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« qui découvrent les mines, en laissant aux << autres le soin d'épurer les métaux qu'on a en tire, et de les mettre en valeur. » Son ouvrage, imparfait dans sa naissance, est devenu meilleur sous les plumes de Du Fourny, des révérends pères Ange de SainteRosalie et Simplicien, continuateurs de cette histoire. Elle est actuellement en 9 volumes in-fol., 1726, et années suivantes. On y trouve des recherches abondantes et curieuses. Il y a certainement beaucoup de fautes; mais quelle compilation en est exemple? On a encore de lui: la Science héraldique, 1675, in-4; Le Palais de l'honneur, contenant les généalogies historiques des illustres maisons de Lorraine et de Savoie, et de plusieurs nobles familles de France, 1663, 1668, in-4°; Le Palais de la gloire, contenant les généalogies historiques des illustres maisons de France, et de plusieurs nobles familles de l'Europe, 1664, in-4°.

ANSELME (ANTOINE), né à l'lle-Jourdain, petite ville de l'Armagnac, l'an 1652, d'un chirurgien, embrassa l'etat ecclésiastique, se distingua dans l'etude des belles-lettres, et fut couronné deux fois par l'académie des jeux floraux de Toulouse. Ses Odes se trouvent dans le recueil de cette compagnie, et on ne les a guère vues ailleurs. Le marquis de Montespan, charmé de ses sermons, le chargea de veiller à l'éducation de son fils, le marquis d'Antin. L'abbé Anselme vint avec son élève à Paris. La capitale applaudit à son éloquence presque autant que la province. On l'avait surnommé le petit prophète. En 1683, il fut nommé pour prêcher à la cour, les jours de la Cène et de la Pentecôte; en 1698, il y prêcha pendant l'avent, et en 1709, pendant le carême. Ses panégyriques surtout et ses oraisons funébres, firent sa réputation. Le duc d'Antin fit revivre pour lui la place d'historiographe des bâtiments. L'académie de peinture et celle des Inscriptions et belles-lettres l'admirent en qualité d'associé, dans leur corps. L'abbé Anselme se retira sur la fin de ses jours dans son abbaye de Saint-Sever, en Gascogue. Il y vécut en philosophe chrétien, partageant son temps entre ses livres et ses jardins. Son abbaye et les paroisses qui en dépendaient se ressentirent de sa présence; il ouvrit de nouveaux chemins pour la communication des unes aux autres, décora les églises, fonda des hôpitaux, et accommoda tous les différends. Il mourut en 1737, à 86 ans. Nous avons de lui un Recueil de sermons, panégyriques et oraisons funèbres, en 7 vol. in-8'. Les sermons, qui forment 4 de ces volumes, ont été réimprimés en 6 vol. in-12; ils n'ont pas soutenu la réputation que l'auteur avait acquise en les débitant; car ils firent alors la plus vive impression, même sur ceux qui étaient prévenus contre lui. « J'ai été ce << matin (écrivait madame de Sévigné) à une « très-belle Passion, à Saint-Paul: c'était l'abbé Anselme. J'étais prévenue contre lui. Je le trouvais gascon, et c'était assez « pour m'ôter la foi en ses paroles; il m'a « forcée de revenir de cet injuste jugement,

<«<et je le trouve un des bons prédicateurs « que j'aie jamais entendus de l'esprit, de « la dévotion, de la grâce, de l'éloquence; <«<en un mot, je n'en préfère guères à lui. » Plusieurs Dissertations dans les mémoires de l'académie des Inscriptions et belles-lettres, de 172 à 1729; on y découvre un sage érudit et un bon littérateur.

ANSELME. Voy. ASCELIN.

ANTÈRE (saint), Anteros, grec de naissance, succéda à saint Pontien sur le siége de Rome, l'an de Jésus-Christ 235. Son pontificat fut très-court, puisqu'il ne siégea que quarante jours: Bède, Adon, et le nouveau martyrologe romain lui donnent le titre de martyr.

