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<< beaucoup de mal, et je prévois que vous «<en ferez encore davantage. Vous prendrez « Rome; vous passerez la mer, et régnerez <«< neuf ans; mais vous mourrez dans la di«< xième année, et serez cité au tribunal du « juste Juge, pour lui rendre compte de « toutes vos œuvres. Toutes les parties de cette prédiction furent vérifiées par l'événement. Totila, qui en avait été effrayé, se recommanda aux prières du saint, et fut moins cruel. Ayant pris peu de temps après la ville de Naples, il traita les prisonniers avec une humanité qu'on ne devait pas attendre d'un barbare. Benoit mourut l'année suivante, en 543, suivant le P. Mabillon, et quelques années plus tard, suivant d'autres. Sa règle a été adoptée presque par tous les cénobites d'Occident. Sa Vie a été écrite par saint Grégoire le Grand dans le second livre de ses Dialogues. Paul Diacre, moine du Mont-Cassin, en a parlé aussi fort ample ment dans l'Histoire des Lombards. Son ordre a été, sans contredit, un des plus étendus, des plus illustres, des plus riches. Il fut longtemps, dit un écrivain célèbre, un asile ouvert à tous ceux qui voulaient fuir les oppressions du gouvernement goth et vandale. Le peu de connaissances qui restaient chez les barbares fut perpétué dans les cloîtres. Les bénédictins transcrivirent beaucoup d'auteurs sacrés et profanes. Nous leur de vons en partie les plus précieux restes de l'antiquité, ainsi que beaucoup d'inventions modernes. On a reproché à cet ordre célèbre ses grandes richesses; mais on ne fait pas attention que c'est en défrichant avec beaucoup de peines des forêts incultes et des terres ingrates, qu'ils se les sont procurées. Telle ville, qui est aujourd'hui florissante, n'était autrefois qu'un rocher nu, ou un terrain en friche devenu fertile sous des mains saintes et laborieuses. «De quoi, dit un cri«tique judicieux et équitable, auraient vécu « des troupes de solitaires, s'ils n'avaient « pas été très-laborieux ? On ne leur don«nait ni des terres cultivées, ni des colons << pour les faire valoir, puisqu'ils se plaçaient « tous dans des déserts. Mais les censeurs « de la vie monastique demandent pourquoi << renoncer aux affaires de la société, pour « aller passer sa vie dans la solitude...? Pour« quoi....? Pour se soustraire au brigandage « des tyrans et des guerriers qui ravageaient « tout, qui cependant respectaient encore <«<les moines, dont la vie les étonnait et dont « les vertus leur imposaient. »> Quant aux richesses qu'ils possédaient, et qui étaient le fruit de leur travail et de leur sage et judicieuse économie, quel usage en faisaientils? On peut bien dire qu'ils ne les avaient que pour les répandre; que sobres et économes pour ce qui les regardait, ils n'étaient magnifiques que lorsqu'il s'agissait d'orner la maison de Dieu, d'enrichir des bibliothèques, de concourir à des établissements utiles, de porter des secours aux pauvres et aux afiligés. Cette observation pouvait s'étendre à tous les religieux qui avaient conservé l'esprit de leur état. L'ordre de saint Benoit

a produit une multitude de grands hommes dans tous les genres, sans que pour cela il soit vrai de dire qu'il a eu dans son sein 40 papes, 200 cardinaux, 50 patriarches, 1,600 archevêques, 4,600 évêques, ↳ empe4 reurs, 12 impératrices, 4 reines, et 3,600 saints canonisés. Ce détail, puisé dans la chronique de l'ordre de saint Benoît, ne peut partir que d'un zèle outré et maladroit. C'est ne savoir pas louer que d'avoir recours à l'exagération. Dom Bastide, bénédictin de Saint-Maur, fâché de ce que Mabillon, son confrère, avait retranché quelques saints dans le grand Recueil des Actes des saints de l'ordre de saint Benoit, présenta contre lui une requête au chapitre général de 1677; mais ceux qui composaient cette assemblée n'y eurent aucun égard. (Voy. CAJETAN, Constantin.) Depuis l'an 900, l'ordre de saint Benoît s'est divisé en plusieurs branches. C'est de là que sont sortis les camaldules, les cisterciens, les gilbertins, les sylvestrins, les moines de Fontevrault. Toutes ces observances ne sont que des réformes de l'ordre de saint Benoît, qui ont ajouté quelques constitutions particulières à la règle primitive. On compte parmi les bénédictins plusieurs congrégations, telles que celles de Cluny, de Sainte-Justine, de Savigny, de Tiron, Bursfeld, de Saint-Maur, etc. La règle de saint Benoît a été imprimée plusieurs fois, et notamment en 1734, en 2 vol. in-4, avec les commentaires de dom Calmet; dom Mége a écrit sa Vie en 1 vol. in-4°.

