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désigner la conjonction et. Nous avons laissé le signe sans transcription étant donnée l'impossibilité de savoir quelle forme il représente chaque fois. Souvent on rencontre dans la même charte, ye, e, et, ou bien deux ou trois de ces graphies ensemble. Le premier document où l'on rencontre ye, c'est le n:o IX, qui en offre des exemples dans toutes les positions (devant une voyelle aussi bien que devant une consonne), excepté devant e où ye est remplacé par hi. Le doc. XVI emploie e dans toutes les les positions, mais, 1. 2, on trouve ye alos et 1. 23 yel. Le doc. XVIII a toujours e, excepté six fois où la conjonction, se trouvant devant un e, affecte la forme hi. Le doc. XXVI a toujours l'abréviation, excepté 1. 24: la casa ela eglisia ela heredat et, 1. 31, elo que. Les documents XXX et XXXV montrent e dans des conditions analogues. Nous passons au doc. XLII, qui offre un mélange très riche des différentes formes. La statistique que nous avons dressée de ces formes donne pour résultat que le signe abréviatif prévaut de beaucoup, étant employé en somme 52 fois, dont 40 fois devant une consonne, 12 fois devant une voyelle, qui 6 fois se trouve être un e. La forme ye est employée en somme 22 fois, dont 18 fois devant une voyelle, qui II fois est un e. On trouve encore et et e majuscule au commencement de la phrase, ce qui paraît avoir été d'un usage fréquent et qui apparaît presque régulièrement dans les chartes de la fin du siècle. En outre, e apparaît 9 fois à l'intérieur de la phrase, dont 6 fois devant lo, la, los, las.

Il résulte de ce que nous venons de dire et de notre tableau statistique dans sa totalité que, dans les documents où il y a concurrence entre plusieurs formes, ye se trouve plus souvent devant une voyelle que devant une consonne, et que cette forme se trouve avec une fréquence toute particulière devant un e. C'est cette dernière position qui à notre avis a donné naissance à la forme ye, qui par conséquent serait due non pas à la diphtongaison, mais à un phénomène appartenant à la phonétique syntactique. On peut se demander si les cas où et était suivi d'un e étaient assez fréquents pour pouvoir déterminer la forme du mot. Il faut se rappeler à ce propos qu'en léonais l'article et le pronom personnel régime commençaient par cette voyelle. C'est là un

fait de la plus grande importance, vu la fréquence extrême de ces parties du discours et la fréquence très grande des cas où elles étaient précédées de et. Cette manière d'envisager le problème explique aussi pourquoi et devient ye justement dans le léonais et non pas dans les autres dialectes. Comme il résulte de nos documents et aussi, par exemple, de ceux publiés par M. Fernández-Guerra, la forme ye s'était de bonne heure généralisée, et les traces qu'on trouve de la différence originaire dans l'emploi de ye et e ne sont pas trop nombreuses. Parmi les exemples que nous venons de citer se trouvent aussi quelquesuns de e. Le fait que dans des chartes qui se servent presque exclusivement du signe 2, on trouve e justement devant lo(s), la(s), nous paraît fournir une preuve du rapport intime qui existe entre e et elos, etc. L'e représente dans ces cas non seulement la conjonction, mais aussi la voyelle initiale de illam, etc., conservée dans cette combinaison même si elle a disparu partout ailleurs.1

On pourrait objecter contre l'explication que nous venons de tenter que justement dans celles de nos chartes où e ne diphtongue pas, et ne donne pas non plus ye, mais e(t). A cela nous répondons que, même dans le centre et la partie orientale du Léon, la formation dont nous parlons n'est pas partout de la même fréquence et qu'il n'est en somme pas surprenant de trouver dans des chartes qui se rapprochent à plusieurs égards du portugais encore ce trait caractéristique de ce dialecte. Du reste, il y a un document où e ne diphtongue pas et qui a pourtant la forme ye, à savoir le no LXXVIII. Dans le doc. LXXVI, la forme de et est ya (cf. p. 193), qui s'y trouve 23 fois devant une voyelle, laquelle 14 fois est a, et 12 fois devant une consonne. E y est employé 15 fois devant une consonne et I fois devant une voyelle. Au commencement de la phrase on trouve toujours E. Ces chiffres pourraient faire croire que ya <et a pris naissance dans la position devant a et ce serait alors avant tout la prép. a (<ad), qui aurait contribué à la création de cette forme, Mais, comme nous l'avons déjà dit, il est plus probable que ye est devenu ya par la voie phonétique.

Autre circonstance à noter: des doc. qui se servent d'une façon générale de l'art. fém. la, emploient ela après 2 (e), tels VIII 10, 11, 29, XLII 25, LXIV 54.

Si par conséquent ye est, à notre avis, le résultat d'une fausse analyse de la combinasion y+el, ela, elo, etc., il reste à expliquer l'origine de cet y. Nous avons déjà cité l'explication de M. Meyer-Lübke et de M. Baist, qui pour le castillan nous paraît satisfaisante. Mais cette explication ne suffit pas pour le léonais. Si l'y de ye dépendait ici de la position après une voyelle, on s'attendrait à trouver non seulement e et ye, mais aussi y. Or cette forme existe, mais presque toujours devant un e (cf. doc. IX XVIII etc), ce qui rend probable que e (<et) a d'abord passé à i devant un e suivant: e ella > yela > ye ela ou ye la.

Remarque. On pourra comparer cette explication de ye à come et coma (fr., it., cat., etc.) de com+e(t) et com+a(d). Voir Vising dans les Abhandlungen A. Tobler dargebracht p. 113 ss.

L'autre cas où l'on a vu, et avec raison, une diphtongaison particulièrement léonaise, est représenté par certaines formes de esse.1

Tableau statistique.