ANTHELME (saint), évêque de Belley, d'une famille noble de Savoie; occupa l's deux premières dignités des chapitres de Genève et de Belley. Dégouté du monde, l se fit chartreux, et fut élu prieur de la grande Chartreuse en 1141. Pendant le schisme de Victor IV, il fit déclarer tout l'ordre des chartreux en faveur d'Alexandre III, qui avait été élu selon les formes canoniques, et en faveur duquel se déclarèrent bientôt la France, l'Espagne et l'Angleterre. On le choisit en 1163, pour remplir le siége épiscopal de Belley. Mais il fallut un ordre du pape pour l'obliger d'aquiescer à son élection. I commença la réformation de son diocèse par celle du clergé. Les voies de douceur ne lui ayant pas réussi, il employa les censures ecclésiastiques. Il montra une fermeté inflexible dans les contestations qu'il eut avec Humbert, comte de Savoie, touchant les droits de son église. Cette fermeté n'ayaut pas eu le succès qu'il en attendait, il quitta son évêché; mais le pape l'obligea de retourner à son église. Ce comte se réconcilia depuis sincèrement avec lui. Le saint évêque visitait souvent les monastères, el surtout la grande Chartreuse. Il recherchait les pécheurs, et les recevait avec bonté lorsqu'ils étaient touchés de leurs désordres. Il avait aussi une grande tendresse pour les pauvres. et leur procurait des secours abondants. Il mourut le 26 juin 1178. Son corps fut trouvé entier en 1630. Ses reliques ne furent pas à l'abri des outrages révolutionnaires, mais elles ont été retrouvées et replacées dans l'église paroissiale de Saint-Jean-Baptiste de la ville de Belley. La Vie de saint Anthelme, accompagnée des pièces originales qui constatent l'authenticité de ses reliques rendues à la vénération des fidèles, a été publiée en un volume in-12.

ANTHELMI (JOSEPH), chanoine de Fréjus en Provence, publia plusieurs Dissertations latines sur l'Histoire ecclésiastique de celle ville, Aix, 1680, in-4°; sur le Symbole de saint Athanase, 1693, in-8°; sur saint Eucher, 1726, in-12; sur quelques ouvrages attribues à saint Léon, en particulier les livres de la Vocation des gentils, qu'il prétend, contre le père Memel, être de saint Prosper, prétention qui n'est pas favorisée par le style de l'ouvrage. (Voyez saint LEON.) Son dernier ou vrage est une Lettre au père Pagi, touchaut

les actions et la mort de saint Martin de Tours. Il mourut à Fréjus, le 21 juin 1697, à l'âge 49 ans. Il règne dans tous ses écrits une modération et une honnêteté dignes d'un vrai savant, Deux autres ANTHELMI méritent d'être cités, savoir Nicolas, grand-oncle du précédent, et Pierre, son oncle, premier chanoine et vicaire-général de Fréjus, syndicgénéral du clergé, né dans la dernière moitié du xvi siècle, lequel rendit de grands services à son chapitre, et assista aux assemblées du clergé qui se tinrent en 1605 et 1606. Ce fut lui qui fournit aux frères Gaucher et Louis de Sainte-Marthe, le catalogue des évêques de Fréjus pour leur Gallia christiana. On a aussi de lui des Adversaria, cités à la page 170 du traité de Pierre Anthelmi, De initiis ecclesiæ Forojuliensis. Il mourut le 2 mars 1646.

Pierre ANTHELMI, neveu du précédent, aussi chanoine de Fréjus, fit à Paris ses études en théologie et en droit, et fut reçu docteur dans deux facultés. D'abord, lié avec le célèbre Peiresc, il se livra comme lui à la recherche des antiquités. Il abandonna ensuite cette étude pour ne s'occuper que de théologie. On a de lui: De initiis ecclesiæ Forojuliensis, Aix, 1680, in-4°; Leontius episcopus et martyr suis Forojuliensibus restititus. Il mourut le 27 novembre 1648.

