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RICHE (CLAUDE-ANTOINE-GAS- de Paris : il avait reconnu les hau

PAR), né à Chamelet en Beaujolais, le 20 août 1762, fit ses premières études à Toissei, en Dombes, dans un college que les bénédictins y avaient établi à l'instar de celui de Sorèze. On sait que l'enseignement de ces colléges comprenait, indépendamment des langues anciennes et des humanités, les sciences physiques et mathématiques, et les diverses branches des arts libéraux. Riche manifesta, de très-bonne heure, un goût extrêmement vif pour l'histoire naturelle: Riche de Prony, son père, ancien magistrat, membre du parlement de Dombes, voyait avec peine ou inquiétude ce goût naissant, et ne l'encourageait pas. Il avait déjà fait beaucoup de difficultés pour permettre au frère aîné de Riche, d'entrer à l'école des ponts. et-chaussées; et cependant les obstacles qu'il mettait aux desirs de ses enfants, tenaient à sa tendresse pour eux. Ces obstacles enssent été facilement levés s'il lui fût resté assez de fortune pour procurer à chacun d'eux une existence indépendante. Lorsque ce bon père fut enlevé à sa famille. Riche de Prony, son fils aîné, qui en devenait le chef, était ingénieur des ponts-et-chaussées à la résidence

XXXVIII.

tes dispositions de Claude Riche pour les sciences naturelles, et il regarda comme un des premiers devoirs qui lui étaient imposés, celui de n'épargner aucun des sacrifices qu'exigerait l'entier développement de ces dispositions. Claude Riche, qui était alors à Lyon, conçut le projet d'aller suivre les cours des savants professeurs de l'université de Montpelier, en s'y appliquant principalement aux scien ces accessoires à la médecine, et surtout à l'histoire naturelle et à la physique son ardeur de savoir l'embrasait à un tel point qu'avant de consulter ni de prévenir personne, il fit le voyage, sans songer à assurer ses moyens d'existence quand il serait arrivé. Son frère aîné parcourait l'Angleterre, à cette époque; et Claude Riche allait se trouver dans le plus grand embarras. Mais sa belle-sœur, dès la première nouvelle qu'elle eut de son arrivée imprévue à Montpelier, s'empressa de fournir à tous ses besoins. Libre de se livrer sans réserve à sa passion pour l'étude, Riche fit bientôt connaître ce qu'il pouvait devenir un jour; et ses succès furent tels, qu'au bout de trois ans (juin 1787), à la suite de plusieurs épreuves publiques, et déjà au- ›

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teur de Mémoires importants, il fut reçu docteur en médecine, avec la plus grande distinction. Au mois de mai précédent, l'académie de Montpelier l'avait nommé son associécorrespondant, par une dérogation expresse à ses réglements, qui lui défendaient d'admettre aucun étudiant en médecine. Son mérite scientifique, sa bonne conduite et une grande amabilité de caractère, lui avaient concilié, dès les premiers mois de son séjour à Montpelier, l'estime et l'amitié des savants les plus distingués de cette ville. Il parcourait, de temps à autre, les montagnes du Languedoc, où il se livrait à des examens de botanique et de géologie. Dans une de ces courses, une inflammation de peau se manifesta sur son bras et son épaule gauches; et, ne voulant pas interrompre ses observations, il fit, par une application fatale de ses connaissances en médecine, disparaître subitement l'éruption. On attribue à cette imprudence les maux de poitrine qui ont abrégé sa vie. L'altération croissante de sa santé l'obligea, à la fin de 1787, de retourner à Lyon, où ses deux sœurs s'empressèrent d'employer tous les moyens capables d'opérer son rétablissement. Le séjour de Lyon ne fut pas sans utilité pour ses travaux; mais c'était à Paris qu'il brûlait de venir mettre à profit les immenses ressources qu'offre cette capitale : il y arriva sur la fin de l'année 1788. L'emploi qu'il y fit de son temps, ne fut pas simplement restreint à l'accroissement de ses connaissances, mais fut signalé par des services qu'il rendit aux sciences. Nous allons faire connaître un des plus importants de ces services, en empruntant les expressions de M. Cuvier : << Les talents de Riche et ses qualités

