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de Lysimaque il rencontra un autel dont on lui dit que le nom était Argos. Il se souvint alors d'un oracle qui l'avait averti d'éviter Argos, et dont il avait fait l'application à la ville d'Argos (JUSTIN., lib. XVII; APPIAN., in Syriac.; MEMNON., ap. Phot. Biblioth. cod. 224; PAUŠAN., in Attic.). Pendant qu'il faisait diverses questions sur cet autel, Ptolémée Ceraunus le poignarda.

Néron eut pour réponse de l'oracle de Delphes, qu'il se donnât bien de garde des soixante-treize ans. Il se croyait à l'abri de tout danger jusqu'à cet âge (SUET., in Ner., cap. XL): mais se trouvant abandonné de tout le monde, entendant proclamer empereur Galba, qui était âgé de soixante-treize ans, il reconnut le sens de l'oracle.

Un autre oracle avait prédit que celui qui ferait mourir sa mère serait le dernier empereur de la famille des Césars :

ἔσχατος Αἰνεάδων μητροκτόνος ἡγεμονεύσει.

Cette prédiction fut vérifiée dans Néron.

Trajan voulut sonder l'oracle d'Héliopolis par un billet blanc cacheté (MACROB., Saturnal., lib. 1, cap. 23): mais l'oracle, sans ouvrir le billet, connut la vérité, et ordonna que, pour toute réponse, on reportât un papier blanc à l'empereur. Trajan revint à consulter sérieusement l'oracle sur la guerre contre les Parthes; et l'oracle fit prendre un cep de vigne qui était une des offrandes de son temple, et l'envoya rompu par morceaux à l'empereur. Trajan mourut dans cette expédition, et ses os furent rapportés à Rome. Le cep de vigne rompu pouvait se rapporter à toute sorte d'évènemens.

Septime Sévère, Pescennius Niger et Clodius Albinus se disputaient l'empire on consulta l'oracle de Delphes, afin de savoir lequel des trois était à souhaiter pour le bien public. L'oracle répondit : « Le noir est le meilleur, l'Africain est bon, le blanc est le pire.

Optimus est fuscus, bonus Afer, pessimus albus.

SPARTIAN., in Pescenn. Nigro.

Le noir et le blanc désignaient Pescennius Niger et Clodius Albinus. On reconnaissait dans l'Africain, Septime Sévère, originaire d'Afrique. On demanda qui demeurerait le maître; il fut répondu :

« Le

sang du noir et du blanc sera versé; l'Africain gouvernera le monde. »>

Albi fundetur sanguis, nigrique minantis ;

Imperium mundi pœna reget urbe profectus.

L'oracle, interrogé combien son règne durerait, répondit : « Il montera sur la mer d'Italie avec vingt vaisseaux. » L'oracle donnait à entendre un règne de vingt ans ; et il se réservait une restriction obscure par ces paroles qu'il avait ajoutées : « Si cependant un vaisseau peut traverser la mer. »

Bis denis italum conscendet navibus æquor,

Si tamen una ratis transiliat pelagus.

FONTENELLE, Hist. des oracles.

Saint Jérôme fait observer que, si les démons disent quelque vérité, ils y joignent toujours le mensonge, et qu'ils emploient des expressions si ambiguës, qu'elles peuvent s'appliquer également aux événemens contraires. Hoc sciendum quod semper mendacium junxerint veritati, et sic sententias temperarint, ut seu boni seu mali quid accidisset, utrumque posset intelligi ( in Isai., cap. XLII).

Pendant que les faux oracles des démons trompaient les peuples idolâtres, la vérité s'était retirée chez le peuple de Dieu. Les Septantes ont interprété Urim et Thummim, manifestation et vérité, δήλωσιν καὶ ἀλήθειαν : ce qui exprime la différence qui existe entre ces oracles divins, et les oracles faux et ambigus des démons. Il est dit au Livre des Nombres ( Numer., cap. 27) qu’Éléazar, successeur d'Aaron, interrogera Urim, selon la forme, et que, suivant la réponse, on se déterminera.