de

BENOIT (saint), abbé d'Aniane, dans le diocèse de Montpellier, était fils d'Aigulfe, comte de Maguelone. Après avoir servi avec distinction dans la maison et dans les armées de Pepin et de Charlemagne, il s'enferma dans un monastère, dont il devint abbé; il se retira ensuite dans une terre de son patrimoine, où il fonda l'abbaye d'Aniane. Ses réformes et son zèle lui firent un nom dans la France; Louis le Débonnaire l'établit chef et supérieur général de tous les monastères de son empire. Benoît mourut l'an 821. Il fut en France et en Allemagne ce que saint Benoît avait été en Italie: donnant des leçons et des exemples, labourant et moissonnant avec ses frères. On a de lui Codex Regularum, avec une Concorde des Règles, qui montre ce que la règle de saint Benoît a de commun avec celles des autres fondateurs. Sa Vie, écrite par Ardon Smaragdus, se trouve à la tête de la Concorde des règles du même saint Benoît, que dom Hugues Menard fit imprimer avec des notes en 1638, in-4°.

BENOIT BISCOP (saint.), né dans le Northumberland en Angleterre, l'an 628, d'une famille distinguée; après avoir porté les armes, entra dans l'ordre de Saint-Benoit, et fit son noviciat dans le célèbre monastère de Lérins en Provence. De retour dans sa patrie, il travailla avec zèle au progrès de la religion: il y établit le chant grégorien et toutes les cérémonies romaines, persuadé que la mère église devait servir de règle et de modèle à toutes les autres. Il mourut en 703, après avoir fait quatre fois le voyage de

Rome. Le vénérable Bède a écrit sa Vie et gregati sunt..... Divinitus igitur æthereo tune une homélie pour le jour de sa fête.

BENOIT I", surnommé Bonose, successeur de Jean III dans la chaire de saint Pierre, en 574, consola Rome affligée par deux fléaux, la famine et les Lombards, qui venaient d'envahir l'Italie. Il mourut le 30 juillet 578, après avoir tenu le saint-siége pendant 4 ans et deux mois. Pélage II lui succéda. BENOIT II (saint), prêtre de l'église de Rome, pape en 684, après Léon II. Constantin Pogonat respecta tant sa vertu, qu'il permit au clergé d'élire les papes, sans l'intervention de l'exarque ou de l'empereur. Il mourut en 685, n'ayant occupé la chaire pontificale que dix mois et 12 jours.