>> aimables lui concilièrent particu» lièrement l'estime et l'affection de >> deux hommes les plus remarquables » de notre siècle, Fabricius et Vicq» d'Azir. Le premier ne parle encore » aujourd'hui (1797) de son ami qu'a» vec les expressions des plus ten» dres regrets. Vicq-d'Azir l'associa » à ses travaux, et doit à son assi>> duité une bonne partie de ce qu'il » a publié dans l'Encyclopédie mé»>thodique. On peut même dire que >> sans ses secours, il n'aurait peut» être pas entrepris un pareil ouvra»ge. Plus anatomiste et plus physio>>logiste que Riche, il était beaucoup » moins naturaliste, et ne connais>> sait point assez le tableau général » des êtres; il avait besoin qu'un >> homme en état de lui indiquer à » quelles espèces il devait principale»ment appliquer son scalpel, le

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guidât, dans ce labyrinthe. Dau>> benton l'avait fait pour les qua» drupèdes et les oiseaux; Riche » le fit pour le reste. C'est lui qui » est l'auteur des Tableaux méthodiques qui précèdent l'Anato» mie comparée: celui où les êtres » sont classés d'après leurs divers » degrés de composition, et ceux » qui présentent les vers et les insec>> tes considérés sous divers rap» ports, durent être bien accueillis >> des naturalistes philosophes, et le >> furent en effet, dans un temps où » les idées sur lesquelles ils reposent »> n'étaient point encore familières. >> Nous avons encore aujourd'hui les >> brouillons originaux de ces Ta» bleaux, écrits et corrigés de la » main de Riche. Aussi Vicq d'Azir » lui rendit-il toujours une justice » éclatante. Il le loue plusieurs fois, >> dans ses écrits; et il avait coutu» me de dire que ce serait Riche qui » le remplacerait. Il était bien loin

» de croire alors que ce jeune savant » le suivrait de si près dans la tombe.» Nous devons ajouter aux noms de Fabricius et de Vicq-d'Azir, le nom d'un autre ami de Riche, qui fait trop d'honneur à sa mémoire pour que nous l'omettions, celui de l'illustre auteur du fragment que nous venons de citer. MM. Cuvier, Riche et plusieurs autres savants, jeunes à l'époque où la révolution française était près d'éclore, ou même commencée, prévoyant des orages, dont les effets sur la marche de l'esprit humain pouvaient être funestes, se réunirent pour former une société occupée exclusivement des sciences physiques et mathématiques, et ayant une existence independante des événements politiques. C'est à cette heureuse réunion que nous devons la société philomathique, dont Riche a été le premier secrétaire, et qui, continuant, avec autant de zèle que d'assiduité, ses travaux et ses publications, au milieu des plus violents orages révolutionnaires, et lorsque les compagnies savantes qui dépendaient du gouvernement, étaient supprimées, a conservé, dans toute sa pureté et sa force, le feu sacré, qu'on aurait pu croire, à certaines époques, éteint pour jamais. Cependant, malgré la guérison, presque miraculeuse, d'une maladie grave que Riche avait essuyée à son arrivée à Paris, sa santé n'était pas complètement rétablie. Il souffrait toujours de la poitrine ; et l'avis des hommes de l'art fut qu'un changement de climat lui devenait nécessaire, et que l'air de la mer, respiré dans un pays chaud, lui serait très-favorable. Une expédition maritime, ordonnée pour aller à la recherche du célèbre et infortuné La Pérouse, lui fournit, avec l'occasion d'employer ce moyen cu

ratif, celle de satisfaire sa passion pour l'exploration de la nature. Sur un appel fait aux naturalistes, par le ministre de la marine, Riche se présenta: ses offres furent acceptées avec enthousiasme; et, dès cet. instant, il se mit à méditer profondément le plan de ses opérations : « Ce plan (dit M. Cuvier ) existe en>> cote; il est extrêmement vaste, et >> il embrasse, de la manière la plus complète, toutes les observations » que l'on pourrait faire dans un pa>> reil voyage, si l'on était secondé >> par les hommes, et surtout par le » temps. II prouve à-la-fois l'éten>> due de l'esprit de son auteur et son » peu d'expérience sur les obstacles >> innombrables que l'on rencontre » dans de semblables expéditions.

