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giste chrétien dont les œuvres soient venues jusqu'à nous la nature des accusations que la société païenne élevait à cette époque contre le christianisme, la manière dont la religion nouvelle se défend et le caractère singulier de rapprochement, je dirai presque de sympathique alliance, que la doctrine chrétienne revêt vis-à-vis de la philosophie profane.

Cet apologiste est saint Justin, philosophe et martyr.

LE CHRISTIANISME ET L'EMPIRE ROMAIN JUSQU'A L'AVÈNEMENT D'ANTONIN-LE-PIEUX.

CHAPITRE PREMIER.

Diffusion du christianisme et premières persécutions.

déclarée des Juifs.

(35-138.)

Les Sadducéens pre

Luttes des Juifs et des chrétiens jusqu'à la persécution de Néron. miers ennemis du christianisme. Réaction de saint Étienne contre l'esprit judaïque du christianisme primitif, et premier effort d'émancipation. Rupture avec la synagogue. Saint Paul dégage la doctrine nouvelle des entraves du mosaïsme. Hostilité Ils essaient d'armer contre les chrétiens les défiances de l'autorité politique. Saint Paul, accusé au tribunal du proconsul de Césarée, en appelle à la juridiction impériale. Les religions étrangères, à Rome. -Les chrétiens expulsés de Rome, sous le règne de Claude. Saint Paul prisonnier à Rome, sous Néron. Persécution de Néron. Son occasion, son caractère. - Il est à croire qu'elle ne fut pas étendue par un édit aux autres provinces de l'empire. Situation des chrétiens dans l'intervalle qui s'étend entre la persécution de Néron et celle de Domitien (65-95). — Persécution de Domitien. Incertitude des documents historiques. Situation des

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chrétiens sous Trajan. Correspondance de Pline et de Trajan au sujet des chrétiens. Le rescrit de Trajan règle la procédure à suivre à l'égard des chrétiens, et inaugure véritablement l'ère des persécutions légales. - Il sert de règle sous ses successeurs. Le rescrit d'Adrien à Minucius Fundanus ne change pas la situation des chrétiens et ne doit pas être pris pour un édit de tolérance. La douceur et l'humanité des Antonins modèrent seules la sévérité de leurs prescriptions à l'égard des chrétiens.

Le premier siècle de l'Église chrétienne est une ère d'enfantement et d'émancipation.

Parmi les disciples immédiats et les auditeurs du Christ,

il s'en fallait que tous comprissent le sens mystique et l'esprit de la nouvelle doctrine. Plusieurs prenaient dans un sens littéral et tout matériel l'établissement du royaume de Dieu, que leur maître avait parfois annoncé comme devant avoir lieu dans un avenir très-prochain (1). Vainement il avait dit : « Le royaume de Dieu est au-dedans de vous (2). »

Seigneur,» lui disaient-ils, quand dans un entretien suprême Jésus leur parlait de ce royaume tout spirituel ; << Seigneur, sera-ce en ce temps que vous rétablirez le << royaume d'Israël (3)? » Jésus avait bien dit : « Annoncez << l'Évangile à toute créature. Prêchez la pénitence et la << rémission des péchés parmi tous les peuples. Allez et

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« enseignez toutes les nations (4). » Ils ne paraissaient se souvenir que de ces autres paroles: « N'allez point vers «<les Gentils, et n'entrez dans aucune ville des Samari<«<tains; mais plutôt allez vers les brebis perdues de la << maison d'Israël (5). - Je n'ai été envoyé qu'aux brebis << perdues de la maison d'Israël. Il n'est pas juste de prendre <«<le pain des enfants et de le jeter aux chiens (6). » Les premiers disciples sortis de la Galilée, Juifs de race et de

(1) « Sunt quidam de hic stantibus qui non gustabunt mortem donec videant filium hominis venientem in regno suo. » (S. MATTH., XVI, 28; x, 23; xxiv, 34; de même dans l'Évangile de S. Marc, viii, 39, et dans celui de S. Luc, ix, 27.)

(2) S. LUC, Xvii, 21.

(3) Acles des Apôtres, 1, 6.

(4) S. MATTH., XXVIII, 19; S. Marg, xvi, 15; S. Luc, xxiv, 47. (5) S. MATTH., X, 5, 6.

(6) S. MATTH., XV, 24, 26.

caractère, ne songeaient pas d'abord à prêcher l'Évangile hors de la Palestine. A leurs yeux, la loi nouvelle n'était pas une abrogation de l'ancienne. Ils se rendaient chaque jour au Temple et continuaient d'observer exactement les prescriptions formelles de la loi de Moïse (1). Saint Pierre lui-même semblait renouer la tradition des anciens prophètes, quand, dans la première chaleur de son enthousiasme, il fulminait des menaces contre ceux qui refuseraient d'écouter les leçons du Christ (2).

Les disciples de Jésus sortaient des entrailles mêmes de la nation juive. Juifs et chrétiens étaient frères par la communauté d'origine, de mœurs et même de croyance et de pratiques religieuses. Tous invoquaient et adoraient de la même manière le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Tous portaient sur leurs corps ce signe d'élection qu'il avait jadis donné à son peuple, la circoncision. Les mêmes fêtes les appelaient et les réunissaient au temple. Ils prenaient part aux mêmes cérémonies. Quelle différence y avait-il au premier jour, aux yeux même des apôtres et des premiers fidèles, entre la doctrine nouvelle et la loi ancienne? Une seule, à ce qu'il nous semble la croyance que Jésus, fils de Marie, était le Messie, celui-là même que toute la nation attendait, et qui devait fonder le nouveau Royaume. Quel était ce royaume ? La plupart l'ignoraient et ne comprenaient les promesses de Jésus

(1) S. LUC, XXIV, 53; Acles des Apôtres, II, 46; III, 1.

(2) Actes des Apôtres, III, 23.

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