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pour la recouvrance des dits États, terres et lieux révoltés et occupés.

» Item; le dit illustrissime seigneur, duc de Romagne, promet de tenir à sa solde les mêmes stipendieri, et capitaines (condottieri) de la maison des Orsini et Vitelli, qu'il y tenait auparavant, etc...

» Item; l'Excellence susdite entend et promet que les capitaines (condottieri) prénommés ne seront pas tous obligés à faire campagne à la suite de Son Excellence il suffira que la campagne soit faite par l'un d'eux, choisi parmi eux à leur plaisir.

» Item; le susdit illustrissime seigneur duc promet que la Sainteté de Notre Seigneur ratifiera et confirmera tous les présents articles, et qu'il n'empêchera pas le réverendissime seigneur cardinal Orsini d'aller et de résider à Rome, tant que cela plaira à Sa Révérendissime Seigneurie.

> Item; parce que, entre la Sainteté de Notre Seigneur et Messire Jean Bentivoglio, existent quelques différends, les susdits seigneurs confédérés sont d'accord que tous ces diflérends doivent être remis à la décision du révérendissime cardinal Orsini et de Son Excellence le duc de Romagne, et du magnifique Pandolfo Petrucci, au jugement desquels doivent être portées toute appellation et réclamation ancienne (remota).

» Item; les susnommés seigneurs confédérés, tous, et chacun d'eux, s'obligent et s'engagent par leurs promesses, à chaque fois qu'ils en seront requis par le dit seigneur duc de Romagne, à consigner au pouvoir de Son Excellence un des fils légitimes de chacun d'eux, pour résider dans le lieu que Son Excellence fixera, et ce, tout le temps qu'elle jugera convenable.

» Item; tous les susnommés confédérés, et chacun d'eux, s'obligent et s'engagent par leur promesse, à chaque fois qu'ils apprendront qu'une machination quelconque serait faite contre quelqu'un d'entre eux, à la faire incontinent savoir à celui contre lequel elle serait faite, et à chacun des autres.

>Item; le dit seigneur dục, et tous les autres confédérés sont LES MÉDICIS.

II. 17

d'accord, que quiconque d'entre eux n'observera pas les promesses ci-dessus spécifiées, soit déclaré ennemi de tous, et que tous les autres soient obligés de concourir à la ruine des États qui n'observeraient pas les articles spécifiés ci-dessus.

» Donné à Imola, le 28 octobre 1502.

» Signé par moi PAUL ORSINI.

» AGAPIT,

CÉSAR.

» Secrétaire du duc de Romagne. »>

Le bref de ratification du Pape est adressé à son délégué Francesco Trocces1.

Ce gredin, Allemand, je crois, comme Burchard, mais moins naïf, ne dépare pas la série des grandes utilités du Vatican. Protonotaire apostolique, homme de tête et d'exécution, et, dit Guichardin, confidatissimo d'Alexandre, pourquoi, fugitif de Rome, fut-il repris et étranglé quelque temps après sa mission à la cour du duc? Le cordon strangulateur des disgraciés devenait une institution au Vatican, à l'instar du Sérail. Le procédé des Turcs semble avoir été transmis à Alexandre par son ami Bajazet, qui lui acheta, deniers comptants, l'empoisonnement de son frère Zizim. Mais, dans la crise qui suivit la conférence de la Magione, la rancune meurtrière des Borgia eût été mieux justifiée contre un autre favori que Trocces, le fameux Don Michel, ou Michelotto, qui venait de se laisser surprendre et battre par les Orsini.

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1. Du 4 novembre 1502. Voy. MACHIAV., Legazione al duca, ec., lett. Vill.

Ce Michelotto, Espagnol, était un des affidés de la famille, l'époux prête-nom qui avait longtemps couvert d'un voile officiel de décence les relations du pape et de la Vanozza.

Par la défaite de ce capitaine, le duché d'Urbin était momentanément perdu. Peu de temps après, César signait avec le fils de Jean Bentivoglio ce traité non moins important que le pacte souscrit avec les Ursins, puisqu'il détachait de ceux-ci le seigneur de Bologne:

«Entre Son Excellence le duc de Romagne, le prince de Squillaci et le prince de Bisegli, d'une part, et le magnifique gouvernement (reggimento), et Messire Jean Bentivoglio avec ses fils, pour Bologne, d'autre part, soit conclue une vraie et perpétuelle paix qui doit durer toujours, les amis de l'une des parties étant les amis de l'autre, et les ennemis de chacune des parties étant les ennemis de l'autre. Chacune des parties sera obligée de soutenir par les armes et avec les ressources de son État l'autre partie contre qui que ce soit, excepté le pape Alexandre VI et le roi très chrétien de France.

