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de faire arrêter et mettre en prison les députés de Christian, et de disperser des troupes dans ce royaume, afin d'y faire reconnaître, de gré ou de force, le comte palatin Frédérik pour roi.

Dans ces fâcheuses circonstances, Christian se vit obligé d'avoir recours à Gustave, toujours si disposé à oublier les torts de ceux à qui il pouvait encore rendre service : ce monarque, plein de vertus et d'excellentes qualités, ne fut jamais versé dans l'art trompeur de la politique; toute espèce de dissimulation et d'intrigue répugnait à la droiture de son caractère. Uniquement occupé de sa gloire, du bonheur de ses sujets, et des moyens d'augmenter la puissance de ses états, sa franchise lui nuisit souvent dans une science qui n'est fondée que sur la fausseté; et la bonté de son ame, qui, quelquefois, alla jusqu'à la faiblesse, lui fit commettre des fautes impardonnables pour un homme d'état. Par une suite de cette bonté, il jeta un voile sur le passé, et promit de nouveaux secours à Christian. Les états, assemblés à cet effet à Arborga, arrêtèrent qu'il serait fait un armement extraordinaire de terre et de mer. Le gouvernement fournit aux soldats les armes, les

chevaux, six aunes de drap d'Angleterre par homme, ou une somme d'argent équivalente. Mais ces grands préparatifs furent en partie inutiles quatorze vaisseaux de guerre suédois, qui sortirent au mois de juin 1536, rentrèrent presque aussitôt, sans s'être mesurés avec l'ennemi. Christian, ayant assiégé Copenhague, était parvenu à réduire ses habitans à la dernière extrémité. Sans vivres, sans secours de ses alliés, éprouvant les horreurs de la disette, et tous les malheurs qui en sont ordinairement la suite, cette malheureuse ville n'eut alors d'autre ressource que d'ouvrir ses portes à son souverain, et d'autre espoir que dans sa générosité et sa clémence. Le duc Albrecht et le comte d'Oldenbourg obtinrent la permission de sortir de la ville, mais sous la condition qu'ils viendraient, la tête et les pieds nus, trouver le roi, et se jeter à ses genoux pour implorer leur pardon. C'est ainsi que finit cette guerre, sans qu'on eût eu cette fois besoin de l'intervention de Gustave. Les circonstances étant tout à fait changées, ce souverain fit aussi la paix avec Lubeck.

Ayant perdu son épouse Catherine, avec Jaquelle il n'avait pas été heureux, puisqu'elle

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joignait à une humeur difficile un peu de folie, Gustave voulut essayer si un second choix lui serait plus favorable: il fixa les yeux sur une dame suédoise, nommée Marguerite, fille de l'ancien sénateur et gouverneur de la Gothie orientale, Lejonhufwud, qui avait perdu la vie dans les massacres de Stockholm. Cette dame, d'une beauté rare, était promise au jeune Sture, qui était de retour en Suède. Tous deux s'aimaient; mais Marguerite, pressée par ses parens, ou, pour mieux dire, éblouie par la couronne qui lui était of ferte, trahit son amant et consentit à donner sa main à Gustave. Cet hymen fut célébré à Stockholm au mois d'octobre 1536. Il arriva à cette occasion une scène qui fait tache dans l'histoire de Gustave. Sommar, évêque de Strengnæs, était au nombre des convives invités

aux fêtes de la cour ce prélat, qui, dans beaucoup de circonstances, s'était conduit avec une prudence et une modération dignes d'éloges, qui avait toujours été un gran partisan de Gustave, et qui, peu éloigné du lutheranisme, aurait peut-être adopté ette religion s'il n'eût trouvé de plus grands avantages temporels dans la catholique, avait perdu l'estime et les bonnes grâces de son roi. Tome II.

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Satisfait de trouver l'occasion de le piquer publiquement, Gustave, sachant qu'il faisait élever un palais magnifique, lui demanda dans quel chapitre de la Bible il était écrit que l'évêque de Strengnæs devait habiter << un palais de pierre. « Sommar lui répondit : « Dans le même chapitre qui donne aux << rois les dimes de l'église. » Cette réponse hardie blessa tellement l'amour- propre du roi, qu'oubliant les lois de l'hospitalité, et s'embarrassant peu de troubler la joie d'un si beau jour, il fit aussitôt arrêter l'évêque, et donna l'ordre de le conduire en prison. Sentant bien qu'après une scène si éclatante Sommar ne pouvait plus être que son ennemi mortel, il le destitua de sa dignité épiscopale, et lui nomma un successeur. Sommar ayant resté huit mois en prison, obtint enfin sa liberté. On lui assura une somme assez considérable pour son entretien, et un couvent, où il termina ses jours quelques années après.

Le jeune Sture avait perdu sa maîtresse, Marguerite, qu'il aimait tendrement, et dont il avait été payé de retour. Elle était devenue sa reine: mais l'amour connaît-il les distances, et ne brave-t-il pas tous les dan? Ce malheureux amant, quoiqu'il fût

gers

. 147 sans espoir, desirait ardemment d'avoir un entretien secret avec celle qui régnait toujours sur son coeur : il trouve enfin l'occasion de lui parler en particulier; il se jette à ses pieds, et, la voix tremblante, les yeux baignés de pleurs, il prononce le nom d'amour, Gustave entre, et demande, d'un ton sévère, l'explication de cette scène. Quel effroi pour ces amans, et que seraient-ils devenus sans la présence d'esprit de la reine, qui répondit tranquillement: il me demandait la main de ma sæur Mærete! Gustave donna sur-le-champ son consentement à cet hymen, et Sture se vit forcé d'y souscrire. Mais quoique le hasard eût formé ces noeuds, ils furent fortunés, et treize enfans en devinrent les fruits.

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Malgré le zèle que Gustave avait témoigné pour Christian, et les obstacles sans nombre que les Lubeckois avaient mis à son élévation au trône de Danemarck ce dernier montra toujours une prédilection marquée pour les Lubeckois, et fit tant, qu'il parvint à leur faire rendre leur ancienne liberté. de commerce en Suède. Le traité qui fut fait à ce sujet ne renfermait que peu d'articles on convint de part et d'autre de restituer les vaisseaux et les prisonniers; mais

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