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Quant aux autres formes, nous sommes tenté de les expliquer de la façon suivante. La partie du Léon où se trouvent ces formes ne connaissait pas originairement la diphtongaison, qui ne s'y est répandue que peu à peu grâce à l'influence du castillan. La diphtongue ie était donc un phonème étranger à ceux qui parlaient le dialecte de cette région, et on l'a comprise de différentes façons, tantôt bien, tantôt mal. Dans ce dernier cas, on a exagéré la différence des deux éléments en prononçant l'e trop ouvert. Ainsi on est arrivé à la prononciation ia. Cette prononciation s'est en général corrigée toute seule, mais ci et là elle a persisté et alors surtout dans les mots oxytons qui formaient un groupe à part offrant un autre aspect phonétique que les mots ordinaires. La diphtongue ie s'est répandue en Léon, croyons-nous, lorsqu'elle était encore une diphtongue décroissante. A l'époque du déplacement de l'accent, pia et les autres mots où l'a était devenu, dans certains endroits, d'un usage fixe, n'ont pas suivi le développement des mots paroxytons et proparoxytons, où l'a n'était que d'un usage sporadique.

12. Dans certains cas on trouve en léonais ie, sans que cette diphtongue se soit produite dans le castillan; il s'agit des formes léonaises de la conjonction et et des formes verbales est, eram, erat, erant: ye, ye(s), yera, yeran. Nous parlerons d'abord de la conjonction et.

Gessner, p. 34, regarde ye comme le résultat de la diphtongaison de e, qui, bien qu'en général plus restreinte en léonais qu'en castillan, se produit pourtant en léonais dans certains cas où elle est étrangère au castillan. Il compare à ce cas les formes diphtonguées de esse que nous venons de citer. M. Morel-Fatio, p. 30, est d'avis que ye (< et ou est) n'est peutêtre pas comme le dit Gessner «vraiment léonais»; bien que répandues en Léon, ces formes paraissent dit l'auteur être plus rigoureusement appliquées en asturien. - M. Menéndez Pidal dit, p. 19, que l'e se diphtongue dans deux cas importants que la langue littéraire regarde comme atones: les formes citées de esse et la conjonction et. Cette dernière forme, ye, subsiste encore à Colunga et dans l'asturien occidental, où elle s'est changée en ya.

Dans le 130 de sa grammaire, M. Menéndez Pidal dit à propos de et: «La copulativa et era en castellano mirada generalmente como átona y por lo tanto resultaba e; pero en leonés era tónica: ye, y lo mismo en castellano primitivo cuando sela consideraba acentuada por estar junto á un enclítico (los cuendes ye los res) y el diptongo se reduce a i (quel guardasse yl sirviesse.... is acorvan), especialmente cuando precedia á una e (el uno y el otro); luego la i se generalizó y hoy domina, salvo cuando sigue palabra que empiece con i- La réduction de ie à i est à l'avis de l'auteur du même genre que celle qui a transformé Sietmancas, Sietcuendes en Simancas, Cifuentes, etc. (voir Gram. § 10, 2).

Nous croyons qu'il faut comprendre le développement de et > y et ye d'une autre façon. D'abord, il est certain que cette conjonction, qui sans doute peut de temps en temps prendre jusqu'à un certain degré l'accent, est pourtant presque toujours atone. C'est ce qui résulte par exemple du fait que cette particule est d'une façon générale incapable de servir d'appui à un pronom suivant. Aussi M. Meyer-Lübke1 regarde-t-il ce mot comme absolument atone. Pour l'espagnol, il conclut même à un développement dépendant de la position enclitique: padre y madre se trouverait à patre et matre dans la même relation que ley à lee (<lege). M. Baist, Gr. p. 895, partage l'opinion de M. MeyerLübke sur l'origine de y. Dans le discours rapide voyelle + e passait d'après lui facilement à voyelle + y: yoetu devenait yoytu comme soes devenait soys.

Cette explication de y paraît en effet très probable et préférable à celle de M. Menéndez Pidal. Car s'il faut regarder un et accentué comme existant seulement dans des cas exceptionnels, il est difficile de croire que ces cas auraient pu déterminer le développement d'un mot qui en position atone est peut-être le plus usité de la langue. Et on ne pourra guère non plus regarder le ye du léonais comme le produit d'une diphtongaison, puisque la diphtongaison n'a lieu que sous l'influence de l'accent.

