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s'appelle l'antécédent, et l'autre le conséquent. Si l'âme est spirituelle, c'est l'antécédent; elle est immortelle, c'est le conséquent.

Cette conséquence est quelquefois médiate et quelquefois immédiate; elle n'est que médiate, quand il n'y a rien dans les termes de l'une et de l'autre partie qui les lie ensemble, comme si je dis : Si la terre est immobile, le soleil tourne;

Si Dieu est juste, les méchants seront punis.

Ces conséquences sont fort bonnes; mais elles ne sont pas immédiates, parce que les deux parties n'ayant pas de terme commun, elles ne se lient que par ce qu'on a dans l'esprit, et qui n'est pas exprimé, que la terre et le soleil se trouvant sans cesse en des situations différentes l'une à l'égard de l'autre, il faut nécessairement que si l'une est immobile, l'autre se remue.

Quand la conséquence est immédiate, il faut pour l'ordinaire, 1o Ou que les deux parties aient un même sujet :

Si la mort est un passage à une vie plus heureuse, elle est désirable.

Si vous avez manqué à nourrir les pauvres, vous les avez tués,

Si non pavisti, occidisti.

2o Ou qu'elles aient le même attribut:

Si toutes les épreuves de Dieu nous doivent être chères, les maladies nous le doivent être.

3o Ou que l'attribut de la première partie soit l'attribut de la seconde :

Si la patience est une vertu, il y a des vertus pénibles.

4o Ou enfin que le sujet de la première partie soit l'attribut de la seconde, ce qui ne peut être que quand cette seconde partie est négative.

Si tous les vrais chrétiens vivent selon l'Evangile, il n'y a guère de

vrais chrétiens.

On ne regarde, pour la vérité de ces propositions, que la vérité de la conséquence; car, quoique l'une et l'autre parties fussent fausses, si néanmoins la conséquence de l'une à l'autre est bonne, la proposition, en tant que conditionnelle, est vraie, comme:

Si la volonté de la créature est capable d'empêcher que la volonté absolue de Dieu ne s'accomplisse, Dieu n'est pas tout-puissant. Les propositions considérées comme négatives et contradictoires

aux conditionnelles, sont celles-là seulement dans lesquelles la condition est niée; ce qui se fait en latin, en mettant une négatio n à la tête :

Non si miserum fortuna Sinonem

Finxit, vanum etiam mendacemgue improba finget 46.

Mais en français on exprime ces contradictoires par quoique et une négation:

Si vous mangez du fruit défendu, vous mourrez.

Quoique vous mangiez du fruit défendu, vous ne mourrez pas. Ou bien par il n'est pas vrai:

Il n'est pas vrai que, si vous mangez du fruit défendu, vous

mourrez.

DES CAUSALES.

Les causales sont celles qui contiennent deux propositions liées par un mot de cause, quia, parce que, ou ut, afin que :

Malheur aux riches, parce qu'ils ont leur consolation en ce monde.

Les méchants sont élevés, afin que, tombant de plus haut, leur chute en soit plus grande.

Tolluntur in altum,

Ut lapsu graviore ruant.

Ils le peuvent, parce qu'ils croient le pouvoir,

Possunt, quia posse videntur.

Un tel prince a été malheureux, parce qu'il était né sous une telle constellation.

On peut aussi réduire à ces sortes de propositions celles qu'on appelle réduplicatives:

L'homme, en tant qu'homme, est raisonnable.

Les rois, en tant que rois, ne dépendent que de Dieu seul.

Il est nécessaire, pour la vérité de ces propositions, que l'une des parties soit cause de l'autre; ce qui fait aussi qu'il faut que l'une et l'autre soient vraies; car ce qui est faux n'est point cause, et n'a point de cause; mais l'une et l'autre partie peuvent être vraies, et la causale être fausse, parce qu'il suffit pour cela que l'une des parties ne soit pas cause de l'autre ; ainsi un prince peut avoir été

malheureux et être né sous une telle constellation, qu'il ne laisserait pas d'être faux qu'il ait été malheureux pour être né sous cette constellation.

C'est pourquoi c'est en cela proprement que consistent les contradictoires de ces propositions, quand on nie qu'une soit cause de l'autre: Non ideò infelix, quia sub hoc natus sidere.

DES RELATIVES.

Les relatives sont celles qui renferment quelque comparaison et quelque rapport:

Où est le trésor, là est le cœur.
Telle est la vie, telle est la mort.

Tanti es, quantum habeas,

On est estimé dans le monde à proportion de son bien.

La vérité dépend de la justesse du rapport, et on les contredit en niant le rapport.

Il n'est pas vrai que telle est la vie, telle est la mort.

Il n'est pas vrai que l'on soit estimé dans le monde à proportion de son bien.

DES DISCRÉTIVES.

