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lus reçut l'ordre de rester en Sicile, en qualité de proconsul, pour y terminer la guerre avec l'armée qu'il avait sous ses drapeaux s'il avait besoin de renfort, il pouvait le prendre dans les légions que le propréteur P. Cornelius tenait en Sicile; pourvu cependant qu'il n'employât aucun des soldats à qui le sénat avait interdit le retour en Italie avant la fin de la guerre. C. Sulpicius, à qui la Sicile était échue, obtint les deux légions qui avaient servi sous P. Cornelius, et dut les compléter avec les débris de l'armée de Cn. Fulvius, qui, l'année d'auparavant, avait éprouvé dans l'Apulie un si honteux échec. Ces lâches soldats devaient avoir le sort des fugitifs de Cannes; leur service n'aurait d'autre terme que la fin de la guerre pour comble d'ignominie, on leur fit défense d'hiverner dans les places fortes, et de construire des quartiers près de quelque ville que ce fût, si ce n'est à la distance de dix milles. L. Cornelius eut le gouvernement de la Sardaigne, avec les deux légions qui avaient obéi à Q. Mucius : quant aux levées, les consuls pouvaient faire celles qu'ils jugeraient nécessaires. Les côtes de la Sicile et de la Grèce restèrent sous la garde de T. Otacilius et de M. Valerius, avec les mêmes légions et les mêmes flottes. La défense de la Grèce réclamait une légion et cinquante vaisseaux; celle de la Sicile cent voiles et deux légions. Vingt-trois légions furent mises sur pied, cette année, par les Romains, pour faire la guerre sur terre et sur mer.

II. Au commencement de cette année, lorsqu'il fut question des dépêches de L. Marcius, ses exploits paru

noris (quod imperio, non populi jussu, non ex auctoritate patrum dato, «Proprætor senatui,» scripserat) magnam partem hominum obfendebat. Rem mali exempli esse, imperatores legi ab exercitibus; et sollemne auspicatorum comitiorum in castra et provincias, procul ab legibus magistratibusque, ad militarem temeritatem transferri: et, quum quidam referendum ad senatum censerent, melius visum differri eam consultationem, donec proficiscerentur equites, qui ab Marcio litteras adtulerant. Rescribi de frumento et vestimentis exercitus placuit «<eam utramque rem curæ fore senatui; » adscribi autem, «< Proprætori L. Marcio,» non placuit : ne id ipsum, quod consultationi reliquerant, pro præjudicato ferret. Dimissis equitibus, de nulla re prius consules retulerunt, omniumque in unum sententiæ congruebant, agendum cum tribunis plebis esse, primo quoque tempore ad plebem ferrent, quem cum imperio mitti placeret in Hispaniam ad eum exercitum, cui Cn. Scipio imperator præfuisset. Ea res cum tribunis acta promulgataque est. Sed aliud certamen occupaverat animos. C. Sempronius Blæsus die dicta Cn. Fulvium, ob exercitum in Apulia amissum, in concionibus vexabat : << Multos imperatores temeritate atque inscientia exercitum in locum præcipitem perduxisse dictitans: neminem, præter Cn. Fulvium, ante conrupisse omnibus

rent très-brillans au sénat; mais le titre honorifique de propréteur qu'il avait mis à la tête de sa lettre, sans le devoir ni à l'ordre du peuple, ni à l'autorité du sénat, choquait plus d'un sénateur. C'était un exemple pernicieux que d'abandonner aux armées le soin d'élire les généraux, et de laisser la solennité des comices légitimes passer dans les camps et dans les provinces, loin des magistrats et des lois, pour être livrée au caprice aveugle des soldats. Quelques sénateurs étaient d'avis de mettre la chose en délibération; mais l'on jugea plus convenable de l'ajourner jusqu'après le départ des cavaliers qui avaient apporté la missive de Marcius. Il demandait pour l'armée du blé et des habits; on convint de lui répondre que le sénat pourvoierait à tout; mais on se garda bien d'apposer sur l'adresse : « Au propréteur L. Marcius,» afin qu'il ne considérât pas comme résolue en sa faveur une question dont le sénat se réservait l'examen. Après le départ des cavaliers, ce fut la première proposition que les consuls firent dans le sénat; et l'avis unanime fut d'engager les tribuns à convoquer le peuple dans le plus court délai, pour lui demander quel général il voulait envoyer en Espagne commander en chef l'armée qui avait servi sous les ordres de Cn. Scipion. Cette affaire, traitée avec les tribuns, fut portée par eux devant le peuple. Mais un autre débat préoccupait les esprits. C. Sempronius Blésus avait mis en accusation Cn. Fulvius, comme coupable de la perte de l'armée dans l'Apulie; il irritait le peuple contre lui par des discours où il répétait que << plus d'un capitaine, avait, par son aveuglement et son incapacité, précipité son armée vers sa ruine: mais que Cn. Fulvius était le premier qui eût, par toutes sortes de voies, corrompu ses légions, avant de les livrer aux