1 Cf. Gram III. § 716 et 726.

Tableau statistique.1

Groupe I. Doc. VII 2, e; IX ye 2, 11, 12, hi el dia 5, e en 15, hi en 18, 18, 18; XV 2, e 32, 44, 47; XVI e, ye alos 2, yel 23, 34; XVIII e, hien 19, 39, 39, 39, hiel 34, hi este 34; XIX 2, ye; XX ye; XXII, signe rendu par et, y el 20, y tan buenos 21; XXIII, ye he 5, e todas 13: XXV e; XXVI 2, ela 24, 24, elo 31; XXX 2, elos 15, 17, ela 17; XXXI 2, ye anos 8, ie aluaroch 10; XXXII e, ye atorgo 31; XXXIII 2, ye, e 9, 23, Et 20, 30; XXXV 2, ela 9; XXXVIII 2, E 23, 29, 35, signe rendu par E, ye ela 39; XXXIX, ye; XL e; XLII 2 et, y, e, ye (voir ci-dessous); XLV ye, 2; XLVI 2, E, ye atodos 4; XLVII 2, ye auer 2, Bartolome ye ñra 5, yen 11, y estas 16; XLVIII 2, ye, Et; L 2, yel 39, ye enne 55; LI 2, Et; LII 2, Et; LIV 2, E, ye; LVI e; LVII 2, Et, ye al 42; LVIII 2, ye aluaroc 6, 33, 46, 54, yen 11, yesta 16, yeste 28, ye ij 45, ye Uan 50; LIX e, en uida ye muerte 3, ye al 14; LX 2, Et; LXIII 2, Et, desse ye pora 18; LXIV 2, E; LXV 2, E; LXVI do ye offrezco 2; LXVIII 2, Et; LXV 2, Et; LXXII 2, Et; LXXIII, Et; LXXIV 2, Et.

Groupe II. Doc. IV e, signe rendu par Et; XII ye; XXVIII 2, E; XLIII ye, 2; XLIV e, 2, ye en 10; LXVII 2, Et; LXIX 2, Et; LXXI 2, et; LXXV 2, Et, yel 2, parte ye donna 4, ye sos 4, 10, ye Diego 5, ye el 8, ye los 8, ye aun 12, yelos 16, ye los 26, ye el 28, ye otros 62, ye de 63; LXXVI, ya, e, E; LXXVII, ye, hie, he; LXXVIII ye, y el 8, y el 8, yela 10, y este 35; LXXXII 2, Et; LXXXIV 2, e yo 2, 3, 3, 3, e peche 21, ye appagamiento 10, ye en 11, ye auos 11, ye enayenada 14, ye a 14, ye esta 21, ye en 26, 26, 27 (4 f.), 28; LXXXV 2, e, E, he; LXXXVI e, ya este 15; LXXXVII, Et; LXXXVIII 2, e, ya outorgadores 23, ya leer 25, ya este 26; LXXXIX 2, ya a 21; XC 2, Et; XCVI 2, Et; IC 2, Et. Groupe III. Doc. XCI Et, signe transcrit par et; XCIII 2, et 35, elo 36; XCIV, Et; XCV 2, Et; XCVII, signe transcrit par et, 22, elo 22; CI 2, Et.

Un regard sur le tableau précédent montre que les notaires se servaient généralement du signe d'abréviation pour

Les documents où et est toujours représenté par le signe n'entrent pas dans ce tableau. Pour les autres, nous indiquons les différentes formes, et, lorsqu'il y a lieu, les circonstances auxquelles est lié leur emploi.

