Immagini della pagina
PDF
ePub

de la guerre, ils se tiendraient prêts, ainsi que les Campaniens, à faire une vigoureuse sortie. Ce n'était pas pour combattre Rhegium et Tarente qu'ils avaient passé les Alpes; où étaient les légions romaines, là aussi devaient se trouver les armées carthaginoises. C'était ainsi qu'on avait triomphé à Cannes, ainsi à Trasimène, parce qu'alors on cherchait l'ennemi, on campait près de son camp, on ne cessait de tenter la fortune. » Les lettres, écrites dans ce sens, sont confiées à des Numides, qui, pour une récompense, ont promis de les porter. Ils passent, comme transfuges, dans le camp de Flaccus, afin de s'échapper en temps opportun. La famine, qui depuis long-temps désolait Capoue, rendait probable cette désertion; mais une femme, qui était la maîtresse d'un des transfuges, arrive tout à coup dans le camp, et déclare au général romain que des Numides ont feint de déserter, et qu'ils sont chargés de lettres pour Annibal; l'un d'entre eux lui a fait cette confidence; elle est prête à le convaincre. Le transfuge, confronté avec elle, affirme d'abord avec assez d'assurance qu'il ne connaît pas cette femme; enfin, cédant à la force de la vérité, et surtout à l'appareil de la question, qui se déploie devant ses yeux, il avoue le fait, livre les lettres, et ajoute à sa déposition un point qu'on ignorait encore, que d'autres Numides erraient, comme transfuges, dans le camp romain. Plus de soixante-dix furent pris et battus de verges avec les nouveaux déserteurs; on leur coupa les mains, puis on les fit rentrer dans Capoue. La vue de cet affreux supplice abattit le courage des Campaniens.

XIII. Le peuple courut au palais, et obligea Lesius d'assembler le sénat: il menaça les principaux séna

blicis consiliis aberant, propalam minabantur, nisi venirent in senatum, circa domos eorum ituros se, et in publicum omnes vi extracturos esse. Is timor frequentem senatum magistratui præbuit. Ibi quum ceteri de legatis mittendis ad imperatores romanos agerent, Vibius Virrius, qui defectionis ab Romanis auctor fuerat, interrogatus sententiam, negat, « eos, qui de legatis et de pace ac deditione loquantur, meminisse, nec quid facturi fuerint, si Romanos in potestate habuissent; nec quid ipsis patiendum sit. Quid? vos, inquit, eam deditionem fore censetis, qua quondam, ut adversus Samnites auxilium inpetraremus, nos nostraque omnia Romanis dedidimus? Jam e memoria excessit, quo tempore, et in qua fortuna a populo romano defecerimus? jam, quemadmodum in defectione præsidium, quod poterat emitti, per cruciatum et ad contumeliam necarimus? quoties in obsidentes, quam inimice eruperimus, castra obpugnarimus? Annibalem vocaverimus ad obprimendos eos? hoc quod recentissimum est, ad obpugnandam Romam hinc eum miserimus? Age contra, quæ illi infeste in nos fecerint, repetite: ut ex eo, quid speretis, habeatis. Quum hostis alienigena in Italia esset, et Annibal hostis, et cuncta bello arderent, omissis omnibus, omisso ipso Annibale, ambo consules et duo consulares exercitus ad Capuam obpugnandam miserunt. Alterum

teurs, qui depuis long-temps n'assistaient plus au conseil, s'ils ne s'empressaient de s'y rendre, d'aller les chercher jusque dans leurs maisons, et de les traîner de force dans les rues. La crainte de cette violence entoura Lesius d'un sénat assez nombreux. Là, tout le monde était d'avis d'envoyer des ambassadeurs aux généraux romains, lorsque Vibius Virrius, dont les conseils avaient décidé la révolte, fut invité à dire son sentiment; il répondit « que ceux qui parlaient d'ambassade, de paix et de soumission, ne réfléchissaient guère ni à ce qu'ils auraient fait eux-mêmes, s'ils avaient eu les Romains en leur puissance, ni aux traitemens qu'ils avaient à redouter pour eux. Eh quoi! ajoutat-il, pensez-vous qu'aujourd'hui notre soumission serait considérée comme celle que nous fimes autrefois pour obtenir des secours contre les Samnites, en livrant aux Romains nos personnes et tout ce qui nous appartenait? Ne vous souvient-il plus à quelle époque et dans quel moment nous avons abandonné leur cause? comment, au lieu de renvoyer leur garnison, nous avons signalé notre révolte en faisant périr leurs soldats au milieu des tourmens et des outrages? que de fois et avec quel acharnement nous avons fait contre eux des sorties et menacé de forcer leurs lignes? comment nous avons appelé Annibal pour les accabler? comment, ce qui est encore tout récent, nous l'avons obligé de quitter Capoue pour aller assiéger Rome? Rappelezvous tout ce que la haine leur a fait entreprendre contre nous et jugez par là ce que nous devons en attendre. Un ennemi étranger menace l'Italie, cet ennemi est Annibal; la guerre a mis tout en feu dans leur empire: ils négligent tout, ils oublient Annibal lui-même, pour

