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huit mille, moitié Romains, moitié alliés : il ramassa sur sa route grand nombre de volontaires, et son armée se trouva presque doublée, lorsqu'il arriva en Lucanie, où Annibal s'était arrêté, après avoir inutilement poursuivi Claudius. La partie n'était pas égale entre un chef tel qu'Annibal, et un centurion; entre de vieux soldats toujours victorieux, et de nouvelles recrues, pour la plupart levées à la hâte, et à peine armées. Lorsque les deux adversaires furent en présence, chacun, sans refuser le combat, fit ses dispositions. L'action, malgré l'inégalité des forces, dura plus de deux heures, et l'ardeur des Romains se soutint, tant que leur chef parut à leur tête mais bientôt Penula, jaloux de soutenir son ancienne renommée, et d'éviter le déshonneur qui l'attendait, s'il survivait à une défaite qu'avait entraînée sa témérité, succomba sous les traits de l'ennemi, qu'il avait bravés. Aussitôt les Romains furent mis en déroute; et comme Annibal leur avait coupé la retraite, en faisant investir tous les passages par sa cavalerie, à peine, d'une si grande multitude, échappa-t-il un millier de soldats; le reste périt çà et là de différentes manières.

XX. Les consuls recommencèrent le siège de Capoue avec une vigueur extrême; les transports, les préparatifs nécessaires furent poussés avec activité. On établit à Casilinum des magasins de blés; on éleva un fort à l'embouchure du Vulturne, à l'endroit où se trouve aujourd'hui la ville; l'on mit garnison dans celui que Fabius Maximus avait construit précédemment, afin d'être maître et du fleuve et de la mer voisine. Ces deux forts maritimes reçurent les blés qu'on venait de tirer de la Sar

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Sardinia nuper missum erat, quodque M. Junius prætor ex Etruria coemerat, ab Ostia convectum est, ut exercitui per hiemem copia esset. Ceterum super eam cladem, quæ in Lucanis accepta erat, volonum quoque exercitus, qui, vivo Graccho, summa fide stipendia fecerat, velut exauctoratus morte ducis, ab signis discessit. Annibal non Capuam neglectam, neque, ut tanto discrimine, desertos volebat socios: sed, prospero ex temeritate unius romani ducis successu, in alterius ducis exercitusque obprimendi occasionem inminebat. Cn. Fulvium prætorem apuli legati nunciabant, primo, dum urbes quasdam Apulorum, quæ ad Annibalem descivissent, obpugnaret, intentius rem egisse : postea nimio successu et ipsum et milites, præda impletos, in tantam licentiam socordiamque effusos, ut nulla disciplina militiæ esset. Quum sæpe alias, tum paucis diebus ante expertus, qualis sub inscio duce exercitus esset, in Apuliam castra movit.

XXI. Circa Herdoneam romanæ legiones et prætor Fulvius erant; quo ubi adlatum est, hostes adventare, prope est factum, ut, injussu prætoris, signis convulsis in aciem exirent; nec res ulla magis tenuit, quam spes haud dubia, suo id arbitrio, ubi vellent, acturos. Nocte insequenti, Annibal, quum tumultuatum in castris, et plerosque ferociter, signum ut daret, institisse duci ad

daigne, et ceux que le préteur M. Junius avait fait acheter dans l'Étrurie, afin d'assurer des vivres à l'armée pendant l'hiver. Pour surcroît de malheur, outre l'échec reçu en Lucanie, les volons, qui, du vivant de Gracchus, avaient servi si fidèlement, comme si la mort de leur général les eût dégagés de leurs sermens, abandonnèrent leurs drapeaux. Annibal ne voulait ni négliger Capoue, ni abandonner ses alliés dans un si grand péril; mais, enhardi par l'avantage qu'il avait dû à la témérité d'un centurion romain, il épiait l'occasion d'accabler un autre général avec son armée. Les députés de l'Apulie lui annonçaient que le préteur Cn. Fulvius, dans le dessein de reprendre des villes qui avaient embrassé le parti des Carthaginois, avait d'abord montré beaucoup de circonspection; mais bientôt des victoires éclatantes et l'excès du butin lui avaient inspiré, ainsi qu'à ses soldats, tant de licence et de sécurité, qu'il n'existait plus de discipline parmi eux. Plus d'une fois, par le passé, et par une épreuve toute récente, Annibal avait appris ce qu'était une armée confiée à un chef inhabile; il se dirigea donc vers l'Apulie.

