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BULLETIN

DU BIBLIOPHILE,

PUBLIÉ PAR TECHENER,

SOUS LA DIRECTION

DE MM. CH. NODIER ET PAULin Paris,
AVEC LE CATALOGUE RAISONNÉ des

LIVRES DE L'Éditeur.

No 1er. JANVIER.

CINQUIÈME SÉRIE.

PARIS,

TECHENER, ÉDITEUR, PLACE DE LA COLONNADE DU LOUVRE,

No 12.

925805.6.3

Notices contenues dans le premier numéro du Bulletin
du Bibliophile, 5a série.

Dissertations choisies de l'abbé Le Beuf.

Voyage dans une bibliothèque de province.

Mélanges. Rapport de M. Barbier sur la Bibliothèque

du conseil d'État.

Variétés bibliographiques.

Nouvelles bibliographiques.

IMPRIMERIE MAULDE ET RENOU,
Rue Bailleul, 9 et 11.

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30.

DISSERTATIONS CHOISIES

DE L'ABBÉ LE BEUF.

LETTRE SUR L'ANNONCE FAITE DANS LE MERCURE DU MOIS DE DÉCEMBRE 1724 (1), D'UN PROJET DE CATALOGUE GÉNÉRAL DES MANUSCRITS DE FRANCE.

Les personnes attentives sur le sort des manuscrits doivent, Monsieur, vous savoir bon gré du soin que vous avez pris de rendre public le projet d'un catalogue général de tous les volumes de

(1) Voici l'article du Mercure qui donna lieu à la lettre de l'abbé Le Beuf. Je le donne textuellement.

« Extrait d'une lettre écrite aux auteurs du Mercure, le 25 novembre 1724.

J'étois, au mois de septembre dernier, à Autun; j'y ai trouvé suffisamment de manuscrits dans les archives de la cathédrale; mais je n'ai pas demandé à voir les cartulaires, peut-être me les auroit-on refusés. Il me vient là dessus une pensée que vous pourriez communiquer à des personnes d'autorité et qui aiment le bien public. On devroit en France imiter les Anglois. Ils ont donné un gros volume de catalogues des manuscrits qui sont dans toutes les bibliothèques d'Angleterre. Qui empêche qu'on n'en fasse autant en France? et qu'on n'envoie dans les provinces un nombre suffisant de personnes capables, munies des ordres du roi ou de ses ministres, pour voir tous les manuscrits des cathédrales, des abbayes, des archives des villes, etc., pour en dresser un catalogue exact; et, pour rendre cette collection encore plus utile et plus curieuse que celle des Anglois, y ajouter l'âge de chaque manuscrit. Nous avons déjà quelques uns de ces catalogues. Celui de la Bibliothèque du Roi et celui de la Bibliothèque de M. Colbert sont faits sur le même pied, ainsi que le catalogue de la Bibliothèque de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prez ; enfin, celui de Saint-Victor de Paris est aussi à peu près fait, ce qui est une bonne

ce genre, qui sont dans le royaume, et d'enchérir même sur celui que les Anglois ont dressé de ceux de leur pays. Il paroît à tous les connoisseurs qu'on ne sauroit rien faire de plus utile pour toutes les sciences que cet inventaire général.

avance. Mais il y a tant de manuscrits à Saint-Victor de Marseille, à Clervaux, à Cluny, etc., qu'il reste encore bien de l'ouvrage à faire sur cette matière. J'ai vu à Autun, dans la bibliothèque de Messieurs de la cathédrale, un bon nombre de manuscrits en lettres mérovingiennes et unciales et plusieurs livres de la Bible en latin fort corrompu. Tout cela ne seroit pas indigne de l'attention des curieux. Tant qu'on ne saura pas où sont les originaux dont on a besoin, on n'ira pas les consulter. Je voudrois donc de tout mon cœur que ce catalogue général fût déjà fait. Tâchez d'inspirer cette bonne pensée à ceux qui approchent de M. l'abbé Bignon qui, avec son crédit et ses lumières, est si porté au bien public et à l'avancement des lettres. Cette entreprise me paroît digne de sa protection. »

Il est bien à regretter que ce projet n'ait pas été réalisé. De combien de manuscrits, aujourd'hui détruits, il nous auroit conservé la mémoire! Un savant allemand, M. G. Haenel, a publié en 1828-30 un catalogue des manuscrits de France, de Suisse, d'Espagne, de Portugal, de Belgique et de la Grande-Bretagne; mais cet ouvrage, quels que soient d'ailleurs son mérite et son utilité, n'est et ne pouvoit être que très incomplet. Il n'y a qu'un gouvernement qui puisse faire exécuter convenablement une entreprise de cette nature.