annum circumvallatos inclusosque nos fame macerant, et ipsi nobiscum ultima pericula ac gravissimos labores perpessi, circa vallum ac fossas sæpe trucidati, et prope ad extremum castris exuti. Sed omitto hæc; vetus atque usitata res est, in obpugnanda hostium urbe labores ac pericula pati. Illud iræ atque odii exsecrabilis indicium est. Annibal ingentibus copiis peditum equitumque castra obpugnavit, et ex parte cepit: tanto periculo nihil moti suut ab obsidione. Profectus trans Vulturnum, perussit calenum agrum : nihil tanta sociorum clade avocati sunt. Ad ipsam urbem Romam infesta signa ferri jussit; eam quoque tempestatem inminentem spreverunt. Transgressus Anienem, tria millia passuum ab urbe castra posuit: postremo ad monia ipsa et ad portas accessit. Romam se ademturum eis, nisi omitterent Capuam, ostendit; non omiserunt. Feras bestias, cæco inpetu ac rabie concitatas, si ad cubilia et catulos earum ire pergas, ad opem suis ferendam avertas. Romanos Roma circumsessa, conjuges, liberi, quorum ploratus hinc prope exaudiebantur, aræ, foci, deum delubra, sepulcra majorum temerata ac violata, a Capua non averterunt : tanta aviditas supplicii expetendi, tanta sanguinis nostri hauriendi est sitis. Nec injuria forsitan ; nos quoque idem fecissemus, si data fortuna esset. Itaque quando aliter diis inmortalibus visum est, quum mortem ne recusare

envoyer deux consuls et deux armées consulaires assiéger Capoue. Voilà deux ans qu'ils nous tiennent investis et resserrés dans nos murs, et qu'ils nous font éprouver les horreurs de la faim, malgré les dangers terribles et les fatigues extrêmes qu'ils ont partagés avec nous, souvent taillés en pièces au pied de leurs retranchemens, de leurs fossés, et dernièrement presque forcés dans leurs lignes. Mais je ne m'arrête pas à ces considérations; de tout temps, un siège a entraîné des travaux et des périls : voici ce qui annonce un ressentiment, une haine implacable. Annibal, suivi de troupes nombreuses d'infanterie et de cavalerie, est venu attaquer leur camp et l'a pris en partie : un si grand danger ne leur a point fait lever le siège. Il passe le Vulturne, il porte la flamme sur le territoire de Calès; l'affreux désastre de leurs alliés ne les détourne point de leur but. Il marche contre Rome même, il s'avance, enseignes déployées; l'orage gronde sur leurs têtes sans les émouvoir. Il franchit l'Anio, vient camper à trois milles de leur capitale, s'avance jusqu'aux remparts, jusqu'aux portes mêmes, et leur fait voir qu'ils vont perdre Rome, s'ils n'abandonnent Capoue; ils ne sont pas ébranlés. Les bêtes féroces qu'aveuglent la fureur et la rage, quittent leur proie pour aller défendre leurs petits, si l'on marche vers leur tanière. Il n'en est pas ainsi des Romains: ni Rome menacée, ni leurs femmes, ni leurs enfans, dont les cris plaintifs retentissaient presque jusqu'ici, ni leurs autels, ni leurs foyers, ni les temples de leurs dieux, ni les tombeaux de leurs ancêtres profanés et détruits, rien n'a pu les arracher de Capoue: tant ils brûlent d'assouvir leur vengeance, tant ils ont soif de notre sang! et peut

« IndietroContinua »