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les limites de la raison naturelle. De veritate quidem hujus positionis apud me nulla prorsus est ambiguitas, cum Scriptura canonica, quæ cuilibet rationi et experimento humano præferenda est, cum a Deo data sit, hanc positionem sanciat : sed quod apud me vertitur in dubium est, an ista dicta excedant limites naturales1. »

Des déclarations analogues reviennent chaque fois que l'auteur produit à l'appui de son système une de ces preuves tirées de la raison naturelle.

Distinction sincère ou précaution de leur prudence, cette attitude distingua dès le Moyen-Age les penseurs qui formulaient des enseignements contraires à ceux de l'Église.

« L'opposition de l'ordre de la foi et de l'ordre philo» sophique, que nous avons trouvée... comme le trait >> distinctif des averroïstes, est aussi la base du système de Pomponat. Pomponat, philosophe, ne croit pas à » l'immortalité, mais Pomponat, chrétien, y croit. Cer»taines choses sont vraies théologiquement, qui ne » sont pas vraies philosophiquement 2. »

Et Bayle ne procède pas autrement sous les ondula

1. De Immort. animæ, cap. VIII, p. 35.

2. Averroes et l'Averroïsme, par E. RENAN, 2 partie, ch. 1, 2 VI, p. 359.

Tactique persistante!... Le dix-huitième siècle en use, mais avec quelle transparence d'ironie!

Rome s'est toujours décidée pour l'opinion qui soumettait le plus l'esprit humain, et qui anéantissait le plus le raisonnement: je ne parle ici que de l'historique; je mets à part l'inspiration de l'Église et son infaillibilité qui ne sont pas du ressort de l'histoire. »

(VOLTAIRE, Essai sur les mœurs, etc., chap. XLV.)

tions de sa glose narquoise. Entre le doute et le respect, il chemine ainsi, sapant le vieux dogme, opposant les contradictoires, et ne se prononçant pas.

Aussi défend-il vivement la distinction de Pomponace: Paul Jove ... dit non-seulement que Pomponace, » ayant tâché de prouver que, selon le sentiment d'Aris» tote, l'âme de l'homme n'est pas immortelle, s'exposa › aux persécutions de la Moinerie, mais aussi que c'est › la doctrine la plus pernicieuse qui se puisse voir, et la » plus capable de corrompre la jeunesse et la Morale » chrétienne. Il a sans doute infiniment plus de raison » lorsqu'il rapporte que lorsqu'il se mêle de juger; car > il n'est d'aucune importance qu'Aristote ait cru la > mortalité de l'âme, ou qu'il ait posé des principes selon >> lesquels il n'est pas possible de bien soutenir qu'elle » ne soit pas mortelle. Si donc Pomponace a soutenu > seulement qu'en se tenant aux principes d'Aristote, on » ne saurait s'empêcher de dire qu'elle meurt avec le > corps, son opinion n'est point pernicieuse, pourvu que » d'ailleurs il reconnaisse l'immortalité de l'âme. Or, > c'est ce qu'il reconnaît expressément et formellement... > En conscience, peut-on accuser d'impiété un homme » qui règle ainsi ses sentiments? Peut-on l'accuser de » ne pas croire l'immortalité de l'âme? Sur le même fondement ne pourrait-on pas soutenir que tous les >> théologiens révoquent en doute la Trinité, l'Incar

1. Jovius, in Elog., cap. LXXI, p. 164.

» nation, la Transsubstantiation, la Résurrection, et » tous les dogmes, en général, dont on ne tire les >> preuves que de la Révélation, sans qu'on prétende que » les lumières naturelles nous les puissent découvrir? >> Quoi! l'Écriture Sainte, reçue une fois fermement » comme la parole de Dieu, n'est-elle pas aussi capable » qu'une Démonstration géométrique de nous persuader » l'immortalité de l'âme 1? »

Les temps sont périlleux. A nous qui doutons ou nions tout haut, sans autre risque matériel à courir que quelques mois de prison ou quelques centaines de francs d'amende, l'héroïsme de la propagande est aisé. L'apostolat de la raison avait d'autres dangers sous le règne incontesté de la théologie. La Métaphysique poursuivait son œuvre d'émancipation, substituant de pures entités aux symboles réalisés par la Légende, anticipant quelquefois par la déduction logique les conclusions où devait atteindre l'observation positive. Germes d'avenir, qu'il fallait passer en contrebande, sous l'œil d'une douane intellectuelle savamment organisée, servie par la politique et par le fanatisme.

