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Introduction.

1. L'ancien dialecte léonais a été l'objet de quelques études que nous aurons l'occasion de citer très souvent au cours de nos recherches, mais dont il importe de relever déjà ici l'importance.

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M. E. GESSNER a publié en 1867 un ouvrage intitulé Das Altleonesische, Ein Beitrag zur Kenntniss des Altspanischen.1 Cet ouvrage est non seulement la première étude consacrée à l'ancien léonais, mais, d'une façon générale, la première étude de quelque importance qui ait été faite dans le domaine de la dialectologie espagnole. Les matériaux dont se sert M. Gessner sont le Livre d'Alexandre, les manuscrits léonais du Fuero Fuzgo et un certain nombre de documents publiés dans l'España sagrada, le Memorial histórico español, Muñoz y Romero, Colección de fueros municipales y cartas pueblas et FernándezGuerra y Orbe, El Fuero de Avilés. Dans son introduction l'auteur donne, p. 4, une définition générale du léonais que nous citons, parce que, tout en demandant des modifications, elle est, nous paraît-il, plus exacte qu'on n'a voulu le reconnaître. «Entsprechend der Lage von Leon zwischen Castilien und Galicien ruht der Dialekt zwar auf der breiten Grundlage des Spanischen, hat aber eine nicht unbedeutende Zahl fremdartiger Züge in sich aufgenommen, die entweder direkt auf das portugiesische Idiom hinweisen, oder doch wenigstens den Uebergang des spanischen in dasselbe andeuten. Die Bestimmung dieser Züge ist

1 Programme d'invitation à l'examen public du Collège royal français de Berlin.

Tome I. Madrid 1847.

• Madrid 1865.

natürlich nicht immer leicht. Denn da das Spanische in früherer Zeit mit dem Portugiesischen vielfachere Berührungspunkte hatte als später, so liegt die Gefahr nahe, manche vielleicht auch altcastilianische Abweichung von dem heutigen Sprachgebrauch auf Rechnung des Portugiesischen zu schreiben.... Bemerkt muss noch werden, dass das uncastilianische Element sich nicht überall im gleichen Masse findet; es giebt Urkunden in denen dasselbe sehr entschieden hervortritt; in anderen deuten nur wenige und leise Züge auf fremden Einfluss hin. Diese Erscheinung beruht auf vielfachen Gründen, unter denen die grössere oder geringere Kenntniss des castilianischen Sprachgebrauchs von Seiten des Schreibers wohl in erste Linie zu stellen sein wird.»

M. Gessner regarde donc le léonais comme un dialecte intermédiaire entre l'espagnol et le portugais; nous aurons l'occasion de revenir sur ce qu'il y a d'inexact dans sa manière de comprendre la nature des rapports qui existent entre le léonais d'un côté, l'espagnol et le portugais de l'autre.

Quant à l'étude même de M. Gessner, elle porte sur la phonétique, la morphologie et le vocabulaire. D'une façon générale les traits principaux du léonais s'y trouvent relevés, bien que, comme il est naturel, les recherches postérieures aient apporté sur plusieurs points des modifications aux résultats où s'arrête l'étude de M. Gessner.

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M. MOREL-FATIO consacre une partie de son article bien connu, Recherches sur le texte et les sources du Libro de Alexandre, à compléter et à rectifier l'ouvrage de M. Gessner dont il reconnaît les grands mérites et qui doit, d'après lui, «être considéré comme la base nécessaire de ce qu'on écrira désormais sur ce sujet». Une étude méthodique du léonais doit, à l'avis de M. Morel-Fatio, puiser ses éléments exclusivement dans les textes diplomatiques originaux. A part certaines expressions juridiques calquées sur le latin, on peut considérer la langue des chartes comme reproduisant assez exactement le langage de la conversation. En outre, les chartes ont sur les textes litté raires et législatifs l'avantage d'être presque toujours datées avec exactitude et de refléter la prononciation de l'époque et du lieu

1 Cf. 1. c. p. 30.

2 Romania IV (1875) pp. 7–90.

auxquels elles appartiennent. Les textes littéraires manquent de date, représentent généralement un mélange de la langue de l'auteur et des copistes successifs et étaient peut-être dès l'origine écrits dans un dialecte littéraire, une langue dans une certaine mesure artificielle et de convention qui n'etait celle d'aucune région spéciale. Même les chartes dont se sert M. Gessner sont pourtant peu satisfaisantes comme base d'une étude linguistique et c'est là le cas de la plupart des documents de ce genre qui ont été publiés jusqu'ici. D'abord la publication n'a pas été faite avec le soin scrupuleux qui seul permet des conclusions certaines sur la forme des mots, les erreurs sont au contraire presque partout nombreuses. Ensuite, on ne sait jamais si on a affaire à des documents reproduits d'après les originaux ou à des copies ou extraits de cartulaires, à des confirmations postérieures, etc. M. Morel-Fatio fait remarquer que, lorsqu'il s'agit d'un dialecte qu'on peut considérer à priori comme intermédiaire entre le castillan et le portugais, «les chances des méprises, des attributions fausses risquent fort, en vertu de cette condition si défectueuse des sources, de dépasser la somme des observations justes». C'est pourquoi M. Morel-Fatio, dans la partie de son article qui est consacrée à la langue, se borne à relever, en suivant et en corrigeant Gessner, «les faits qu'on peut considérer comme constituant les particularités les plus importantes du léonais».

