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Note de lord Grenville adressée au comte de Wedel-Jarlsberg, du 4 août 1800.

Le soussigné, principal secrétaire d'état de S. M. pour les affaires étrangères, a eu l'honneur de mettre sous les yeux du roi la note qui lui a été transmise par le comte de Wedel-Jarlsberg, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. danoise, le 2 de ce mois.

Pour ce qui concerne la demande faite par le comte de Wedel-Jarlsberg, pour faire relâcher la frégale danoise la Freya et son convoi, il a ordre de S. M. d'informer ce ministre que, quel que soit le désir de S. M. de manifester en toutes les occasions son égard et son amitié pour le roi de Danemarck, cependant, comme le capitaine de la Freya a jugé à propos, sans aucune provocation, de commencer les hostilités actuelles contre un de ses vaisseaux de guerre, et de sacrifier témérairement les vies des sujets des deux souverains, par une contestation où il est entré sans cause et qui pouvait uniquement conduire à une effusion de sang non nécessaire : la frégate et le convoi qui se trouvait placé sous ses ordres doivent nécessairement répondre du résultat de la demande qui sera faite au nom de S. M., d'une satisfaction due à cette conduite si peu susceptible de justification et si digne de blâme.

Cette résolution de la part de S. M. est d'autant plus nécessaire, que le cas présent n'est pas le premier où S. M. a eu récemment à se plaindre d'une pareille conduite, et depuis que la patience distinguée qu'on a observée à l'occasion du Phénix, paraît avoir produit un effet qui a si peu répondu aux vœux et à la juste attente de S. M. Mais c'est avec plaisir que S. M. anticipe l'époque où la cour de Copenhague, par une détermination qui s'accorde avec l'usage établi et le droit des gens, ainsi qu'avec l'honneur du pavillon de S. M., la mettra à même de manifester, de son côté, ses sen

timents d'amitié envers une puissance avec laquelle elle est liée par tant de liens.

Londres, le 4 août 1800.

GRENVILLE.

Note de lord Whitworth, envoyé extraordinaire à Copenhague, adressée au comte de Bernstorff, ministre des affaires étrangères de S. M. danoise; du 12 août 1800.

S. M. britannique, animée du désir le plus sincère de maintenir constamment avec la cour de Copenhague ces relations d'amitié et d'alliance qui avaient depuis longtemps subsisté entre la Grande-Bretagne et le Danemarck, n'a pu voir qu'avec surprise et avec douleur la démarche hostile par laquelle ce gouvernement vient d'en interrompre le cours. S. M. n'a jamais cessé de donner les preuves les plus évidentes de cette disposition; et elle s'était flattée d'un retour de la part de S. M. danoise conforme à ces sentiments.

Nonobstant les expressions dont s'est servi le ministre de S. M. danoise dans une note officielle qu'il a cru devoir présenter à son ministre, au sujet de la détention de la frégate la Freya et de son convoi, S. M. ne peut pas même encore se persuader que ce soit véritablement d'après les ordres de S. M. danoise que la paix et la bonne harmonie aient été si subitement interrompues, ou qu'un officier danois ait pu agir conformément à ses instructions, en commençant des hostilités contre ses états par l'attaque préméditée et non provoquée d'un vaisseau de guerre anglais, portant le pavillon de S. M. et naviguant dans les mers britanniques.

L'effet qu'un tel événement a dû naturellement exciter a acquis de nouvelles forces d'une demande de réparation,

comme due aux aggresseurs de la part de ceux qui ont essuyé l'insulte et l'injure.

S. M. appréciant les difficultés auxquelles toutes les nations neutres ont été exposées par la conduite sans exemple et le caractère particulier de son ennemi, s'est abstenue à différentes reprises, durant le cours de cette guerre, de réclamer ses droits, et a fermé les yeux sur l'exécution partielle des devoirs de cette neutralité que le gouvernement danois faisait profession de vouloir suivre; mais l'agression. ouverte et délibérée qu'elle vient d'essuyer ne saurait être regardée avec la même indifférence. Le sang de ses braves matelots a été répandu, l'honneur de son pavillon insulté à la vue presque de ses propres côtes; et ces démarches sont soutenues en suscitant des doutes sur des droits incontestables, fondés sur les principes les plus évidents de la loi des nations, dont S. M. ne peut jamais se départir et dont le maintien calme, mais soutenu, est indispensablement nécessaire à l'existence des intérêts les plus chers de son empire.

