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manière, qu'en une façon qui n'est nullement naturelle, et où l'esprit ne se porte jamais, Aristote et ceux qui l'ont suivi n'ont pas donné à cette manière de raisonner le nom de figure. Galien a soutenu le contraire, et il est clair que ce n'est qu'une dispute de mots, qui doit se décider en leur faisant dire de part et d'autre ce qu'ils entendent par le mot de figure 85.

Mais ceux-là se trompent sans doute, qui prennent pour une quatrième figure, qu'ils accusent Aristote de n'avoir pas reconnue, les arguments de la première, dont la majeure et la mineure sont transposées, comme lorsqu'on dit : Tout corps est divisible; tout ce qui est divisible est imparfait; donc tout corps est imparfait. Je m'étonne que Gassendi soit tombé dans cette erreur; car il est ridicule de prendre pour la majeure d'un syllogisme, la proposition qui se trouve la première, et pour mineure, celle qui se trouve la seconde; si cela était, il faudrait prendre souvent la conclusion même pour la majeure ou la mineure d'un argument, puisque c'est assez souvent la première ou la seconde des trois propositions qui le composent, comme dans ces vers d'Horace, la conclusion est la première, la mineure la seconde, et la majeure la troisième :

Qui melior servo, qui liberior sit avarus,

In triviis fixum cùm se dimittit ob assem,

Non video: nam qui cupiet, metuet quoque; porrò

Qui metuens vivit, liber mihi non erit unquam.

Car tout se réduit à cet argument:

Celui qui est dans de continuelles appréhensions n'est point libre: Tout avare est dans de continuelles appréhensions :

Donc nul avare n'est libre.

Il ne faut donc point avoir égard au simple arrangement local des propositions qui ne changent rien dans l'esprit; mais on doit prendre pour syllogisme de la première figure tous ceux où le milieu est sujet dans la proposition où se trouve le grand terme (c'est-à-dire l'attribut de la conclusion) et attribut dans celle où se trouve le petit terme (c'est-à-dire le sujet de la conclusion); et ainsi il ne reste pour quatrième figure que ceux au contraire où le milieu est attribut dans la majeure et sujet dans la mineure; et c'est ainsi que nous les appellerons, sans que personne puisse le trouver mauvais, puisque nous avertissons par avance que nous n'entendons par ce terme de figure qu'une différente disposition du moyen.

CHAPITRE V.

Règles, modes et fondements de la première figure.

La première figure est donc celle où le moyen est sujet dans la majeure et attribut dans la mineure.

Cette figure n'a que deux règles.

REGLE I. Il faut que la mineure soit affirmative.

Car si elle était négative, la majeure serait affirmative par la troisième règle générale, et la conclusion négative par la cinquième: donc le grand terme serait pris universellement dans la conclusion, parce qu'elle serait négative, et particulièrement dans la majeure, parce qu'il en est l'attribut dans cette figure, et qu'elle serait affirmative, ce qui serait contre la seconde règle, qui défend de conclure du particulier au général. Cette raison a lieu aussi dans la troisième figure, où le grand terme est aussi attribut dans la majeure.

RÈGLE II. La majeure doit étre universelle.

Car la mineure étant affirmative par la règle précédente, le moyen qui y est attribut, y est pris particulièrement : donc il doit être universel dans la majeure où il est sujet, ce qui la rend universelle; autrement il serait pris deux fois (particulièrement) contre la première règle générale.

Démonstration.

Qu'il ne peut y avoir que quatre modes de la première figure.

On a fait voir dans le chapitre précédent, qu'il ne peut y avoir que dix modes concluants; mais de ces dix modes, A, E, E, et A, O, O, sont exclus par la première règle de cette figure, qui est que la mineure doit être affirmative.

I, A, I, et O, A, O, sont exclus par la deuxième, qui est que la majeure doit être universelle.

A, A, I, et E, A, O, sont exclus par le quatrième corollaire des règles générales; car le petit terme étant sujet dans la mineure, elle ne peut être universelle que la conclusion ne puisse l'être aussi.

Et par conséquent, il ne reste que ces quatre modes:

2 Affirmatifs. (A, A,
A, I, I.

A.

2 Négatifs. E, A, E.
E, I, O.

Ce qu'il fallait démontrer.

Ces quatre modes, pour être plus facilement retenus, ont été réduits à des mots artificiels, dont les trois syllabes marquent les trois propositions, et la voyelle de chaque syllabe marque quelle doit être cette proposition; de sorte que ces mots ont cela de très commode dans l'école, qu'on marque clairement par un seul mot une espèce de syllogisme, que sans cela on ne pourrait faire entendre qu'avec beaucoup de discours.

BAR- Quiconque laisse mourir de faim ceux qu'il doit nourrir, est homicide:

BA

RA.

CE-
LA-

Tous les riches qui ne donnent point l'aumône dans les nécessités publiques, laissent mourir de faim ceux qu'ils doivent nourrir:

Donc ils sont homicides.

Nul voleur impénitent ne doit s'attendre d'être sauvé:
Tous ceux qui meurent après s'être enrichis du bien de
l'église, sans vouloir le restituer, sont des voleurs impé-
nitents:

RENT. Donc nul d'eux ne doit s'attendre d'être sauvé.

