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pleins de joie et d'espérance. Dans la nuit qui précéda le jour fixé pour la conférence, le Maure appela près de lui ses amis; puis, prenant un autre parti, il les congédia aussitôt. Livré ensuite, dit-on, à mille réflexions, il changeait de contenance et de visage à chaque réso lution nouvelle, trahissant ainsi, malgré son silence, les secrètes agitations de son âme.

Il finit pourtant par faire venir Sylla, et règle avec lui les dispositions à prendre pour la perte du Numide. Ensuite, dès que le jour fut venu, informé de l'approche de Jugurtha, Bocchus, avec quelques amis et notre questeur, sort au devant du prince comme pour lui faire honneur, et il se place sur une éminence d'où il pouvait être vu très-facilement des exécuteurs du complot. Le Numide s'y rend aussi, accompagné de la plupart de ses amis, et sans armes, selon la convention. Tout à coup, à un signal donné, la troupe sort de l'embuscade et enveloppe Jugurtha de toutes parts. Tous ceux de sa suite sont égorgés; il est chargé de chaînes et livré à Sylla, qui le mène à Marius 246.

CXIV. Vers ce même temps, nos généraux Q. Cépion 247 et M. Manlius 248 se firent battre 249 par les Gaulois. A cette nouvelle, toute l'Italie trembla d'effroi. Les Romains avaient alors, comme de nos jours, la pensée que tous les autres peuples doivent céder à leur courage, mais qu'avec les Gaulois, ce n'est plus pour la gloire, mais pour leur salut qu'il faut combattre 250. Dès qu'on sut à Rome la guerre de Numidie terminée, et que Jugurtha y était amené chargé de chaînes, Marius, quoique absent, fut nommé consul251, et on lui décerna

Gallia isque kalendis januariis magna gloria consul triumphavit. Ea tempestate spes atque opes civitatis in illo sitæ.

FINIS BELLI JUGURTHINI.

le département de la Gaule. Ensuite, aux calendes de janvier, il triompha consul 252, ce qui était une haute distinction. En lui résidaient alors la force et l'espoir de la république.

FIN DE LA GUERRE DE JUGURTHA.

NOTES

DE LA GUERRE DE JUGURTHA.

1. Ce préambule n'est qu'un lieu commun de morale: un historien qui aujourd'hui commencerait de la sorte son livre, serait vivement critiqué, et le serait à bon droit. Cependant il est des commentateurs qui ont encore une foi assez robuste dans les beautés consacrées ou plutôt convenues des écrivains anciens, pour ne rien trouver à redire à ces quatre chapitres, dont les deux premiers surtout n'ont aucun rapport avec l'histoire qui va suivre. Ils vont jusqu'à excuser Salluste d'avoir répété les mêmes choses, au commencement de la Conjuration de Catilina.

2. Ou des sujets de la république, etc. Le mot de parentes (venant de parere, obéir) signifie ici les sujets et non les parens; nous verrons plus bas (chap. CII) ce mot dans le même sens : Nam parentes abunde habemus.

3. Mille autres mesures de rigueur, etc. Ici, selon le président De Brosses, Salluste paraît avoir en vue Sylla, dont le but, en s'em parant du pouvoir despotique, fut à la fois de se venger de ses ennemis et de faire triompher sa faction, puis de remettre en vigueur les anciennes lois, et de remédier aux désordres que les tumultes du parti populaire avaient introduits dans la république. Le père d'Otteville prétend que c'est à César que notre historien faisait allusion.

4. Que des inimitiés, etc. Selon De Brosses, Salluste veut dési gner ici Pompée, qui devint, après Sylla, le chef de la faction

des nobles à Rome; mais, malgré les éloges exagérés de ses contemporains, il n'avait ni le génie ni les talents de son prédécesseur aussi les succès furent-ils fort différens. L'aigreur avec laquelle l'historien s'exprime ici, indique un ennemi de Pompée. 5. Que l'activité des autres, etc. On a vu, dans la notice sur Salluste, les différentes charges qu'il exerça: on y trouve de même l'explication historique de tout ce passage.

6. Q. Maximus, P. Scipion, etc. Il s'agit de Q. Fabius Maximus Verrucosus, surnommé Cunctator, et du premier Africain. En dire plus long sur ces deux Romains, les plus illustres au temps de la seconde guerre punique, ce serait trop peu présumer de l'instruction du lecteur.

7. Numidie, etc. (Voyez la table géographique à la fin du deuxième volume de Salluste.)

8. Masinissa, roi des Numides. Gala régnait en Numidie au temps de la seconde guerre punique, et fut père de Masinissa. Syphax était alors roi des Massæsyliens ou Numides orientaux. La guerre s'étant allumée en Espagne entre les Carthaginois et les Romains, les deux Scipions se liguèrent avec Syphav. Les Carthaginois, de leur côté, s'allièrent avec Gala, et Sophonisbe, fille d'Asdrubal Giscon, fiancée à Masinissa, fut comme le noeud de cette alliance. Masinissa, après avoir ravagé la Numidie de Syphax, et forcé ce prince à s'enfuir en Mauritanie, passe en Espagne à l'armée d'Asdrubal. Syphax en son absence rentra dans ses états, et se rendit à son tour si redoutable aux Carthaginois, que, pour acheter son alliance, ils lui donnèrent en mariage, à l'insu d'Asdrubal, la belle Sophonisbe. Masinissa, qui avait puissamment contribué à la défaite des deux Scipions, outré de cette perfidie, se jeta dans le parti des Romains, et fit alliance avec Scipion l'Africain. Le roi Gala mourut dans l'intervalle Isalac, le plus âgé de ses frères, lui succéda, selon les lois du royaume. Isalac, que Tite-Live nomme salcès, mourut bientôt après, et eut pour successeur Capusa, son fils aîné, en l'absence de Masinissa; mais il fut tué par Mezetal, autre prince de la famille royale, qui trouva, dans son al

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