BENOIT III, Romain, pape malgré lui en 855, après Léon IV, endura sans murmurer les mauvais traitements de l'antipape Anastase. Il mourut en 858. On a de lui deux Lettres, une à Hincmar, archevêque de Reims, et l'autre aux évêques du royaume de Charles le Chauve, contre Hubert, diacre, accusé de grands crimes. Tous les auteurs du temps en parlent comme d'un homme simple, humble et animé d'une véritable piété. Nicolas I lui succéda. C'est entre Léon IV et Benoît III que d'anciens chroniqueurs et quelques protestants modernes placent la prétendue papesse Jeanne, sous le nom de Jean VIII (Voy. ce dernier nom et LÉON IV). C'était, à les en croire, une fille déguísée en garçon, qui, étant parvenue à la tiare, s'avisa d'accoucher en habits pontificaux dans une procession au Colisée de Rome. Cette fable, racontée comme une vérité par 70 auteurs orthodoxes, entre lesquels il y a plusieurs religieux et des saints canonisés, n'est plus aujourd'hui adoptée de personne. Les calvinistes l'ont opposée longtemps aux catholiques; mais à présent ils rougissent de la citer. Bayle et Blondel leur ont ôté tous les moyens de la maintenir. Il est démontré que Benoît III succéda immédiatement à Léon IV, et que le siége ne fut vacant que quatre jours. Il est certain encore que du temps de Hugues de Fleury, qui florissait sous le règne de Louis le Gros, mort l'an 1137, la fable de la papesse n'était pas encore inventée; car voici ce qu'il dit des papes qui ont siégé immédiatement après la mort de Louis le Débonnaire, à laquelle finit sa Chronique, imprimée à Munster en 1638, in-4: In Romana vero Cathedra memorato papa Gregorio IV, Sergius II successit, et Sergio Leo IV, et Leoni Benedictus III, et Benedicto Nicolaus I. Il est vrai que quelques manuscrits des Vies des Papes d'Anastase le bibliothécaire, qui vivait avant et après cette époque, et par conséquent plus ancien d'environ 250 ans que Hugues, rapportent cette prétendue histoire; mais si l'on y fait attention, l'interpolation est manifeste: car Anastase, parlant de l'élection de Benoit III, dit expressément qu'elle se fit d'abord après la mort de Léon: Leo quidem ubi hac luce subtractus præsul occubuit; mox omnis clerus istius Romana protectæ sedis, universique proceres, cunctusque senatus ac populus con

lumine inflammati, uno consensu, unoque cum conamine Benedictum, pro tantis quibus pollebat sacris operibus, pontificem promulgaverunt eligere. Et dans la Vie de Nicolas fer: Leone scilicet papa defuncto, Benedictus, miræ beatitudinis vir et sacratissimus pontifex, superno protectus auxilio, Romanæ præponitur sedi (Anast. Biblioth., Hist. de Vitis Rom. pont., édit. du Louvre, 1649, in-fol., p. 200 et 208). Martin le Polonais, qui vivait plus de quatre siècles après lui, est regardé par la plupart des auteurs comme le premier qui ait accrédité cette fable; mais on peut assurer qu'elle est encore plus récente que la Chronique de Martin. Nous avons sous les yeux un beau manuscrit en parchemin de cet auteur, écrit de son temps, dans lequel ce passage est ajouté en marge par une main beaucoup plus récente. Fabricius, quoique protestant, insinue ( Bibl. med. et infim. latinit., t. V, p. 42) qu'il manque dans les manuscrits les plus anciens.

BENOIT IV, Romain, élevé au pontificat après Jean IX, au mois de décembre 900, sage dans un temps de corruption, et père des pauvres, mourut au commencement d'octobre 903, après avoir siégé trois ans et environ deux mois. Il avait couronné empereur de Rome Louis III, dit l'Aveugle, que le cruel Bérenger traita si indignement dans la suite.

BENOIT V, souverain pontife après la mort de Jean XII en 964, durant le schisme de Léon VIII. Les Romains, qui l'avaient élu, et qui avaient promis de le défendre contre l'antipape et l'empereur, furent contraints de l'abandonner à Othon, qui le conduisit à Hambourg en Allemagne, où il mourut en 965. Son corps fut ramené à Rome. C'était un pontife savant et vertueux, d'une douceur et d'une patience égales à ses malheurs.

BENOIT VI, Romain, fut élevé sur la chaire de saint Pierre en 972, après Jean XIII. Boniface, surnommé Francon, cardinal-diacre, le fit étrangler l'an 974, dans la prison où il avait été renfermé par Crescentius, et se mit en sa place sur le siége pontifical.

BENOIT VII, évêque de Sutri en Toscane, succéda, en 975, sur le siége pontifical, à Domnus II. Il mourut le 10 juillet 983, après avoir donné l'exemple de toutes les vertus pastorales, et gouverné sagement l'Eglise dans des temps malheureux.