ANTHEUNIS (JACQUES), né dans le xv siè cle à Middelbourg, dont on joint quelquefois le nom à son prénom, était docteur en droit canon, chanoine et chantre de la collégiale de Sainte-Gudule à Bruxelles, et devint vicaire général du diocèse de Cambrai pour le Brabant. On a de Jacques de Middelbourg: Elegans libellus ac nunc primum impressus de præcellentia potestatis imperatoriæ; in quo plurima lecta vehementer tum utilia, amena, ex variis authoribus, de ortu, gradibus et discrimine dignitatum civilium et ecclesiasticarum, Anvers, Th. Mertens, 1502, in-8°; 2 édit., Rome, 1503, in-4°.

tum

ANTHOINE (NICOLAS), fanatique du XVII siècle, né à Briey en Lorraine, de parents catholiques, s'étant mis en relation dans sa jeunesse avec Paul Ferry, ministre protestant à Metz, embrassa le calvinisme. Comme l'Ancien et le Nouveau Testament lui offraient encore des difficultés qu'il ne pouvait éclaircir, malgré toute la latitude que lui laissait l'interpretation protestante, il voulut embrasser le judaïsme. En conséquence, il s'adressa aux rabbins de diverses villes, de Metz, de Venise et de Padoue, qui n'osèrent l'admettre, par crainte de s'attirer de mauvaises affaires. Anthoine revint à Genève, et y ayant dissimulé sa croyance, fut nommé par le synode de Bourgogne, ministre à Divonne, dans le pays de Gex. Sa conduite comme pasteur ayant paru équivoque à plusieurs personnes, qui avaient remarqué par exemple son affectation à ne jamais parler de Jésus-Christ, et à puiser toujours ses texies dans l'Ancien Testament, sa crainte d'être dénoncé le fit tomber dans la démence. Il s'échappa pendant la nuit et arriva aux portes de Genève, dont les magistrats le firent conduire à l'hôpital. L'exallation qu'il avait

montrée se calma, mais ses sentiments restèrent à peu près les mêmes, et tous les efforts qui furent faits pour les faire changer, furent inutiles. Ce malheureux, ou plutôt cet insensé, fut condamné à être étranglé sur un bucher, puis brûlé, ce qui fut exécuté le même jour 20 avril 1632.

ANTIGONE SOCHOEUS, juif ainsi surnommé parce qu'il était né à Socho, vivait trois siècles avant J.-C., du temps d'Eléazar, 8 grand-prêtre, et paraît avoir été le fondateur de la secle des Saducéens. Il soutint que les hommes devaient servir Dieu par une piété toute désintéressée. Deux de ses disciples enseignèrent qu'on ne devait attendre aucune récompense future, et qu'ainsi il n'y aurait point de résurrection des morts. De leurs noms Baithos et Sadoc, on appela les sectaires baithosiens ou saducéens.

ANTIGONE, roi des Juifs et fils d'Aristobule II, fit couper les oreilles à Hyrcan son oncle, qu'il voulait empêcher d'être grand sacrificateur; mais Hérode, qui avait épousé Marianne, petite fille de Hyrcan, s'étant rendu maître de Jérusalem, envoya Antigone à Marc-Antoine qui lui fit couper la tête, l'an 35 avant Jésus-Christ.

ANTINE (dom MAUR-FRANÇOIS D'), savant religieux de Saint-Maur, naquit en 1688, à Gonrieux, dans le diocèse de Liége, et professa la philosophie à Saint-Nicaise de Reims. Ses sentiments au sujet des décrets de l'Eglise sur le jansénisme passent pour suspects; M. de Mailly, archevêque de Reims et cardinal, exigea qu'il sortit de son diocèse. Les supérieurs de la congrégation l'appelèrent à Saint-Germain-des-Prés, où il travailla d'abord à la collection des Décrétales, et ensuite à la nouvelle édition du Glossarium media et infimæ latinitatis de du Cange, dont il donna plusieurs volames avec dom Carpentier, son confrère. Recherché de nouveau pour le même sujet qui l'avait fait exiler de Reims, il fat, en 1734, exilé à Pontoise. Rappelé à Paris en 1737, il travailla avec dom Bouquet à la Collection des historiens des Gaules et de la France. Il s'était chargé de la partie des croisades, et contribua aussi à l'Art de vérifier les dates, 1740, in-4°. On a de lui en outre une traduction des Psaumes sur l'hébreu, avec des notes tirées de l'Ecriture sainte et des saints Pères, pour en faciliter l'intelligence, 1738, in-18; 1739 et 1740, in12. Dom d'Antine mourut d'une attaque d'apoplexie le 3 novembre 1746.

