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Remarquez que, dans cette théorie, les astres, puissances supérieures, ont des sentiments et des volontés. Admise l'hypothèse, il n'y a rien d'antiscientifique à ce que leur action sur les phénomènes subordonnés se traduise par des vouloirs, des amours, des antipathies.

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Pomponace est de l'avis du scolastique Occam, « qu'il > ne faut pas multiplier inutilement les êtres ». Si certains faits s'expliquent par l'influence sidérale, pourquoi les attribuer à des démons et à des génies?

« Ce que les Platoniciens appellent le génie ou le démon familier d'un homme, n'est, d'après les Péripatéticiens, que sa Génitale (genitura), l'influence résultant de la constellation sous laquelle il est né... Si l'on peut expliquer cette influence sans multiplier les démons et les génies, il est superflu de le faire: cela est contraire à la raison2. »

« Corpora ergo cœlestia secundum suas virtutes hæc miranda producunt pro mortalium utilitate, et maxime hominum, cum Divinitatis humana natura sit particeps 3. »

Ce sont d'ailleurs de drôles de corps, ces corps, ou plutôt les intelligences qui les meuvent. Par elles, les objets inanimés, les bêtes parlent; on entend dans l'air des voix humaines ; les mamelles d'un bouc, dans l'île de Lemnos, donnent du lait en abondance, présage

1. Voy. RENAN, Averroes.

2. De Immort. animæ, cap. XIV, p. 130. 3. De Immort. animæ, cap. xiv, p. 130. 4. De Immort. animæ, cap. XIV, p. 131.

d'un accroissement de fortune pour le maître de l'animal. Celui-ci devient bientôt fort riche'. Il faut savoir, du reste, que ce sont les astres qui font parler les perroquets, les pies, les corbeaux, les merles. Que ne font-ils pas? Saint Thomas prétend que les Anges émettent des sons dans les airs au moyen d'un corps aérien condensé en simulacre. Mais les corps célestes, par leurs vertus, et les conjonctions des étoiles produisent ces phénomènes et de bien plus étonnants encore: prestiges transformant une plante, une pierre en animal, enfants parlant dès leur naissance, comme il advint au fils d'un calife; HalyEberangel raconte le fait dans son livre des Nativités.

« Notre roi, dit cet astrologue, nous manda un jour, parce qu'une de ses femmes venait d'accoucher d'un fils. L'horoscope fut: Ascendant, 8 degrés de la Balance; terme de Mercure; présence de Jupiter, de Vénus, de Mars et de Mercure. Il y avait là une réunion d'astrologues, dont chacun dit son opinion. Je me taisais; alors le roi : Qu'as-tu? Que ne parles-tu pas? Je répondis : Donnez-moi un délai de trois jours; si votre fils passe le troisième jour, il s'accomplira par lui un grand miracle. Lorsque le nouveau-né eut vécu vingt-quatre heures, il commença à parler et à faire des signes avec la main, et le roi eut grand peur. Je repris alors: Il est possible qu'il dise quelque prophétie et fasse quelque miracle. Alors avec le roi je fus près de l'enfant, et l'enfant dit: Je suis né misérable, je suis né pour annoncer la perte du royaume d'Agédeir et la destruction de la race d'Alman. Et aussitôt il tomba et mourut. Et ce qu'il avait dit arriva 2. »

1. De Immort. animæ, cap. XIV, p. 130.
2. De Immort. animæ, cap. XIV, p. 132-133.

Pomponace se pose cette alternative: Cet enfant parla-t-il de lui-même, ou sous l'influence d'un esprit (per spiritum)?

S'il avait parlé sous une telle influence, Haly n'aurait pu prévoir ce prodige par l'astrologie. Donc l'enfant s'exprima de lui-même, et non par suite d'un renseignement reçu de quelque homme.