BENOIT VIII, évêque de Porto, succéda à Sergius IV en 1012. La tyrannie de l'antipape Grégoire l'obligea d'aller en Allemagne, pour implorer le secours de l'empereur Henri II. Ce prince le fit rentrer à Rome, et vint s'y faire couronner avec Cunégonde son épouse. Le moine Glaber rapporte que Benoît donna à Henri une pomme d'or enrichie de deux cercles de pierreries croisés, et surmontés d'une croix d'or. La pomme représentait le monde; la croix, la religion: et les pierreries, les vertus. En 1016, les Sarrasins, venus par mer en Italie, menace rent les domaines du pape. Benoit, à la tête des troupes animées par sa présence et par le désir de défendre l'Eglise, les attaqua et

les mit en fuite. Il battit aussi les Grecs qui étaient venus ravager la Pouille. Ce pontife politique et guerrier mourut en 1024, après avoir gouverné l'Eglise environ douze ans. Il tint un concile à Pavie, où il publia huit décrets. Il a écrit diverses Epîtres qui nous sont presque toutes inconnues, si nous exceptons celles qu'il écrivit en faveur du monastère du Mont-Cassin.

BENOIT IX, successeur de Jean XIX, monta sur le trône pontifical à l'âge de douze ans, en 1033. Son père Alberic, comte de Tusculum, le lui avait procuré à prix d'or. Le peuple romain, lassé de ses infamies, le chassa de Rome. Il y rentra quelque temps après. Désespérant de s'y maintenir, il vendit le pontificat comme il l'avait acheté. Il reprit la tiare pour la troisième fois; mais au bout de quelques mois il y renonça pour toujours. Il mourut dans le monastère de la Grotte-Ferrée, en 1054, où il s'était retiré pour pleurer ses débauches et ses crimes. Durant ce pontificat scandaleux, l'Eglise jouit de la paix,et le respect que l'univers chrétien portait au siége de Pierre ne souffrit aucune atteinte. « Il est remarquable, dit un histo«rien, que sous quelques pontifes vicieux, « ou ineptes, il n'y ait eu ni troubles ni « hérésie, et que l'Eglise ait joui d'une tran« quillité qu'elle n'eut point sous les pontifes « les plus sages. Dieu veillait alors particu«lièrement sur son ouvrage, et suppléait en << quelque sorte aux soins et aux qualités de « celui auquel il était confié. » Voy. ALEXANDRE VI, JEAN XII.

BENOIT X, nommé Jean, fils de Gui Mincius, et évêque de Véllétri, mis sur le siége de Rome le 30 mars 1058, par une faction puissante, fut chassé quelques mois après par les Romains, qui éfurent Nicolas II. Il mourut le 18 janvier 1049. H est communément considéré comme antipape; mais puisque son nom est resté dans la liste des ponfes, il faut que l'illégalité de son élection n'ait pas été généralement reconnue; et comme il mourut quelques mois après, et que par là Nicolas II resta dans la paisible et légale possession du siége, rien n'empêche qu'on ne les regarde tous les deux pour vrais papes.

BENOIT XI (NICOLAS-BOCASIN), général de l'ordre des frères prêcheurs, fils d'un berger, ou selon d'autres, d'un greffier de Trévise, fut fait pape en 1303, après Boniface VIII. Il annula les bulles de son prédécesseur contre Philippe le Bel, et rétablit les Colonne. Il fut empoisonné en 1304 par quelques cardinaux mécontents, si l'on en croit les bruits qui coururent alors. Benoît XI était sage et modéré. On raconte que sa mère étant venue le voir avec des habits superbes, il ne voulut jamais la recevoir qu'elle n'eût repris les habits de son premier état. Il a commenté quelques livres de l'Ecriture sainte, et a été béatifié en 1733.

