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sentante de tout homme; il conçoit généralisées, partant éternelles, les conditions de vie en vertu desquelles le monde et l'humanité se développent. En ce sens l'homme est immortel, puisque toujours le soleil et l'homme engendrent l'homme. Autrement, ou bien l'infini serait donné par lui en acte, ce qu'Aristote nie partout ouvertement, ou bien il faudrait recourir aux vaines hypothèses de la Métempsycose ou de la Résurrection '.

Repoussant philosophiquement la solution catholique de la Résurrection et la solution pythagoricienne de la Métempsycose, comment, placé au point de vue d'Aristote, Pomponace accorderait-il la vie à l'âme séparée du corps?-L'âme est la forme du corps, l'intellect humain a besoin du corps comme de son objet. Notre auteur retourne sous toutes ses faces l'argument déjà développé :

1. C'est ainsi qu'après s'être couvert de l'autorité de saint Thomas, grâce à sa distinction entre les vérités théologique et métaphysique, notre philosophe en vient à nier philosophiquement la résurrection de la chair. Mais, ici encore, il peut s'abriter sous l'égide de l'orthodoxie. Le Docteur Angélique n'a-t-il pas soutenu, contre saint Jean Damascène et saint Grégoire, que la résurrection n'est pas un phénomène naturel, qu'au sens théologique, du moins, elle est l'effet d'un pur miracle?

« Nullum... principium activum resurrectionis est in natura, neque respectu conjunctionis animæ ad corpus, nec respectu dispositionis, quæ est necessitas ad talem conjunctionem; quia talis dispositio non potest a natura induci, nisi determinato modo per viam generationis ex semine. Unde etsi ponatur esse aliqua potentia passiva ex parte corporis, seu etiam inclinatio quæcumque ad animæ conjunctionem, non est talis quod sufficiat ad rationem motus naturalis. Unde resurrectio, simpliciter loquendo, est miraculosa, non naturalis, nisi secundum quid, ut ex dietis patet. »

(S. THOME AQUINATIS, edit. cit., t. VII, tertiæ partis Summ. theologic., supplement. quæst. LXXV, art. III, p. 681.)

Toute pensée de l'homme dépend de l'image ou représentation (a phantasmate).

Il admet d'ailleurs, comme Marsile, une chaîne continue d'esprits descendant du Premier Moteur au dernier animal. Il y a seulement entre eux cette différence essentielle, que la série des âmes indépendantes de leur corps, partant immortelles, étendue par le néo-platonisme jusqu'à l'homme inclusivement, s'arrête, selon l'autre théorie, après la dernière des intelligences sphériques. Qu'est-ce qui, en ce système aristotélicien, distingue donc l'homme de l'animal? Pomponace le sait au juste.

Il pose d'abord ce principe: - «< « Quodlibet cognoscens est actus corporis physici organici. Tout connaissant est l'acte d'un corps physique organisé; mais, ajoute-t-il, il l'est, tantôt d'une manière, tantôt d'une autre, aliter et aliter 1. »

«Dans les intelligents (supérieurs), il n'est pas d'acte corporel par quoi ils soient intelligences, parce que, pour comprendre ou désirer, ils n'ont aucunement besoin de corps; mais, en ce qu'ils font agir et meuvent les corps célestes, ils sont des âmes, ils sont les actes d'un corps physique organisé. Car une étoile est l'organe d'un ciel : tout orbe céleste est par son étoile. C'est pourquoi ces intelligents font agir un corps physique organique, et, bien qu'ainsi ils aient besoin d'un corps en tant qu'objet, en faisant agir et en mouvant, ainsi ils ne reçoivent rien du corps, ils lui donnent seulement. Mais l'âme sensitive est simplement l'acte du corps physique organique, et parce