Le soussigné est donc spécialement chargé de représenter cette matière sous son véritable point de vue; d'effacer les fausses impressions qui aient pu autoriser, jamais justifier, une conduite aussi injurieuse envers S. M., et de demander, avec l'énergie que l'importance de la crise exige, réparation pour ce qui s'est passé, et sécurité contre une répétition de pareils outrages.

Le soussigné se flatte que le ministère danois lui rendra la justice d'être persuadé que, tandis qu'il manifeste une juste sollicitude pour la dignité et les intérêts du roi son maître, il n'est pas indifférent à ceux du Danemarck, uni de tout temps à la Grande-Bretagne par les liens de l'amitié et de l'alliance. Il espère trouver dans le ministère danois une disposition analogue à la sienne, et que le résultat de leurs négociations sera une satisfaction telle que la Grande

Bretagne n'hésiterait point à donner elle-même en pareil cas, et un renouvellement de confiance et de bonne harmonie entre les deux états. Tel est le but de sa mission, et tel est le vœu le plus sincère de son cœur.

Copenhague, le 12 août 1800.

WHITWORTH.

Réponse du comte de Bernstorff.

Le roi avait appris avec autant de douleur que de surprise l'événement qui a donné lieu à la détention de sa frégate la Freya et du convoi mis sous la protection de celle-ci. S.M. était cependant loin de présumer que l'atteinte portée à la sûreté d'un convoi, naviguant à l'abri et sous la sauve-garde de son pavillon, eût été préméditée, ou que le combat le plus inégal et le plus imprévu eût été provoqué par un ordre émané du gouvernement britannique. Elle ne voyait encore dans cette rencontre fâcheuse que l'effet du zèle inconsidéré du chef de l'escadre anglaise qui a si violemment abusé de sa supériorité sur un vaisseau étranger, qui, allant avec confiance dans les eaux qui baignent la côte d'un pays uni au Danemarck par les liens de l'amitié et de l'alliance, n'était nullement préparé à une surprise hostile.

Mais rien n'égale l'étonnement avec lequel S. M. vient de voir, par la note que le soussigné a eu l'honneur de recevoir de la part de lord Whitworth, que le gouvernement britannique, pour lui refuser la satisfaction qui lui est évidemment due, en retorque la demande contre elle, en lui imputant sans scrupule une agression dont le reproche est anéanti par le plus simple examen du fait.

C'est en effet confondre les idées les plus claires, et intervertir le sens le plus naturel et le moins équivoque des choses et des mots, que de vouloir faire envisager comme

une agression, et une agression préméditée, une résistance légale et provoquée à une atteinte donnée gratuitement aux droits et à l'honneur d'un pavillon indépendant.

Les démonstrations deviennent superflues quand le fait parle et le Danemarck ne craint pas d'en appeler à cet égard au jugement de toutes les puissances impartiales de l'Europe.

S'il était possible de supposer une idée d'agression ou des intentions hostiles contre la Grande-Bretagne, S. M. n'hésiterait pas à les désavouer hautement; mais cette possibilité n'existe pas. Et le gouvernement anglais lui-même, s'il pèse les circonstances avec calme et sans prévention, ne saurait avoir aucun soupçon à cet égard.

Mais supposé même que le chef de la frégate danoise eût excédé les bornes de ses devoirs et que le gouvernement anglais fût, par là, autorisé à en demander satisfaction, il résulte encore évidemment de la nature du cas, que cette demande ne pourrait avoir lieu qu'après que la frégate emmenée et son convoi eussent été relâchés, le Danemarck étant jusque-là ouvertement la partie lésée, et, par conséquent, seul en droit de se plaindre.

C'est cette demande préalable, de relâcher sans perte de temps la frégate du roi et le convoi qui avait été confié à sa protection, que lord Whitworth est prié de transmettre à sa cour et d'appuyer auprès d'elle. Il voudra bien y ajouter l'assurance que le roi recevra avec empressement toute proposition compatible avec l'honneur de son pavillon et la dignité de sa couronne, et tendant à maintenir cette harmonie entre les deux cours qui a toujours fait et qui fera toujours un des premiers objets des vœux et des soins du Danemarck.

Le roi ne croit pas devoir renouveler à S. M. britannique des protestations de son amitié dans une occasion qui ne l'a ni démentie, ni mise en doute. S. M. ne se permet

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