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Pour ce qui eft des autres Rits & des autres prieres qui, fans être abfolument essentiels pour la validité des Sacremens, s'obfervent néanmoins dans leur adminiftration: plufieurs font de la premiere antiquité; toute l'Eglife les observe uniformément ; on n'en trouve le commencement ou l'origine dans aucun Concile postérieur au tems des Apôtres, & par confequent, felon la remarque de faint Augustin, on doit les respecter, comme étant de Tradition Apof tolique. Tels font, entr'autres chofes, les exorcifmes qui se font au Baptême, & la plupart des prieres qui compofent la Liturgie. Car quoiqu'il y ait quelque diverfité dans l'arrangement & dans la forme de ces prieres, le fond en est le même par-tout. Aussi l'Eglife se fait-elle une loi de conferver inviolablement ces ufages fi anciens & 'fi autorifés; les faints Docteurs en ont fouvent tiré des armes triomphantes, pour repouffer les Hérétiques de leur tems, & pour venger les vérités attaquées, en montrant qu'elles avoient toujours été crues & professées.

Il est enfin certaines Cérémonies & certaines prieres qui ne font ni auffi anciennes, ni auffi univerfellement ufitées que celles-là. Chaque Eglife Nationale, & même chaque Province Eccléfiaftique a des ufages, des Rits, des Réglemens qui lui font propres ; & loin que cette diverfité en des chofes de pure difcipline porte aucun préjudice à l'unité de la Foi, ou à la regle des Mœurs, elle contribue au contraire à les faire éclater davantage, parce que ces différens ufages fuppofent tous la croyance des mêmes vérités, & tendent à un

but commun.

S. Jerôme établit fur cela deux principes: l'un, que chaque Eglife peut avoir fes usages particuliers, fans préjudice de la Foi; l'autre, que chaque Eglife doit respecter & maintenir ceux qui font en vigueur dans fon fein.,, Les Traditions Eccléfiaftiques, dit ce Pere, ,, lorfqu'elles n'ont rien de contraire à la Foi, doivent être obfervées telles qu'elles nous ont été laiffées par nos peres ; il n'eft pas permis

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Soiffons. Tome I.

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de rejetter ni de blâmer ce qui se pratique dans certaines Eglifes particulieres, fous prétexte qu'il eft différent de ce qui s'observe d'autres Eglifes... Qu'en ces fortes de chofes chaque Province ait la liberté d'abonder en fon fens, & qu'elle s'attache aux Réglemens de fes Peres, comme fi c'étoient des Loix faites par » Apôtres (a).

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les

Il n'eft donc pas au pouvoir de tout particulier, ni de tout Prêtre ou Curé, de changer les Rits & les Cérémonies ufitées dans le Diocèfe où il fe trouve : fi cela étoit, que deviendroit l'harmonie qui doit regner entre les différens membres du Clergé d'un même Diocèfe? A quel danger l'unité même de la Foi ne feroit-elle pas expofee, fi chacun fe donnoit la liberté d'introduire dans le culte public de nouvelles pratiques, ou de s'écarter de celles qu'une coutume ancienne ou l'autorité des Supérieurs a fixées ?

Laregle que S. Auguftin prefcrit à ce sujet, & qu'il dit avoir apprife de S. Ambroife, eft de fe conformer à ce qui est d'ufage dans les lieux où l'on arrive;,, car, ajoûte-t-il, ce qui n'a rien de con

traire à la Foi ni aux bonnes mœurs, doit être mis au nombre des », chofes indifférentes; & l'égard qui eft dû à la fociété où l'on ,, vit, demande qu'on ne s'écarte pas de ce qui s'y trouve établi (b).

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Cette conduite fi fage & fi nécessaire pour le bon ordre, eft prefcrite formellement en plufieurs Conciles. Le fecond Concile de Mi

(a) S. Hier. Ep.52. al. 28. ad Lucinium. Ego illud breviter te admonendum puto Traditiones Ecclefiafticas ( præfertim qua Fidei non officiant) ita obfervandas, ut à Majoribus traditæ funt: nec aliarum confuetudinem, aliarum contrario more fubverti; unaquæque Provincia abundet in fuo fenfu, & præcepta Majorum, Leges Apoftolicas arbitretur.

. (b) Aug. Ep. 54. al. 118. ad Januarium, cap. 2. n. 2. Alia verò quæ per loca terrarum, regionefque variantur... totum hoc genus rerum liberas habet obfervationes; nec difciplina ulla eft in his melior gravi prudentique Chriftiano, quàm ut co modo agat quo agere viderit Ecclefiam ad quam fortè devenerit; quod enim neque contra Fidem, neque contra bonos mores effe convincitur, indifferenter eft habendum & propter corum inter quos vivitur focietatem, fervandum eft.

leve (a) ordonne de fuivre par-tout les mêmes formules de prieres foit à la Meffe, foit dans l'administration des Sacremens, & défend de fe fervir dans les Eglifes d'aucune autre priere que de celles qui font reçues & approuvées, de peur que par ignorance ou par défaut d'attention, il ne fe glisse quelque erreur contre la Foi.

Celui de Mayence de l'an 813. * veut aussi que l'administration *Conc. Modes Sacremens fe fasse d'une maniere uniforme, & avec un parfait gunt. can. 4. concert dans toutes les Paroiffes, & qu'on y fuive l'ordre prescrit par le Rituel, concorditer atque uniformiter in fingulis Parochiis; uniformité que le B. Agobard, Evêque de Lyon, étend gé néralement à tout ce qui eft du Service public, aux Prieres, aux Leçons, & au Chant même (b).