ANTIOCHUS, moine de Seba dans la Palestine, composa en grec, à la prière d'Eustathe, abbé d'un monastère près d'Ancyre, et pour ce religieux, un abrégé moral de l'Ecriture sainte, intitulé Pandectæ divinæ Scripture in centum nonaginta distinctas homilias, una cum exomologesi, lequel contenait tout ce qui était nécessaire au salut. Tillemont, chartreux de Paris, l'a traduit du grec en latin, et le père Fronton Du Duc a publié le texte original: cet ouvrage est divisé en 190 chapitres ou homélies. Dans la 107°, l'auteur parle de la prise de Jérusalem par Chosroës, l'an 614, de la manière dont la

ville fut saccagée, le bois de la sainte croix enlevé, etc. Il y a joint un poëme dans lequel il déplore la perte de la vraie croix, que les Perses avaient, dit-on, emportée parmi leur butin. On trouve le poëme d'Antiochus en grec et en latin dans la Bibliotheca Patrum. Antiochus vivait dans le vi siècle.

ANTIPAS, martyr, fut un des premiers disciples du Sauveur, et souffrit le martyre à Pergame, dont il était évêque. L'histoire de sa vie rapporte qu'il fut enfermé dans un taureau d'airain tout ardent de feu; mais ses acles, quoique anciens, ne sont pas authentiques. Ce qui n'empêche pas que son martyre ne soit indubitable, étant formellement attesté dans l'Apocalypse, chap. 1, v. 13, où Jésus-Christ l'appelle un témoin fidèle. Le lieu de son martyre y est également exprimé.

ANTOINE (saint), surnommé l'Ermite, instituteur de la vie monastique, né au village de Come en Egypte, l'an 251. Ayant entendu ces mots de l'Evangile: Si vous voulez être parfait, allez, vendez tout ce que vous avez, donnez-le aux pauvres, puis venez et me suivez, et vous aurez un trésor dans le ciel, il résolut de se retirer du monde. Il vendit ses biens, en donna le prix aux pauvres, et s'enfonça dans la solitude. L'esprit tentateur se présenta à lui sous différentes formes, et l'affligea de toutes les façons, pour l'engager à retourner dans le monde. Montesquieu croit que ce que l'histoire rapporte des spectres effrayants qui troublaient le repos du saint, doit s'entendre métaphoriquement des impressions du vice, et des tentations qui le suivirent dans le désert. Mais puisque l'Ecriture enseigne que, durant les ténèbres d'Egypte, les esprits infernaux augmentèrent la terreur des habitants par des illusions effroyables (Sap. xvII), rien n'empêche qu'on n'entende littéralement les spectres qui troublèrent la solitude d'Antoine. Les païens ont également reconnu, sans doute sur le témoignage des Livres saints, l'extrême variété des figures hideuses dont le démon pouvait se révêtir. Il paraît que c'est cette persuasion qui a donné lieu à ces vers du y livre des Géorgiques:

Variæ illudent species atque ora ferarum.
Fiet enim subito sus horridus, atruque tigris,
Squammosusque draco et fuiva cervice lewna.....
Omnia transformat sese in miracula rerum :
Ignemque, horribilemque feram, fluviumque liquentem.

