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aussi clair que bref, et ne sacrifie jamais une de ces qualités à l'autre.

Peu d'auteurs ont plus exercé que Salluste les glossateurs, les faiseurs de commentaires et de traductions. Il fut traduit en grec par l'ordre d'Adrien, qui chargea de cette tâche le sophiste Zenobius 1. La plus ancienne des éditions que l'on connaisse de cet historien est de 1470; elle fut imprimée à Venise. La meilleure est celle que M. Burnouf a publiée en 1821 dans la Collection des classiques de M. Lemaire. Je me plais à rendre cet hommage à un ancien collègue, qui est une des lumières de notre nouvelle université. On compte plus de dix-sept traductions de Salluste complètes, ou du moins qui embrassent à la fois la Guerre de Catilina et la Guerre de Jugurtha 2. Les seules qui méritent d'être citées sont celles de d'Otteville, Beauzée, De Brosses, Dureau Delamalle, Lebrun et Mollevaut. Un avocat du barreau de Paris, justement estimé, M. Billecocq, a publié en 1795 une traduction de la Catilinaire. Les fragmens de Salluste ont été successivement traduits par Beaudoin, Dutheil, l'abbé Thyvon, qui mal-à-propos a cru être le premier, puis par Beauzée, De Brosses, , Dureau Delamalle et Lebrun. Enfin, M. Eusèbe Salverte 3, qui est aujourd'hui un de nos honorables députés, a publié séparé

1

2

SUIDAS, verbo Zevócios.

Voyez sur les éditions et sur les traductions de Salluste une excellente notice en français qui se trouve en tête de l'édition de M. Burnouf. L'auteur de cette notice est M. Barbier père, savant estimable que la science bibliographique regrettera long-temps. 3 Paris, 1798, avec l'opuscule de Julius Exsuperantius.

ment la traduction des deux Lettres de Salluste à César. D'immenses recherches historiques et géographiques ont été faites sur Salluste par le président De Brosses. On connaît les Discours de Gordon sur Salluste : nul écrivain n'a mieux apprécié que ce philosophe anglais l'historien qui, en dessinant avec tant d'énergie la corruption du dernier siècle de la république romaine, a servi de modèle au peintre sublime de la tyrannie de Tibère. CH. DU ROZOIR.

AVIS

SUR CETTE TRADUCTION

DE SALLUSTE.

SALLUSTE a composé trois histoires séparées : la Guerre de Catilina d'abord, puis celle de Jugurtha, enfin son Histoire générale, dont nous n'avons plus que des fragmens. La plupart de ses éditeurs et traducteurs ont rangé ces différens ouvrages dans l'ordre où il les avait écrits; mais cet arrangement a l'inconvénient de présenter les faits dans l'ordre inverse à celui dans lequel ils se sont passés. C'est ce qui m'a déterminé à commencer cette nouvelle publication par la Guerre de Jugurtha. Cet exemple a déjà été donné par le président De Brosses et par l'abbé Cassagne : je m'étonne qu'il n'ait pas été suivi. Je placerai ensuite les fragmens de la Grande Histoire, qui remplissait l'intervalle qui s'est écoulé entre la guerre de Jugurtha et la conjuration de Catilina. Viendront enfin et cette conjuration, et les deux lettres que Salluste écrivit à César sur le gouvernement de la république, dans lesquelles on peut non-seulement s'instruire de la situation intérieure de Rome à cette époque, mais où l'on trouve

encore des détails très-curieux sur les faits qui se passèrent à l'issue du premier triumvirat. Ainsi cette nouvelle traduction de Salluste formera comme un corps d'histoire complet depuis la guerre de Jugurtha jusqu'à la dictature de César.

OBSERVATIONS

PRELIMINAIRES

SUR LA GUERRE DE JUGURTHA.

La Guerre de Jugurtha, à cause de la nature du sujet,

peut-être aussi parce qu'elle a toujours été imprimée pour les classes, à la suite de celle de Catilina, est le moins connu de ces deux chefs-d'œuvre historiques. « Il est na<turel, dit un critique, que l'on s'intéresse beaucoup plus « à la conjuration de Catilina, qui voulait brûler Rome, «qu'aux efforts d'un petit roi numide qui cherchait à se <«<soustraire au joug des Romains. Cependant je ne sais << si l'historien n'a pas encore développé plus de talent et <«<de ressources dans le tableau où il nous représente Jugurtha luttant avec son courage, son or et ses ruses, « dans un coin de l'Afrique, contre toute la puissance « des maîtres du monde, que dans celui où il nous peint «Catilina armé contre sa patrie de poignards et de flam« beaux 1. >>

L'abbé de Mably, sans établir de comparaison entre ces deux histoires, juge celle de Jugurtha en philosophe

'M. DUSSAULT, Annales littéraires, t. III, p. 17.

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