Aussi a-t-on toujours été perfuadé qu'un des premiers devoirs des Evêques eft de veiller, non-feulement à ce que la regle de la Foi ne fouffre pas la moindre atteinte dans leurs Diocèfes, mais encore ày maintenir une parfaite uniformité de Rits & de Cérémo nies dans l'Office Divin, dans l'administration des Sacremens, & dans tout ce qui concerne le culte extérieur & public de la Religion. Le droit qui nous appartient incontestablement en qualité de premiers Pasteurs, de déterminer la forme des Prieres, & les Rits qui doivent être obfervés dans nos Diocèfes, ne nous rend pas maîtres de changer arbitrairement, & fans de fortes raifons, les ufages prefcrits par nos Prédécesseurs, reçus avec approbation, & pratiqués avec édification. Le Pape (c) Innocent I. fe plaignoit de

les

(a) Conc. Milev, an. 416. can. 12. Preces, vel orationes, feu Miffe quæ probatæ fuerint in Concilio, five præfationes, five commendationes, five manuum impofitiones ab omnibus celebrentur. Nec alia omnino dicantur in Ecclefiâ, nifi quæ à prudentioribus tractatæ, vel comprobata in Synodo fuerint; ne fortè aliquid contra Fidem vel per ignorantiam, vel per minus ftudium fit compofitum.

(b) L. de Correct. Antiphon. n. 19. Juxta probatiffimam Fidei regulam, & paternæ autoritatis venerabilem difciplinam, una à nobis atque eadem cuftodiatur forma orationum, forma lectionum, forma ecclefiafticarum modulationum.

(c) Innoc. I. Epift. 1. Præfat. Dum unufquifque non quod traditum eft, fed quod fibi vifum fuerit hoc putat effe tenendum, inde diverfa in diverfis locis vel Ecclefiis, aut teneri, aut celebrari videntur,

fon tems de ce que plufieurs Prélats, au lieu de s'en tenir à ce qu'ils trouvoient établi par la Tradition de leur Eglife, dreffoient à leur gré de nouveaux Réglemens; de là vient, ajoûtoit-il, qu'on voit dans différentes Eglifes une fi étonnante diverfité d'ufages & de

conduite.

Plus l'autorité Epifcopale eft éminente, plus nous devons être attentifs à n'en ufer qu'avec retenue & modération, à ne rien ordonner légerement ou par efprit de domination; à fuivre en tout les faints Canons; à respecter les fages Ordonnances de nos Prédéceffeurs, & à écouter les juftes représentations de ceux que Dieu nous a donnés pour coopérateurs dans le gouvernement & l'enseignement des Peuples.

Tels font, mes chers Freres, les principes que nous avons fuivis dans la compofitition du Rituel que nous vous donnons aujourd'hui ; nous nous fommes fait une loi de nous conformer, autant qu'il nous a été poffible, à la vénérable antiquité & aux ufages de ce Diocèfe, de prendre fur-tout pour modéles les anciens Rituels de cette Province, & d'éviter avec foin tout ce qui auroit pû sentir la nouveauté, ou émouvoir les efprits.

En même tems que nous vous prescrivons la forme extérieure que vous devez fuivre dans les fonctions du faint Minifière, nous avons cru qu'il étoit de notre devoir de vous expofer la doctrine de l'Eglife fur chacun des Sacremens, & les régles que vous devez obferver pour en être de prudens & fideles dispensateurs. Rien ne peut vous être plus utile, que d'avoir fans ceffe entre les mains & fous les yeux un abrégé exact des vérités que vous devez enfeigner aux autres, & des principes qui doivent vous diriger dans la conduite des

ames.

Par la lecture affidue que vous ferez de ces vérités, vous reconnoîtrez, mes chers Freres, que notre principale attention a été de ne rien dire de nous-mêmes, mais de vous tranfmettre dans toute

fa pureté & fon integrité le dépôt inviolable que nous avons reçu de nos peres dans la Foi. Vous verrez que tout ce que nous vous propofons eft tiré des fources pures de l'Ecriture & de la Tradition. Nous avons même eu l'attention, pour l'ordinaire, l'ordinaire, de citer les Auteurs qui nous ont fervi de guides, afin que les vérités faintes que nous rappellons à votre fouvenir entrent fans réfiftance dans vos ef prits, par le respect dont vous êtes pénétrés pour les hommes Apoftoliques, dont nous nous faifons gloire de n'être

que

l'écho.

Quoique cette portion de notre Rituel, que vous regarderez fans doute comme la plus importante, ne foit que d'une assez médiocre étendue, les principes qu'elle contient nous ont néanmoins paru fuffifans, non-feulement pour nourrir votre piété, mais encore pour lever la plupart des difficultés qui fe rencontrent dans le gouvernement fpirituel. Nous vous recommandons de vous attacher. avec d'autant plus de fidélité aux décifions qui y font renfermées; que nous avons eu foin, comme il vous fera aifé de vous en convainde les appuyer, non fur le fable mouvant des opinions humaines & des Cafuiftes modernes, mais fur le fondement inébranlable de la Loi de Dieu, des Décrets des Conciles, & de la doctrine des Peres.

cre,

Il ne nous reste plus à cet égard, M. C. F. que de vous exhorter à entrer dans toutes les vûes que nous avons eues en vous adressant ce Rituel. Ce n'eft pas assez que vous obferviez littéralement les formules de prieres & les Rits qui vous y font preferits, fi la maniere de vous en acquitter n'annonce pas la vénération intérieure dont vous devez être pénétrés pour les Myftères dont la difpenfation vous a été confiée. Nous ne nous contenterons pas de vous dire que vous ne sçauriez éviter avec trop de foin dans l'exercice de vos fonctions, cette précipitation plus qu'indécente,& cet air diffipé bien plus propres à étouffer dans les ames les fentimens de refpect dûs aux Sacremens, qu'à les y exciter: mais nous vous dirons qu'il

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