La première partie de l'immense collection des Documens historiques inédits, publiés par M. Champollion Figeac, aux frais du gouvernement, remplira et dépassera même, mais seulement dans la spécialité de l'histoire de France, la pensée de l'antiquaire zélé qui écrivoit en 1724 les lignes qui précèdent. Le tome premier de cette collection, le seul paru jusqu'à ce jour, contient même (p. 657) un catalogue des manuscrits de Saint-Victor, de Marseille, au xe siècle et remplit ainsi, mais d'une manière fort incomplète, il est vrai, une des lacunes signalées par le journaliste de 1724. Je dis d'une manière incomplète parce qu'il est bien certain que Saint-Victor de Marseille, avoit bien plus de manuscrits curieux au xvme siècle qu'au xuo. Quoi qu'il en soit, la collection des documens historiques inédits sera certainement un des monumens les plus remarquables qu'un peuple ait élevé à son histoire, si elle est toutefois jamais achevée. En examinant le nombre des pièces à publier d'après la préface, et en le comparant au nombre de pièces que renferme le tome premier, on voit que cette collection devra se composer de plusieurs centaines de volumes (peut être de 800 à 900). Les événemens, ou seulement un caprice de la chambre, pourroient bien arrêter cette importante publication dont, au reste, chaque volume a par lui-même son intérêt et son utilité. CL. G.

Quand un père de famille est mort, les gens de justice viennent aussi tôt mettre le scellé dans sa maison pour conserver le bien à ses enfans, et empêcher les distrations; pourquoi n'en feroit-on pas autant des biens spirituels qui donnent un pain qui ne périt pas, et qui soutient l'homme beaucoup plus solidedement (1)? Faute de cette précaution en fait de manuscrits, il s'en perd tous les jours sans ressource, ou parce que ceux qui les possèdent les prêtent fort légèrement et sans assurance, ou parce qu'ils en laissent enlever par des relieurs et autres ouvriers qui les déchirent, les brisent, et les mettent en œuvre; en un mot, qui les font entrer, comme il leur plaît, dans la mécanique de leur art. Ce catalogue étant une fois dressé, les propriétaires des manuscrits en deviendront plus soigneux et plus prudens, et ceux à qui ils auront été prêtés, seront de leur côté plus fidèles à rendre ce qui leur aura été confié. Je ne parle point de la peine qui sera épargnée aux gardiens de ces sortes de livres, d'en faire un état; c'est une discussion qui pourroit coûter à plusieurs bien des journées d'une application très sérieuse. Il leur suffira de tirer un extrait de ce qui les regardera dans cet inventaire général, et par ce moyen, qui est fort simple, ils seront assurés de conserver tous leurs manuscrits en entier, sans qu'il soit possible d'en faire aucune distraction, dont ils ne puissent s'apercevoir, s'ils veulent y regarder.

Mais le plus grand bien qui en reviendra au public est que par là les savans ou ceux qui sont curieux d'écrire apprendront en quel lieu sont les ouvrages dont ils peuvent se servir utilement: l'historien y verra, par exemple, en quel pays on conserve la Chronique ou les Annales qu'il cherche; le théologien qui veut véritablement étudier à fond la science des Saints, y apprendra où sont les plus anciennes copies des écrits des pères, dont le passage l'embarrasse; cet autre, qui ne s'applique qu'à la Scholastique, y connaîtra les bibliothèques où l'on trouve les traités du docteur dont il examine le système, et ainsi du reste. Je suppose, Monsieur, que, conformément au plan que vous avez annoncé, l'âge de chaque manuscrit sera

(1) D'Achery in Not. ad Guibert. Novig., p. 598, col. 2.

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