Ce sont celles où l'on fait des jugements différents, en marquant cette différence par les particules sed, mais, tamen, néanmoins, ou autres semblables exprimées ou sous-entendues.

Fortuna opes auferre, non animum potest. La fortune peut ôter le bien, mais elle ne peut ôter le cœur.

Et mihi res, non me rebus submittere conor 47. Je tâche de me mettre au-dessus des choses, et non pas d'y être asservi.

Cœlum, non animum mutant qui trans mare currunt. Ceux qui passent les mers ne changent que de pays, et non pas d'esprit.

La vérité de cette sorte de proposition dépend de la vérité de toutes les deux parties et de la séparation qu'on y met; car quoique les deux parties fussent vraies, une proposition de cette sorte serait ridicule, s'il n'y avait point entre elles d'opposition, comme si je disais :

Judas était un larron, et néanmoins il ne put souffrir que Marie répandit ses parfums sur JÉSUS-CHRIST.

Il peut y avoir plusieurs contradictoires d'une proposition de cette sorte, comme si on disait :

Ce n'est

heur.

pas des richesses, mais de la science que dépend le bon

On peut contredire cette proposition en toutes ces manières :
Le bonheur dépend des richesses, et non pas de la science.
Le bonheur ne dépend ni des richesses, ni de la science.
Le bonheur dépend des richesses et de la science.

Ainsi l'on voit que les copulatives sont contradictoires des discrétives; car ces deux dernières propositions sont copulatives.

CHAPITRE X.

Des propositions composées dans le sens.

Il y a d'autres propositions composées, dont la composition est plus cachée, et on peut les réduire à ces quatre sortes: 1° exclusives; 2o exceptives; 3o comparatives; 4" inceptives ou désitives.

1. DES EXCLUSIVES.

On appelle exclusives, celles qui marquent qu'un attribut convient à un sujet, et qu'il ne convient qu'à ce seul sujet, ce qui est marquer qu'il ne convient pas à d'autres; d'où il s'ensuit qu'elles enferment deux jugements différents, et que par conséquent elles sont composées dans le sens. C'est ce qu'on exprime par le mot seul, ou autre semblable, ou en français, il n'y a. Il n'y a que Dieu seul aimable pour lui-même.

Deus solus fruendus, reliqua utenda.

C'est-à-dire, nous devons aimer Dieu pour lui-même, et n'aimer les autres choses que pour Dieu.

Quas dederis solas semper habebis opes.

Les seules richesses qui vous demeureront toujours, seront celles que vous aurez données libéralement.

Nobilitas sola est atque unica virtus.

La vertu fait la noblesse, et toute autre chose ne rend point vraiment noble.

Hoc unum scio quod nihil scio, disaient les Académiciens,

Il est certain qu'il n'y a rien de certain, et il n'y a qu'obscurité et incertitude en toute autre chose.

Lucain, parlant des Druides, fait cette proposition disjoncti ve composée de deux exclusives.

Solis nosse deos, et cœli num ina vobis,

Aut solis nescire datum est 48.

Ou vous connaissez les dieux, quoique tous les autres les ignorent;

Ou vous les ignorez quoique tous les autres les connaissent.

Ces propositions se contredisent en trois manières; car, 1o on peut nier que ce qui est dit convenir à un seul sujet, lui convienne

en aucune sorte.

2o On peut soutenir que cela convient à autre chose.

3o On peut soutenir l'un et l'autre.

Ainsi, contre cette sentence, la seule vertu est la vraie noblesse, on peut dire :

1o Que la seule vertu ne rend point noble.

2o Que la naissance rend noble aussi bien que la vertu. 3o Que la naissance rend noble, et non la vertu.

Ainsi cette maxime des Académiciens, que cela est certain qu'il n'y a rien de certain, était contredite différemment par les dogmatiques et par les Pyrrhoniens; car les dogmatiques la combattaient, en soutenant que cela était doublement faux, parce qu'il y avait beaucoup de choses que nous connaissions très certainement; et qu'ainsi il n'était point vrai que nous fussions certains de ne rien savoir; et les Pyrrhoniens disaient aussi que cela était faux, par une raison contraire, qui est que tout était tellement incertain qu'il était même incertain s'il n'y avait rien de certain.

C'est pourquoi il y a un défaut de jugement dans ce que Lucain dit des Druides, parce qu'il n'y a point de nécessité que les seuls Druides fussent dans la vérité au regard des dieux, ou qu'eux seuls fussent dans l'erreur; car, pouvant y avoir diverses erreurs touchant la nature de Dieu, il pouvait fort bien se faire que, quoique les Druides eussent des pensées, touchant la nature de Dieu, différentes de celles des autres nations, ils ne fussent pas moins dans l'erreur que les autres nations.

Ce qui est ici de plus remarquable, est qu'il y a souvent de ces propositions qui sont exclusives dans le sens, quoique l'exclusion

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