voyelles ouvertes en léonais et en castillan. Mais ces différences sont liées à des conditions spéciales. Le tableau suivant montrera comment se comportent nos documents à l'égard de la diphtongaison de . Quant aux formes normales de chaque document, nous n'en indiquons que le nombre. Tableau statistique. Groupe I. Doc. I. 7ie; V, 2ie; VI, 3ie, alferiz 14; VII, 5ie nouenbre 13, tjne 17; VIII 3ie, Lorente 22, conuento 54; IX 7ie; X tierra 3, 5, terra 3; XI 2ie; XIII 1oie, Butello 12, Beringuela 36; XV 18ie, dont 5 f. conuiento; XVI 9ie, Perronella 41; XVIII 28ie; XIX 7ie, conuento 16; XX, 1oie dont 2 f. conuiento; XXI 4ie; XXII ie; XXIII rie; XXIV 2ie; XXV roie, pias 39 (Suppl.); XXVI 5ie; XXVII conuiento 3; XXX 7 ie dont 1 f. conuiento; XXXI 7ie dont 1 f. conuiento; XXXII 2 ie, dont 1 f. conuiento; XXXIII 9ie, offerenda 24; XXXV zie, xamello 9, Castella 13; XXXVI 2ie; XXXVII conuentu 4; XXXVIII rie, conuento 3, 5, egua 32; XXXIX 2ie; XL 11ie dont 3 f. conuiento; XLI 14ie dont 4 f. conuiento; XLII 6ie; XLV 4 ie, conuiento 5; XLVI 7ie; XLVIII 39ie dont 7 f. conuiento; XLIX 9ie; L 8ie; LI zie; LII rie, conuento 5; LIII 4ie; LIV rie, terra 11; LVI 7ie, neto 11, 21; LVII 17ie dont 1 f. conuiento, Lorente 5, 8, 26; LVIII 15 ie, inferno 16, tenente 22; LIX 6ie; LX 23ie dont 3 f. conuiento; LXI 9ie dont 3 f. conuiento; LXII 6ie; LXIII 8ie, conuento 10, 43; LXIV 27ie dont 3 f. conuiento, conuento 7, 50, mentre 25; LXV 24ie dont 6 f. conuiento; LXVI 4ie; LXVIII 21ie; LXX 2ie, conuento 9; LXXII 30 ie dont 11 f. conuiento; offrenda 79; LXXIII 4ie, conuento 3, 34, 48, 50; LXXIV 16ie, novembre 15. Groupe II. Doc. XII 6ie, conuento 3, 44, manifesto 11; XVII 2ie; XXVIII 5ie conuento 29; XLIII 9ie, conuento 4, 6, 7, 8, 26 etc., emelgo 96; XLIV 4ie dont 2 f. conuiento; LV 4ie, conuento 10, pendente 6; LXVII 2 ie, dezmo 18, erua 18; LXIX 2ie; conuento 3, 13, 23 etc., juramento 17; LXXI 4ie, conuento 7, 49, 53 etc.; LXXV 19ie dont 6 f. conuiento, obs! rienda 34; LXXVI 4ie, conuento 4, 70, 76, erno 33, 38, 42; LXXVII 15ie dont 4 f. conuiento, muler 4, 14, 27; LXXVIII 11e dont 2 f. conuento, ueyo 53; LXXIX 5ie, conuento 6, 11, sempre 11 (mais siempre 8), parentes 4, inferno 19, Castella 28; LXXX rie, tenente 20, 20; LXXXI 6ie, conuento 3, 5, 36 etc.; LXXXII 2ie, conuento 5; LXXXIII 17ie; LXXXIV 5ie; LXXXV 11ie, muler 3, 17, 28, 33 conuento 16, 21, 27; LXXXVI 2 ie, conuento 4, 18; LXXXVII 9ie, conuento 3, 29, erno 26, 36, Lorete 36; LXXXVIII 2 ie, 1ia, conuento 4, ben 10, inferno 14, tenente 20, mente 26; LXXXIX 5ie, ria, conuento 4, conuen 6, tenente 29; XC 14ie, 1ia, Dezembrio 1, connuento 3, 17, 37 etc.; XCVI 5 ie, mentre 8 (mais mientre 3); IC 2ie. Groupe III. Doc. II 2e; XIV 6ie, sempre 41; XCI 8e; XCII 3 ie, zia, valente 2, pelago 6, teras 7, enffernu 15; XCIII 9e dont 3 f. conuento; XCIV 9e; XCV 10e dont 3 f. conuento; XCVII 4e; XCVIII 1е; С 7e dont dont 2 f. connuento, 1 f. auento; CI 33e dont 5 f. conuento, yera 3, ye (= est) 98, 101. Ce tableau, dans lequel nous n'avons naturellement pas fait entrer les mots dont l'origine savante est manifeste, montre que, exception faite pour le groupe III, les formes où e n'a pas subi la diphtongaison, sont peu fréquentes dans nos documents. Quelques-uns des mots avec qui y figurent doivent sans doute être considérés comme savants ou comme ayant subi une influence latine. Tels sont novembre VII 13, LXXIV, 15, Dezembrio XC, 1, Lorente VIII, 22, offerenda XXXIII, 24. On trouve tout particulièrement une influence latine dans certaines formules, qui, même dans des chartes espagnoles, étaient souvent écrites en latin c'est le cas du