Immagini della pagina
PDF
ePub

fo peu de temps, & avec une fortune trèsmédiocre, on ait pu raffembler une collection fi riche, & fi complette dans toutes les branches de la Littérature. Le but, qu'on s'eft propofé en la formant, n'a pas feule ment été de fatisfaire le goût particulier pour les Lettres, mais auffi de fournir aux Savans, à qui elle a été toujours ouverte, les fecours, dont ils ont befoin (1). Auffi

(1) Personne n'ignore à Bruxelles l'accès facile que les Gens de Lettres ont eu en tout temps à cette Bibliotheque, et la facilité avec laquelle j'ai toujours tàché de satisfaire leurs desirs, en leur prêtant des Ouvrages même considérables et de grand prix; facilité qui m'a quelquefois été funeste par la perte de plusieurs livres. Au reste, j'ai supporté cette perte sans me plaindre, et si j'ai trouvé des ingrats, j'ai trouvé aussi des personnes reconnoissantes, et j'ai eu sur-tout le plaisir de bien faire et d'être utile. Mon inclination naturelle à faire plaisir aux autres ne sauroit se ralentir par la crainte de quelque désavantage d'intérêt, ni par les murmures méprisables, que la cupidité et l'appat du gain peuvent faire répandre contre moi. Derniérement une Famille amie, que j'estime, se proposant de vendre une collection de Livres qu'elle possédoit, me demanda conseil à ce sujet, et particuliérement sur les moyens d'épargner des frais considérables, qu'on exigeoit pour la rédaction du Catalogue. je les lui indiquai ces moyens, et malgré mes occupations, cé dant au desir d'obliger un ami, j'aidai moi-même dresser le catalogue de ses Livres; et par-là j'ai épargné des frais à cette Famille trop honnête pour ne pas m'en témoigner şa reconnoissance. Eh-bien! J. E., Libraire, n'ayant pas trouvé mon conseil conforme à ses intérêts, a rempli cette ville de ses cris, et a voulu faire regarder cette action comme malhonnête et indigne d'un homme de probité: mais comme ma morale n'est point fondée sur les principes d'une vile cupidité, je puis assurer J. E. que je me ferai toujours une gloire, quand l'occasion se présentera, de répéter avec plaisir une action que je trouve très-conforme aux principes, qui constituent l'homme de probité, et aux devoirs d'un ami.

de

fort bien que j'ai confidéré toujours le Pays-Bas Catholiques comme ma véritable Patrie; & certes deux cents ans d'habita tion continue & fans interruption par nos tre Famille, depuis Don Pedro de San Juan, Secrétaire d'Etat & de Guerre de l'Infante fabelle de glorieufe mémoire dont je conferve encore quelques dépêches originales, apofillées de la main propre la Séréniffime Infante, me fourniffent, je crois, un titre jufte & bien fonde au droit de Citoyen de la Belgique. Mais outre le grand nombre de Bibliothèques particulieres qu'on y trouve, l'heureufe fituation de ces Provinces entre la France, l'Angleterre & la Hollande, où fe trouvent fréquemment expofées en vente des collections confidérables de Livres, leur donne mille moyens, que l'Espagne n'a pas, de s'en procurer facilement. C'est une des raifons principales qui me portent à defirer de préférence l'Ef pagne, où ces occafions font fort rares, & où les Bibliothèques particulieres font en petit nombre.

Malgré l'idée avantageufe que vous vous étes peut-être déja formée de cette Bibliothèque, d'après ce que je vous en ai dit plufieurs fois dans mes lettres précédentes, j'ai encore lieu de croire, qu'en repaffant ce Catalogue, vous ne la trouverez pas audeffous de fa réputation; & comme plufieurs autres, vous ferez fans doute étonné, qu'en

fe peu de temps, & avec une fortune trèsmediocre, on ait pu raffembler une collection firiche, & fi complette dans toutes les branches de la Littérature. Le but, qu'on s'eft propofé en la formant, n'a pas feule ment été de fatisfaire le goût particulier pour les Lettres, mais auffi de fournir aux Savans, à qui elle a été toujours ouverte, les fecours, dont ils ont befoin (1). Auffi

