souffle de la critique.

CHAPITRE IV.

Des procès de concussion qui suivirent les Lois Calpurnia et Junia.

L'établissement d'une quæstio perpetua n'empêcha point la juridiction du peuple ou du sénat, même pour le cas de concussion; car une juridiction déléguée ne pouvait faire obstacle à la connaissance suprême du sénat ou de la nation; aussi, avons-nous

(1) Cic. Brut. c. 28. De Off. 111, 11.

(2) Cic. Brut. c. 28.

quelques exemples de procès dont s'occupa le sénat, postérieurement à la loi Calpurnia, tel que celui de Junius Silanus, accusé par les Macédoniens (1). Mais nous avons un plus grand nombre d'accusations portées devant le préteur, et probablement, en vertu des lois Calpurnia ou Junia, tel que le procès fait par Scipion Émilien à L. Aurelius Cotta (2), celui qui fut intenté à Livius Salinator, et celui que Lentulus fit à M. Aquilius qui avait ruiné l'Asie par ses concussions (3).

Tous ces procès, intentés dans un espace de quinze années, prouvent quels rapides progrès avait faits la corruption, car tous ces magistrats furent pris, pour ainsi dire, en flagrant délit, et accusés par les citoyens les plus honorables de Rome, par Scipion, par Lentulus, par Rutilius Rufus, qui prêtèrent l'appui de leur talent et de leur influence aux provinciaux dépouillés. Mais la corruption des juges, pris parmi les sénateurs, ne fut pas moins grande que celle des accusés; sept fois les juges de L. Cotta renvoyèrent à un plus ample informé, et à la huitième accusation, ils acquittèrent. Il en fut de même pour Salinator et pour Manius Aquilius, et le scandale de ces acquittements fut si grand, que ce

[ocr errors]

(1) Livii epit. LIV. Cic. De Finib. 1, 7. — Val. Max. v, § 3. Quant au procès fait à L. Tubulus qui s'était laissé corrompre pendant qu'il présidait à Rome une commission chargée de juger les assassins, il était juste qu'on nommât une quæstio spéciale pour le juger, car son crime, commis à Rome, ne rentrait point dans la quæstio repetundarum. Il semble du moins que ce ne fut que plus tard, et par la loi Cornelia, que la vénalité du juge fut comprise dans les lois de concussion. Cic. De Finib. 11, 16; 1v, 28, v. 22. De Nat. Deor. 11, 30. Pro Cluent. 104.

(2) Val. Max. vIII, 1, 11. P. Scipio Emilianus, L. Cottam ad prætorem accusavit. Cujus causa quanquam gravissimis criminibus erat confessa, septies ampliata, et ad ultimum octavo judicio est absoluta.Cic. Pro Murena., c. 28.-Ascon. p. 124 (‹d. Orell.) (3) Cic. In Verr. c. 21, et ibi Zumpt.-Ascon. (Orell., p. 124).

fut l'arme dont se servit Caius Gracchus pour transférer aux chevaliers un pouvoir qu'avaient déshonoré les sénateurs (4).

L'effet de ce changement ne se fit pas attendre, et C. Caton, le petit-fils de M. Caton, le neveu de l'Africain, coupable d'une exaction insignifiante, fut condamné par les chevaliers, avec un zèle qui malheureusement se démentit bientôt (2).

CHAPITRE V.

Tiberius Gracchus (3).

Avec les Gracques s'ouvre une ère nouvelle. Il ne s'agit plus des luttes intérieures de deux ordres qui se disputent le pouvoir, tout en respectant la constitution; la société romaine, minée par la corruption et l'ambition, s'affaisse et menace de se dissoudre; pour guérir ce corps gangrené, tous les moyens

(1) Appien, Guerre είν. 1, 92. Τα δικαστήρια, άδοξοῦντα ἐπὶ δωροδοκίαις, ἐς τοὺς ἱππέας ἀπὸ τῶν βουλευτῶν μετέφερε, τὰ ὑπόγεια μάλιστα αὐτοῖς ὀνειδίζων, ὅτι Αυρήλιος Κόττας, καὶ Σαλινάτωρ, καὶ τρίτος ἐπὶ τούτοις Μάνιος Ακύλιος, ὁ τὴν Ασίαν ἐλών, σαφῶς δεδωρο δοκηκότες, ἀφεῖντο ὑπὸ τῶν δικασάντων· οἵ τε πρέσβεις οἱ κατ' αὐτῶν ἔτι παρόντες, σὺν φθόνῳ ταῦτα περιϊόντες ἐκεκράγεσαν. Απερ ή βουλή μάλιστα αἰδουμένη, ἐς τὸν νόμον ἐνεδίδου· καὶ ὁ δῆμος αὐτὸν ἐκύρου.