L'éphod appliqué sur le vêtement sacerdotal du grand-prêtre, à l'endroit de la poitrine, était une pièce d'étoffe couverte de douze pierres précieuses, sur lesquelles les noms des douze tribus étaient gravés. Il n'était permis de consulter le Seigneur par Urim et Thummim, que pour le roi, le président du Sanhédrin, le général d'armée, et autres personnages publics, et sur des affaires qui regardaient l'intérêt général de la nation. Si la chose devait réussir, les pierres de l'éphod rendaient une brillante lumière (JOSÈPHE, Antiq., liv. 111, ch. 9; PHILON, Juif, de la Monarchie,

v. 30, liv. 11), ou le grand-prêtre inspiré prédisait le succès (ESDR., c. 11; NEHEM., C. VII). Josèphe l'historien, qui naquit trente ans après Jésus-Christ, dit qu'il y avait deux cents ans que les pierres de l'éphod ne répondaient plus aux consultations par cet éclat extraordinaire.

L'Écriture sainte nous apprend seulement (Exod., c. xxvIII, v. 3o; Levitic., c. vIII, v. 8) qu’Urim et Thummim étaient quelque chose que Moïse mit dans le pectoral du grand-prêtre. Plusieurs rabbins, par des conjectures téméraires, ont cru que c'étaient deux petites statues cachées dans la capacité du pectoral; d'autres, le nom ineffable de dieu, gravé d'une manière mystérieuse. Sans vouloir découvrir ce qui ne nous a pas été expliqué, on doit entendre par Urim et Thummim l'inspiration divine attachée au pectoral consacré.

Plusieurs passages de l'Écriture donnent à penser qu'il sortait une voix articulée du propitiatoire, ou saint des saints, au delà du voile du tabernacle, et que cette voix se faisait entendre au grand-prêtre (Judic., c. 1, v. 1 et 2; et c. xx, v. 18, 23 et 28; Reg., lib. I, c. 10, v. 22; et c. 23, v. 2, 4, 11 et 12; et c. 3ɔ, v. 7 et 8; Reg., lib. 11, c. 2, v. 1; et c. 5, v. 19 et 23).

Si les Urim et les Thummim ne rendaient point de réponse, c’etait un signe de la colère de Dieu. Saül, abandonné de l'esprit du Seigneur, le consulta en vain, et n'obtint aucune espèce de réponse. Consuluitque Dominum Saul, et non respondit ei neque per somnia, neque per sacerdotes, neque per prophetas. (Reg., lib. 1, c. 28, v. 6.) Il paraît, par l'Évangile de saint Jean (JOANN., C. II, v. 50 et 51; et c. 18, v. 13 et 14), que, du temps de Jésus-Christ, l'exercice du souverain sacerdoce donnait encore le don de prophétie.

Les faux oracles ont perdu leur crédit (MINUT. FELIC. Octav.) à mesure que les hommes ont été instruits et éclairés par la philosophie. Chrysippe remplit un volume entier d'oracles faux et ambigus. Énomaüs, pour se venger d'un oracle qui l'avait trompé, fit une compilation des oracles, pour en montrer le ridicule et la vanité. Eusèbe (Præparat. evang., lib. vi, cap. 6) a conservé quelques fragmens de cette critique des oracles, par Énomaüs. Je pourrais, dit Origène (Contr. Cels., lib. vII), me servir de l'autorité d'Aristote et des péripatéticiens, pour rendre la Pythie fort

suspecte. Je pourrais tirer, des écrits d'Épicure et de ses sectateurs, une infinité de choses qui discréditeraient les oracles, et je ferais voir que les Grecs eux-mêmes n'en faisaient pas grand cas.

La réputation des oracles diminua beaucoup, lorsqu'ils devinrent un artifice de la politique. Thémistocle (PLUTARCH., in Themistocl.; HERODOT., lib. vII) voulant engager les Athéniens à quitter Athènes, et à s'embarquer pour être plus en état de résister à Xerxès, fit rendre par la Pythie un oracle, qui leur commandait de se réfugier dans des murailles de bois.