(1) Personne n'ignore à Bruxelles l'accès facile que les Gens de Lettres ont eu en tout temps à cette Bibliothe que, et la facilité avec laquelle j'ai toujours tàché de satisfaire leurs desirs, en leur prêtant des Ouvrages même considérables et de grand prix; facilité qui m'a quelquefois été funeste par la perte de plusieurs livres. Au reste, j'ai supporté cette perte sans me plaindre; et si j'ai trouvé des ingrats, j'ai trouvé aussi des personnes reconnoissantes, et j'ai eu sur-tout le plaisir de bien faire et d'être utile. Mon inclination naturelle à faire plaisir aux autres ne sauroit se ralentir par la crainte de quelque désavantage d'intérêt, ni par les murmures méprisables, que la cupidité et l'appat du gain peuvent faire répandre contre moi. Derniérement une Famille amie, que j'estime, se proposant de vendre une collection de Livres qu'elle possédoit, me demanda conseil à ce sujet, et particuliérement sur les moyens d'épargner des frais considérables, qu'on exigeoit pour la rédaction du Catalogue. je les lui indiquai ces moyens, et malgré mes occupations, cédant au desir d'obliger un ami, j'aidai moi-même à dresser le catalogue de ses Livres; et par-là j'ai épargné des frais à cette Famille trop honnête pour ne pas m'en témoigner sa -reconnoissance. Eh-bien! J. E., Libraire, n'ayant pas trouvé mon conseil conforme à ses intérêts, a rempli cette Ville de ses cria, et a voulu faire regarder cette action comme malhonnête et indigne d'un homme de probité: mais comme ma morale n'est point fondée sur les principes d'une vile cupidité, je puis assurer J. E. que je me ferai toujours une gloire, quand l'occasion se présentera, de répéter avec plaisir une action que je trouve très-conforme aux principes, qui constituent Phomme de probité, et aux devoirs d'un ami.

eft-elle compofée principalement d'Ouvrages utiles & neceffaires à l'étude & aux recherches des Gens de Lettres, fans que cependant l'on ait nullement négligé de recueillir avec foin les Livres rares & curieux, ni les productions typographiques du XVme, fiecle, dont toutes les Claffes offrent plus ou moins d'articles intéreffans.

On trouve dans la Théologie la Polyglotte de WALTON, les Bibles hébraïques de RUB. ETIENNE, de VANDER HOOGT, d'HOUBIGANT; un MS. Hebreu très-précieux, écrit fur des peaux, le plus ancien peut-être qui exifte en Europe, & contenant le Pentateuque les bibies Espagnoles de REYNA, de VALERA, & la très-rare verfion du Nouveau Teftament de FRANÇOIS DE ENCINAS; la Phyfique facrée de SCHEUCHZER; les meilleurs interprètes de l'Ecriture Sainte, les collections des Conciles de LABBE, & d'HARDOUIN; une belle fuite des meilleures editions des SS. PP. Grecs & Latins; la Collectio maxima de Lion, les œuvres d'ALBERT LE GRAND, de S. THOMAS, de DUNS Scorus, de GRETZER, de BENOIT XIV; divers opufcules rares aes Hétérodoxès, parmi lesquels la rariffime verfion Efpagnole des Inflitu

tions de Calvin.

Les autres Claffes offrent de même un très-grand nombre d'Ouvrages rares & uti

les; des Corps de droit Canonique & Civil; les PANDECTES DE FLORENCE, les BASILIQUES, les meilleures Dictionnaires Grecs Arabes, Perfans, Latins, Espagnols François, Anglois, &c. les éditions les plus recherchées des Auteurs Claffiques Grecs & Lauins; une belle fuite de beaux Ouvrages d'Hiftoire Naturelle, parmi lefquels plufieurs de grand prix; une Collection bien choifie de Voyages tant en Anglois qu'en François; des Corps d'Hiftoire confidérables, comme les ACTA SS. ANTUER PIENSIA, & plufieurs autres remarquables, dont l'é numération exigeroit plufieurs feuilles.

La Secunda fecundæ S. Thomæ, 1467. Le Speculum vitæ humanæ, 1468. La Summa d'Aurbach, 1469. Pie II. Bulla retractationum, & plufieurs autres traites imprimés par Zel de Hanau vers l'an 1470. ➡ Joannis Gerfonis in cantica, 1470. Turrecremata in pfalmos, 1470. Rob. de Litio quadragefimale, 1472. S. Ifidori Etymologiæ, 1472. Clementis V. Conf titutiones, 1476. Appianus , 1477 Oppianus de pifcatu, 1478. Haedus de amoris generibus, 1492. Claudianus 1482. Aftronomici veteres, 1499, & cent autres éditions recommandables du XVme, fiecle prouvent qu'on n'a point négligé cette branche de curiofités fi propre éclaircir l'Hiftoire de la plus utile & la plus

[ocr errors]
« IndietroContinua »