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sa prudence ordinaire, cède à la nécessité : il prend la résolution téméraire de marcher, la nuit même, au devant d'Indibilis, et de le combattre, n'importe où il le rencontrerait. Il laisse donc dans son camp un détachement assez faible, sous le commandement de son lieutenant T. Fonteius, part au milieu de la nuit, rencontre les ennemis, et leur livre bataille. On combattait par pelotons plutôt qu'en ligne. Toutefois, dans ce pêlemêle, les Romains conservaient l'avantage. Tout à coup la cavalerie numide, à laquelle Scipion pensait avoir dérobé sa marche, paraît sur les flancs, et cause de vives alarmes. Une seconde lutte s'engage avec les Numides, lorsque survient un troisième ennemi; c'étaient les généraux carthaginois qui venaient d'atteindre les Romains, et les attaquaient par derrière : ainsi, pressés de toutes parts, ils ne savent à quel ennemi faire face, de quel côté s'ouvrir un passage. Le général les anime de ses exhortations et de son exemple; il se précipite partout où le danger est le plus imminent, lorsqu'un coup de lance lui perce le côté droit; alors le bataillon ennemi, qui s'était jeté impétueusement sur les braves serrés autour de leur chef, à la vue de Scipion qui tombe expirant de son cheval, court, avec des cris de joie, apprendre à toute l'armée que le commandant romain n'est plus. Ces mots, répétés de bouche en bouche, décidèrent la victoire des Carthaginois et la défaite des Romains. La mort du général entraîna aussitôt la déroute des soldats. Il ne leur fut pas difficile de se faire jour au travers des Numides et des auxiliaires armés à la légère; mais ils eurent plus de peine à échapper à tant de cavaliers et de fantassins, dont la vitesse égalait celle des chevaux aussi on en massacra peut-être un plus grand

tum, æquantiumque equos velocitate peditum, vix poterant cæsique prope plures in fuga, quam in pugna, sunt; nec superfuisset quisquam, ni præcipiti jam ad vesperum die nox intervenisset.

XXXV. Haud segniter inde duces pœni fortuna usi, confestim e prælio, vix necessaria quiete data militibus, ad Asdrubalem Amilcaris citatum agmen rapiunt, non dubia spe, quum juncti essent, debellari posse. Quo ubi est ventum, inter exercitus ducesque, victoria recenti lætos, gratulatio ingens facta, imperatore tanto cum omni exercitu deleto, et alteram pro haud dubia parem victoriam exspectantes. Ad Romanos nondum quidem fama tantæ cladis pervenerat, sed mœstum quoddam silentium erat, et tacita divinatio; qualis jam præsagientibus animis inminentis mali esse solet. Imperator ipse, præterquam quod ab sociis se desertum, hostium tantum auctas copias sentiebat, conjectura etiam et ratione ad suspicionem acceptæ cladis, quam ad ullam bonam spem, pronior erat. « Quonam modo enim Asdrubalem ac Magonem, nisi defunctos suo bello, sine certamine adducere exercitum potuisse? Quomodo autem non obstitisse, aut ab tergo secutum fratrem? ut, si prohibere, quo minus in unum coirent et duces et exercitus hostium, non posset, ipse certe cum fratre conjungeret copias.» His anxius curis, id modo esse sa

nombre dans la fuite que dans le combat; pas un n'aurait survécu à ce désastre, si le jour ne se fût trouvé alors à son déclin, et si la nuit n'était survenue.