M. Å. W:SON MUNTHE, qui dans son livre, Anteckningar om folkmålet i en trakt af vestra Asturien1 (Remarques sur le parler populaire d'une région de l'Asturie occidentale) est souvent amené à parler de l'ancien léonais, a publié aussi un article intitulé Vermischte spanische Beiträge et dont la plus grande partie se compose de Einige Bemerkungen zu Gessners Abhand lung über das Altleonesische. M. Munthe y examine quelques points obscurs de la phonétique en les regardant dans la lumière du dialecte moderne et ajoute pour certains phénomènes de nouveaux exemples à ceux qu'on trouve chez Gessner et Morel-Fatio.

M. F. HANSSEN parle du léonais dans plusieurs des nom1 Dissertation, Upsala 1887.

2 Zeitschrift für rom. Phil. XV (1891) pp. 228–232.

breuses études qu'il a consacrées à l'ancien espagnol. Le léonais seul fait l'objet de ses Estudios sobre la conjugación leonesa,1 où il se sert à peu près des mêmes matériaux que M. Gessner.

M. MENÉNDEZ PIDAL enfin donne dans son ouvrage El dialecto leonés un tableau sommaire du léonais moderne, important aussi bien à cause des délimitations géographiques que l'auteur y fait que par ses notices abondantes et précises sur la langue actuelle des différentes parties de la région léonaise. Ce tableau, qui ne peut laisser d'être en lui-même du plus grand profit pour celui qui s'occupe du vieux léonais, l'est encore davantage grâce aux comparaisons que l'auteur fait sans cesse avec l'ancien dialecte.

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2. La présente étude se base sur un certain nombre de documents léonais que j'ai copiés aux Archives historiques de Madrid pendant un séjour de quelques mois que j'ai fait dans la capitale espagnole en automne 1904. Parmi les trésors de cette institution, les documents des monastères supprimés occupent une place importante et parmi eux la collection de beaucoup la plus considérable est celle qui provient du célèbre monastère de San Benito de Sahagun. Cette collection comprend 1723 documents, dont le plus ancien remonte à 867, le plus récent à 1816. Comme les documents des autres monastères, ceux de Sahagun sont divisés en trois classes: I. actes royaux. 2. actes ecclésiastiques. 3. actes privés. La première de ces sections, qui comprend des documents sortis de la chancellerie royale, se compose de donations, de privilèges, etc. accordés au monastère de Sahagun par le roi, la seconde comprend des bulles papales et des pièces de différents genres (nominations, présentations, etc.) émanant généralement d'evêques et d'autorités religieuses de Sahagun ou d'autres communautés spirituelles. La troisième enfin, qui est de beaucoup la plus

1 Santiago de Chile 1896. Publié dans les Anales de la Universidad. Revista de Archivos, Bibliotecas y Museos 1906.

Sur les trésors des Archives historiques voir Discursos leídos ante la Real Academia de Historia en la recepción pública del señor D. Vicente Vignau y Ballester, Madrid 1898 et L. Barrau-Dihigo, Notes sur l' Archivo histórico nacional de Madrid, Paris 1900.

nombreuse, puisqu'elle se compose à elle seule de 1162 documents, contient toutes sortes de chartes particulières, contrats de vente ou d'échange, lettres de donation, testaments, inventaires, etc.

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Lorsqu'il s'agit d'une étude linguistique, c'est surtout dans cette dernière section qu'il faut chercher les matériaux. Les chartes royales sont jusqu'à l'époque d'Alphonse le Savant écrites en latin et n'ont même après cette époque nul intérêt au point de vue dialectologique. Quant aux documents ecclésiastiques, ils commencent à la même époque à être rédigés en espagnol, mais celles de ces chartes qui appartiennent à l'époque que nous étudions ne sont pas nombreuses et la couleur léonaise de leur langue est en général très faible. Nous en avons pourtant reproduit quelques-unes. Dans les chartes privées, au contraire, le latin cède de bonne heure la place à la langue populaire. Les chartes du XIIe siècle offrent un mélange de latin et de passages espagnols ou presque espagnols. On trouve même dès la fin du siècle des chartes entièrement romanes, telle la première de notre collection, qui date de 1171. Les quatre autres chartes du XIIe s., ainsi que les deux premières du XIII® que nous avons reproduites offrent cette langue mêlée dont nons venons de parler, mais l'élément espagnol y est assez important pour que nous ayons cru devoir les faire entrer dans notre collection. Pendant les quatre premières dizaines du XIII® siècle, les chartes latines sont beaucoup plus fréquentes que les espagnoles, mais celles-ci sont pourtant relativement nombreuses. A partir de 1240, les chartes latines se font très rares.

Jusqu'au milieu du siècle, nous avons reproduit toutes les chartes espagnoles. Après cette époque nous avons choisi celles où la couleur dialectale est encore bien prononcée, mais nous en avons exclu un certain nombre qui ne nous ont pas paru offrir beaucoup d'intérêt au point de vue linguistique. Nous en avons pourtant enregistré (p. 122) certaines formes qui confirment les résultats de nos recherches sur les chartes reproduites. Si nous avons restreint nos recherches au XIIIe siècle, c'est que les documents de Sahagun n'offrent après cette époque que très peu de différences du castillan. On verra que déjà les chartes qui

1 N:os XLV, LIII, LV, LXVII, LXXI et, d'autres monastères, XC et IC. E. Staaff.

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