Antoine passa 20 ans dans des combats continuels qui lui méritèrent le don des miracles. Une foule de disciples vint s'offrir à lui. Il fut obligé de faire bâtir plusieurs monastères dans le désert; ce n'étaient que des hultes, des cabanes éparses. La prière, le chant des psaumes, la lecture, le travail des mains, occupaient tout le temps de ces solitaires. Antoine soutenait ses frères par ses vertus et par ses leçons: il leur donnait l'exemple de la mortification et de l'humilité. Il ne sortit que deux fois de sa retraite ; la première, pendant la persécution de Maximin, en 312, pour donner des secours aux

chrétiens qui versaient leur sang pour l'Evangile; et la seconde, en 355, à la prière de saint Athanase, afin de défendre la foi contre les ariens, qui osaient publier qu'il suivait la même doctrine qu'eux. Constantin lui écrivit plus d'une fois, en le traitant de père, et en lui demandant comme une faveur quelques mots de réponse à sa tendresse filiale. A la première de ses lettres, le saint avait rassemblé les solitaires et leur avait dit, sans montrer aucune sorte d'émotion: « Les maîtres du siècle nous ont écrit ; « mais quelle relation peut-il y avoir entre «eux et des hommes qui, étrangers pour le « monde, en ignorent jusqu'au langage? Si << vous admirez la condescendance d'un em<< pereur, formé de poussière aussi bien que <«< nous, et qui doit pareillement retourner <«< en poussière, quel doit être votre étonne«ment de ce que le Monarque éternel nous « a tracé la loi de sa propre main, et nous « a parlé par son propre Fils! » Cependant les frères lui ayant représenté qu'un empereur si chrétien méritait les plus grands égards, et qu'il pourrait se scandaliser d'un détachement dont il ne pénétrerait pas le motif, il ouvrit la lettre, et y fit réponse. Mais à la nouvelle des troubles et des périls de l'Eglise d'Alexandrie, il ne fallut pas le presser de solliciter en faveur du saint évêque Athanase, si nécessaire à son peuple et à tout l'Orient. Il écrivit avec zèle, et Constantin lui répondit avec bonté et distinction. Ce patriarche des moines mourut, l'an 356 de Jésus-Christ, âgé de 105 ans. Nous avons de lui sept Lettres écrites en égyptien, traduites en grec et en latin; mais il ne nous en reste que cette dernière version. Quelquesuns mêmes lui attribuent une Règle et des Sermons. Ces différents ouvrages sont dans la Bibliothèque des Pères. Saint Athanase, auquel il donna en mourant son manteau et une de ses tuniques, écrivit sa Vie, qui a été traduite par Evagre. Son corps, ayant été découvert en 561, fut transféré avec beaucoup de solennité à Alexandrie. Les Sarrasins s'étant emparé de l'Egypte, vers l'an 635, on le porta à Constantinople. De cette ville il fut transporté dans le diocèse de Vienne en Dauphiné, à la fin du x siècle, ou au commencement du x1o, vers l'an 980. Un seigneur de cette province, nommé Josselin, auquel l'empereur de Constantinople en avait fait présent, le déposa dans l'église priorale de la Motte-Saint-Didier, laquelle devint dans la suite le chef-lieu de l'ordre de Saint-Antoine. Cet ordre, fondé par Albert de Bavière, comte de Hainaut, afin de faire la guerre aux Turcs, a été supprimé el incorporé à celui de Malte, par deux bulles en date des 17 décembre 1776, et 7 mai 1777. Voy. saint PAUL l'ermite.

ANTOINE (saint), dit de Padowe, né à Lisbonne en 1195, d'une famille distinguée, prit l'habit de Saint-François, qui vivait encore. Le désir d'obtenir la couronne du martyre le fit embarquer pour l'Afrique; mais un coup de vent l'ayant jeté en Italie, il s'adonna à la théologie et à la prédication. Ses

