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la réponse de l'oracle de Delphes à Auguste paraît fort suspecte. Cédrène cite Eusèbe sur cet oracle, qui ne s'y trouve point aujourd'hui; et le voyage d'Auguste en Grèce précéda de plus de dixhuit ans la naissance de Jésus-Christ.

Suidas et Cédrène ont rapporté un ancien oracle rendu à Thulis, roi d'Égypte; mais il n'est pas moins permis de douter de l'authenticité de cet oracle. Ce roi avait consulté l'oracle de Sérapis, pour savoir s'il y avait jamais eu, ou s'il y aurait jamais quelqu'un aussi puissant que lui; il reçut cette réponse : « Premièrement Dieu, ensuite le Verbe, et le Saint-Esprit avec eux. Ils sont également éternels, et ne font qu'un, dont la puissance ne finira jamais. Pour toi, mortel, retire-toi, et songe que la fin de la vie de l'homme est incertaine. » (CEDREN., Hist, compend. sub temporib. reg. priscor. Ægypti.) Suidas, In voce ouλiç, oraculum his verbis refert:

Πρῶτα Θεὸς, μετέπειτα Λόγος, καὶ Πνεῦμα σὺν αὐτοῖς·
Σύμφυτα δὲ πάντα καὶ εἰς ἕν ἰόντα, οὗ κράτος αἰώνιον.
Ὠκέσι ποσὶ βάδιζε, θνητὲ, ἄδηλον διανύων βίον.

Van-Dale, dans son Traité des Oracles, ne croit pas qu'ils aient cessé à la naissance de Jésus-Christ. Il rapporte plusieurs exemples d'oracles consultés jusqu'à la mort du grand Théodose. Il cite les lois des empereurs Théodose, Gratien et Valentinien, contre ceux qui consultaient les oracles, comme une preuve certaine que, du temps de ces empereurs, la superstition des oracles durait encore.

On ne saurait adhérer ni à l'opinion de ceux qui croient que les démons n'ont eu aucune part aux oracles, et que la venue du Messie n'y a apporté aucun changement, ni à l'opinion opposée de ceux qui prétendent que l'incarnation du Verbe a imposé un silence général aux oracles. Il faut distinguer deux sortes d'oracles, les uns dictés par les esprits de ténèbres, qui trompaient les hommes par leurs réponses obscures et ambiguës; les autres, qui étaient de purs artifices, et des fourberies des prêtres des fausses divinités. A l'égard des oracles rendus par les démons, le règne de Satan a été détruit par l'avènement du Sauveur; la vérité a fermé la bouche au mensonge; mais Satan a continué ses anciennes ruses parmi les idolâtres. Tous les démons n'ont pas été forcés au silence en même temps par la venue du Messie: c'était dans

les occasions particulières qui se présentaient que la vérité imposait silence au mensonge, et que la vertu des saints triomphait de l'empire du démon. Saint Athanase défie les païens (de Incarnatione Verbi Dei), et leur dit de venir être témoins eux-mêmes que le signe de la croix met les démons en fuite, fait taire les oracles et dissipe les enchantemens. Ce pouvoir de faire taire les oracles et de mettre les démons en fuite, est attesté par Arnobe, par Lactance, par saint Prudence, par Minutius Felix, et par plusieurs autres. Leur témoignage est une preuve certaine que la venue du Messie n'avait pas imposé un silence général aux oracles. (ARNOB., lib. 1, Advers. gent.; LACTANT., Institut., lib. iv; S. PRUDENT., in Apotheosi.) Hæc omnia sciunt plerique vestrum, ipsos dæmones de semetipsis confiteri, quoties a nobis tormentis verborum et orationis incendiis, de corporibus exiguntur. Ipse Saturnus, et Serapis, et Jupiter, et quidquid dæmonum colitis, victi dolore, quod sunt eloquuntur. (MINUT. FELIC. ОСТАV.)

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Saint Grégoire Thaumaturge (S. GREGOR. NYSSEN., in Vita S. Gregor.; NEOCESAR. RUFFIN., Hist. eccles., lib. vII) était entré dans un temple d'Apollon, où, sous le nom de cette fausse divinité, un démon rendait des oracles; le saint le chassa alors le prêtre de ce temple vint le trouver, et le supplia de rétablir son oracle. Saint Grégoire écrivit sur-le-champ en ces termes, à Apollon : « Je te permets de rentrer dans le temple d'où tu as été chassé, et de retourner à tes fonctions. » Le démon fut contraint d'obéir; le prêtre de la fausse divinité reconnut le pouvoir des chrétiens sur ses faux dieux, se convertit, et fut reçu au nombre des catéchumènes.