Groupe I. Doc. XX yes 15; XXIV yera 7; XXVI yes 5; XXXII yes 11, 15, 16, 17, 18, 18, 30, 31; XLIII ye 35; LIV ye 7, 32; LXIII ye 47; LXVIII ye 53, 59.

Groupe II. Doc. XXVIII ye 23, 34; LV yera 9; LXXV ye 23, 29; LXXVII ye 32, 41, 51, 56, hierant 25; LXXXI yera 6; LXXXII ye 8, 11, 20; LXXXIV ye 9; IC ye 10.

Groupe III. Doc. XIV hye 27, yhe 30; CI ye 98, 101, yera 3.

Quant à ces formes, qui, comme on le voit, sont beaucoup moins répandues que ye <et, il n'y a pas de raison pour douter qu'on ne soit en présence d'une vraie diphtongaison. Ces formes pouvaient très bien porter l'accent, et il y avait sans doute une forme diphtonguée pour la position accentuée et une forme sans diphtongue pour la position atone. Bientôt les deux formes ont commencé à être employées l'une pour l'autre, et quelquefois ye est la seule usitée. Dans le doc. XXVI, on trouve les deux formes régulièrement employées: 1. 5 la nuestra casa que yes del hospital (yes appartient), mais 1. 38 el otra es carral etl

1 Voir Gessner p. 27.

43 que es pornombrado. Doc. XXXII, yes est employé dans le sens de est situé par ex. 1. 11 de la quarta parte yes vinna del clerigo, mais 1. 13 et 14, on trouve es employé dans le même sens. Si le verbe est placé après le prédicat, il prend un certain accent et nous avons sans doute là un des cas où la forme diphtonguée a pris naissance, cf. CI 1. 98 et 101 commo sobredito ye, (mais 1. 54 on trouve es (he) dans la même phrase).

13. +y. A noter ici les formes différentes du mot ec(c)lesia, qui présente souvent comme voyelle tonique un i au lieu de l'e castillan. Les formes avec i (eglisia, eglisa, egrisia, cglixa, egrija) se trouvent doc. XXVI, 17, 20, 21, 24, 45, 46, XXVIII 5, 7, 12, 19, 24, XXX 4, XLV, 6, 9, 16, 17, 23, LV II, LX 20, 30, 52, LXXV 6, LXXIX 8, 10, LXXXIII 6, XC 5, 6 etc. A ces formes correspond un certain nombre d'exemples avec e (eglesia, iglesa): doc. XXIX 11, XXXIII 35, XLII 56, 72, LXXVII 47, LXXVIII 6, 10 etc.

Pour expliquer la différence entre la forme castillane et celle du léonais, il n'y a guère d'autre moyen que de voir dans le mot castillan une forme savante et dans le mot léonais une forme populaire, ce qui n'aurait d'ailleurs rien d'étonnant. Pour l'espagnol, il faut partir de la forme *ecclesia avec e fermé, qui explique aussi le portugais igreja. En castillan, cette forme a gardé un caractère savant, en conservant la voyelle e malgré le y suivant. En léonais, la voyelle a régulièrement passé à ¿. Quant à sj, il est certain que x, j, qui se trouvent dans certaines formes léonaises, représentent un développement populaire. M. Baist (Gr. p. 898) est aussi de cet avis et cite comme exemple igreja de l'Archiprêtre, citation qui confirme le caractère léonais de ce passage.1 Les formes avec s (eglisa) doivent être regardées comme demi-savantes.

ū.

14. Doc. XIV 42, firmitudinem est rendu par firmedomne. Le passage isolé de u à o dans cet exemple, dépend probablement d'une attraction de la part de nomne, omne, tous deux des

1 Cf R. XXX (1901) p. 435.

mots d'un usage très fréquent et qui pouvaient facilement exercer une influence pareille sur le suffixe -umne.

o fermé.

15. Le traitement de l'o est d'une façon générale le même qu'en castillan; nous n'avons qu'à noter quelques cas isolés.

Dubitare figure en espagnol avec u. Le passage de o en u reste inexpliqué.1 M. Baist (Gr. p. 888) fait observer que tandis qu'en anc. esp. la forme de duda était dubda, cubitum n'avait pas la forme cobdo, et paraît ainsi vouloir attribuer la transformation de l'u au b suivant. La forme cobdo ne paraît pourtant pas avoir été rare, elle se trouve par exemple Cid 501, Berceo S. M. 228 et Fuero Juzgo, et il ne paraît par consé quent guère possible de trouver l'explication dans le consonnantisme. En léonais, u est la voyelle ordinaire, mais nos documents offrent deux exemples avec o; dans les deux, ba passé à 12: dolda LXVI 15 et LXXXI 42 (mais cf. dulda XC 36, 44).

Le verbe duplare apparaît généralement sous sa forme régulière doblar (dobrar), mais on rencontre la forme duble (dubre) doc. LXXXVIII 16, LXXXIX 22, XCII 16 et XCIV 25. Cette forme est probablement due à l'influence latine, d'autant plus qu'elle se trouve doc. VII 12, XIV 24 et XVIII 34 écrite avec un qui révèle clairement sa nature savante.

Notons encore poblico (sous l'influence de poble) doc. LXIX 40 et testemunnio doc. XCVIII 26, où l'o a passé à u sous l'influence du y, cf. pg. testemunho.

avec

Pour dous, voir le § des noms de nombre.

Pour como, voir o ouvert.

o ouvert.

16. Comme nous l'avons déjà fait remarquer, les formes non diphtongué sont considérablement plus nombreuses

1 Meyer-Lübke Gram. I § 147.

Voir p. 243.

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