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sance, et son fils se sauva dans l'Indoustan, où il s'attacha au service d'une pagode. Sam, fils de ce dernier, ayant succédé à l'emploi de son père, voulut revoir son pays originaire, et retourner à l'islamisme; mais le vaisseau sur lequel il avait embarqué sa famille et ses richesses périt dans un naufrage. Son fils Houçaïn, échappé seul à ce désastre, parvint, après une longue suite d'aventures jusqu'à Ghaznah, où il allait être exécuté comme voleur, si le sulthan Ibrahim, l'un des successeurs de Mahmoud, n'eût reconnu son innocence. Houçaïn sut inspirer de l'intérêt à ce monarque, gagna sa confiance, parvint aux premières charges de l'état; et, sous le règne de Mas'oud III, fils d'Ibrahim, vers l'an 500 (1108), il obtint le gouvernement de Ghaur qu'avaient possédé ses aïeux. ALA-EDDYN Houçaïn ou Haçan, l'aîné de ses fils ou de ses petits-fils, sujet de cet article, commença de régner l'an 543 (1151). Plein d'ambition et de courage, il ne se contenta pas de posséder le pays de Ghaur comme vassal des Ghaznévides, il se prévalut de la décadence de leurs affaires,

par

suite de leurs guerres intestines et des conquêtes que les Seldjoukides avaient faites sur eux en Perse, pour se rendre indépendant et étendre les bornes de sa domination. Il osa, l'année suivante, envahir le Khoraçan, et attaquer le sulthan Sandjar, le plus brave et le plus puissant des Seldjoukides (Voy. SANDJAR, XL, 318). Vaincu et fait prisonnier, il trouva un ennemi généreux qui se contenta de le retenir à sa cour. Houçaïn, trop heureux d'avoir sauvé sa tête, témoigna sa reconnaissance à Sandjar par toutes sortes de soumissions, et lui fit assidûment sa cour. Un jour il se prosterna devant lui, baisant les

traces qu'avaient laissées les pieds de son cheval, et lui adressa un quatrain persan de sa composition, don't voici le sens : « L'empreinte des pas « de votre cheval sur la terre me

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sert aujourd'hui de couronne. L'an«neau que je porte en signe d'es<«< clavage est devenu mon plus bel « ornement. Tant que j'aurai le bon«heur de baiser la poussière de vos « pieds, je croirai que la fortune me « favorise de ses plus tendres cares«ses. » Cette basse flatterie eut son effet. Le sulthan se plut si fort à sa conversation qu'il voulut toujours l'avoir auprès de lui. Comme le prince ghauride portait la barbe fort longue contre la coutume de son pays, Sandjar lui en demanda la raison. Houçaïn fit à peu près la même réponse qu'on a depuis attribuée au marquis de Pomenars : « Lorsque « ma tête m'appartenait, j'avais mille « esclaves pour en avoir soin; main« tenant que le sulthan en est le maî« tre, ils se donnent du bon temps." Cette réponse, aussi humble que spirituelle, valut à Houçaïn une boîte de pierreries de très-grand prix que Sandjar lui fit donner, et mieux encore sa liberté et son rétablissement dans ses états, comme vassal des Seldjoukides. Mohammed, l'un des frères d'Ala-eddyn, ayant pris part à une révolte contre Bahram Chah, sulthan de Ghaznah, celui-ci le fit périr par les mains du bourreau. Cet acte de rigueur impolitique réveilla dans l'âme du roi de Ghaur le souvenir des malheurs de sa famille, causés par les persécutions des premiers princes ghaznévides, et fit taire la voix de la reconnaissance pour les bienfaits que son père avait reçus des derniers. H envoya son frère Saïf-eddyn Souri à la tête d'une armée, qui s'empara de Ghaznah sans coup férir. Bahram,