L'empereur Julien consultait l'oracle d'Apollon dans le faubourg d'Antioche. (THEODORET., Hist. eccles., lib. 111, cap. 9.) Le démon ne put répondre autre chose, sinon que le corps de saint Babylas, enterré dans le voisinage, lui imposait silence. L'empereur, transporté de dépit et de colère, voulut venger ses dieux en éludant une prédiction solennelle de Jésus-Christ (Hist. ecclés. de Fleury, liv. xv; AMMI. MARCELL., lib. XXIII; S. CHRYSOSTOM., Orat. 2; S. GREGOR. NAZIANZ., Orat. 4; THEODOREt., Hist. eccles., lib. 111, cap. 20; Sozoм., Hist. eccles., lib. v, cap. 22; SOCRAT., Hist. eccles., lib. 111, cap. 20); il ordonna aux Juifs de rebâtir le

temple de Jérusalem; mais lorsqu'ils commencèrent à recuser les fondemens, il sortit des globes de feu, qui consumèrent les matériaux et les ouvriers.

Le sophiste Libanius, ennemi des chrétiens, avoua que les reliques de saint Babylas avaient fait taire l'oracle d'Apollon, du faubourg d'Antioche. (LIBANIUS, ap. S. Chrysost., lib. de S. Babyla.)

Plutarque rapporte (de Oraculor. defectu) que le pilote Thamus entendit une voix aérienne qui criait : « Le grand Pan est mort! » A ce sujet, Eusèbe fait observer (Præparat, evang., lib. v, cap. 1; et Demonstrat. evang., lib. v, in init.) que les histoires de la mort des démons commencèrent à se répandre sous l'empire de Tibère, dans le temps que Jésus-Christ chassait ces esprits malins. Il en est des oracles comme des possessions : c'était dans les occasions particulières, qui se présentaient par la permission divine, que les chrétiens chassaient les démons ou faisaient taire les oracles en présence, et de l'aveu des païens mêmes.

C'est ainsi que l'on doit entendre les passages de saint Jérôme, d'Eusèbe, de saint Cyrille, de Théodoret, de saint Prudence, et des autres auteurs qui ont dit que l'avènement du règne du Sauveur avait imposé silence aux oracles. (S. HIERONYM., in Isai., cap. XLII; EUSEB., Præparat. evang., lib. v, cap. I, et Demonstrat. evang., lib. v, in init.; S. CYRILL., contra Julian., lib. vi, et Comment. in Isai., lib. iv, Orat., 2 ; THEODORET., Advers. Græc., sermone 10, de Oraculis.)

Ex quo mortalem præstrinxit spiritus alvum,
Spiritus ille dei deus, et se corpore matris
Induit, atque hominem de virginitate creavit ;
Delphica damnatis tacuerunt sortibus antra;
Non tripodas cortina regit, non spumat anhelus
Fata sibyllinis fanaticus edita libris.

Perdidit insanos mendax Dodona vapores;
Mortua jam mutæ lugent oracula Cumæ,
Nec responsa refert libycis in syrtibus Hammon.
Ipsa suis Christum capitolia Romula mœrent
Principibus lucere deum, destructaque templa
Imperio cecidisse ducum; jam purpura supplex

Sternitur Æneada rectoris ad atria Christi,

Vexillumque crucis summus dominator adorat.

S. PRUDENT., in Apotheosi adversus Judæos.

A l'égard de la seconde espèce d'oracles, qui étaient de purs artifices et des fourberies des prêtres des fausses divinités, et qui ont été vraisemblablement en plus grand nombre que ceux qui étaient émanés immédiatement des démons, ils n'ont cessé qu'avec l'idolâtrie, bien qu'ils eussent perdu leur crédit long-temps avant la venue du Sauveur. C'est de cette espèce d'oracles, la plus commune et la plus générale, que Minutius Felix a dit que les oracles ont commencé à se taire, à mesure que les hommes ont commencé à se polir. Mais, quelque décriés que fussent les oracles, les imposteurs trouvaient toujours des dupes; car les fourberies les plus grossières n'en ont jamais manqué.