sermons eurent un succès prodigieux. Le pape Grégoire IX, qui y assista en 1227, en fut si frappé, qu'il appela Antoine l'Arche du Testament, voulant dire qu'il était rempli et pénétré d'idées saintes. Ils sont, à la vérité, pleins d'allégories et d'allusions mystiques, selon le goût du siècle, mais ils contiennent d'excellentes leçons, et respirent la piété la plus vive. Antoine professa ensuite à Montpellier, à Toulouse, à Padoue, et mourut dans cette dernière ville en 1231, à l'âge de 35 ans. Grégoire IX le canonisa dès l'an 1232. Voici comment le pape s'exprime dans sa bulle datée de Spolète : « Ayant vu les « preuves authentiques des miracles de cet «<< homme vénérable; ayant de plus connu << par nous-même sa sainte vie, et ayant eu le << bonheur de converser avec lui; après << avoir pris l'avis de nos frères et de tous << nos prélats assemblés avec nous, nous « l'avons mis au nombre des saints. » Il avait dit auparavant, dans la même bulle: « Saint Antoine, qui présentement habite << dans le ciel, est honoré sur la terre par << plusieurs miracles que l'on voit tous les « jours s'opérer à son tombeau, et dont la « vérité nous a été certifiée par des pièces « dignes de foi. » Trente-deux ans après la mort du saint, on fit bâtir à Padoue une église magnifique, dans laquelle ses reliques furent déposées. On trouva que toutes les chairs de son corps étaient consumées ; mais sa langue n'avait aucune marque de corruption, et elle paraissait encore aussi vermeille que si ce serviteur de Dieu eût été vivant. Saint Bonaventure alors général des franciscains, qui était à la cérémonie de la translation, la prit dans ses mains, la baisa respectueusement et dit en fondant en larmes: « O bienheureuse langue, qui ne cessez « de louer Dieu, et qui l'avez fait louer par « un nombre infini d'âmes! il paraît pré« sentement combien vous êtes précieuse « devant celui qui vous avait formée pour « servir à une fonction si noble et si sublime. Cette langue se garde dans l'église dont nous venons de parler, et qui est celle des franciscains conventuels de Padoue. On voit aussi dans la même église le mausolée du saint qui est d'un ouvrage très-fini et orné d'un bas-relief qui excite l'admiration de tous les connaisseurs. Ses sermons écrits en lawn, ainsi que sa Concorde morale de la Bible, furent réimprimés à Venise en 1575, et à Paris en 1641, in-fol. Le P. Antoine Pagi a donné quelques autres sermons du même saint, écrits aussi en latin. Ils parurent à Avignon en 1684. (Voy. S. Antonii Paduani et S. Francisci Assisialis opera omnia, Pedeponti, 1739, 2 tomes in-fol.) L'édition que le P. Jean de La Haye donna à Paris en 1649, des ouvrages de saint François et de saint Antoine, n'est point complète. Le P. Wading publia à Rome, en 1624, les Sermons sur les saints, avec l'Erposition mystique des Livres divins et la Concordance morale de l'Ecriture. Voyez un trait éclatant de sa fermeté, article EZZELINO,

ANTOINE (don), prieur de Crato, préten'DICT. DE BIOgraphie relig. I.

dant à la couronne de Portugal, eut pour père Louis, second fils du roi Emmanuel, et pour mère Yolande de Gomez. Il servit de bonne heure, et fut pris par les Maures, à la bataille d'Alcaçar-Quivir, en 1538, où il signala sa valeur. Un esclave lui ayant donné le moyen de recouvrer sa liberté, il vint faire valoir ses droits au trône de Portugal. Il prétendait que Louis, son père, avait épousé sa mère secrètement; mais le public ne le regardait que comme bâtard d'ailleurs son père et ses descendants avaient été déclarés déchus du droit de succession, à la mort du cardinal Henri son oncle, appelé le Prêtre-Roi. Il revint à Lisbonne, où la populace ne laissa pas de le proclamer roi le 19 juin 1580. Philippe II, héritier du Portugal par sa mère Isabelle, leva une armée qu'il confia au vieux duc d'Albe, vint se faire couronner à Lisbonne en 1580, et promit 80 mille ducats à qui lui livrerait don Antoine. Battu par le duc d'Albe, et abandonné de tout le monde, il implora le secours de la France. On lui donna 6,000 hommes, avec 60 petits vaisseaux, qui furent dissipés par une flotte espagnole. Don Antoine échappa aux poursuites, passa sur un navire flamand, erra en Hollande, en France, en Angleterre, et revint à Paris, où il mourut en 1595, à l'âge de 64 ans. Il céda ses prétendus droits à Henri IV. Mais ce prince ne fit jamais usage de ce legs, persuadé que les droits d'Antoine n'étaient pas fondés. On a imprimé une Paraphrase des Psaumes de la pénitence, du sérénissime prince don Antoine, roi de Portugal, pour demander à Dieu le pardon de ses péchés, avec des prières du même roi sur différents sujets; le tout traduit en français par l'abbé de Bellegarde, 1718, in-16.

