Immagini della pagina
PDF
ePub

XXVIII. Lorsque l'on sut, dans le camp des Siciliens, qu'Épicyde avait quitté Syracuse, que les Carthaginois avaient abandonné la Sicile, et l'avaient, en quelque sorte, livrée une seconde fois aux Romains, on fit d'abord sonder les dispositions des assiégés, puis l'on députa vers Marcellus, pour arrêter les articles de la capitulation. On était assez d'accord pour céder aux Romains tout ce qui avait appartenu aux rois; l'on désirait, pour les Siciliens, le reste de l'Ile, avec leurs lois et leur liberté. Les ambassadeurs font demander une entrevue aux lieutenans d'Épicyde; ils annoncent que l'armée les a chargés de traiter et avec Marcellus et avec eux, afin que la fortune fût égale pour tous, pour les assiégés comme pour ceux qui se trouvaient au dehors, et qu'il n'y eût aucune stipulation particulière et exclusive. Bientôt ils sont introduits dans la ville, pour conférer avec leurs hôtes et leurs amis; ils leur font part des conditions réglées avec Marcellus, leur promettent la vie, et les décident, par là, à se joindre à eux pour attaquer les lieutenans d'Épicyde, Polyclite, Philistion et Épicyde, surnommé Sindon. Lorsque ces derniers sont mis à mort, ils convoquent une assemblée générale; et, après avoir déploré la famine, qui causait dans la ville même tant de murmures secrets, ils ajoutent : « Malgré tous les maux dont on était accablé, il ne fallait point accuser la fortune, puisqu'il était au pouvoir des habitans d'y mettre un terme. Les Romains avaient entrepris le siège de Syracuse par affection, et nullement par haine. En effet, quand ils avaient vu la Sicile au pouvoir d'Hippocrate et d'Épicyde, ces satellites d'Annibal d'abord, puis d'Hiéronyme, alors seulement ils avaient pris les armes, ils avaient investi la

Hieronymi, Hippocrate atque Epicyde audierint, tum bellum movisse, et obsidere urbem coepisse, ut crudeles tyrannos ejus, non ut ipsam urbem, expugnarent. Hippocrate vero interemto, Epicyde intercluso ab Syracusis, et præfectis ejus occisis, Carthaginiensibus omni possessione Siciliæ terra marique pulsis, quam superesse caussam Romanis, cur non, perinde ac si Hiero ipse viveret, unicus romanæ amicitiæ cultor, incolumes Syracusas esse velint? Itaque nec urbi nec hominibus aliud periculum, quam ab semet ipsis, esse, si occasionem reconciliandi se Romanis prætermisissent (eam autem, qualis illo momento horæ sit, nullam deinde fore), simul libertas ab inpotentibus tyrannis adparuisset. >>

XXIX. Omnium ingenti adsensu audita ea oratio est. Prætores tamen prius creari, quam legatos nominari, placuit. Ex ipsorum deinde prætorum numero missi oratores ad Marcellum; quorum princeps, «Neque primo, inquit, Syracusani a vobis defecimus, sed Hieronymus, nequaquam tam in vos inpius, quam in nos: nec postea pacem, tyranni cæde compositam, Syracusanus quisquam, sed satellites regii Hippocrates atque Epicydes, obpressis nobis hinc metu, hinc fraude, turbaverunt; nec quisquam dicere potest, aliquando nobis libertatis tempus fuisse, quod pacis vobiscum non fuerit. Nunc certe cæde eorum, qui obpressas tenebant Syracusas,

ville, moins pour la réduire elle-même, que pour briser le joug de ses cruels tyrans. Maintenant, Hippocrate avait cessé de vivre, Épicyde était loin de Syracuse, ses lieutenans venaient d'être mis à mort, les Carthaginois, vaincus sur terre et sur mer, étaient contraints de renoncer à l'entière possession de la Sicile; quel motif resterait aux Romains de ne pas désirer la conservation de Syracuse, comme au temps d'Hiéron, leur ami, leur allié fidèle? Ainsi, la ville et ses habitans n'avaient rien à craindre que d'eux-mêmes, s'ils laissaient échapper l'occasion de se réconcilier avec les Romains. Jamais peut-être il ne s'en offrirait d'aussi favorable que le moment actuel, où la mort de leurs tyrans faisait luire pour eux la liberté. »