C'est à ce sujet que saint Clément d'Alexandrie a dit : «< Vantenous (Hist. des Oracles, traduction de Fontenelle), si tu veux, ces oracles pleins de folie et d'impertinence, ceux de Claros, d'Apollon Pythien, de Dodone, d'Amphiaraüs, d'Amphilochus. Tu peux encore y ajouter les augures et les interprètes des songes et des présages. Fais-nous paraître aussi, devant l'Apollon Pythien, ces gens qui devinaient par la farine ou par l'orge, et ceux qui ont été si estimés, parce qu'ils parlaient du ventre. Que les secrets des temples des Égyptiens, et que la nécromancie des Étrusques demeurent dans les ténèbres. Toutes ces prétendues merveilles ne sont certainement que des impostures extravagantes et de pures tromperies, pareilles à celles des jeux de dés. Les chèvres qu'on a dressées à la divination, et les corbeaux qu'on a instruits à rendre des oracles, ne sont, pour ainsi dire, que les associés de ces charlatans qui abusent tous les hommes. >>

Daniel découvrit (cap. XIV) l'imposture des prêtres de Bel, qui rentraient secrètement dans le temple pour y prendre les viandes offertes, et qui faisaient accroire au roi que l'idole les consumait.

Mundus était épris de Pauline (JosÈPHE, Antiquités, liv. XVIII chap. 4); le plus âgé des prêtres d'Isis alla trouver cette dame, et lui dit que le dieu Anubis avait de la passion pour elle, et qu'il lui commandait de l'aller trouver. Il l'enferma ensuite dans une chambre où il n'y avait point de lumière, et où Mundus, son

amant, qu'elle croyait être le dieu Anubis, était caché. L'imposture fut découverte : Tibère fit crucifier ces détestables prêtres, et avec eux Idé, affranchie de Mundus, qui avait conduit toute l'intrigue. Il fit abattre le temple d'Isis, jeter sa statue dans le Tibre; et, à l'égard de Mundus, il se contenta de l'exiler.

Eusèbe attribue le plus grand nombre des oracles à la fraude et à l'imposture des hommes. (Præparat. evangel., lib. 1v, cap. 1.) Théophile, évêque d'Alexandrie (THEODORET., Hist. eccles., lib. v, cap. 22), ne détruisit pas seulement les temples des faux dieux, mais découvrit les fourberies des prêtres, en faisant voir que les statues, dont les unes étaient d'airain et les autres de bois, étaient creuses en dedans, et aboutissaient à des routes obscures et pratiquées dans la muraille.

Lucien, en mettant au jour les impostures du faux prophète Alexandre, dit que les oracles redoutaient principalement la subtilité des épicuriens et des chrétiens (LUCIEN, dans le Faux prophète). Le faux prophète Alexandre feignait quelquefois d'être transporté de fureur divine, et, par le moyen d'une herbe qu'il mâchait, qu'on nomme l'herbe au foulon, il écumait extraordinairement, ce que les peuples attribuaient à la force du dieu qui le possédait. Il avait préparé, long-temps auparavant, une tête de dragon faite de linge, qui ouvrait et fermait la bouche, par le moyen d'un crin de cheval. Il se transporta la nuit à l'endroit où l'on creusait les fondemens du temple; il y trouva de l'eau, soit de source, soit de pluie; il y cacha un œuf d'oie, où il avait enfermé un petit serpent qui ne venait que de naître. Le lendemain, de grand matin, il vint tout nu dans la place publique, n'ayant qu'une écharpe dorée à la ceinture, tenant en main une faux, et agitant sa chevelure, comme font les prêtres de Cybèle; puis, montant sur un autel élevé, il dit que ce lieu était heureux d'être honoré de la naissance d'un dieu. Ensuite il courut vers l'endroit où il avait caché son œuf d'oie, et, entrant dans l'eau, il commença à chanter les louanges d'Apollon et d'Esculape, et à inviter celui-ci à descendre et à se montrer aux hommes. A ces mots, il enfonce une coupe dans l'eau, et en retire un œuf mystérieux, qui tenait un dieu enfermé. Lorsqu'il eut cet œuf dans la main, il commença à dire qu'il tenait Esculape. Chacun était attentif à contempler cet auguste mystère, lorsque tout à coup il cassa

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