Immagini della pagina
PDF
ePub

le premier qui lui prêta le serment de fidélité. Dès ce moment, il devint le confident intime de Joens; et comme il savait plusieurs circonstances intéressantes de l'administration de Sten-Sture, il en instruisit l'adroit imposteur, qui sut tirer avantage de ces nouvelles connaissances.

Cet évènement se passa dans la haute Dalécarlie, où le bruit de l'arrivée de Sture ne tarda pas à se répandre, et où les mécontens accoururent de tous côtés. Joens, enhardi par ses premiers succès, se rendit dans la basse Dalecarlie, dans l'intention d'y débiter les mêmes fables. Mais, à son grand regret, il trouva les habitans de ces plaines aussi peu disposés à le croire qu'à l'entendre: ils lui déclarèrent ouvertement que rien ne pourrait leur faire trahir les sermens qu'ils avaient faits à leur roi. Sans se laisser abattre par leur refus, Joens tourna alors ses vues du côté de la Norwège, où il savait que son instituteur, Sunnanwæder, avait eu une grande influence. Le nouveau roi de Danemarck était, à la verité, reconnu souverain de ce royaume, mais il n'était pas encore couronné. Joens, parfaitement instruit de ces particularités, bâtit son plan en conséquence: il

1

s'adressa à l'archevêque de Drontheim, qui saisit avec empressement une occasion si favorable de satisfaire à la fois sa haine et son ambition. Dans l'espoir que l'élévation de Joens au trône de Suède lui procurerait le triple avantage de se venger de Gustave, de faire reconnaître l'indépendance de la Norwège, et de rétablir la religion catholique en Suède, ce prélat lui promit de le présenter aux états, de lui entretenir, pendant un an, un corps de trois cents hommes, et de protéger de tout son pouvoir la révolte des Suédois. Il écrivit aussi au roi de Danemarck, et lui fit un tableau si séduisant du parti qu'il pourrait tirer des troubles de Suède, que ce souverain eut la faiblesse d'envoyer Schenkel au fils supposé de Sture, pour le féliciter de sa part, et lui promettre toute espèce d'assistance.

En attendant l'assemblée des états, Joens parcourut la Norwège, en visitant tour à tour les seigneurs de ce royaume. La recommandation de l'archevêque le fit recevoir partout avec les égards et le respect dûs au rang qu'on lui supposait: la fortune sembla s'attacher à ses pas. Se trouvant chez une dame, veuve d'un des plus illustres seigneurs

de Norwège, nommé Henrichson, il eut la hardiesse de faire la cour à la fille unique de cette dame. Son hommage ayant été favorablement reçu, il s'adressa à la mère, qui, enivrée par l'espoir de voir un jour sa fille sur le trône de Suède, consentit à cette alliance les noces furent célébrées avec la plus grande pompe. Joens reçut de sa bellemère de magnifiques présens, entre autres une chaîne d'or, qui lui tombait de la tête jusqu'aux pieds, et dont il se plut à se parer toutes les fois qu'il se présenta devant le peuple.

Les états de Norwège s'assemblèrent : Joens s'y présenta, y tint un beau discours, et trouva les députés disposés à le servir. Ses réclamations sur quelques sommes dues à son prétendu père par la Norwège, furent recues avec faveur : les états lui accordèrent des troupes, et nommèrent des agens, qui furent chargés de veiller à ses intérêts à Drontheim. Joens alors retourna en Dalecarlie, où il trouva les communes de Mora, Orsa et Lexand dans les mêmes dispositions à son égard. Espérant que les habitans desbasses plaines, le voyant à la tête d'une armée, prendraient plus de confiance en lui,

il

que,

envoya des députés à Rætterwik, Tuna et Gagnef. Les habitans de ces communes, ne sachant comment se tirer d'un pareil embarras, délibérèrent long-tems, et répondirent enfin décidés à ne combattre ni pour ni contre Joens, ils resteraient neutres. Mais les trois communes d'Hedemora, Skedwi et Husby, situées dans la montagne de Cuivre, montrèrent plus de courage: peu effrayés de l'approche des troupes norwégiennes, ses habitans déclarèrent qu'ils demeureraient fidèles à Gustave, et, se disposant à la plus vigoureuse résistance, ils exhortèrent les communes révoltées à abandonner un imposteur, et les menacèrent de les traiter en ennemies si elles persistaient à lui prêter assistance. Ces menaces ne firent aucun effet sur les habitans de la haute Dalecarlie. Mais les communes qui étaient restées neutres, enhardies par. l'assurance d'être soutenues, se réunirent aux montagnards. Cela jeta la consternation parmi les partisans de Joens. Mais lui, qui n'avait à risquer qu'une vie mise depuis long-tems à prix, les invita à reprendre courage, et, pour inspirer plus de confiance, il fit battre des grandes et des petites pièces de monnaie ornées de trois couronnes,

et sur lesquelles on voyait le nom de NilsSture et les armes de Suède.

Est-il un spectacle plus triste que celui d'un peuple uni par la conformité du langage, vivant sous l'empire des mêmes lois et des mêmes coutumes, prêt à s'entr'égorger pour un misérable né dans le crime et dans la fange? Les montagnards firent ce qui dépendit d'eux pour éviter un si grand malheur : ils invitèrent tous les habitans de la Dalécarlie à se rendre à Mora, le berceau de la révolte, afin d'examiner mûrement une si importante affaire. Les six communes fidèles se trouvèrent au rendez-vous; les trois autres y manquèrent. Les habitans mêmes de Mora, déjà sous la tente, et déterminés à faire la guerre, refusèrent de revenir dans leurs foyers. L'assemblée des six communes n'en décida pas moins de poursuivre partout les rebelles; mais, afin de n'avoir aucun reproche à se faire, elle leur députa quatre vieillards, chargés de tout employer pour les engager à mettre bas les armes. Ces respectables vieillards se hâtèrent de remplir une mission dictée par le vrai patriotisme et l'humanité. Ils furent écoutés avec beaucoup d'attention; mais ni la sagesse de leurs exhor

« IndietroContinua »