ANTOINE-NEBRISSENSIS, ou de LEBRIXA, ou Lebrija, naquit dans le bourg d'Andalousie qui porte ce nom, en 1445. It professa pendant vingt ans dans l'université de Salamanque, et ensuite dans celle d'Alcala, où il enseigna jusqu'à sa mort, arrivée en 1522. Le cardinal Ximenès, qui l'avait attiré dans cette dernière université, le fit travailler à l'édition de sa Polyglotte. Antoine publia plusieurs ouvrages sur l'histoire, les langues, les belles-lettres, les mathématiques, la jurisprudence, la médecine, la théologie, entre autres deux Décades de l'Histoire de Ferdinand et Isabelle Grenade, 1545, in-fol.; des Lexicons ou Dictionnaires de droit civil, de médecine, etc., Grenade, 1545, in-fol.; des Explications de l'Ecriture sainte dans les Critici sacri; des Commentaires sur Virgile, Perse, Juvénal, Pline; une Rhétorique, tirée d'Aristote, de Cicéron et de Quintilien ; des Méthodes, pour apprendre le latin, le grec, l'hébreu: des Poésies latines, publiées par Vivamo en 1491. Il mourut à Alcala de Henarès, le 11 juillet 1522 à 77 ans. C'était un homme aussi profondément érudit que modeste et vertueux. L'estime qu'en faisait le cardinal Ximenes est un sûr garant de son mérite.

ANTOINE (PAUL-GABRIEL), théologien jésuite, vit le jour à Lunéville eu 1679, et 8

mourut à Pont-à-Mousson en 1743, après y avoir professé avec distinction la philosophie et la théologie. Nous avons de lui Theologia universa dogmatica, à Paris, 1740, 7 vol. in-12, réimprimée à Mayence par les soins du Père Offermann, qui l'a augmentée et réduite à une meilleure forme. Dans le III tome, on trouve une bonne réfutation des erreurs de Fébronius. Theologia moralis universa, complectens omnia morum et præceptorum principia, à Paris, 1744, en 4 vol. in-12; Editio nova, multo quam antea castigalius edita, cum commentationibus, notis, etc., Avignon, 1818, 6 vol. in-8°. La Morale du P. Autoine est plus estimée que sa Théologie dogmatique, quoique celle-ci ne soit pas sans mérite. Benoît XIV ordonna qu'on se servit de sa Morale dans le collége de la Propagande. Il s'éloigne, dans la décision des cas de conscience, des opinions relâchées de quelques membres de sa société. Sa piété répondait à son savoir. Il publia en outre plusieurs ouvrages de piété, savoir Lectures chrétiennes par forme de méditations sur les grandes vérités de la foi, les exemples de Jésus-Christ, etc., Nancy, 1736, 2 vol. in-8°; nouv. édit., Besançon, 1825, 2 vol. in-12; Méditations pour tous les jours de l'année, Nancy, 1737, 2 vol. in-8°; Les moyens d'acquérir la perfection, Nancy, 1738, in-16; Demonstration de la religion chrétienne et catholique, Nancy, 1739, in-12. Le P. Antoine fut aussi l'éditeur des Instructions spirituelles du P. Caussade, son confrère.

ANTOINE DE GENES (ANTONIUS GENUENsis), se distingua par l'étude de la philosophie et de la théologie dans l'académie de Naples. Benoît XIV estimait son savoir, et lui écrivit deux lettres, où il fait l'éloge de. ses ouvrages. Ils sont écrits en latin, d'un style assez dur, et quelquefois obscur. Les principaux sont: Institutiones theologica, réimprimées à Cologne, 1778, 2 tomes réunis en 1 vol. in-4; Elementa artis logicocritica; Elementa metaphysica, où le Père Storchenau, savant professeur de Vienne, trouva matière à quelques solides critiques. Il est mort vers 1770.

