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de somme qui rompaient leur licou: une ruse d'Annibal vint encore augmenter le désordre; ses émissaires qui parlaient la langue latine, allaient, au nom des consuls, porter l'ordre aux soldats de chercher une retraite dans les montagnes voisines, puisque la perte du camp était certaine. Mais l'artifice fut bientôt découvert; le massacre des ennemis en arrêta l'effet; les éléphans furent chassés du camp avec le secours du feu. Quels que soient les détails et l'issue de ce combat, ce fut le dernier qu'on livra avant la reddition de Capoue. Le médixtutique, magistrat suprême de cette ville, était, cette année, un certain Seppius Lesius, homme d'une naissance obscure, d'une fortune plus que médiocre. Dans son enfance, un jour que sa mère offrait un sacrifice pour détourner un présage sinistre qui le menaçait, l'aruspice lui répondit qu'il parviendrait dans la suite à la première dignité de Capoue. Cette femme, qui ne voyait aucun fondement à un si brillant espoir, répondit : « Certes, Capoue sera dans un état désespéré, lorsque mon fils pourra s pourra s'élever à un tel honneur! » Cette raillerie d'une prédiction qui devait s'accomplir, fut elle-même justifiée par l'évènement. En effet, lorsque Capoue était pressée par le fer et par la faim, et que ceux à qui leur naissance ouvrait la route des dignités, les refusaient par désespoir, Lesius, à force de reprocher aux premiers citoyens une désertion qu'il appelait trahison, obtint la souveraine magistrature, et fut le dernier de tous les Campaniens qui l'exerça.

VII. Annibal, reconnaissant l'impossibilité d'attirer les Romains à un second combat, et de s'ouvrir à tra

Capuam posse, ne suos quoque commeatus intercluderent novi consules, abscedere irrito incepto, et movere a Capua statuit castra. Multa secum, quonam inde ire pergeret, volventi subiit animum inpetus, caput ipsum belli Romam petendi : cujus rei semper cupitæ prætermissam occasionem post cannensem pugnam et alii vulgo fremebant, et ipse non dissimulabat : «<necopinato pavore ac tumultu, non esse desperandum, aliquam partem urbis occupari posse; et, si Roma in discrimine esset, Capuam extemplo omissuros aut ambo imperatores romanos, aut alterum ex iis : et, si divisissent copias, utrumque infirmiorem factum aut sibi, aut Campanis, bene gerendæ rei fortunam daturos esse.» Una ea cura angebat, ne, ubi abscessisset, extemplo dederentur Campani. Numidam promtum ad omnia audenda donis perlicit, ut, litteris acceptis, specie transfugæ castra romana ingressus, altera parte Capuam clam pervadat. Litteræ autem erant adhortatione plenæ. «Profectionem suam, quæ salutaris illis foret, abstracturam ad defendendam Romam ab obpugnanda Capua duces atque exercitus romanos. Ne desponderent animos: tolerando paucos dies, totam soluturos obsidionem. »> Inde naves in flumine Vulturno comprehensas subigi ad id, quod jam ante præsidii caussa fecerat, castellum jussit. Quarum ubi tantam copiam esse, ut una nocte trajici

vers leur camp un passage jusques à Capoue; craignant aussi de se voir couper les vivres par les nouveaux consuls, résolut d'abandonner une entreprise inutile, et de s'éloigner. Tandis qu'il examinait vers quel point il devait