BENOIT XII, appelé Jacques de Nouveau, surnommé Fournier, peut-être parce que, dit-on, son père était boulanger (ce qui paraît néanmoins très-incertain), naquit à Sa

verdun, au comté de Foix. Il était docteur de Paris, cardinal-prêtre du titre de SaintPrisque. On l'appelait le Cardinal Blanc, parce qu'il avait été religieux de Citeaux, et qu'il en portait l'habit. Il fut élu unanimement l'an 1334, après Jean XXII. Comme sa naissance n'était pas bien illustre, les cardinaux furent tous surpris de ce choix unanime, et le nouveau pape lui-même autant que les autres: Vous avez choisi un ane, leur dit-il. Il était profond dans la théologie et la jurisprudence. Il laissa subsister les anathèmes de son prédécesseur contre Louis de Bavière, et excommunia les Fratricelli. Il publia une bulle pour la réforme de l'ordre de Citeaux, voulant que les abbés ne fussent habillés que de brun et de blanc, et n'eussent point avec eux des damoiseaux, c'est-à-dire de jeunes gentilshommes qu'ils avaient à leur suite comme les autres seigneurs. Il révoqua toutes les commandes données par ses prédécesseurs, excepté celles des cardínaux et des patriarches, et toutes les expectatives dont Jean XXII avait surchargé les collateurs des bénéfices. S'il remédia aux maux que l'avidité de Jean XXII avait causés dans l'Eglise, il ne négligea pas non plus de réparer le scandale qu'avait occasionné son opinion sur la vision béatifique. Il définit que les âmes des bienheureux sont dans le paradis, avant la réunion à leur corps et le jugement général, et qu'elles voient Dieu face à face. Ce saint pape mourut en 1342 à Avignon, où il jeta les fondements d'un palais qui subsiste encore. Il pensait que les papes devaient être comme Melchisedech, sans connaître leurs parents. On a de lui quelques ouvrages.

BENOIT XIII, né à Rome en 1649, de la famille illustre des Ursins, prit, en 1667, l'habit de saint Dominique à Venise, fut cardinal en 1672, archevêque de Manfredonia, puis de Césène, ensuite de Bénévent, enfin pape en 1724, le 29 mai, après Innocent XII. Il assembla un concile à Rome l'année d'après pour confirmer la bulle Unigenitus. On lit dans le Dictionnaire de Ladvocat qu'il approuva la doctrine des thomistes sur la grâce et la prédestination; mais le bref ne dit autre chose, sinon que l'école des thomistes se glorifie avec une ardeur louable, laudabili studio gloriatur, d'enseigner une doctrine transmise par saint Augustin et saint Thomas, conforme à la parole de Dieu, aux conciles, etc. se suam doctrinam ab Augustino et Thoma accepisse, eam verbo Dei, summorum pontificum et conciliorum decretis et patrum dictis consonam esse. Benoît mourut le 21 février 1730. Sa mémoire est en bénédiction à Rome, qu'il édifia par ses exemples, et qu'il soulagea par ses bienfaits. Sa bonté pour le peuple parut en toute occasion, et il ne perdit aucun moyen de diminuer le poids des subsides. Sortant un jour de Rome, il aperçut qu'un paysan payait avec chagrin un droit d'entrée; il voulut savoir quel était ce droit, et, non content d'en exempter le paysan, il le supprima tout à fait, en avouant qu'on n'avait pas tort de s'en plaindre. Tout ses décrets ne respirent