Ex se, id est ab intrinseco, et non per cognitionem quam habuit ab aliquo homine. Ergo ex virtute intelligentiarum et corporum cœlestium, quare et in aliis sic potest contingere. »>

Comme les autres phénomènes cités, ce fait peut se reproduire. Il n'est donc pas le résultat d'une volonté arbitraire, miraculeuse. Au même titre que les autres phénomènes plus communs et mieux connus, il dépend de lois fixes et naturelles. Il en est ainsi de l'inspiration des Bacchantes, des Sibylles. « Omnes qui divino spiraculo instigari creduntur, impetu inducuntur. » Certaines maladies amènent des effets analogues, témoin << cette femme sans lettres, qui, sous l'empire d'une › affection mélancolique, parlait parfaitement le latin. » Guérie, elle l'avait oublié. Tout cela ne peut se » faire que par un certain rapport du corps avec le >> mouvement des astres '... Mais tout cela s'accomplit avec ordre (ordinate), en son temps, en son > lieu et par des causes déterminées... Ce qui nous

1. De Immort. animæ, cap. XIV, p. 134.

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» semble indéterminé provient de notre ignorance'. » Quant aux songes, ils ne prouvent pas plus que les apparitions l'existence des âmes après la mort. Mais ils dépendent de la providence des Dieux qui, par des signes, gouverne et enseigne l'humanité o.

Sixième objection. «On sait par des écrits et des expériences nombreux que quelques individus sont tourmentés par des démons, qui révèlent le passé et l'avenir et déclarent être les âmes de certains défunts 3. »

Ceux qu'on nomme démoniaques ne sont pas possédés d'un esprit : l'impression céleste les domine. Ainsi, à leur insu, des fous, des malades, des ignorants, des oiseaux, recevant le mouvement des astres, découvrent l'avenir.

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Septième objection. « Aristote semble établir l'immortalité des âmes... Il dit en effet (Économ.) qu'Alceste et Pénélope, demeurées fidèles parmi des pervers, se préparèrent une immortelle gloire, qu'elles furent justement honorées par leurs maris, et qu'elles ne furent pas sans récompense de la part des Dieux 3. »

1. De Immort. animæ, cap. XIV, p. 131.

2. De Immort. animæ, cap. XIV, p. 134.

3.

Multa leguntur, et experientia sentiuntur, quod quidam a dæmonibus vexantur, qui et præterita et futura prænuntiant, referuntque se esse animas aliquorum defunctorum. » (De Imm. animæ, cap. XIII, p. 102-103.) 4. De Immort. animæ, cap. XIV, p. 135-136.

5. « Aristoteles videtur ponere animas immortales, ... lib. II Econom., cap. II; sermonem faciens de Alceste et Penelope dicit quod factæ in malis fideles sibi præparaverunt gloriam immortalem, et juste a viris honoratæ sunt, neque a Diis sunt immeritæ. »>

(De Immort. animæ, cap. XIII, p. 103.)

<< Aristote entend que, par leur conduite, Alceste et Pénélope ont bien mérité des Dieux dans cette vie. Il ne dit pas, en effet, qu'elles ont bien mérité d'eux après la mort. S'il emploie cette expression, elle se rapporte à leur gloire qui dure après elles, ou il en use pour exciter les autres femmes à imiter ces héroïnes 1. »>

Huitième objection. « Tous les partisans de la mortalité de l'âme furent et sont des hommes très impies et très déshonnêtes, comme Épicure, Aristippe, Lucrèce, Diagoras, et tous ceux dont la conscience est tourmentée par de criminels attentats. Au contraire, tous les hommes saints et justes, dont la conscience est immaculée, affirment que l'âme est immortelle . »

Terminons ces citations prolongées, mais nécessaires, par ce passage d'une haute élévation morale:

Les hommes impurs ne posent pas toujours la mortalité, les hommes purs ne posent pas toujours l'immortalité. Car nous voyons manifestement beaucoup de méchants croire, mais être séduits par les passions; nous savons aussi que beaucoup d'hommes saints et justes ont admis la mortalité de nos âmes. Car Platon, au premier livre de la République, dit que le poète Simonide fut un homme excellent et divin, et que pourtant il assurait que l'âme est mortelle. Homère aussi, comme Aristote

1. De Immort. animæ, cap. XIV, p. 136-137.

2.

Omnes hujus sententiæ sectatores fuerunt et sunt viri impiissimi et scelestissimi, sicut Epicurus ignavus, flagitiosus Aristippus, insanus Lucretius, Diagoras dictus Athenis Epicureus, bestialissimus Sardanapalus, et omnes quorum conscientia premitur a flagitiosis criminibus. At contra viri sancti et justi quorum immaculata est conscientia, asseveranter eam immortalem pronuntiant. » (De Immort. animæ, cap. xiv, p. 103.)

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