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Aussi dit-il quelque part, dans » ses journaux, qu'un voyage au » tour du monde n'est qu'un essai » pour apprendre à voyager. » L'expédition, qui avait pour commandant en chef D'Entrecastcaux, était composée des deux frégates, la Recherche et l'Espérance: Riche devait monter ce dernier bâtiment. Il avait, pour collègues naturalistes, Ventenat, M. La Billardière, Deschamps et Blavier. On appareilla, le. 28 sept. 1791, à midi; et le 13 octobre suivant, on mouilla à SainteCroix de Ténériffe. Riche, Blavier et La Billardière, entreprirent le voyage du Pic: mais les deux premiers restèrent suffoqués en route; La Billardière arriva, seul, au sommet. Le 17 janvier 1792, l'escadre mouilla dans la rade du Cap. Riche en faisant le trajet, depuis SainteCroix, avait rassemblé un grand nombre de faits nouveaux sur les poissons, les vers, et leur anatomie. Parti du Cap, le 16 février, il se trouva, le 28 mars, au milieu de la

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mer des Indes, entre les îles SaintPaul et Amsterdam, apercevant sur cette dernière, des bouches à feu d'une grandeur considérable, situées dans les terrains les plus bas, qui lui parurent des volcans nouvellement ouverts l'impossibilité d'aborder lui donna le regret de ne pouvoir pas vérifier ses conjectures. L'escadre, continuant sa route presque en ligne droite de l'ouest à l'est, arriva, le 21 avril, dans la baie des Tempêtes, terre de Van-Diemen, qu'on regardait alors comme formant la pointe méridionale de la Nouvelle-Hollande. On lit, dans la relation du Voyage d'Entrecasteaux : « Elle (la baie des >> Tempêtes) n'avait point été visitée; » et sa position, sur la côte méri» dionale de la Nouvelle-Hollande, >> rendait cette reconnaissance extrê» mement importante. » Riche, pendant le séjour de plus d'un mois qu'il fit sur cette terre, alors presque inconnue, employa tous ses instants et toutes ses forces à remplir l'objet de sa mission : le sol, les eaux, les forêts, etc., rien n'échappait à son attention scrutatrice. Les habitants avaient fui, à l'approche des Européens, et abandonné des huttes auxquelles ils ne paraissaient pas tenir beaucoup; Riche y aperçut des débris de repas, composés d'ossements humains fraîchement décharnés, et reconnut avec surprise et douleur, << que l'homme n'en est pas meilleur » pour être plus près de l'état de na»ture. Cette pointe de terre, dit » M. Cuvier, qui ressemble beau> coup à celle qui termine l'Afrique » par sa forme générale, et qui en » differe peu par sa latitude, pré->senta encore à Riche des rapports frappants avec le Gap, par sa lithologie, ses roches et son sol, » ayant les mêmes substances, et des

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poissons, en mollusques, en coquil» lages. Non content de les recueil» lir, il les disséquait, il en décri>> vait l'organisation, il faisait des >> réflexions sur leurs rapports et sur » leur physiologie; et cette portion » de son journal contient beaucoup » de faits neufs et piquants...... » Ce fut dans ce détroit (celui qui

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sépare la baie des Tempêtes de » celle de l'Aventure), que Riche >> reconnut une nouvelle cause de >> l'état lumineux de la mer dans une » espèce, non encore décrite, de » Daphnia, très-phosphorescente. » L'escadre, après avoir quitté la baie des Tempêtes, le 28 mai 1792, découvrit, au mois de juin suivant, la côte occidentale de la Nouvelle-Calédonie, qui n'avait point encore été reconnue, mais sans pouvoir y aborder le 17 juillet suivant, elle relâcha au port Carteret, dans la Nouvelle Irlande, à une latitude méridionale moindre que cinq degrés; aucun naturaliste français n'avait encore observé aussi près de l'équateur: « Riche y décrivit beaucoup d'ani» maux et de coquilles, objet d'au» tant plus précieux que nous n'a» vions jusqu'ici, sur les espèces » testacées de la zone torride, que » les figures, peu nombreuses, d'A» danson, et celles, peu fidèles, de >> Dargenville. » Le port Carteret fut abandonné le 24 juillet 1792, et l'ou arriva, le 6 septembre, a Amboine. Riche éprouva, dans le trajet, des contrariétés très-nuisibles à ses observations, et qui tenaient à

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