1. De Immort. animæ, cap. IX, p. 54.

qu'elle a besoin du corps en tant que sujet, puisqu'elle ne peut s'acquitter de son office que dans un organe, et parce qu'elle a besoin du corps en tant qu'objet. Mais l'âme intermédiaire, qui est l'intellect humain, n'est en aucune de ses œuvres totalement affranchie du corps, et elle n'y est pas non plus totalement immergée. C'est pourquoi elle n'aura pas besoin du corps en tant que sujet, mais elle en aura besoin en tant qu'objet. Ainsi, placée en un mode moyen entre l'abstrait et le concret (INTER ABSTRACTA ET NON ABSTRACTA), elle sera l'acte d'un corps organique. Car les intelligences (supérieures), en tant qu'elles sont des intelligences, ne sont pas des âmes, en ce que d'aucune façon elles ne dépendent ainsi d'un corps; mais elles le sont en ce qu'elles meuvent les corps célestes. Mais l'intellect humain, dans toute son œuvre, est acte du corps organique, puisqu'il dépend toujours du corps en tant que celui-ci est son objet. La différence entre l'intelligence (supérieure) et l'intellect humain tient à la dépendance de l'organe, parce que l'intellect humain reçoit et s'accomplit par l'objet corporel, quand il est mu par lui. Mais l'intelligence ne reçoit rien du corps céleste, elle lui prête seulement. Enfin l'intellect humain diffère de la vertu sensitive par la dépendance du corps, parce que la vertu sensitive en dépend subjectivement et objectivement, et que l'intellect humain en dépend seulement objectivement. Et ainsi, en un mode mitoyen, entre les choses matérielles et les choses immatérielles, l'humain intellect est l'acte d'un corps organique. C'est pourquoi ce n'est pas d'une seule et même manière que les Corps célestes, les Hommes et les Bétes sont des Animaux, puisque ce n'est pas d'une seule et même manière que leurs ames sont les actes d'un corps physique organisé 1........... Hoc..... totum consonat naturæ quæ gradatim procedit 2. »

C'est presque la formule de Linné: Natura non facit saltus.

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Au-dessous de l'animal, la série se continue par le végétal: Vegetabilia enim aliquid animæ habent, cum in seipsis operentur. » Mais cette opération est toute matérielle (multum materialiter); car ils ne s'acquittent de leurs fonctions qu'au moyen des qualités premières; ces opérations se terminent à l'être réel 2.

Puis on distingue deux genres d'animaux. Les premiers n'ont que le tact et le goût, et une imagination indéterminée (indeterminatam). Les seconds semblent avoir quelque intellect, mécanique dans le castor, politique dans l'abeille; beaucoup, comme tant de récits en témoignent, montrent presque des vertus morales. Que d'hommes semblent même inférieurs en intelligence à certaines bêtes! En celles-ci, parmi les forces de la sensibilité, une force cogitative se produit, amenant quelques notions générales, quelque distinction d'individus et d'espèces. Au-dessus de cette virtualité cogitative et immédiatement au-dessous du dernier être immatériel, il faut placer l'intellect humain. Participant des deux termes qu'il sépare, s'il n'a pas besoin du corps comme sujet, il en a besoin comme objet le corps est son mode essentiel et inséparable. Aussi doit-on ranger absolument cet intellect parmi les formes matérielles 3.

L'analyse est rigoureuse, la conséquence aussi : –

1. De Immort. animæ, cap. IX, p. 64. 2. De Immort. animæ, cap. IX, p. 64. 3. De Immort. animæ, cap. IX, p. 64.

« Tantum cum mortalibus conversatur (intellectus humanus) 1. »

Ses conditions, ses fins, sont mortelles, ou il faut dire avec les anciens que les hommes deviennent des Dieux, sont ravis au ciel, fable qui ne se justifie que par son utilité !

Il faut bien saisir ce que Pomponace entend, quand il dit l'âme humaine immortelle secundum quid. Il tient, du reste, à dissiper toute équivoque : — L'âme est improprement appelée immortelle elle est réellement mortelle. Son immortalité ne saurait s'entendre que de sa participation aux propriétés de l'immortalité par une connaissance, d'ailleurs très faible et très obscure, de l'universel. Les animaux supérieurs n'ont pas cette notion, et c'est leur seule différence avec l'homme.

<< Etsi improprie dicatur immortalis, quia vere mortalis est, participat tamen de proprietatibus immortalitatis, cum universale cognoscat, tametsi ejusmodi cognitio valde tenuis et obscura sit; non sic autem est de cane et lepore quantum ad istam operationem 3. »

Comparé aux intelligences (supérieures), notre intellect n'est qu'une ombre ... On ne l'appelle pas avec vérité intellectuel, on doit plutôt le dire rationnel; car l'intellect simple saisit tout par intuition, mais le raisonnement (ratiocinatio) comprend par déduction, composition, et avec le temps : toutes

1. De Immort. animæ, cap. IX, p. 65. 2. De Immort. animæ, cap. IX, p. 65. 3. De Immort, animæ, cap. XI, p. 90. 4. De Immort, animæ, cap. XII, p. 90.

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