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tisme. Il est consolant de dire que la plupart des médecins, imbus d'opinions surannées, et les réformateurs de l'expérience des siècles, paraissent vouloir en consacrer le principe.

Que les zélateurs outrés des systèmes cessent de se faire illusion. En coordonnant les vérités imprescriptibles du naturisme avec les découvertes modernes, l'éclectisme rendra la médecine plus stable, perfectible encore, toutefois jamais destructible. Espérons que la jeunesse studieuse destinée à remplacer les praticiens judicieux suivra la marche tracée par la véritable méthode..... la méthode expérimentale, et qu'elle adoptera cette sage maxime : l'exagération des systèmes est une idole, à laquelle on sacrifie trop souvent des victi mes humaines,

ARABES ET HÉBRAÏQUES,

TRADUITES ET COMPARÉES,

PAR M. GUERRIER DE DUMAST.

PARMI les études littéraires qui joignent à leur attrait naturel un but philosophique et sérieux, l'une des plus dignes d'intérêt est celle des poésies primitives de toutes les nations. Partout, vous le savez, Messieurs, le langage cadencé, sous une forme plus ou moins régu– lière, a précédé ce langage libre que nous appelons la prose. Des poésies sont donc les plus anciens témoignages qui nous restent de la pensée de chaque peuple; et c'est là qu'il est curieux d'aller observer son type et son génie propre, son caractère antérieur aux changements que lui ont fait subir le commerce et la civilisation. Commenter et traduire la réunion de toutes les poésies primitives que l'on possède, serait donc mettre en lumière une très-importante partie de l'histoire des idées du genre humain.

Ce projet avait jadis été l'un de ceux du membre qui vous parle, et qui, lorsqu'il habitait Paris, avait songé, entre autres, à donner, sous le nom d'Asiati ques, un choix, en vers français, des vieux monuments littéraires dont il s'agit. Depuis lors on a fait des Orientales, mais qui sont une imitation libre et pure, ment idéale du style de l'Orient, tel que leur auteur se Pest représenté. Les Asiatiques en auraient différé

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principalement comme ceuvre de réalité. C'aurait été des morceaux originaux, vraiment traduits dans notre langue, quelque difficile que la version pût en être; traduits sinon mot-à-mot (cela est rarement possible, en pareil cas, pour qui veut respecter la grammaire, le décorum et la raison), du moins avec tout le degré d'exactitude dont ces sortes de choses sont susceptibles, et qui consiste à en reproduire sensément, décemment et en bon français, la physionomie fidèle et reconnaissable.

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Au premier rang des idiômes de l'Asie, se présentent par leur antiquité les idiômes sémitiques, les seuls, Messieurs, dont nous avons dessein de vous dire un mot. Dans cette famille, le phénicien et le carthaginois s'étant perdus, le chaldaïque et le syriaque ayant peu d'importance littéraire, tout se réduit à parler de l'arabe et de l'hébreu.

Même charpente du discours, même genre de locutions et de métaphores, même fréquence de pensées ou d'images répétées sans scrupule; même hardiesse ou d'écarts vagabonds, ou d'ellipses inattendues et difficiles d'abord à comprendre; mêmes qualités, en un mot, et mêmes défauts, dans ces deux langues, yéritablement jumelles. Mais la première a sur la se→, conde une grande supériorité matérielle, tant par la richesse des formes grammaticales, bien plus nombreu ses pour les Arabes que pour les Hébreux, que par le système de versification, qui, régulièrement fondé chez les uns sur la prosodie et sur la rime, ne consiste chez les autres qu'en un certain rythme approximatif, ap

puyé du parallélisme binaire des idées. Si donc, dans la comparaison des deux littératures sémitiques origi naires, celle des enfants d'Isaac, au lieu de rester audessous de celle des enfants d'Ismaël, l'a dépassée de si loin, un tel résultat, contraire à toutes les chances naturelles, n'est dû qu'à la prééminence morale, c'est à dire au principe surhumain de croyance qui vivait dans le coeur des premiers, et dont les derniers étaient dépourvus.

Ce que nous possédons des poésies arabes antérieures à l'Islamisme n'appartient pas à une époque bien reculée. Les sept fameuses Mohallakát, affichées au temple de la Mecque, ont précédé de fort peu l'apparition du Coran; et parmi les autres morceaux conservés, on pense que les plus anciens remontent à peine à cent ou cent cinquante ans en arrière, c'est-à-dire au siècle d'Odoacre et de Clovis. Ils n'en portent pas moins pleinement le cachet primitif, cachet dont l'empreinte s'est maintenue fort tard en Arabie, où elle n'a disparu que devant les institutions de Mahomet.

Quant aux poésies des Hébreux, ce caractère y a dominé jusqu'à la fin, c'est-à-dire aussi long-temps

que leur existence en corps de nation; car nous n'avons point à nous occuper ici des temps du rabbinisme, Toutes, sans exception, sont à ranger, par leur couleur, dans la classe des primitives. A cet égard, aucune différence essentielle et capitale ne se fait sentir entre les inspirations d'Ezéchiel ou d'Isaïe, et celles de David, plus anciennes de trois ou quatre siècles, ni entre les hymnes du roi-prophète et l'antique chant de Moïse au passage de la Mer Rouge.

Les monuments poétiques dont nous parlons, et qui nulle part n'ont été des conceptions d'une longue étendue, sont de deux sortes parmi les Arabes: ou des cassides, espèces d'idylles héroïques, remplies de tableaux tour-à-tour belliqueux et champêtres; ou bien de simples cala, pièces plus courtes encore et formées tout au plus d'une vingtaine de distiques, consacrées à des idées de combat, de gloire, d'amitié, de vengeance, ou à des éloges funèbres. Chez les Hébreux tels morceaux consistent à peu près tous en odes religieuses; ce peuple étonnant, sévère gardien d'un dépôt de vérités qui faisait sa richesse exclusive, n'ayant jamais eu qu'une pensée et qu'un sentiment: la louange et l'amour de Dieu.

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Dans les poésies primitives de l'Arabie, il y a de la noblesse, de la force, de l'éclat, et une singularité qui, pour aller souvent jusqu'à la bizarrerie, n'est pas toujours sans charme et sans mérite. Mais il y règne, en revanche, une divagation si constante, une telle absence de raison, de conséquence et d'enchaînement dans les idées, que jamais on n'y rencontre plus de trois distiques de suite qui présentent un sens susceptible de liaison. Il serait donc absolument impraticable de traduire en français aucune des cassides arabes; car, Messieurs, quelques efforts que l'on y mît, quelque somme de talent qu'on y dépensât, elles sembleraient toujours à un public européen les allucinations décousues de cerveaux en démence. Restent donc les cála, dont le cadre plus restreint rend ce désordre moins grave et moins sensible; et encore faut-il abré.

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