ANTOINE (ANNE-NICOLAS-CHARLES SAULNIER DE BEAUREGARD, connu en religion sous le nom de Père), abbé de la Trappe, né à Joigny, au diocèse de Sens, le 20 août 1764, d'une famille aussi pieuse que distinguée, reçut dès l'âge de sept ans la tonsure ecclésiastique, et fut pourvu d'un petit bénéfice, la chapelle de Notre-Dame de l'ImmaculéeConception, se trouvant ainsi comme voué à la Mère du Sauveur. Après avoir terminé ses études littéraires dans sa ville natale, il fut nommé chanoine de la primatiale de Sens, à 14 ans. Il alla achever ses études ecclésiastiques au séminaire de Saint-Firmin à Paris, d'où il sortit, en 1788, pour entrer dans la maison de Navarre, illustre compagnie qui rivalisait avec la Sorbonne pour la science théologique, et y il fit sa licence avec éclat. Reçu docteur en théologie, il voulut encore étudier le droit et les sciences natu

relles connaissances qui lui servirent dans la suite, pour défendre aux jours de la persécution les droits de ses enfants spirituels et pour cultiver avec succès dans la solitude toutes les plantes utiles. Ordonné prêtre le 11 avril 1789, dans la chapelle du palais épiscopal de Meaux, l'abbé Saulnier, n'échappa aux massacres de 1792 qu'en gagnant la Belgique; puis il entra comme précepteur dans une famille de nobles émigrés qui l'emmena à Londres. Cette famille était celle de M. de la Bourdonnaye de Blassai. L'abbé Saulnier habitait Londres depuis cinq mois à peine, lorsqu'il entendit parler des religieux de la Trappe établis à Lullworth. Il prit aussitôt la résolution d'entrer chez eux, et il reçut avec l'habit de novice le nom de frère Antoine. La vie des religieux était d'autant plus dure que le fondateur de leur couvent, M. Weld, n'avait pourvu qu'imparfaitement à leurs besoins, et ils ne soutenaient leur existence qu'au prix de travaux actifs et persévérants. L'abbé Saulnier, malgré la faiblesse de sa santé, partagea toutes leurs privations et leurs fatigues. Il prononça enfin ses vœux le 15 juin 1796, et fut chargé successivement de presque tous les emplois du monastère, conservant toujours la même activité et la même ferveur. Dans le cours de 1801, autorisé à donner de ses nouvelles à sa famille, qui craignait les suites que sa pieuse résolution pouvait avoir pour sa santé, il écrivit à son père « Cette pénitence dont l'exté«rieur n'offre aux yeux du monde rien que « d'austère et de rebutant, est dans le fond « remplie de consolation et de douceur : « Crucem vident, unctionem non vident. C'est « une orange dont l'écorce seule est amère.» Après avoir été pendant quinze ans l'exemple de ses frères, il fut désigné par le R. P. Maur pour lui succéder, et en 1810, il devint supérieur. Trois ans après il fut béni solennellement par M. Poynter, évêque du district de Londres, comme premier abbé du monastère de Lullworth, qui n'avait été jusque-là qu'un simple prieuré. En 1815, dom Antoine eut à subir de rudes épreuves. Les calomnies d'un religieux transfuge, accréditées par la jalousie des ministres anglicans, compromirent l'existence du monastère de Lullworth: le P. Antoine alla aussitôt trouver le premier ministre, et tandis que celui-ci proclamait hautement l'innocence des religieux calomniés, Dieu permit que leur dénonciateur qui s'était embarqué mourût subitement en mer. Cependant le gouvernement anglais qui avait accueilli les trappistes émigrés prétendit qu'il n'avait pas entendu perpétuer leur existence; le P. An toine dut s'engager à retourner en France, dès que la situation politique de ce royaume le lui permettrait Plus tard le gouvernement français envoya un navire de l'état pour les prendre, et ils débarquèrent en France le 20 juillet 1817. Une ancienne abbaye située à dix lieues de Nantes, La Meilleraye, reçut la sainte colonie qui y fut solennellement installée le 7 août. La nouvelle ab

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