XXXV. Les généraux carthaginois profitèrent sans délai de leur victoire; après la bataille, ils donnent à peine un peu de repos à leurs soldats, et les conduisent rapidement vers Asdrubal, fils d'Amilcar, certains, par cette jonction, de terminer bientôt la guerre. A leur arrivée, généraux et soldats, dans la joie d'un succès tout récent, se félicitèrent de la mort d'un si grand capitaine et de la destruction totale de son armée, et se flattèrent d'avance d'un second triomphe, aussi éclatant sans doute que le premier. Les autres Romains n'avaient pas encore reçu la nouvelle d'un si funeste désastre; mais il régnait parmi eux un morne silence, un secret pressentiment agitait les esprits, présage trop certain d'un malheur à venir. Le général lui-même, outre la désertion de ses alliés, et l'augmentation des forces ennemies, trouvait, dans les circonstances et dans ses conjectures, plus de motifs de soupçonner une défaite, que de concevoir d'heureuses espérances. « Le moyen, en effet, qu'Asdrubal et Magon, s'ils n'avaient terminé la guerre de leur côté, eussent pu amener leurs troupes, sans livrer de combat? Comment son frère n'avait-il mis aucun obstacle à leur marche, ou ne les avait-il pas suivis de près? Ou, s'il n'avait pu empêcher leur jonction, pourquoi du moins n'était-il pas venu réunir ses troupes à celles de son frère?» Agité de ces inquiétudes, ii crut que, pour le moment, le parti le plus sage était de s'éloigner, autant que possible; et, dès la nuit suivante, à l'insu de

lutare in præsens credebat, cedere inde, quantum posset et inde una nocte, ignaris hostibus, et ob id quietis, aliquantum emensus est iter. Luce, ut senserunt profectos hostes, præmissis Numidis, quam poterant maxime citato agmine sequi cœperunt : ante noctem adsecuti Numidæ, nunc ab tergo, nunc in latera incursantes. Consistere cœperunt, ac tutari agmen, quantum possent; tamen, tuto ut simul pugnarent procederentque, Scipio hortabatur, priusquam pedestres copiæ adsequerentur.

XXXVI. Ceterum nunc agendo, nunc sustinendo agmen, quum aliquamdiu haud multum procederetur, et nox jam instaret, revocat e prœlio suos Scipio; et conlectos in tumulum quemdam, non quidem satis tutum (præsertim agmini perculso), editiorem tamen, quam cetera circa erant, subducit. Ibi primo, inpedimentis et equitatu in medium receptis, circumdati pedites haud difficulter inpetus incursantium Numidarum arcebant: dein, postquam toto agmine tres imperatores cum tribus justis exercitibus aderant, adparebatque, parum armis ad tuendum locum sine munimento valituros esse; circumspectare atque agitare dux cœpit, si quo modo posset vallum circuminjicere; sed erat adeo nudus tumulus et asperi soli, ut nec virgulta vallo cædendo, nec terra cespiti faciendo, aut ducendæ fossæ, aliive

l'ennemi, qui, par cela même, ne l'inquiéta pas, il parcourut un espace assez considérable. Au point du jour, dès que son départ fut connu, les généraux carthaginois firent prendre les devans aux Numides, que le reste de l'armée suivit en toute hâte : avant la nuit, les Numides atteignirent les Romains, et les harcelèrent, tantôt en queue, tantôt sur les flancs. L'armée fit halte, pour repousser ces attaques : cependant Scipion l'exhortait à se battre et à avancer tout à la fois, avant l'arrivée de l'infanterie carthaginoise.

XXXVI. Mais une marche interrompue à chaque pas par la nécessité de se défendre, ne lui permit point de gagner beaucoup d'avance; déjà la nuit approchait : Scipion rappelle les siens du combat, et se retire avec eux sur une hauteur, position peu sûre, il est vrai, surtout pour une armée frappée d'épouvante, mais plus élevée au moins que tous les alentours. Là, les bagages et les chevaux furent placés au centre, et l'infanterie, qui les environnait, put d'abord repousser assez facilement le choc des Numides mais lorsque trois généraux et trois armées régulières s'avancèrent avec toutes leurs forces, Scipion vit l'impossibilité de la résistance, s'il n'avait à leur opposer quelques retranchemens : il chercha donc aux environs les moyens de s'en procurer; mais la hauteur était si nue, et le sol si âpre, qu'il n'offrait ni bois à couper pour former une palissade, ni terre pour y prendre du gazon, y creuser un fossé, ou y faire la moindre construction; d'ailleurs, il n'y avait aucune partie assez rude ou assez escarpée, pour rendre l'accès difficile aux enne

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