qui n'avait pas osé lui résister, y tentra au moyen des intelligences qu'il entretenait avec les habitants. Saïfeddyn, par son ordre, fut barbouillé de noir au visage, placé à califourchon sur un vieux bœuf, la face tournée vers la queue de l'animal, et après avoir été promené par toute la ville et livré aux outrages de la populace, il périt dans les tourments ainsi que son vizir. Ala-eddyn, transporté de fureur en apprenant le sort de son frère, jura de le venger. Il marcha contre Ghaznah, et après une bataille sanglante, dans laquelle il vainquit Bahram, et tua un de ses fils d'un coup de lance, il s'empara de cette capitale, qu'il pilla et brûla pendant sept jours, avec un grand nombre de villages voisins. C'est cet acte de vengeance qui fit donner à ce prince le surnom de Djihansouz (incendiaire du monde). Les auteurs va rient sur les causes, les détails et la date de cet évènement; et plusieurs le placent avant la guerre qu'Ala-eddyn fit à Sandjar; mais estil vraisemblable que ce sulthan, oncle de Bahram Chah, eût traité avec tant de générosité un prince capable de tant de barbarie? Les malheureux habitants qui survécurent au désastre de leur patrie furent conduits à Ghaur, où leur sang, répandu par la main du bourreau, servit à détremper le ciment des murs de la forteresse. Nous rapporteron's à l'année 547 (1152) le désastre de Ghaznah, auquel Bahram survécut peu. Il mourut de chagrin en se retirant vers Labor, où son fils Khosrou transporta sa résidence et les débris de la dynastie des Ghaznévides (V. KHOSROU, XXII, 405). Sandjar, qui aurait pu secourir puis samment ses neveux, fut vaincu et fait prisonnier l'année suivante par les Turcomans Ghazis, qui envahirent

une partie du Khoraçan. Il paraît qu'Ala-eddyn se maintint dans les montagnes de Ghaur, et qu'après la retraite de ces barbares, il recouvra les états qu'il avait enlevés aux princes ghaznévides, et les laissa en mourant à son fils Saïf-eddyn Mohammed. Ala-eddyn Djihansouz mourut vers 551 (1156). Ce fut un prince habile, spirituel et vaillant. Après le court règne de son fils, ses neveux devinrent très-puissants dans la Perse orientale et dans l'Inde (Voy. MOHAMMED GAÏATH-EDDYN et MoHAMMED CHEHABEDDYN, XXIX, 239 et 216). A-T.

ALA-EDDYN Ier, vingt-neuvième empereur de l'Indoustan, et second de la dynastie des Khaldjides, Afghans d'origine, était neveu et gendre de son prédécesseur Fyrouz-Chah II. Nommé par ce monarque soubah de la province de Gurrah ou Karah, limitrophe du Dekhan, il repoussa les invasions des Indous, et traversant la Nerbouddat, l'an 692 de l'hégire (1292 de J.-C.), il envahit leur pays, dévasta leurs temples, détruisit leurs idoles et revint avec un si riche butin que l'empereur lui donna aussi le soubah-dar d'Aoude. Ces succès faciles firent concevoir à Ala-eddyn le projet de conquérir la péninsule; mais l'exécution de ce dessein ne fut d'abord qu'un moyen de se soustraire à des contrariétés domestiques et de réussir dans une entreprise criminelle. En 1294, il part comme pour une partie de chasse, et tournant vers le midi, il cache sa marche, évite toute hostilité, feint de menacer Ellikhpour et attaque à l'improviste Déoghir, capitale des états de Ramdéo, le plus puissant radjah du Dekhan. En semant la défiance parmi les autres radjahs, il les empêche de secourir Ramdéo, qui, pour

se délivrer d'un si redoutable ennemi, lui offre une forte rançon; mais à peine l'a-t-il payée, que son fils, fier de la supériorité des forces qu'il amène, livre bataille aux musulmans, malgré son père, et au mépris du traité il essuie une déroute complète. Ala-eddyn reparaît devant Déoghir, la pille, la met à feu et à sang, et force Ramdéo

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du fleuve, devant Mannikpour, avec son armée. Il affecte des craintes ; et pour le rassurer, l'empereur, laissant en arrière sa nombreuse escorte, se met dans une chaloupe avec quelques serviteurs; mais à peine a-t-il atteint le rivage, à peine a-t-il relevé, en l'embrassant, Ala-eddyn qui s'était prosterné à ses pieds, qu'il est mis à mort à un signal donné , pour sautraître par ce (fin de l'année 1296). De deux fils que laissait Fyrouz-Chah, l'aîné était absent; le second, Rokhn-eddyn fut mis sur le trône par les intrigues de sa mère; mais ce choix injuste forma deux factions à Dehly, dans un moment où l'union y était le plus nécessaire. Ala-eddyn entra sans résistance dans la capitale et y fit sanctionner son usurpation, selon l'usage, en donnant des places et de l'or aux ambitieux. Rokhn-eddyn s'était réfugié avec sa mère et ses femmes à Moultan, auprès de son frère; ils y furent bientôt assiégés et forcés de capituler. Leurs jours devaient être respectés; mais on leur creva les yeux ils périrent misérablement en prison. L'année suivante cent mille Mogols du Djagataï traversèrent l'Indus et envahirent le Pendj-ab. Un frère d'Ala - eddyn, les ayant rencontrés près de Lahor, remporta sur eux une victoire complète. Douze mille restèrent sur le champ de bataille, et les prisonniers en plus grand nombre furent égorgés. En 1298 ce même prince et le vizir d'Ala-eddyn conquirent le Goudzerât jusqu'à Cambaye, mirent en fuite le radjah et s'emparèrent de ses trésors, de ses éléphants et de sa famille. Une nouvelle invasion des Mogols retarda la conquête entière du Goudzerât. Ils furent vaincus par Djâfar, un des généraux de l'Indoustan. Mais une troi