» Item; Messire Jean Bentivoglio sera tenu d'assister Son Excellence le duc de Romagne pendant un an, à partir, comme terme, du jour de la conclusion du présent accord, et cela chaque fois qu'il conviendra et plaira au duc. Ce secours sera exigible pour une expédition ou deux, dans l'espace de six mois, et il consistera en cent hommes d'armes et cent arbalétriers à cheval, aux frais du dit Messire Jean.

» Item; le fils aîné, Annibal Bentivoglio, devra prendre pour femme la sœur de l'évêque d'Enna, nièce du duc de Romagne et de Valentinois. La mariée recevra en dot de la commune de Bologne la somme de trente-six mille florins d'or de chambre (di camera) hypothéqués sur les biens personnels de Messire Jean Bentivoglio.

» Item; le pape devra confirmer à la commune de Bologne et à Messire Jean Bentivoglio tous les articles et privilèges qui leur ont été accordés antérieurement par un souverain pontife quel

conque.

> Item; le pape et le duc promettent que Sa Majesté le Roi de France, les Éminents Seigneurs Florentins et Son Excellence le duc de Ferrare, garantiront l'observation des dits articles de la part du duc de Romagne.

> Item; le dit duc de Romagne entend être assisté par la susdite commune de Bologne sur le pied de cent hommes d'armes, et ce, continuellement pendant les cinq années qui suivront celle-ci, avec une solde montant à douze mille florins d'or de chambre (di camera) pour chaque année. A Imola, le 2 décembre 1502. »

Voici les deux pièges où le Basilic va prendre ses ennemis à sa glu, al vischio.

Ainsi, Machiavel décrira ce drame en poète, plusieurs années après. Sa prose de négociateur, pour moins accentuée qu'elle soit, n'est guère moins explicite sur le compte du terrible duc. D'abord, l'ambassadeur ne répond de rien. Témoin des premières manœuvres, des premiers circuits du serpent vers sa proie, il se borne à l'observer, ou le juge avec réticence. Puis, sa prudence enveloppe de précautions préalables sa sinistre prévision; mais celle-ci ne tarde pas à se dégager.

Le progrès de sa pensée est curieux à suivre à cet égard.

Le 31 octobre, il ne sait pas si l'on marche à une réconciliation ou à la guerre... Qui pourra le plus, qui cédera, du duc ou de ses ennemis ? Leurs Seigneuries

ont toutes lumières sur ce point... Ses informations, à lui, ne sauraient lutter contre les clartés qui leur arrivent de divers points..... Lui, n'en voit qu'un seul.

« A dire le cose di quà in due parole: dall' un canto si ragiona di accordo, dall' altro si fanno le preparazioni da guerra : ora quello che si faccino o possino i suoi nimici, e se questo signore debbe calare loro, o no, Vostre Signorie, che hanno li avvisi d'ogni parte, ne faranno migliore indizio, che chi vede una cosa sola 1. »

Mais dans le post-scriptum de cette lettre, écrit le lendemain, l'ambassadeur, qui sait faire parler les affidés du duc, rapporte une conversation avec l'un d'eux. Ce confident, faisant connaître à Machiavel une clause du traité avec les Orsini, qui imposait à ceux-ci des conditions très rassurantes, laisse percer aussitôt son arrière-pensée touchant le sérieux de ce pacte.

«Disse bene questo, che in sui capitoli vi era un capitolo, che li Orsini et Vitellozzo non fussino obbligati servire tutti personalmente il Duca, ma solamente un di loro per volta, e ridendo, disse: «Guarda che capitoli son questi.

Ah! le bon billet!...

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Ces réserves, dont nous verrons le négociateur se dégager peu à peu, outre qu'elles tiennent à son caractère prudent, sa précaire situation les justifie. Elle est bien. humble, - très humble aussi l'attitude du pauvre grand

1. MACHIAV., Legazione, ec., lett. IV, p. 180.

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