Immagini della pagina
PDF
ePub

dans le doc. XIV (Ponferrada) est étrange, le document portant des caractères occidentaux fortement accusés. Autrement les formes sporadiques avec ie ne sont pas étonnantes, on s'attendrait plutôt à en trouver davantage.

Si la fréquence relative des différentes formes dans nos documents correspond à peu pres à l'état de choses réel, on est porté à croire que la diphtongaison de l'e, d'abord confinée dans le domaine castillan, s'est peu à peu répandue vers l'ouest et qu'au XIIIe siècle elle avait presque complètement envahi la partie orientale du Léon, tandis que la partie centrale opposait encore une certaine résistance à cet envahissement qui n'était pas encore parvenu jusqu'à la partie occidentale.1 Nous ne pouvons pas conclure avec M. Menéndez Pidal de l'état des patois modernes à la généralité de la diphtongaison à une époque aussi reculée que celle de nos documents.

11. Quelquefois on rencontre ia au lieu de ie: Gessner, p. 32, relève la forme pia (<pedem) du Fuero Juzgo, et M. Munthe, Z XV p. 230, ajoute d'autres exemples de cette forme tirés du même texte et y relève en outre deux exemples de ya < est. M. Menéndez Pidal, p. 19, compare ce phénomène au passage de uo> ua mais ajoute que ia pour ie n'apparaît que dans quelques mots et avec un accent instable. Avant de tenter une explication de ce passage, nous donnerons la liste des formes peu nombreuses avec ia qui se trouvent dans nos documents: ya <et: LXXVI 2, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 12 etc., LXXXVI, 15, LXXXVIII 23, 23, 25, 26 LXXXIX, 21.

2

ya < est: LXXXVIII 5, XCI, 7,

pias < pedes XXV 39 (Suppl.) XC 9 (a pía del altar). Castiala LXXXVIII, 18,

pialago LXXXIX, 7.

tiampus XCII, 2,

conuian XCII, 7.

Tous les documents appartiennent au domaine central ou occidental du léonais, excepté le doc. XXV. Mais la forme pias

1 Voir encore p. 206.

Voir p. 195 ss.

E. Staaff.

13

ne se trouve pas dans le document même, elle figure dans un morceau ajouté par une autre personne dont le dialecte porte des traces visibles d'une origine occidentale (beyzo, uostra).

M. Munthe, Ant. p. 28,1 constate la présence de formes analogues dans le dialecte qui fait l'objet de ses recherches (Villaoril de Bemeda et Posada de Rengos). Ce sont pia, pias (< pedem), diaz (< decem) yia (< est) et ya (<et). Dans le dernier mot, l'accent porte sur l'a, et M. Munthe explique le passage à a par la valeur atone du mot (cf. pourtant p. 29). Dans les autres mots, l'accent porte sur l'i. M. Munthe croit que ces formes sont nées dans la position atone. C'est ce qui lui paraît prouvé par le fait que est revêt dans le cas d'accentuation forte la forme yie. Il en conclut à une forme correspondante de decem, tandis que pia ne peut guère d'après lui se trouver dans une position accentuée telle que les deux autres mots (cf. les exemples p. 28-29). Pour expliquer ces formes, il suppose ou bien la conservation dans ce cas spécial de l'accentuation originaire de la diphtongue ie avec passage de l'e atone à a, ou bien un déplacement secondaire de l'accent avec le même passage. M. Menéndez Pidal, p. 19, ajoute à ce que dit M. Munthe que ya, yara se dit encore à Villapedre et à Teberga où l'on prononce pourtant yié, diéz; pía se dit à Luarca et jusqu'à Astorga. Quant à l'origine de ces formes, M. Menéndez Pidal croit à un déplacement secondaire de l'accent.

Ce qui doit être observé d'abord, c'est que nos documents offrent trois exemples où la diphtongue ia se trouve à la syllabe tonique d'un mot paroxyton (Castiala, tiampus) ou proparoxyton (pialago), ce qui cadre bien avec le yara de Villapedre et de Teberga et montre que ce phénomène n'est pas toujours, comme dans les patois modernes examinés par M. Munthe, limité aux mots oxytons.