XXI. Les légions romaines et le préteur Fulvius se trouvaient près d'Herdonée; à la nouvelle de l'approche des Carthaginois, les soldats allaient presque, sans l'ordre du général, arracher les enseignes et sortir en bataille. Un seul motif les retint; ce fut la ferme persuasion qu'ils pourraient agir ainsi, quand ils le voudraient. La nuit suivante, Annibal informé du tumulte qui avait eu lieu dans le camp, et des cris séditieux qu'avaient poussés les Romains pour réclamer impérieusement de

arma vocantes sciret, haud dubius prosperæ pugnæ occasionem dari, tria millia expeditorum militum in villis circa, vepribusque et silvis disponit; qui, signo dato, simul omnes e latebris exsisterent : et Magonem ac duo ferme millia equitum, qua fugam inclinaturam credebat, omnia itinera insidere jubet; his nocte præparatis, prima luce, in aciem copias educit. Nec Fulvius est cunctatus, non tam sua ulla spe, quam militum inpetu fortuito tractus : itaque eadem temeritate, qua processum in aciem est, instruitur ipsa acies ad libidinem militum forte procurrentium consistentiumque, quo loco ipsorum tulisset animus, deinde per libidinem aut metum deserentium locum : prima legio et sinistra ala in primo instructæ, et in longitudinem porrecta acies; clamantibus tribunis, <«< nihil introrsus roboris ac virium esse, et, quacumque inpetum fecisset hostis, perrupturos : » nihil, quod salutare esset, non modo ad animum, sed ne ad aures quidem admittebant. Et Annibal, haudquaquam similis dux, neque simili exercitu, neque ita instructo, aderat; ergo ne clamorem quidem atque inpetum primum eorum Romani sustinuere. Dux, stultitia et temeritate Centenio par, animo nequaquam comparandus, ubi rem inclinatam ac trepidantes suos vidit, equo adrepto, cum ducentis ferme equitibus effugit : cetera a fronte pulsa, a tergo atque alis circumventa acies, eo usque est cæsa, ut ex

leur chef le signal du combat, se hâte de saisir l'occasion d'un succès non douteux; il place trois mille hommes armés à la légère, dans les métairies, les buissons et les bois d'alentour, avec ordre de sortir de leur embuscade, au premier signal; puis il charge Magon d'occuper, avec deux mille chevaux à peu près, tous les chemins qui pouvaient offrir un passage à l'ennemi dans sa fuite. Ces dispositions faites pendant la nuit, il sort, au point du jour, et range ses troupes en bataille. Fulvius ne tarda pas à paraître; non pas qu'il eût l'espoir de vaincre, mais il était entraîné par l'aveugle impétuosité de ses soldats. La précipitation qui les avait conduits au combat, les suivit dans leur ordre de bataille; chacun, à sa volonté, à sa fantaisie, courait ou s'arrêtait au hasard, dans des postes qu'il abandonnait ensuite par crainte ou par caprice. La première légion et un corps égal d'alliés se formèrent d'abord sur une ligne qui présentait un front très-étendu; en vain les tribuns s'écrièrent «qu'il n'y avait au centre ni force, ni appui, et que l'ennemi enfoncerait sans peine l'armée, partout où il l'attaquerait; » les avis les plus salutaires, loin de faire impression sur les esprits, n'étaient pas même écoutés. Du côté d'Annibal, tout était bien différent, le général, les troupes, et l'ordre dans lequel on s'avançait. Aussi les Romains ne purent-ils soutenir ni les cris, ni le premier choc des Carthaginois. Le chef, aussi insensé, aussi téméraire que Centenius, mais loin d'avoir son courage, à la vue de la victoire qui se déclarait pour l'ennemi, et de ses soldats mis en déroute, saisit un cheval, et s'enfuit avec deux cents cavaliers environ. Le reste de l'armée, dont le front était enfoncé, et qui se trouvait enveloppé par derrière et sur les ailes, fut si horrible

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