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tre cette dernière faisant taire les principes rigoureux du premier.

En 1746, le capitaine Edwards, commandant le vaisseau de guerre anglais l'Élisabeth, se trouvant en perdition sur les côtes de Cuba, à la suite d'un de ces ouragans si terribles dans le golfe du Mexique, se réfugia dans le port de la Havane, et se présenta au gouverneur de cette ville à qui il adressa ce discours :

« Je viens vous remettre mon vaisseau, mes matelots, mes soldats et moi-même; je ne vous demande que la vie pour mon équipage.—Jamais, lui répondit le gouverneur espagnol, je ne commettrai une action infâme. Si nous vous avions pris en combattant en pleine mer ou sur nos côtes, votre vaisseau nous appartiendrait, et vous seriez nos prisonniers; mais battus par la tempête, c'est la crainte du naufrage qui vous a jetés dans ce port; j'oublie donc et je dois oublier que ma nation est en guerre avec la vôtre; vous êtes des hommes et nous aussi; vous êtes malheureux et nous vous devons de la pitié. Faites réparer votre vaisseau en toute assurance. Vous partirez ensuite, et je vous donnerai un passe-port jusqu'au delà des Bermudes. Si vous êtes pris après avoir passé ce terme, le droit de la guerre vous aura mis dans nos mains; mais, en ce moment, je ne vois en vous que des étrangers pour qui l'humanité réclame des secours. »

Voici un autre fait beaucoup moins connu, dont

nous avons pris les détails à des sources officielles, qui présente une issue tout opposée.

A la fin de l'année 1758, M. Martel, capitaine de vaisseau, commandant le vaisseau le Belliqueux, ayant été séparé par le mauvais temps et après un combat contre des forces anglaises supérieures, d'une escadre sous les ordres de M. Duchaffault, avec laquelle il avait appareillé de la rade de Quebec, le 9 septembre de la même année, pour retourner en France, se trouva, par suite d'une erreur de point occasionnée par la violence des courants, porté à l'ouvert du canal de Bristol. Contrarié par la constance de forts vents de bout, il fut contraint d'aller mouiller sous l'île de Londy, où il resta quelques jours qu'il mit à profit pour réparer des avaries majeures.

La violence du vent, qui continuait toujours au sud-ouest et sud-sud-ouest, ayant fait casser ses câbles, il dérada, et les courants l'enfoncèrent davantage dans le canal et l'entraînèrent sur des bancs de sable et des roches qu'il ne put éviter qu'en mouillant en pleine côte. Ce mouillage ne pouvait être longtemps tenable; le Belliqueux fut forcé d'appareiller en laissant ses ancres au fond. Les vents contraires continuant de régner avec une extrême violence, ce vaisseau n'ayant plus que pour cinq jours de vivres, ayant quatre-vingts malades sur les cadres, le reste de son équipage exténué de fatigues, le capitaine Martel prit la détermination

d'aller mouiller à Bristol, espérant que la générosité anglaise, en raison des circonstances, ne lui refuserait pas un asile; qu'il lui serait permis de s'y procurer des vivres, et qu'on le laisserait partir librement ensuite. Ce qui le décida à prendre ce parti extrême, ce fut l'exemple récent d'une frégate anglaise qui, se trouvant dans une position semblable, était allée demander des vivres à Brest, et à laquelle on avait fourni généreusement tout ce qui lui était nécessaire, en lui laissant suivre sa destination sans aucun obstacle.

M. Martel, faisant route pour Bristol, fit rencontre d'un vaisseau anglais de 50 canons l'Antelope, à la vue duquel il hissa pavillon parlementaire, et auquel il fit part de sa situation en lui déclarant qu'il allait à Bristol, mais qu'il ne se rendait pas.

Le commandant anglais lui répondit qu'il ne doutait point qu'on n'eût pour lui le même procédé qu'on avait eu peu auparavant en France pour une frégate anglaise, mais que l'amirauté de Londres pouvait seule en décider. Sur cette assurance, le Belliqueux vint prendre le mouillage de Bristol.

La trop grande confiance de M. Martel fut cruellement trompée. Ce commandant, malgré ses réclamations et ses protestations aux lords de l'amirauté, vit son vaisseau capturé et fut fait prisonnier avec son équipage.

M. Martel fut fortement blåmé en France

par

le

ministre, qui lui reprocha de n'avoir point attaqué le vaisseau anglais l'Antelope; et, en effet, si le Belliqueux n'avait pas de vivres à bord, il avait de la poudre et des boulets, et l'heureuse rencontre d'un vaisseau ennemi lui offrait un moyen glorieux de se procurer ce qui lui manquait. Il aurait dù tâcher de réduire ce vaisseau et prendre des vivres à son bord.

On peut voir dans les rapports officiels de M. Martel, que nous donnons en entier à l'appendice, comment ce capitaine cherche à se justifier aux yeux du ministre (1).

Quoi qu'il en soit, la conduite tenue par l'Angleterre en cette occasion, fut certainement conforme en tous points au droit rigoureux. Mais en la mettant en regard de celle qu'avait tenue la France peu auparavant dans une circonstance semblable, nous laissons au lecteur le soin de la qualifier au point de vue de la génerosité et de la grandeur d'âme.

(1) Appendice, annexe G.

CHAPITRE NEUVIEME.

Du Droit de Blocus.

SOMMAIRE.

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Cas où un belligérant peut interdire aux neutres tout commerce avec des lieux appartenant à son ennemi. — Ce que c'est qu'un lieu bloqué. Le blocus d'un lieu quelconque n'est effectif qu'autant que l'investissement de ce lieu est réel. Les neutres doivent respecter le blocus. La substitution de souveraineté est la base des droits des belligérants en cas de blocus.-Cette substitution résulte de l'occupation de la mer territoriale. - La définition du blocus faite par les traités, est conforme à ce principe. On peut bloquer toute sorte de lieux appartenant à son ennemi. Restriction quant à l'embouchure d'un fleuve. On a le droit de traiter en ennemi le navire neutre qui ne respecte pas le blocus. Toutefois, il faut pour cela que ce navire ne puisse alléguer l'ignorance. Notification diplomatique du blocus. Ses effets d'après la doctrine anglaise. suivant cette doctrine, entre un blocus simplement de facto et un blocus notification accompagnée du fait. Notification inpar dividuelle. — Principes reconnus par la France. faite par les Etats-Unis dans leurs traités. Nullité radicale des blocus de cabinet ou sur papier.· Un blocus réel'n'est que suspendu lorsque l'éloignement des forces navales qui le maintiennent est occasionné par le mauvais temps. Mais il cesse entièrement lorsque cet éloignement est causé par des forces supérieures de l'ennemi.

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Distinction,

Stipulation

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