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noncer que leurs compatriotes, d'abord animés du même esprit d'insurrection qui en a déjà fait retirer trois cents d'entre eux à Héraclée, et mécontens de voir leur chef éloigné au moment du combat par la jalousie de ses collègues, ne prendront aucune part à l'action. Cette nation perfide tint parole cette fois. Ainsi les Romains sentirent leur ardeur s'accroître à la nouvelle, qu'on fit aussitôt circuler de rang en rang, que l'ennemi était abandonné de la cavalerie qui le rendait si redoutable; et la terreur glaça les Carthaginois, parce qu'ils étaient privés de la plus grande partie de leurs forces, et en péril d'être attaqués eux-mêmes par leurs Numides. Aussi le combat ne fut pas long; le premier cri, le premier choc décidèrent le succès. Les Numides, pendant l'engagement, se tinrent tranquilles sur les ailes, et, au commencement de la déroute de l'armée carthaginoise, l'accompagnèrent quelque temps dans sa fuite; mais lorsqu'ils la virent gagner précipitamment Agrigente, dans la crainte d'avoir un siège à soutenir, ils se répandirent çà et là dans les villes voisines. On prit et l'on tua plusieurs milliers d'hommes, ainsi que huit éléphans. Tel fut le dernier exploit de Marcellus en Sicile; le vainqueur rentra ensuite à Syracuse. On touchait à la fin de l'année; un décret du sénat de Rome chargea le préteur P. Cornelius d'écrire aux consuls, alors devant Capoue, que, vu l'éloignement d'Annibal, et le peu de danger que courait l'armée de siège, l'un d'eux pouvait venir à Rome, pour l'élection des nouveaux magistrats. Au reçu de cette lettre, ils décidèrent entre eux que Claudius irait présider les comices, et que Fulvius resterait devant Capoue. Claudius nomma consuls Cn. Fulvius Centumalus et P. Sulpicius Galba, fils de Servius,

ret. Consules Claudius creavit Cn. Fulvium Centumalum et P. Sulpicium Servii filium Galbam, qui nullum antea curulem magistratum gessisset. Prætores deinde creati, L. Cornelius Lentulus, M. Cornelius Cethegus, C. Sulpicius, C. Calpurnius Piso. Pisoni jurisdictio urbana, Sulpicio Sicilia, Cethego Apulia, Lentulo Sardinia evenit. Consulibus prorogatum in annum imperium est.

qui n'avait pas encore exercé de magistrature curule. Ensuite on élut préteurs L. Cornelius Lentulus, M. Cornelius Cethegus, C. Sulpicius, et C. Calpurnius Pison. Ce dernier fut chargé du soin de rendre la justice dans Rome; Sulpicius obtint pour département la Sicile, Cethegus l'Apulie, et Lentulus la Sardaigne. Les consuls eurent pour une année une prolongation de commandement.

NOTES

DU LIVRE XXV.

II

CHAP. XI. « Comment leur (aux galères) ouvrir une issue, pour gagner le large? Je l'ouvrirai,» reprit Annibal..... C'est à deux Barbares, l'un venu de l'Afrique, l'autre de l'Asie (Annibal et Mahomet 11), que nous devons l'étonnant spectacle de vaisseaux naviguant par terre, lorsque la mer leur était fermée. Le premier fait transporter sur des chariots les navires des Tarentins; et, en peu de jours, leur flotte fait le tour de la citadelle, et vient jeter l'ancre à l'entrée du port, à la vue des Romains stupéfaits. Mahomet 11 renouvelle ce prodige au siège de Constantinople. Furieux de ne pouvoir forcer l'entrée du port, fermée par une chaîne, il conçoit le projet hardi d'y faire transporter ses vaisseaux par terre, sur un chemin de madriers et de planches graissées, depuis le Bosphore jusqu'au haut du port. Cette entreprise gigantesque fut exécutée en une seule nuit..... Honneur au génie des Barbares!...

CHAP. XII. On employa tout un jour à interpréter cet oracle : le lendemain un sénatus-consulte ordonna aux décemvirs d'exa

miner les livres sibyllins... Major e longinquo reverentia, a dit Tacite. Cette pensée du grand historien peut expliquer le respect, la vénération que les anciens portaient aux oracles et aux Sibylles. Je traiterai ici, avec quelques détails, de ces deux objets du culte des païens.

Il y a peu de superstitions aussi célèbres, et qui aient séduit les peuples pendant un aussi grand nombre de siècles, que les oracles. Dans les traités de paix ou de trèves, les Grecs (THUCYD., liv. iv, ch. 20) n'oubliaient jamais de stipuler la liberté d'aller aux oracles. Aucune colonie n'entreprenait de nouveaux établissemens, aucune guerre n'était déclarée, aucune affaire importante n'était commencée, sans qu'on n'eût auparavant consulté

les oracles. Quam vero Græcia coloniam misit in Etoliam, Asiam, Ioniam, Siciliam, Italiam, sine Pythio, aut Dodonæo, aut Hammonis oraculo? aut quod bellum susceptum ab ea sine consilio deorum est? (Cic., de Divinat., lib. 1, in init.)

Les plus renommés ont été ceux de Delphes, de Dodone, de Trophonius, de Jupiter Hammon, d'Apollon Clarien. Suivant Hérodote (Muse Euterpe), les deux oracles les plus anciens étaient celui de Dodone en Épire, et celui de Jupiter Hammon en Libye. Les uns ont attribué les oracles de Dodone à des chênes,

Nemorumque Jovi quæ maxima frondet

Esculus, atque habita Graiis oracula quercus.

VIRG., Georg., lib. 11, v. 15.

les autres à des colombes. L'opinion de ces colombes prophétesses avait été introduite par l'équivoque d'un mot thessalien, qui signifiait en même temps colombe et femme. Ce fut ce qui fit inventer la fable, que deux colombes s'étant envolées de Thèbes en Égypte, il y en eut une qui alla dans la Libye, où elle donna lieu à l'établissement de l'oracle de Jupiter Hammon. L'autre s'étant arrêtée sur les chênes de la forêt de Dodone, apprit aux habitans des lieux voisins que l'intention de Jupiter était qu'il y eût un oracle en cet endroit. Hérodote (Muse Euterpe) explique ainsi cette fable: il y eut autrefois deux prêtresses de Thèbes, qui furent enlevées par des marchands phéniciens. Celle qui fut vendue en Grèce, alla s'établir dans la forêt de Dodone, où les anciens habitans de la Grèce allaient en foule chercher du gland. Elle y éleva une petite chapelle au pied d'un chêne, en l'honneur du même Jupiter dont elle avait été prêtresse. C'est là où s'établit peu à peu cet ancien oracle, qui devint si fameux dans la suite.

La manière dont se rendaient les oracles de Dodone est fort singulière. (L'abbé BANIER, Explicat. histor. des fables; entret. v, p. 242.) Il y avait un grand nombre de chaudrons suspendus à des arbres auprès d'une statue de cuivre, aussi suspendue, avec un fouet à la main. Lorsque le vent venait à l'agiter, elle frappait le premier de ces chaudrons, et quand elle l'avait mis en mouvement, tous les autres se trouvaient ébranlés, et rendaient un certain son qui durait fort long-temps : ensuite l'oracle parlait.

L'oracle de Jupiter Hammon était établi dans des déserts, au

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