(2) Vell. Pat. n, 8. Mandetur deinde memoriæ severitas judiciorum; quippe C. Cato consularis, M. Catonis nepos, Africani sororis filius, repetundarum ex Macedonia damnatus est, cum lis ejus quater millibus æstimaretur; adeo illi viri magis voluntatem peccandi intuebantur, quam modum; factaque ad consilium dirigebant, et quid, non in quantum, admissum foret, æstimabant. Cic. In Verr. iv, 10, et ibi Zumpt. Pro Balbo, c. 11.

(3) Tiberius und Caius Gracchus von F. D. Gerlach. Basel. 1843. - Goettling, Romische Staatsverf. p. 429 et ss.

sont inutiles; il y a des degrés de maladie où les remèdes ne font qu'augmenter le mal.

Les premiers de tous ceux qui, frappés du danger de la république, voulurent l'arrêter sur la pente fatale, furent les deux Gracques; et quelle que soit l'opinion qu'on se forme sur les moyens qu'ils employèrent pour faire réussir leurs projets, on ne peut s'empêcher d'admirer la grandeur de leurs conceptions politiques, puisque, jusqu'à la fin de la république, on n'essaya pas un remède qui n'eut été proposé par les deux frères, et que toutes les réformes, jusqu'à la réaction de Sylla, ne furent que le triomphe des idées qu'ils avaient mises en avant.

Tiberius Gracchus parut le premier sur la scène avec un double projet reconstituer une classe moyenne (1); soumettre les magistrats, et par les magistrats l'aristocratie tout entière, à une responsabilité sérieuse. Il espéra obtenir le premier résultat par une loi agraire, et le second par une loi judiciaire que la mort l'empêcha de porter (2).

Quand Tiberius proposa la loi agraire, il ne fit que reprendre les errements de ses prédécesseurs, car la cause du mal était ancienne et la blessure profonde, quand il entreprit de la guérir. Spurius Cassius, Licinius Stolo, Flaminius, avaient essayé de moyens semblables, avec moins de modération, et Gracchus avait pris conseil des hommes les plus sages de la république, d'un Mucius Scævola, d'un Licinius Crassus, d'un Appius Claudius, tous membres de la noblesse par leur naissance et leurs allian

(1) Appien, Guerre civ. 1, 11. Γράκχω δ ̓ ὁ μὲν νοῦς τοῦ βουλεύ ματος ἦν οὐκ ἐς εὐπόριαν, ἀλλ' ἐς εὐανδρίαν. Ibid., c. 10. - Plut. In Tiber, 9.

(2) Dio Fr. 88. - Plut. In Tib. c. 16.

mais sachant s'élever au-dessus des préjugés aveugles d'une caste intéressée (1).

Tiberius avait si bien l'intention de constituer une classe moyenne, qu'il défendait aux nouveaux possesseurs d'aliéner les lots que la loi agraire immobilisait dans leurs mains (2). Les terres qu'il partageait au peuple étaient d'ailleurs des domaines publics usurpés par les patriciens. Sa demande était juste dans le fond, légale dans la forme, et Cicéron lui a rendu complète justice, dans un moment où le besoin de sa cause ne le forçait pas à noircir un des meilleurs citoyens que Rome ait possédés (3).

L'aristocratie effrayée par les propositions du tribun, et n'osant attaquer de front une proposition aussi populaire, suscita contre Tiberius un de ses collègues dans le tribunat; l'intercession d'Octavius arrêta tous les projets de Gracchus ; ni prières, ni menaces ne purent fléchir un homme acheté et soutenu par la noblesse. Ce fut alors que Tiberius, après s'être vainement adressé au sénat qui se jouait de ses plaintes, prit une mesure plus que hardie en demandant au peuple d'abroger la magistrature d'Octavius, par ce motif spécieux, qu'un tribun, qui agissait contre l'intérêt du peuple, était indigne de le représenter plus longtemps (4). Octavius déposé, la loi fut votée sans obstacle.

La déposition d'un magistrat, mesure sans précédents (5), que Caius Gracchus essaya plus tard de

(1) Plut. In Tib. c. 8, 9.

(2) Appien, Guerre civ. 1, 10. (3) Cic. De Leg. agrar. 11, 5, 10. (4) Appien, Guerre civ. 1, 12. p. 71.)

[ocr errors][merged small]

(5) Plutarque (Tib. Gr. c. 11), quoique le défenseur des Gracques, qualifie la déposition d'Octavius d' ἔργον οὐ νομίμον, οὐδ ̓ ἐπιεικές; cependant il faut considérer que la souveraineté du peuple ne con

« IndietroContinua »