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cutées dans sa chapelle avec des soins minutieux. Les premiers artistes du temps y figuraient, Gabriel Merino, depuis évêque de Bari; l'archidiacre Francesco Paolosa; Pierre Aaron de Florence, chevalier de SaintJean-de-Jérusalem, chanoine de Rimini, auteur du traité intitulé: Toscanella della Musica '. Alexandre Mellini, Florentin, dirigea le chœur. Les lettrés les plus célèbres reconstituaient sur le mètre d'Horace ou de Catulle, et avec leurs expressions mythologiques, pour le rituel intime du pape, les proses de la Liturgie.

S'il ne pratiqua pas les arts du dessin, le fervent patronage que Léon étendit sur l'architecture, la statuaire et la peinture, fut autrement fécond que l'intérêt accordé par lui à la musique. Son genre de vie et, si je puis m'exprimer ainsi, l'éclat plastique dont s'entouraient la cour romaine et les classes élevées, leur goût croissant de représentations et de fêtes extérieures, partagé du reste par la foule, le disposaient merveilleusement à encourager tout ce qui enchante l'œil, tout ce qui favorise la perfection des formes.

Nous avons peut-être abusé des descriptions de cortèges et de fêtes. Ce côté extérieur de la vie sociale méritait pourtant d'être traité pour ce qu'il a de pittoresque et d'éloquent aux yeux. Léon X eut au plus haut point le culte de ces pompes où le sacré se mêle au profane sans répugnance, - ad majorem gloriam... dirai-je Dei ou

1. Impr. à Venise en 1523. Voy. Roscoe, Léon X, t. II, ch. XXIV, p. 393; - FABRONI, Vit. L. X, p. 205.

Deorum? Si l'on n'appréhendait les redites, on suivrait sur les pas du médecin florentin Penni la plus solennelle des théories pontificales, sous les arcs de triomphe, entre les riches tentures et les cartels mythologiques décorant les palais et les maisons. C'était le 11 avril 1513, fête de saint Léon le Grand, à l'occasion de la prise de possession de la basilique de Saint-Jean-de-Latran, métropole de toutes les églises du monde. Notre guide ne fait grâce de rien ordre de la cavalcade, costumes, statues et bas-reliefs antiques et modernes, colonnes, chapiteaux et architraves des arcs de triomphe, tapis historiés de figures, étoffes de velours aux mille teintes, brocarts d'argent et d'or.

Ce ne sont que festons, ce ne sont qu'astragales.

Sous ces arcs élevés par de riches particuliers (le banquier Agostino Chigi entre autres), par des corporations de marchands (celui des Florentins est splendide), il y a des tableaux de maîtres représentant des actes de la vie de Léon ou des allégories à sa gloire, comme instaurateur de la paix, protecteur des études, régénérateur des arts. Toutes sortes d'allusions héraldiques, force lions variés de posture, unis aux palle, au lys, au joug, emblème choisi par le pape avec cette

1. Alla clarissima signora et madonna, madonna Contessina, del magnifico Piero Ridolfi consorte et del summo pontefice Leone X carnale germana, maestro Jo. Ja. PENNI, medico Florentino, S. P. D.

devise scripturaire : Jugum meum suave est, et onus meum leve.

Ce tableau naïf est à lire dans sa teneur, et parce qu'il fait assister à la fête, et pour le sincère enthousiasme qu'il traduit et dont Penni n'est que l'interprète fidèle. Ces triomphes sont des œuvres d'art en action, une affirmation dans la vie extérieure de la synthèse du beau symbolisée dans un homme.

Tous les Dieux païens ont leur statue. Ils sont là comme en famille, côte à côte avec leurs successeurs, enveloppés, les uns et les autres, humbles pêcheurs galiléens, demi-Dieux de l'Olympe, dans les mêmes magnificences théâtrales. Vénus elle-même maintient ses droits. « Sur la boutique de maître Antoine de San Marino, orfèvre, on remarquait une statue de cette déesse en marbre; au-dessous était écrit en lettres d'or ce vers :

Mars fuit, est Pallas, Cypria semper ero.