Nous voyons dans les exemples de ya < et la preuve que la diphtongue ie, lorsqu'elle perdait l'accent, avait dans certaines régions une tendance à devenir ya. On pourra comparer à ce phénomène la forme diagano XIV 38 (Ponferrada), mais diegano XXXVIII 31, ainsi que piadad, Fuero Juzgo p. 9 et 107.2

1 Cf. aussi Z. XV p. 230.

Cf. aussi esp. mod. piadoso.

Quant aux autres formes, nous sommes tenté de les expliquer de la façon suivante. La partie du Léon où se trouvent ces formes ne connaissait pas originairement la diphtongaison, qui ne s'y est répandue que peu à peu grâce à l'influence du castillan. La diphtongue ie était donc un phonème étranger à ceux qui parlaient le dialecte de cette région, et on l'a comprise de différentes façons, tantôt bien, tantôt mal. Dans ce dernier cas, on a exagéré la différence des deux éléments en prononçant l'e trop ouvert. Ainsi on est arrivé à la prononciation ia. Cette prononciation s'est en général corrigée toute seule, mais ci et là elle a persisté et alors surtout dans les mots oxytons qui formaient un groupe à part offrant un autre aspect phonétique que les mots ordinaires. La diphtongue ie s'est répandue en Léon, croyons-nous, lorsqu'elle était encore une diphtongue décroissante. A l'époque du déplacement de l'accent, pia et les autres mots où l'a était devenu, dans certains endroits, d'un usage fixe, n'ont pas suivi le développement des mots paroxytons et proparoxytons, où l'a n'était que d'un usage sporadique.

12. Dans certains cas on trouve en léonais ie, sans que cette diphtongue se soit produite dans le castillan; il s'agit des formes léonaises de la conjonction et et des formes verbales est, eram, erat, erant: ye, ye(s), yera, yeran. Nous parlerons d'abord de la conjonction et.

Gessner, p. 34, regarde ye comme le résultat de la diphtongaison de, qui, bien qu'en général plus restreinte en léonais qu'en castillan, se produit pourtant en léonais dans certains cas où elle est étrangère au castillan. Il compare à ce cas les formes diphtonguées de esse que nous venons de citer. M. Morel-Fatio, p. 30, est d'avis que ye (< et ou est) n'est peutêtre pas comme le dit Gessner «vraiment léonais»; bien que répandues en Léon, ces formes paraissent dit l'auteur - être plus rigoureusement appliquées en asturien. - M. Menéndez Pidal dit, p. 19, que l'e se diphtongue dans deux cas importants que la langue littéraire regarde comme atones: les formes citées de esse et la conjonction et. Cette dernière forme, ye, subsiste encore à Colunga et dans l'asturien occidental, où elle s'est changée en ya.

[ocr errors]

Dans le § 130 de sa grammaire, M. Menéndez Pidal dit à propos de et: «La copulativa et era en castellano mirada generalmente como átona y por lo tanto resultaba e; pero en leonés era tónica: ye, y lo mismo en castellano primitivo cuando sela consideraba acentuada por estar junto á un enclítico (los cuendes ye los res) y el diptongo se reduce a ¿ (quel guardasse yl sirviesse.... is acorvan), especialmente cuando precedia á una e (el uno y el otro); luego la i se generalizó y hoy domina, salvo cuando sigue palabra que empiece con i-» La réduction de ie à i est à l'avis de l'auteur du même genre que celle qui a transformé Sietmancas, Sietcuendes en Simancas, Cifuentes, etc. (voir Gram. § 10, 2).

Nous croyons qu'il faut comprendre le développement de et>y et ye d'une autre façon. D'abord, il est certain que cette conjonction, qui sans doute peut de temps en temps prendre jusqu'à un certain degré l'accent, est pourtant presque toujours atone. C'est ce qui résulte par exemple du fait que cette particule est d'une façon générale incapable de servir d'appui à un pronom suivant. Aussi M. Meyer-Lübke1 regarde-t-il ce mot comme absolument atone. Pour l'espagnol, il conclut même à un développe ment dépendant de la position enclitique: padre y madre se trouverait à patre et matre dans la même relation que ley à lee (< lege). M. Baist, Gr. p. 895, partage l'opinion de M. MeyerLübke sur l'origine de y. Dans le discours rapide voyelle + e passait d'après lui facilement à voyelle + y: yoctu devenait yoytu comme soes devenait soys.