que la religion, a piété et le bon ordre. Sa Vie a été écrite par Alexandre de Borgia, archevêque de Fermo, en latin, Rome, 1741, in-4°. On a de Benoît XIII des Homélies sur l'Exode, qu'il avait prononcées étant archevêque de Bénévent, Rome, 1724, 2 vol. in-4°. Il y fut ajouté, en 1725, un 3 volume, lequel est d'un dominicain que le pape avait chargé de compléter l'ouvrage. Clément XII lui succéda. BENOIT, antipape, appelé Pierre de Lune, s'adonna d'abord à la jurisprudence civile et canonique. Il quitta cette étude pour porter les armes, la reprit ensuite, et enseigna le droit dans l'université de Montpellier. Grégoire XI le fit cardinal, et Clément VII, légat en Espagne, sa patrie. Après la mort de ce pontife, les cardinaux d'Avignon élurent Pierre de Lune pour lui succéder, en 1394. I prit le nom de Benoît XIII. Le cardinal avant son élection avait promis de se démettre, si on l'exigeait, pour mettre fin au schisme; mais le pape oublia sa promesse. Il amusa pendant quelque temps Charles VI, le clergé de France, l'université de Paris, et divers princes de l'Europe, et finit par déclarer qu'il n'en voulait rien faire. Les rois dont il s'était joué résolurent de l'obliger par force à céder la tiare. Charles VI le fit enfermer dans Avignon. Benoit trouva le moyen de s'échapper, et se retira à ChâteauRenard. Cet inflexible Aragonais fut déclaré schismatique aux conciles de Pise et de Constance, et comme te. déposé de la papauté. C'est de lui que Gerson dit, dans le style de son temps, qu'il n'y avait que l'éclipse de cette lune fatale qui put donner la

paix à l'Eglise... Benoît, anathématisé par les Pères des deux conciles, les anathématisa à son tour. Il se retira dans une petite ville du royaume de Valence, nommée Peniscola, et de ce trou il lançait ses foudres sur toute la terre. Il mourut en 1424, dans son obstination, à l'âge de 90 ans. Il obligea deux cardinaux qui lui restaient à élire Gilles Mugnos, Aragonais, chanoine de Barcelone, qui se dit pape sous le nom de Clément VIII. BENOIT XIV, pape, successeur de Clé ment XII, naquit à Bologne en 1675, de l'illustre famille de Lambertini. Après s'être distingué dans ses études, il fut fait successivement chanoine de la basilique de SaintPierre, consulteur du saint office, votant de la signature de grâce, promoteur de la fui, avocat consistorial, secrétaire de la congrégation du concile, canoniste de la sacrée pénitencerie, archevêque titulaire de Théodosie en 1724, enfin cardinal en 1728. Clément XII le nomma à l'a chevêché de Bologue en 1731. Après la mort de ce pontife en 1740, Lambertini eut 44 voix pour lui, et fut élu pape sous le nom de Benoit XIV. Chaque année de son pontificat a été marquée par quelque bulle pour réformer des abus, ou pour introduire des usages utiles. Il avait cultivé les lettres avant de monter sur le trône pontifical; il les protégea dès qu'il y fut monté. Il fonda des académies à Rome; i envoya des gratifications à celle de Bologne; orna Rome de plusieurs monuments;

honora de ses lettres divers savants, les encouragea, les récompensa; abolit divers impôts, supprima le papier timbré, remit le tabac dans le commerce, et se distingua par un grand désintéressement. En 1748, il fit déterrer le fameux obélisque Horaire, dont parle Pline (Hist. nat., ch. 9, 10 et 11), qui servait de méridienne pour marquer les ombres du soleil à midi, en divers temps de l'année, et par conséquent les différentes longueurs des jours qui dépendent de la lougueur des ombres. Le mauvais état où se trouvait cet obélisque ne permit pas de l'élever dans sa hauteur qui était de 67 pieds. Il était rompu en 9 endroits. Ces morceaux précieux furent placés dans une cour qui est derrière S. Lorenzo in Lucina, et sur le lieu où l'obélisque avait été découvert on mit une inscription qui consacre la mémoire de cette opération intéressante. On y lit entre autres choses: Obeliscum hieroglyphicis notis eleganter inscriptum, ex strato lapide regulisque ex ære incisis ad deprehendendas solis umbras, dierumque ac noctium magnitudinem, in Campo Martio erectum, ac Solidicatum, temporis et barbarorum injuria confractum ja centemque terra, ac ædificiis obrutum, magna impensa ac artificio eruit, publicoque rei litterari bono, propinquum in hortum transtulit. Il mourut en 1758, et eut pour successeur Clement XIII. Les ouvrages de Benoît XIV sont en 16 vel. in-fol. Les 5 premiers ne traitent que de béatification et canonisation des saints. La matière y est épuisée, et on en a donné un abrégé en français l'an 1759, in-12. Le 6 contient es actes des saints qu'il a canoni sés. Les deux tomes suivants renferment des suppléments et des remarques sur les volu mes précédents. Le 9 est un traité du sacrifice de la messe. Le 10 traite des fêtes inst tuées en l'honneur de Jésus-Christ el de la sainte Vierge. Le 11 renferme les instruc tions et les mandements qu'il avait donnés avant d'être pape. Le 12 est un traité sur le synode; c'est le plus répandu des ouvrages de ce pontife, et un des meilleurs livres qu'on ait sur la discipline de l'Eglise, et surtout une excellente réfutation des nouveautés entreprises dans ces derniers temps par quelques prélats inquiets ou courtisans. Les 4 derniers sont un recueil de ses brefs et de ses bulles. L'on remarque dans tous ses écrits une vaste érudition et une profonde connais sance du droit civil et canonique, de l'histoire sacrée et profane. On a encore de lui une édi tion du Martyrologe de Grégoire XIII, et quel ques autres ouvrages. A son intronisation, il eut un projet qui ne réussit point : c'était de faire signer un corps de doctrine où, sans parler de Baius, de Jansenius et de Quesnel, teile vérité serait prescrite, et telle erreur cong née. Il croyait que par ce moyen le jansenisme s'anéantirait sans résistance: mais il est plus qu'apparent que la secte, voyant ses erreurs réprouvées, n'aurait pas été plus docile pour voir épargner les noms de ses folldateurs. Benoit ne tarda pas à en èt e convaincu par les nouveaux troubles qu'elle excita en France; et, dans un bref aux évêques