« Mars fut, Pallas est; moi, Cypris, je serai toujours. » Cette devise faisait allusion au distique suivant, placé sur l'arc dressé par Messire Chigi :

Olim habuit Cypris sua tempora, tempora Mavors

Olim habuit, sua nunc tempora Pallas habet.

<< Cypris eut jadis son temps, Mars aussi, maintenant Pallas a le sien. >>

1. J. Jacq. Penni.

On sourit, quand le bon Penni compare, un peu après, les splendeurs profanes de ce triomphe à l'entrée du Christ à Jérusalem le jour des Rameaux !

Nombreuses étaient les statues de marbre, d'albâtre, de porphyre, qui valaient un trésor, et, comme elles sont antiques et belles, il m'a paru que je devais en parler quelque peu. D'abord je vis là une Diane d'albâtre qui semblait réellement vouloir parler, puis un Neptune avec le trident, un Apollon avec le cheval (Pégase) au côté, très gracieux, un Marsyas qui, joyeux, faisait retentir son harmonie, une Latone avec ses deux petits enfants dans ses bras, un Mercure plein de mouvement (con acto veloce), un fidèle Achate, un Bacchus joyeux, un admirable Phœbus, un charmant Narcisse, un Pluton et un Triptolème, avec deux autres statues sans nom, tout entières, très antiques et belles, avec douze têtes d'empereurs et d'autres, des antiques et fameux Romains. Il aurait été nécessaire de voler (più de uno corso volare) pour pouvoir contempler ces choses. Après qu'on eut passé en chevauchant de l'une à l'autre décoration, peinture ou tapisserie, chacun voulant montrer l'allégresse qu'il avait dans le cœur, il me sembla que ce jour était celui où le Rédempteur de la nature humaine alla à Jérusalem, le jour des palmes, et, au lieu de dire: Hosanna, fili David! ils criaient Vive le Pape Léon! et Palle, Palle! et, au lieu de branches d'olivier et de palmier, on voyait par les rues des draperies et des tapis... >

Ce ton triomphal est la note dominante du règne : elle tourne à la monotonie sous la plume des panégyristes...

...Jam jam novus in terra descendit Olympo
Juppiter, et sancto lætatur Martia vultu

Roma, triumphales iterum ductura quadrigas.

Roma tuum meritis decimum venerare triumphis!
Felicem patriam! felices principe tanto

Hunc populum! hosque patres! felicia moenia Roma!

Roma tuum meritis decimum venerare triumphis!
Sancte pater, hominum reverentia, cura deorum,
Spes miserûm, lux clara hominum, decus atque deorum,
Aspice nos, felixque pias ne desere Musas'.

C'est une interminable litanie, une amplification sur ce thème pareil au motif d'un concours de peinture historique :

« Pompe des enfants de Romulus accueillant leurs pères de Toscane. Ils reconnaissent leur race, et, parmi ces honneurs antiques, ceux dont l'accession accrut la cité, leurs ancêtres et la gent qui porte la toge. >>

...Patriis assurgit Romula Thuscis

Pompa genusque suum, et veteres agnoscit honores,
Unde urbem, proceresque auxit, gentemque togatam3.

Ce penchant aux représentations extérieures se retrouvait dans les amusements du pape : il faut bien en convenir, pas plus que ses plaisanteries, ce n'est point par le bon goût qu'ils se distinguent toujours. Ces facéties jureraient avec sa nature attique, si l'atticisme lui-même, à sa source, n'offrait pas de ces contrastes. Témoin la

1. JANUS VITALIS CASTALIUS Leonem X, pont. maximum, Lateranen. episcopatum ingredientem lætabundus admiratur. Roscoe, II, Append., p. 385 et seq.

2. JAN. VIT. CAST., etc., st. 1.

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