désigner la conjonction et. Nous avons laissé le signe sans transcription étant donnée l'impossibilité de savoir quelle forme il représente chaque fois. Souvent on rencontre dans la même charte, ye, e, et, ou bien deux ou trois de ces graphies ensemble. Le premier document où l'on rencontre ye, c'est le n:o IX, qui en offre des exemples dans toutes les positions (devant une voyelle aussi bien que devant une consonne), excepté devant e où ye est remplacé par hi. Le doc. XVI emploie e dans toutes les les positions, mais, 1. 2, on trouve ye alos et 1. 23 yel. Le doc. XVIII a toujours e, excepté six fois où la conjonction, se trouvant devant un e, affecte la forme hi. Le doc. XXVI a toujours l'abréviation, excepté L 24: la casa ela eglisia ela heredat et, l. 31, elo que. Les documents XXX et XXXV montrent e dans des conditions analogues. Nous passons au doc. XLII, qui offre un mélange très riche des différentes formes. La statistique que nous avons dressée de ces formes donne pour résultat que le signe abréviatif prévaut de beaucoup, étant employé en somme 52 fois, dont 40 fois devant une consonne, 12 fois devant une voyelle, qui 6 fois se trouve être un e. La forme ye est employée en somme 22 fois, dont 18 fois devant une voyelle, qui II fois est un e. On trouve encore et et e majuscule au commencement de la phrase, ce qui paraît avoir été d'un usage fréquent et qui apparaît presque régulièrement dans les chartes de la fin du siècle. En outre, e apparaît 9 fois à l'intérieur de la phrase, dont 6 fois devant lo, la, los, las.

Il résulte de ce que nous venons de dire et de notre tableau statistique dans sa totalité que, dans les documents où il y a concurrence entre plusieurs formes, ye se trouve plus souvent devant une voyelle que devant une consonne, et que cette forme se trouve avec une fréquence toute particulière devant un e. C'est cette dernière position qui à notre avis a donné naissance à la forme ye, qui par conséquent serait due non pas à la diphtongaison, mais à un phénomène appartenant à la phonétique syntactique. On peut se demander si les cas où et était suivi d'un e étaient assez fréquents pour pouvoir déterminer la forme du mot. Il faut se rappeler à ce propos qu'en léonais l'article et le pronom personnel régime commençaient par cette voyelle. C'est là un

fait de la plus grande importance, vu la fréquence extrême de ces parties du discours et la fréquence très grande des cas où elles étaient précédées de et. Cette manière d'envisager le problème explique aussi pourquoi et devient ye justement dans le léonais et non pas dans les autres dialectes. Comme il résulte de nos documents et aussi, par exemple, de ceux publiés par M. Fernández-Guerra, la forme ye s'était de bonne heure généralisée, et les traces qu'on trouve de la différence originaire dans l'emploi de ye et e ne sont pas trop nombreuses. Parmi les exemples que nous venons de citer se trouvent aussi quelquesuns de e. Le fait que dans des chartes qui se servent presque exclusivement du signe 2, on trouve e justement devant lo(s), la(s), nous paraît fournir une preuve du rapport intime qui existe entre e et elos, etc. L'e représente dans ces cas non seulement la conjonction, mais aussi la voyelle initiale de illam, etc., conservée dans cette combinaison même si elle a disparu partout ailleurs.1

On pourrait objecter contre l'explication que nous venons de tenter que justement dans celles de nos chartes où e ne diphtongue pas, et ne donne pas non plus ye, mais e(t). A cela nous répondons que, même dans le centre et la partie orientale du Léon, la formation dont nous parlons n'est pas partout de la même fréquence et qu'il n'est en somme pas surprenant de trouver dans des chartes qui se rapprochent à plusieurs égards du portugais encore ce trait caractéristique de ce dialecte. Du reste, il y a un document où e ne diphtongue pas et qui a pourtant la forme ye, à savoir le n° LXXVIII. Dans le doc. LXXVI, la forme de et est ya (cf. p. 193), qui s'y trouve 23 fois devant une voyelle, laquelle 14 fois est a, et 12 fois devant une consonne. E y est employé 15 fois devant une consonne et I fois devant une voyelle. Au commencement de la phrase on trouve toujours E. Ces chiffres pourraient faire croire que ya <et a pris naissance dans la position devant a et ce serait alors avant tout la prép. a (<ad), qui aurait contribué à la création de cette forme, Mais, comme nous l'avons déjà dit, il est plus probable que ye est devenu ya par la voie phonétique.

Autre circonstance à noter: des doc. qui se servent d'une façon générale de l'art. fém. la, emploient ela après 2 (e), tels VIII to, 11, 29, XLII 25, LXIV 54.

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