Cette explication de y paraît en effet très probable et préférable à celle de M. Menéndez Pidal. Car s'il faut regarder un et accentué comme existant seulement dans des cas exceptionnels, il est difficile de croire que ces cas auraient pu déter miner le développement d'un mot qui en position atone est peut-être le plus usité de la langue. Et on ne pourra guère non plus regarder le ye du léonais comme le produit d'une diphtongaison, puisque la diphtongaison n'a lieu que sous l'influence de l'accent.

1 Cf. Gram III. § 716 et 726.

Tableau statistique.1

Groupe I. Doc. VII 2, e; IX ye 2, 11, 12, hi el dia 5, e en 15, hi en 18, 18, 18; XV 2, e 32, 44, 47; XVI e, ye alos 2, yel 23, 34; XVIII e, hien 19, 39, 39, 39, hiel 34, hi este 34; XIX 2, ye; XX ye; XXII, signe rendu par et, y el 20, y tan buenos 21; XXIII, ye he 5, e todas 13: XXV e; XXVI 2, ela 24, 24, elo 31; XXX 2, elos 15, 17, ela 17; XXXI 2, ye anos 8, ie aluaroch 10; XXXII e, ye atorgo 31; XXXIII 2, ye, e 9, 23, Et 20, 30; XXXV 2, ela 9; XXXVIII 2, E 23, 29, 35, signe rendu par E, ye ela 39; XXXIX 2, ye; XL e; XLII 2 et, y, e, ye (voir ci-dessous); XLV ye, 2; XLVI 2, E, ye atodos 4; XLVII 2, ye auer 2, Bartolome ye ñra 5, yen 11, y estas 16; XLVIII 2, ye, Et; L 2, yel 39, ye enne 55; LI 2, Et; LII 2, Et; LIV 2, E, ye; LVI e; LVII 2, Et, ye al 42; LVIII 2, ye aluaroc 6, 33, 46, 54, yen 11, yesta 16, yeste 28, ye ij 45, ye Uan 50; LIX e, en uida ye muerte 3, ye al 14; LX 2, Et; LXIII, Et, desse ye pora 18; LXIV, E; LXV 2, E; LXVI do ye offrezco 2; LXVIII 2, Et; LXV 2, Et; LXXII 2, Et; LXXIII 2, Et; LXXIV 2, Et.

Groupe II. Doc. IV e, signe rendu par Et; XII ye; XXVIII 2, E; XLIII ye, 2; XLIV e, 2, ye en 10; LXVII 2, Et; LXIX 2, Et; LXXI 2, et; LXXV 2, Et, yel 2, parte ye donna 4, ye sos 4, 10, ye Diego 5, ye el 8, ye los 8, ye aun 12, yelos 16, ye los 26, ye el 28, ye otros 62, ye de 63; LXXVI, ya, e, E; LXXVII, ye, hie, he; LXXVIII ye, y el 8, y el 8, yela 10, y este 35; LXXXII 2, Et; LXXXIV 2, e yo 2, 3, 3, 3, e peche 21, ye appagamiento 10, ye en 11, ye auos 11, ye enayenada 14, ye a 14, ye esta 21, ye en 26, 26, 27 (4 f.), 28; LXXXV 2, e, E, he; LXXXVI e, ya este 15; LXXXVII 2, Et; LXXXVIII 2, e, ya outorgadores 23, ya leer 25, ya este 26; LXXXIX 2, ya a 21; XC 2, Et; XCVI 2, Et; IC 2, Et. Groupe III. Doc. XCI Et, signe transcrit par et; XCIII 2, et 35, elo 36; XCIV, Et; XCV, Et; XCVII, signe transcrit par et, 22, elo 22; CI 2, Et.

Un regard sur le tableau précédent montre que les notaires se servaient généralement du signe d'abréviation

pour

Les documents où et est toujours représenté par le signe 2 n'entrent pas dans ce tableau. Pour les autres, nous indiquons les différentes formes, et, lorsqu'il y a lieu, les circonstances auxquelles est lié leur emploi.

« IndietroContinua »