vitiis legiones suas, quam proderet: itaque vere dici posse, prius eos perisse, quam viderent hostem; nec ab Annibale, sed ab imperatore suo, victos esse. Neminem, quum suffragium ineat, satis cernere, cui imperium, cui exercitum permittat. Quid interfuisse inter Ti. Sempronium? Quum ei servorum exercitus datus. esset, brevi effecisse disciplina atque imperio, ut nemo eorum generis ac sanguinis sui memor in acie esset, præsidio sociis, hostibus terrori essent: Cumas, Beneventum, aliasque urbes eos velut e faucibus Annibalis ereptas populo romano restituisse. Cn. Fulvium Quiritium Romanorum exercitum, honeste genitos, liberaliter educatos, servilibus vitiis imbuisse; ergo effecisse, ut feroces et inquieti inter socios, ignavi et inbelles inter hostes essent, nec inpetum modo Pœnorum, sed ne clamorem quidem sustinere possent. Nec, hercule, mirum esse, milites in acie non stetisse, quum primus omnium imperator fugeret; magis mirari se, aliquos stantes cecidisse, et non omnes comites Cn. Fulvii fuisse pavoris ac fugæ. C. Flaminium, L. Paullum, L. Postumium, Cn. ac P. Scipiones cadere in acie maluisse, quam deserere circumventos exercitus. Cn. Fulvium prope unum nuncium deleti exercitus Romam redisse. Facinus indignum esse, cannensem exercitum, quod ex acie fugerit, in Siciliam deportatum, ne prius inde di

Africains. On pouvait dire avec vérité qu'elles étaient perdues avant de voir l'ennemi, et qu'elles avaient été vaincues, non par Annibal, mais par leur propre général. Aussi les citoyens, en allant aux suffrages, n'étaient pas assez sévères dans le choix de ceux auxquels ils confiaient le commandement et les armées. Quelle différence entre Cn. Fulvius et Ti. Sempronius! Ce dernier, placé à la tête d'une troupe d'esclaves, en avait, à force de discipline et de conduite, fait une armée de braves, qui, oubliant leur état et leur origine, étaient devenus l'appui des alliés, la terreur des ennemis: Cumes, Bénévent et d'autres villes avaient été par eux arrachées, pour ainsi dire, des serres d'Annibal, et rendues à la république. Cn. Fulvius avait eu à commander des guerriers vraiment Romains, des hommes d'une naissance distinguée, d'une éducation libérale, et il les avait déshonorés par tous les vices des esclaves. Par lui, ils étaient devenus hautains et turbulens au milieu des alliés, lâches et sans énergie devant les ennemis; et ils n'avaient pu soutenir ni le choc, ni même le cri des Carthaginois. Pouvait-on s'étonner, grands dieux! que les soldats n'eussent pu tenir au poste de l'honneur, lorsque le chef avait été le premier à fuir? N'est-il pas plus surprenant, au contraire, que plusieurs d'entre eux soient morts les armes à la main, et que tous n'aient pas accompagné Cn. Fulvius dans sa fuite honteuse? C. Flaminius, L. Paul-Émile, L. Postumius, Cneius et Publius Scipion avaient mieux aimé périr sur le champ de bataille, que d'abandonner leurs troupes enveloppées de toutes parts. Mais Cn. Fulvius était revenu presque seul à Rome apporter la nouvelle de la perte de son armée. Par une injustice révoltante, les légions de

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