Pour ces soldats de l'Idée, que de gênes à côté des périls! Outre les pièges qui la sèment, que d'embarras obstruent leur voie! Que de puissances à ménager, à côté de l'Autorité sacro-sainte imposant les actes de foi!

1. BAYLE, Dict. histor., art. Pomponace, note B.

<< Comme en vérité l'autorité d'un si grand docteur est im mense auprès de moi, non-seulement dans les choses divines, mais encore dans l'interprétation d'Aristote, je n'oserais rien affirmer contre lui; mais j'avancerai mes dires sous forme de doute, et non d'assertion, et peut-être que la vérité sera découverte alors par ses très doctes sectateurs 1. »

<< Si nous considérons dans l'homme le nombre de ses puissances, nous en trouvons seulement deux qui témoignent pour son immortalité, savoir, l'intelligence et la volonté; mais nous en trouvons d'innombrables, tant sensitives que végétatives, qui, toutes, témoignent pour sa mortalité. Bien plus: si nous considérons les climats habitables, nous trouverons là beaucoup plus d'hommes à assimiler aux bêtes qu'aux hommes; et, sous les climats habitables, tu en trouveras très peu qui soient raisonnables. Entre ces hommes raisonnables, si nous y regardons de près, ceux-ci pourront être appelés particulièrement raisonnables; mais ils ne seront désignés ainsi qu'en comparaison des autres qui sont très brutes, ainsi qu'on fait pour les femmes, dont nulle n'est traitée de sage que par comparaison avec les autres qui sont très folles. De plus, si tu regardes à l'intellection elle-même, surtout à celle qui s'exerce sur les Dieux, dis-je? sur les Dieux ! - si seulement tu regardes à l'intellection qui s'exerce sur les choses naturelles et soumises aux sens, tu la trouveras si obscure, si débile, que tu devras plutôt l'appeler ignorance... que connaissance. Ajoute combien peu de temps les hommes consacrent à l'exercice de l'intelligence, et combien ils en donnent à l'exercice des autres puissances!... Si bien qu'en vérité cette essence devient corporelle et corruptible et est à peine une ombre d'intellect 2. »

que

Il revient toujours à la nécessité des représentations ou images (phantasmata), qui, altérées ou détruites par

1. De Immort. animæ, cap. VII, p. 35.

2. De Immort. animæ, cap. VIII, p. 37 et 38.

la lésion des organes, amènent l'altération ou l'anéantissement de la pensée '.

Saint Thomas conclut à cette même nécessité, en s'appuyant sur le même argument de la perturbation ou de la destruction de l'intelligence par une lésion organique.

Il réserve seulement, au nom de la foi, la vie éternelle, où l'intelligence humaine échappe totalement aux conditions de l'existence terrestre 2.

Dès qu'on sort des conditions de l'intelligence en soi, on est ramené forcément à celles de la vie pour chacun des individus de chaque espèce. Les premières donnent l'unité, les secondes la multiplicité. Combinant ces deux points de vue, de l'Idéal et du Réel, Pomponace conçoit indivises et individualisées les virtualités pensante et

1. ... Necesse est intelligentem phantasma aliquod speculari : et experimur quoniam semper indigemus phantasmatibus, ut unusquisque experitur in seipso, et læsio organorum demonstrat. » De Immort. animæ, cap. VIII, p. 39.

2. (Voy. Summa, prim. part., quæst. LXXXII, art. VII; édit. de Bar-leDuc, t. II, p. 107.)

"...

Intellectus conjunctus corpori passibili non potest intelligere nisi convertendo se ad phantasmasta...

D...

Impossibile est intellectum nostrum, secundum præsentis vitæ statum quo passibili corpori conjungitur, aliquid intelligere in actu, nisi convertendo se ad phantasmata... Primo quidem, cum intellectus sit vis quædam non utens corporali organo, nullo modo impediretur in suo actu per læsionem alicujus corporalis organi, si non requireretur ad ejus actum actus alicujus potentiæ utentis organo corporali... Videmus enim quod, impedito actu virtutis imaginativæ per læsionem organi, ut in phrencticis, et similiter impedito actu memorativæ virtutis, ut in lethargicis, impeditur homo ab intelligendo in actu etiam ea quorum scientiam præaccepit. >>

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