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nouveaux ; 5o. de condamner à être brûlés ou à perdre la vie par quelque autre supplice, tous ceux qui mangeraient de la viande les vendredis et samedis. Gustave répondit que, tout éloigné qu'il fût de composer avec des rebelles, il consentait cependant à leur accorder les deux premiers articles; mais les que habits que l'on portait à la cour ne devant point occuper des paysans, et les affaires de religion étant au-dessus de leur intelligence, il leur refusait les trois autres. Les rebelles, satisfaits de cette réponse, posèrent les armes, et retournèrent dans leurs foyers. Joens, surnommé par eux Daljunker, (jeune homme de la plaine) partit pour la Norwège.

Le roi, persuadé que les ennemis de la nouvelle doctrine se faisaient un devoir de jeter dans les esprits une confusion aussi fatigante que dangereuse, envoya une circulaire dans le où il déclarait que, royaume, s'étant fait suffisamment instruire des dogmes de la religion, il exhortait tous les Suédois, amis de l'ordre et de la paix, à fermer l'oreille à la calomnie. Il disait dans cette lettre que les changemens opérés dans la religion étaient aussi nécessaires au bien du christianisme qu'à celui du royaume; que la puissance

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immense du pape se trouvait en contradiction avec les lois divines et le bonheur des peuples; que plusieurs souverains avaient déjà secoué ce joug honteux; que la plupart des coutumes et cérémonies religieuses, consacrées par la superstition, avaient été inventées par des prètres paresseux et tromlà le moyen peurs, qui avaient trouvé par

de vivre et de s'engraisser, au sein de la mollesse et de l'indolence, du fruit des sueurs du peuple, trop faible et trop crédule.

Cette lettre du roi produisit le plus grand effet, et fixa l'incertitude de bien du monde en faveur des principes de Luther. Il parut en même tems une traduction du NouveauTestament en langue suédoise, qui fut lue avec une avide curiosité par toutes les classes. du peuple. Depuis ce moment, on vit chaque jour des prètres renoncer à leur état, en embrasser un autre, et prendre dans une femme une douce compagne, une sensible amie, qui, en leur donnant les titres sacrés d'époux et de les rendit dociles aux paroles du pere, créateur à nos premiers parens. Les couvens furent bientôt déserts. Les Dominicains seuls, qui n'avaient pas obéi à l'ordre du roi de quitter la Suède, et qui avaient encore un

grand couvent à Stockholm, cherchèrent à soutenir l'honneur du froc, en prêchant sans relâche contre la nouvelle doctrine. Gustave, se trouvant assez fort pour agir contre eux avec vigueur, s'empara de leurs revenus, et leur enjoignit de sortir de leur couvent. Contraints de se séparer, ils allèrent quêter de porte en porte; mais ne recevant aucun secours des habitans de la capitale, devenus en grande partie luthériens, ils cherchèrent et trouvèrent dans le travail des moyens plus honorables de subsistance.

Brask, un des plus zélés catholiques du royaume, et qui, depuis le départ de l'archevêque Magnus, s'était mis à la tête du clergé, essaya de tirer la religion catholique de l'état désespéré où elle se trouvait : de sa pleine puissance et autorité, il fit un mandement, par lequel il défendait dans toute la Suède les écrits de Luther; défense qu'il appuyait sur le bannissement de cet innovateur par Charles-Quint, et sur les meilleures réfutations de sa doctrine. Aveuglé par un zèle fanatique, il osa prier le roi de l'aider dans l'exécution de son mandement. Gustave ne lui répondit qu'en abolissant l'imprimerie de Suderkoeping, d'où était sorti cet écrit

trompeur. Brask le fit alors imprimer en Danemarck, et distribuer dans tout le royaume. Le roi en défendit expressément la distribution. Le prélat ne perdit pas courage: croyant trouver dans la personne de Henri VIII, roi d'Angleterre, qui était un grand partisan de l'église romaine, un antagoniste digne de Gustave, il poussa l'insolence jusqu'à l'inviter publiquement à défendre la doctrine de Luther contre ce souverain. Cette invitation fut, comme on doit bien se l'imaginer, rejetée avec le mépris qu'elle méritait.

L'expérience nous a appris depuis longtems qu'il est plus facile d'ôter tout à fait la religion à un peuple que d'y faire des modifications. Ce qui s'est passé devant nos yeux nous confirme dans cette opinion: pour détruire la religion catholique en France et dans plusieurs autres pays habités cependant par des peuples fanatiques, il a suffi de quelques décrets et de quelques hommes assez hardis pour les lancer. Le lutheranisme, au contraire, fruit d'une sage et mûre réflexion, n'a fait que des progrès bien lents chez les nations qui l'ont adopté : en Suède même, où le génie du souverain, la position du pays et l'impuissance du pape Clément VII, vivement

pressé dans Rome, semblaient le favo-riser, il n'a marché que pas à pas, et triomphé qu'après un laps de tems considérable,

Gustave s'empressa d'achever le grand ouvrage qu'il avait si bien commencé : l'autel du fanatisme était abattu, la puissance de ses ministres affaiblie, mais il y avait encore des couvens et des moines, qui, protégés et soutenus par les évêques, cherchaient à conserver, autant qu'ils le pouvaient, leurs droits et leurs privilèges. Un évènement, arrivé à Wadstena en 1527, éleva une grande contestation entre la puissance civile et ecclésiastique, et attira l'attention de tout le royaume un jeune homme de cette ville, nommé Tyste, était amoureux de la fille d'un marchand, et desirait de s'unir avec elle: il s'adressa aux parens de sa maîtresse, leur demanda sa main, et fut assez heureux pour obtenir leur consentement. Le jour de la cérémonie était fixé, et les jeunes amans attendaient avec impatience le moment qui devait combler leurs vœux,lorsque les parens de la demoiselle changèrent tout à coup d'avis; mais elle, toujours constante, conserva les mêmes sentimens, et resta dans les mêmes intentions. Craignant les suites d'une passion d'autant plus violente

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