de ce royaume, il décida qu'il fallait refuser les sacrements à quiconque serait reconnu opposant à la constitution Unigenitus. La modération, l'équité, l'esprit de paix, ont été l'âme de son gouvernement. Son pontificat fut heureux et généralement respecté. On a cru néanmoins que son humeur accommodante avait quelquefois trop accordé à la complaisance ou à des considérations passagères, et que la facilité de son caractère l'avait empêché de se raidir contre des systèmes naissants, dont ses successeurs ont vu marir les fruits amers. M. de Caraccioli a donné sa Vie, Paris, 1783, 1 vol. in-12; elle est intéressante, mais mal digérée, et contient quelques faits hasardés. Voici comment Benoît XIV, dans une lettre au cardinal de Tencin, jugeait la philosophie française du XVIIIe siècle. « Je gemis de ce que la France se remplit de beaux esprits qui affectent l'incrédulité, tandis que ses plus grands génies furent autrefois soumis à la religion. Je gémis de ce qu'on prend la honte même pour la gloire, des railleries pour des arguments, de ce qu'on regarde enfin ce siècle comme éclairé, parce qu'il est plus audacieux. En donnant à la terre ce qu'on ôte au ciel, à la nature ce que l'on soustrait à Dieu, on forme un chaos qu'il est impossible de débrouiller. L'homme n'est plus fui-même si on l'isole d'un créateur, et le terme de son existence doit faire le supplice de sa vie. Vos auteurs ont vu qu'ils ne pouvaient prétendre à des réputations aussi brillantes que les anciens, et ils ont dit dans leurs cœurs : Ouvrons-nous un chemin à travers les paradoxes, et nous étonnerons par la singularité. La nation aimable, mais légère, les a crus sur parole, d'autant mieux qu'on se plaît à ne plus rien approfondir, et l'on a crié de toutes parts: Voilà nos oracles et nos dicux : ils permettent tout, excepté l'assassinat et le vol rien de plus commode, il faut les écouter. Quand les passions portent la bannière, on est sûr de voir une nombreuse procession. »>

BENOIT (JEAN), né à Verneuil en 1483, docteur en théologie de la maison de Navarre, mourut curé des Saints-Innocents en 1573; il a fait des notes marginales en latin sur la Bible, Paris, 1541, in-fol. On appelle cette Bible de Benedicti; elle a été souvent réimprimée. Il a fini les Scolies de Jean de Gagny sur les Evangiles et les Actes des apôtres, 1563, in-8°.