diriger, une réflexion soudaine le décida à marcher sur Rome, le foyer même de la guerre. On lui reprochait d'avoir laissé échapper, après la bataille de Cannes, une occasion toujours ardemment désirée ; et luimême ne dissimulait point ses regrets. «Mais, ajoutaitil, on pouvait, à la faveur d'une attaque imprévue et d'un effroi subit, espérer de se rendre maître de quelque partie de la ville; et si Rome était une fois en danger, les deux généraux romains, ou du moins l'un des deux, abandonneraient aussitôt Capoue, et, devenus plus faibles par le partage de leurs troupes, ils fourniraient aux Campaniens ou à lui-même l'occasion de les combattre avec succès. » Un seul soin l'inquiétait; son départ pouvait être le signal de la reddition de Capoue. Il engage donc, par des présens, un Numide déterminé et capable de tout, à se charger d'une lettre, à entrer comme transfuge dans le camp romain, puis à pénétrer secrètement dans la place. La missive était toute remplie de motifs d'encouragement. «< Sa retraite, commandée leur salut même, allait forcer les généraux et par les armées romaines de voler à la défense de Rome, et d'abandonner le siège de Capoue. Encore un peu de courage, encore quelques jours de patience, et leur ville serait entièrement délivrée du blocus. » Ensuite il s'empare de tous les bâtimens qui se trouvaient sur le Vulturne, et les fait remonter jusqu'au fort qu'on avait construit par ses ordres à Casilinum, pour défendre cette position. Certain qu'il y en avait une assez grande

posset exercitus, adlatum est, cibariis decem dierum præparatis, deductas nocte ad fluvium legiones ante lucem trajecit.

VIII. Id priusquam fieret, ita futurum compertum ex transfugis, Fulvius Flaccus senatui Romam quum scripsisset, varie hominum animi pro cujusque ingenio adfecti sunt. Ut in re tam trepida, senatu extemplo vocato, P. Cornelius, cui Asinæ cognomen erat, omnes duces exercitusque ex tota Italia, neque Capuæ, neque ullius alterius rei memor, ad Urbis præsidium revocabat. Fabius Maximus, « abscedi a Capua, terrerique et circumagi ad nutus comminationesque Annibalis, flagitiosum ducebat. Qui ad Cannas victor ire tamen ad Urbem ausus non esset, eum, a Capua repulsum, spem potiundæ urbis Romæ cepisse? Non ad Romam obsidendam, sed ad Capuæ liberandam obsidionem, ire. Romam cum eo exercitu, qui ad urbem esset, Jovem, fœderum ruptorum ab Annibale testem, deosque alios defensuros esse.» Has diversas sententias media sententia P. Valerii Flacci vicit: qui, utriusque rei memor, «< imperatoribus, qui ad Capuam essent, scribendum censuit, quid ad Urbem præsidii esset, quantas autem Annibal copias duceret, aut quanto exercitu ad Capuam obsidendam opus esset, ipsos scire. Si et Romam e ducibus alter, et exercitus pars mitti posset,

quantité pour passer ses troupes en une nuit, il fait préparer des vivres pour dix jours, amène, pendant la nuit, ses légions sur les bords du fleuve, et les transporte avant le jour sur la rive opposée.

VIII. Instruit par des transfuges de ce projet avant l'exécution, Fulvius Flaccus en avait écrit à Rome, ой cette nouvelle affecta les esprits selon la différence des caractères. Une situation si critique a fait aussitôt convoquer le sénat : P. Cornelius, surnommé Asina, opinait à rappeler de l'Italie entière tous les chefs, toutes les armées; d'oublier Capoue et toute autre expédition pour songer à la défense de la capitale. Fabius Maximus répondit « que lever le siège de Capoue, trembler au moindre geste d'Annibal, et se traîner sur ses pas au gré de ses marches et contre-marches, était un véritable déshonneur. Le vainqueur de Cannes n'avait osé marcher sur Rome: aujourd'hui, repoussé devant Capoue, il aurait conçu l'espoir de s'emparer de la capitale? Non, il ne venait point assiéger Rome, il ne voulait que délivrer Capoue. Rome trouverait un appui dans l'armée qui était dans son enceinte, dans Jupiter, témoin des traités violés par Annibal, et dans les autres dieux. >> Tenant le milieu entre ces deux partis extrêmes, l'avis de P. Valerius Flaccus l'emporta ; il conciliait tous les intérêts. Flaccus proposa «< d'écrire aux généraux occupés du siège de Capoue, et de leur faire connaître ce que Rome avait de forces pour sa défense. Ils devaient savoir combien de troupes marchaient sous les ordres d'Annibal, et combien il en fallait pour continuer le siège. Si l'un des deux chefs pouvait se détacher avec une partie des légions, en laissant son collègue devant Capoue, à la tête d'une armée suffi

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