mot inferno LXXIX 19 et peut-être de tenente LXXX 20, 20. Le mot conuento se présente tantôt avec, tantôt sans diphtongue. Il faut y voir un mot savant subissant l'attraction analogique des nombreux mots où la diphtongue ie était suivie de nt. Le mot renta (renda), qui conformément à son etymologie (rendita) ne se présente pas d'une façon générale avec diphtongue, a quelquefois subi la même influence. C'est ainsi que s'expliquent rienda LXXV, 34 et riendeda LXXXV, 12. - Manifesto XII, 11 est une forme analogique. Passons à l'examen des mots dont l'ę n'a pas subi la diphtongaison, et qui ne sont pas susceptibles d'une explication par l'influence savante ou analogique. Un coup d'œil sur le tableau montrera que ces formes sont très rares dans les documents du groupe I, qu'elles sont plus fréquentes dans ceux du groupe II, et que, dans le groupe III, elles forment la grande majorité. Dans presque tous les documents des deux premiers groupes contenant des formes sans diphtongaison, ces formes sont des exceptions, ie étant toujours la règle. Dans le groupe I, le suffix -ellum figure sans diphtongaison XIII, 12 (Butello) et 36 (Beringuela)1 XVI 41 (Perronella) et XXXV 9 (Xamello), tous des noms propres susceptibles d'une orthographe ou même d'une prononciation conservatrice. Quant à alferis VI 14, nous avons noté ce mot arabe, parce qu'il figure souvent avec diphtongue, mais la forme non diphtonguée, qui est d'ailleurs celle qui a survécu, n'est pas caractéristique du léonais. Restent comme traces de la tendance à conserver la voyelle simple terra X 3 et LIV 11 egua XXXVIII, 32, neto LVI 11, 21, mentre LXIV 25. Notons que la plupart de ces chartes ne sont pas de Sahagun même, et qu'elles offrent encore d'autres particularités qui les distinguent des chartes de Sahagun. La forme tjne < tenet VII 17 est probablement une faute du notaire, mais rappelle le bine (< bene) des Reyes Magos. Dans le groupe II, on observe la forme muler LXXVII 4, etc. et LXXXV 3, 17, etc., forme qui d'ailleurs est fréquente dans le groupe III. Nous croyons qu'il faut regarder ici l'ę de ce mot comme diphtongué et attribuer à une prononciation mouillée. Dans les deux chartes, l'e est toujours diphtongué, et l'e mouillé peut facilement absorber le premier élément de la diphtongue. L'e non diphtongué est représenté par emelgo XLIII 96, pendente LV 6, desmo LXVII, 18, erua ib. 18, juramento LXIX 17, erno LXXVI 33, 38, 42 LXXXVII 26, 36, ueyo LXXVIII 53, sempre LXXIX 11, parentes ib. 4, tenente(?) LXXX 20, 20, LXXXVIII 20, ben, ib. 10 conuen LXXXIX 6, mentre XCVI 8 (mais mientre 3) et Castella LXXIX 28. A ces formes viennent s'ajouter celles du doc. LXXVIII, qui ne diphtongue jamais, mais qui manque pourtant de plusieurs caractères occidentaux (cf. § 79). Le groupe III enfin ne montre la diphtongaison que par exception. Le nombre considérable de formes avec e diphtongué 1 Ce nom se trouve écrit de la même façon dans quelques autres chartes, mais, remontant au suffixe -aria qui par dissimilation est devenu ela, il ne peut pas avoir grande valeur comme exemple de e non diphtongué, bien que la forme Berenguela atteste une confusion avec ellam. dans le doc. XIV (Ponferrada) est étrange, le document portant des caractères occidentaux fortement accusés. Autrement les formes sporadiques avec ie ne sont pas étonnantes, on s'attendrait plutôt à en trouver davantage. Si la fréquence relative des différentes formes dans nos documents correspond à peu pres à l'état de choses réel, on est porté à croire que la diphtongaison de l'e, d'abord confinée dans le domaine castillan, s'est peu à peu répandue vers l'ouest et qu'au XIIIe siècle elle avait presque complètement envahi la partie orientale du Léon, tandis que la partie centrale opposait encore une certaine résistance à cet envahissement qui n'était pas encore parvenu jusqu'à la partie occidentale.1 Nous ne pouvons pas conclure avec M. Menéndez Pidal de l'état des patois modernes à la généralité de la diphtongaison à une époque aussi reculée que celle de nos documents. 