BENOIT (RENÉ), angevin, doyen de la faculté de théologie de Paris, curé de SaintEustache, confesseur de Marie, reine d'Ecosse, et ensuite professeur de théologie au college de Navarre, fut choisi pour confesseur de Henri le Grand, à la conversion duquel il avait beaucoup contribué. Il fut nommé à l'évêché de Troyes; mais sa traduction de la Bible, 1566, in-fol., et 1568, 2 vol. in-4°, lui fit refuser les bulles par le pape. Cette version fut supprimée par la Sorbonne en 1567, et condamnée par Grégoire XIII en 1575. Elle avait bien de la ressemblance avec celle de Genève, surtout dans les notes. Le docteur refusa quelque temps d'acquies

cer à sa condamnation. Il y souscrivit enfin en 1598. Sa mort arriva 10 ans après, à Paris, le 7 mars 1608. On a de lui plusieurs autres ouvrages, des sermons, des catéchismes, des livres de piété, etc.

BENOIT (le P. JEAN), dominicain, né à Carcassonne en 1632, fit profession à l'âge de 18 ans. Il cultivait la littérature et maniait avec une égale facilité le vers français et le vers latin. Il prêcha avec succès dans les principales villes du midi de la France, résida ensuite plusieurs années à Paris, et, rappelé à Toulouse par ses supérieurs, y mourut le 8 mai 1705, âgé de 73 ans. Ce religieux a laissé quelques pièces de vers en l'honneur de Louis XIV, notamment: Problème de la victoire et de la paix, Paris, 1687, in-4°. Son principal ouvrage est une Histoire des Albigeois et des Vaudois, Paris, 1691, 2 vol. in12. Le P. Benoit écrivit aussi la Vie de saint Dominique, sous ce titre : Continuation de l'histoire des Albigeois, Toulouse, 1693, in-12.

BENOIT (Elie), ministre réformé, né à Paris l'an 1640, et réfugié en Hollande après la révocation de l'édit de Nantes, fut pasteur de l'église de Delft, et mourut en 1728. On a de lui plusieurs écrits estimés des protestants : Histoire et apologie de la retraite des pasteurs, 1688, in-12; Histoire de l'édit de Nantes, en 5 vol.in-4, Delft, 1693, pleine d'exagérations, de calomnies et de ces fausses tournures que l'esprit de parti ne manque pas de donner aux relations qu'il inspire. Mélanges de remarques critiques, historiques, etc., sur deux dissertations de Toland, 1712, in-8°. Benoît, obligé de quitter sa patrie, ne fut pas plus heureux en Hollande. Comme il accordait son amitié sans jugement et sans choix, il eut de prétendus amis qui abusèrent de sa facilité. Sa femme lui donna aussi beaucoup d'occupation, suivant ce qu'il en dit dans ses Mémoires manuscrits: Vitiis omnibus, quæ conjugi pacem amanti gravia esse possunt, implicita avara, procax, jurgiosa, inconstans et varia; indefessa contradicendi libidine per annos quadraginta septem miserum conjugem omnibus diris affecit.

BENOIT (PIERRE), Savant maronite, naquit à Gusta, ville de Phénicie, en 1663, d'une famille noble. Dès l'âge de 9 ans il fut envoyé à Rome dans le collége des maronites, où, pendant 13 années consécutives, il s'appliqua avec le plus grand succès aux bellesfettres, aux langues orientales et à la théologie. Il retourna ensuite dans son pays, d'où il fut envoyé à Rome par les maronites d'Antioche, en qualité de député de leur église. Cosme III, grand duc de Toscane, l'appela à Florence, le combla de ses grâces, et lui donna la place de professeur d'hébreu à Pise. A l'âge de 44 ans, Benoit se fit jésuite. Au sortir du noviciat, Clément XI le mit au nombre de ceux à qui il avait confié le soin de corriger les livres sacrés écrits en grec. Il mourut en 1742, âgé de près de 80 ans, regretté par les savants, par ses confrères et par ses amis. On a de lui les 2 premiers volumes de l'édition de saint Ephrem, continuée et achevée par le savant Assemani. Le

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