XXIX. Ce discours eut l'assentiment général. Toutefois, on fut d'avis d'élire des préteurs, avant de nommer les députés, qui furent choisis parmi ces magistrats. L'ambassade arriva près de Marcellus, et le chef s'exprima en ces termes : « Ce n'est point à nous Syracusains que vous devez imputer la défection de Syracuse, mais à Hiéronyme, moins sacrilège envers vous qu'envers nous-mêmes et depuis, lorsque la paix eût été, par le meurtre du tyran, rétablie entre les deux peuples, qui la troubla de nouveau? un habitant de Syracuse? non; mais des satellites de la tyrannie, Hippocrate et Épicyde, qui nous avaient opprimés par la violence et par la trahison: jamais enfin nous n'avons été libres, sans être en même temps en paix avec vous. Aujourd'hui que le trépas de nos oppresseurs nous rend à

quum primum nostri arbitrii esse cœpimus, extemplo venimus ad tradenda arma; dedendos nos, urbem, mœnia; nullam recusandam fortunam, quæ inposita a vobis fuerit. Gloriam captæ nobilissimæ pulcherrimæque urbis Græcorum dei tibi dederunt, Marcelle; quidquid umquam terra marique memorandum gessimus, id tui triumphi titulo accedit. Famæne credi velis, quanta urbs a te capta sit, quam posteris quoque eam spectaculo esse? Quo quisque terra, quisque mari venerit, nunc nostra de Atheniensibus Carthaginiensibusque tropæa, nunc tua de nobis ostendat; incolumesque Syracusas familiæ vestræ sub clientela nominis Marcellorum tutelaque habendas tradas. Ne plus apud vos Hieronymi, quam Hieronis, memoria momenti faciat; diutius ille multo amicus fuit, quam hic hostis: et illius etiam benefacta persensistis : hujus amentia ad perniciem tantum ipsius valuit. » Omnia et inpetrabilia et tuta erant apud Romanos; inter ipsos plus belli ac periculi erat. Namque transfugæ, tradi se Romanis rati, mercenariorum quoque militum auxilia in eumdem compulere metum : adreptisque armis, prætores primum obtruncant, inde ad cædem Syracusanorum discurrunt : quosque fors øbtulit, irati interfecere, atque omnia, quæ in promtu erant, diripuerunt: tum, ne sine ducibus essent, sex præfectos creavere, ut terni Achradinæ ac Naso præes

notre volonté première, nous venons aussitôt vous livrer nos armes, remettre à votre discrétion nos personnes, notre ville, nos remparts; prêts à subir toutes les conditions que vous nous aurez imposées. La gloire d'avoir pris la première, la plus belle des cités grecques, vient de vous être accordée par les dieux, Marcellus : tout ce que nous avons jamais fait de mémorable sur terre et sur mer, va rehausser l'éclat de votre triomphe. N'abandonnez pas à la renommée le soin d'apprendre à la postérité quelle fut votre conquête; laissez subsister notre ville sous les yeux de nos descendans, afin que l'étranger, qui sera venu ici par terre ou par mer, puisse y contempler les trophées de nos victoires sur les Athéniens et sur les Carthaginois, et ceux de Marcellus sur Syracuse. Que ses habitans vous doivent la vie; qu'ils deviennent les cliens de votre famille, qu'ils soient protégés par le nom des Marcellus. Que le souvenir d'Hiéronyme ne soit pas, à vos yeux, plus puissant que celui d'Hiéron ce monarque fut votre ami plus long-temps que l'autre ne fut votre ennemi vous avez éprouvé combien le père était généreux; le délire du fils n'a servi qu'à le perdre. » Les Syracusains pouvaient tout espérer de la clémence, de la protection romaine; c'était à l'intérieur qu'ils couraient plus de chances, plus de dangers. En effet, les transfuges, persuadés qu'on voulait les livrer aux Romains, inspirèrent les mêmes craintes aux soldats mercenaires; ils courent aux armes, égorgent d'abord les préteurs, puis se répandent çà et là pour massacrer les habitans; dans leur fureur, ils immolent tous ceux qu'ils ont rencontrés, et pillent tout ce qui s'est offert à leurs mains avides. Ensuite, pour ne pas rester sans chefs, ils nomment six comman

« IndietroContinua »