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Tout ce qui sert au salut, est avantageux:
Il y a des afflictions qui servent au salut :

Donc il y a des afflictions qui sont avantageuses.

Ce qui est suivi d'un juste repentir n'est jamais à souhaiter :
Il y a des plaisirs qui sont suivis d'un juste repentir :
Donc il y a des plaisirs qui ne sont point à souhaiter.

Fondement de la première figure.

Puisque dans cette figure le grand terme est affirmé ou nié du moyen pris universellement, et ce même moyen affirmé ensuite dans la mineure du petit terme, ou sujet de la conclusion, il est clair qu'elle n'est fondée que sur deux principes, l'un pour les modes affirmatifs, l'autre pour les modes négatifs.

Principe des modes affirmatifs.

οι

Ce qui convient à une idée prise universellement, convient aussi à tout ce dont cette idée est affirmée, ou qui est sujet de cette idée, ou qui es! compris dans l'extension de cette idée: car ces expressions sont synonymes.

Ainsi, l'idée d'animal convenant à tous les hommes, convient aussi à tous les Éthiopiens. Ce principe a été tellement éclairci dans le chapitre où nous avons traité de la nature des propositions affirmatives, qu'il n'est pas nécessaire de l'éclaircir ici davantage. Il suffira d'avertir qu'on l'exprime ordinairement dans l'école en cette manière: Quod convenit consequenti, convenit antecedenti; et que l'on entend par terme conséquent une idée générale qui est affirmée d'une autre, et par antécédent le sujet dont elle est affirmée, parce qu'en effet l'attribut se tire par conséquence du sujet ; s'il est homme, il est animal.

Principe des modes négatifs.

Ce qui est nié d'une idée prise universellement, est nié de tout ce dont cette idée est affirmée.

Arbre est nié de tous les animaux; il est donc nié de tous les hommes, parce qu'ils sont animaux. On l'exprime ainsi dans l'école : Quod negatur de consequenti, negatur de antecedenti.

Ce que nous avons dit en traitant des propositions négatives, me dispense d'en parler ici davantage.

Il faut remarquer qu'il n'y a que la première figure qui conclue tout, A, E, I, O.

Et qu'il n'y a qu'elle aussi qui conclue A, dont la raison est, qu'afin que la conclusion soit universelle affirmative, il faut que le petit terme soit pris généralement dans la mineure, et par conséquent qu'il en soit sujet, et que le moyen en soit l'attribut: d'où il arrive que le moyen y est pris particulièrement; il faut donc qu'il soit pris généralement dans la majeure (par la première règle générale), et que par conséquent il en soit le sujet. Or c'est en cela que consiste la première figure, que le moyen y est sujet en la majeure, et attribut en la mineure.

CHAPITRE VI.

Règles, modes et fondements de la seconde figure.

La seconde figure est celle où le moyen est deux fois attribut, et de là il s'ensuit qu'afin qu'elle conclue nécessairement, il faut que l'on garde ces deux règles.

RÈGLE I. Il faut qu'il y ait une des deux propositions négatives, et par conséquent que la conclusion le soit aussi par la sixième règle générale.

Car, si elles étaient toutes deux affirmatives, le moyen, qui est toujours attribut, serait pris deux fois particulièrement contre la première règle générale.

RÈGLE II. Il faut que la majeure soit universelle.

Car, la conclusion étant négative, le grand terme ou l'attribut est pris universellement. Or, ce même terme est sujet de la majeure: donc il doit être universel, et, par conséquent, rendre la majeure universelle.

Démonstration.

Qu'il ne peut y avoir que quatre modes dans la seconde figure.

Des dix modes concluants, les quatre affirmatifs sont exclus par la première règle de cette figure, qui est que l'une des prémisses doit être négative.

O, A, O, est exclus par la seconde règle, qui est que la majeure doit être universelle.

E, A, O, est exclus par la même raison qu'en la première figure, parce que le petit terme est aussi sujet en la mineure.

Il ne reste donc de ces dix modes que ces quatre:

2 Généraux. E, A,
A, E, E.

E.

2 Particuliers. E, I, 0.

Ce qu'il fallait démontrer.

A, 0, 0.

On a compris ces quatre modes sous ces mots artificiels.

CE

SA

RE.

CA

MES

TRES.

FES

TI

NO.

BA

RO

CO.

Nul menteur n'est croyable:

Tout homme de bien est croyable:

Donc nul homme de bien n'est menteur.

Tous ceux qui sont à JÉSUS-CHRIST crucifient leur chair : Tous ceux qui mènent une vie molle et voluptueuse ne crucifient point leur chair:

Donc nul d'eux n'est à JÉSUS-CHRIST.

Nulle vertu n'est contraire à l'amour de la vérité :

Il y a un amour de la paix qui est contraire à l'amour de la vérité :

Donc il y a un amour de la paix qui n'est

Toute vertu est accompagnée de discrétion :
n y a des zèles sans discrétion :

Donc il y a des zèles qui ne sont pas vertu.

pas vertu.

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