11. Quelquefois on rencontre ia au lieu de ie: Gessner, p. 32, relève la forme pia (<pedem) du Fuero Juzgo, et M. Munthe, Z XV p. 230, ajoute d'autres exemples de cette forme tirés du même texte et y relève en outre deux exemples de ya < est. M. Menéndez Pidal, p. 19, compare ce phénomène au passage de uo> ua mais ajoute que ia pour ie n'apparaît que dans quelques mots et avec un accent instable. Avant de tenter une explication de ce passage, nous donnerons la liste des formes peu nombreuses avec ia qui se trouvent dans nos documents: yaet: LXXVI 2, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 12 etc., LXXXVI, 15, LXXXVIII 23, 23, 25, 26 LXXXIX, 21. ya est: LXXXVIII 5, XCI, 7, pias < pedes XXV 39 (Suppl.) XC 9 (a pía del altar). Castiala LXXXVIII, 18, pialago LXXXIX, 7. tiampus XCII, 2, conuian XCII, 7. Tous les documents appartiennent au domaine central ou occidental du léonais, excepté le doc. XXV. Mais la forme pias 1 Voir encore p. 206. Voir p. 195 ss. E. Staaff. 13 ne se trouve pas dans le document même, elle figure dans un morceau ajouté par une autre personne dont le dialecte porte des traces visibles d'une origine occidentale (beyzo, uostra). M. Munthe, Ant. p. 28,1 constate la présence de formes analogues dans le dialecte qui fait l'objet de ses recherches (Villaoril de Bemeda et Posada de Rengos). Ce sont pia, pias (< pedem), diaz (< decem) yia (< est) et ya (<et). Dans le dernier mot, l'accent porte sur l'a, et M. Munthe explique le passage à a par la valeur atone du mot (cf. pourtant p. 29). Dans les autres mots, l'accent porte sur l'i. M. Munthe croit que ces formes sont nées dans la position atone. C'est ce qui lui parait prouvé par le fait que est revêt dans le cas d'accentuation forte la forme yie. Il en conclut à une forme correspondante de decem, tandis que pia ne peut guère d'après lui se trouver dans une position accentuée telle que les deux autres mots (cf. les exemples p. 28-29). Pour expliquer ces formes, il suppose ou bien la conservation dans ce cas spécial de l'accentuation originaire de la diphtongue ie avec passage de l'e atone à a, ou bien un déplacement secondaire de l'accent avec le même passage. M. Menéndez Pidal, p. 19, ajoute à ce que dit M. Munthe que ya, yara se dit encore à Villapedre et à Teberga où l'on prononce pourtant yie, diéz; pía se dit à Luarca et jusqu'à Astorga. Quant à l'origine de ces formes, M. Menéndez Pidal croit à un déplacement secondaire de l'accent. Ce qui doit être observé d'abord, c'est que nos documents. offrent trois exemples où la diphtongue ia se trouve à la syllabe tonique d'un mot paroxyton (Castiala, tiampus) ou proparoxyton (pialago), ce qui cadre bien avec le yara de Villapedre et de Teberga et montre que ce phénomène n'est pas toujours, comme dans les patois modernes examinés par M. Munthe, limité aux mots oxytons. Nous voyons dans les exemples de ya < et la preuve que la diphtongue ie, lorsqu'elle perdait l'accent, avait dans certaines régions une tendance à devenir ya. On pourra comparer à ce phénomène la forme diagano XIV 38 (Ponferrada), mais die gano XXXVIII 31, ainsi que piadad, Fuero Juzgo p. 9 et 107. 1 Cf. aussi Z. XV p. 230. Cf. aussi esp. mod. piadoso. |