Démosthène disait que la Pythie philippisait, pour faire entendre qu'elle était gagnée par les présens de Philippe. Cléomène suborna la prêtresse de Delphes (HERODOTE, Muse Clio), pour déclarer que Démarate, roi de Lacédémone, n'était pas fils d'Ariston. Lysandre corrompit les prêtres de Delphes, et les fit entrer dans le projet qu'il avait formé de changer le gouvernement de Sparte, et d'ôter le droit de succéder à la couronne aux deux branches des Héraclides, qui en étaient en possession. (PLUTARCH., in Lysandr.)

Dans la concurrence comique qui est décrite par Aristophane, entre Cléon, général des armées athéniennes, et Agoracrite, charcutier, à qui séduira le mieux le peuple, un des artifices des deux compétiteurs est de produire, à l'envi l'un de l'autre, des oracles, pour en imposer à leurs concitoyens. (ARISTOPHANE, dans les Chevaliers, acte troisième.)

A l'occasion du mariage d'Auguste avec Livie, l'oracle répondit que jamais les mariages n'étaient plus heureux, que lorsque l'on épousait une femme déjà enceinte.

Idque deum sortes et Apollonis antra dederunt
Consilium, numquam melius nam cedere tædas

Responsum est, quam quum prægnans nova nupta jugatur.

S. PRUDENT., lib. 1, contr. Symmac.

Cicéron témoigne que les oracles étaient tombés dans le dernier mépris, non pas seulement de son temps, mais depuis plusieurs siècles la cause de cette décadence des oracles était attribuée à l'épuisement des exhalaisons de la terre, qui excitaient anciennement l'esprit de la Pythie à prophétiser. A entendre un semblable raisonnement, ajoute-t-il, on croirait qu'il s'agit de quelque vin

éventé, ou de quelque viande moisie. Cur isto modo jam oracula Delphis non eduntur, non modo nostra ætate, sed jam diu, ut nihil possit esse contemtius ? Hoc loco quum urgentur, evanuisse aiunt vetustate vim loci ejus, unde anhelitus ille terræ fieret, quo Pythia mente incitata oracula ederet; de vino aut salsamento putes loqui, quæ evanescunt vetustate. (Cic., de Divinat., lib. 11.)

Long-temps avant Cicéron, Euripide avait dit que les prédictions des oracles étaient frivoles et pleines de mensonges.

Αλλά τοι τὰ μάντεων

Εσείδων ὡς φᾶυλ ̓ ἐστι καὶ ψευδῶν πλέα.

EURIPID. in Helen., v. 750.

Au sujet de l'oracle qui avait prédit que la guerre du Péloponnèse durerait trois fois neuf ans, ou vingt-sept ans, Thucydide fait observer qu'il n'y a guère que cet oracle qui ait eu une vérité constante et solide. (THUCYDIDE, liv. v, ch. 7.)

La cessation des oracles est attestée par plusieurs auteurs profanes, Strabon, Juvénal, Lucain et autres. (STRABON, lib. vii, in fine.)

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Plutarque en attribue la cause, tantôt à ce que les bienfaits des dieux ne sont pas éternels, comme eux; tantôt à ce que les génies qui présidaient aux oracles, sont sujets à la mort; tantôt à l'épuisement des exhalaisons de la terre. (De Oraculor. defectu.)

Suidas, Nicéphore et Cédrène ont rapporté qu'Auguste, consultant l'oracle de Delphes, n'en tira que cette réponse : « L'enfant hébreu, à qui tous les dieux obéissent, me chasse d'ici, et me renvoie dans les enfers. Sors de ce temple sans parler.» (SUIDAS, in voce Avyouaтos.) (NICEPHOR., CALLIST., Hist. eccles., lib. 1, Αὐγοῦστος. cap. 17; CEDREN., Hist. compend. sub temporib. Aug.)

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Suidas ajoute qu'Auguste dédia un autel dans le Capitole, avec cette inscription: Au fils aîné de Dieu. Malgré ces témoignages,

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