ver la citadelle, son dernier asile de donner quinze mille livres pesant d'or pur, cent soixante-quinze livres de perles, cinquante livres de diamants et de pierres précieuses, vingtcinq mille livres d'argent, quatre mille pièces d'étoffes, et une foule d'autres objets qui prouvent quelle était dès cette époque l'opulence de l'Inde. Ala-eddyn laissa garnison dans Ellikhpour, que le radjah lui avait aussi cédée, et revint dans son gouvernement après mille périls, chargé de ses riches dépouilles. Cependant Fyrouz-Chah, inquiet sur le sort de son neveu, s'était avancé vers Goualior, où il apprit le retour et les succès d'Ala-eddyn. Au lieu de marcher en forces contre cet ambitieux, pour déconcerter ses projets, il lui laissa le temps de les mûrir par ses intrigues. Dupe de sa tendresse pour ce perfide, trompé par les fausses apparences de son repentir, de son désespoir d'avoir entrepris sa dernière expédition sans l'aveu de son souverain, ébloui enfin par la part qu'il espérait avoir dans le riche butin qui en avait été le fruit, Fyrouz pardonne à son gendre, et s'embarque sur le Gange pour aller au-devant de lui. L'hypocrite, qui depuis quelque temps était dans le Bengale, non pour y chercher un asile contre la colère de son oncle, comme il voulait le faire croire, mais pour y lever de s troupes, vient l'attendre sur les bords

et

sième armée, beaucoup plus nom

breuse, sous les ordres de Koutloukh, fils du khan de Djagataï, après avoir ravagé tout le pays depuis l'Indus jusqu'à la Djemnah, arriva devant Dehly, répandant partout l'épouvante. L'empereur rassembla toutes ses forces, et marcha contre eux en personne. Djâfar, qui commandait son aile droite, avait presque décidé la victoire et poursuivait les fuyards, lorsque, enveloppé par divers corps de Mogols, il fut abandonné par le frère d'Ala-eddyn, jaloux de son triomphe précédent, et succomba. Repoussés sur les autres points, les Moguls évacuèrent l'Indoustan. Enivré de sa prospérité, Ala- eddyn ambitionna la gloire d'être conquérant comme Alexandre et prophète comme Mahomet. Pour exécuter le premier projet, il avait de l'audace, des talents militaires; aussi s'empressa-t-il de prendre le nom du héros grec (Eskander), et de le faire mettre sur ses monnaies. Mais sachant à peine lire, il lui était plus difficile de s'ériger en réformateur des lois et de la religion; aussi les sages conseils du vieux chef de sa magistrature le déterminèrent se borner au rôle de conquérant. Il s'empara de Rantampour et de Tchitor, deux des plus fortes places des Radjpouts, dans l'Adjemir; la seconde tombait pour la première fois sous la domination des musulmans. En 1303 il soumit Warangole, capitale du Tellimgan, qui comprenait à peu près le pays de Golconde. Il conquit le Malwah l'année suivante. En 1306, KhodjahKafour, son général, acheva la conquête du Dekhan, à travers le Baglana ou pays des Mahrattes, et pénétra jusque dans le Carnate en 131o. Faisant la guerre en brigand, à l'exemple de son maître, Kafour pilla des trésors immenses: ses soldats mé

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prisaient l'argent tant ils avaient d'or à discrétion. Divers évènements interrompirent ces brillants succès. Les Mogols continuèrent leurs invasions périodiques dans l'Indoustan; ils furent toujours repoussés par l'empereur en personne ou par Touglouck, un de ses généraux. Ala-eddyn ne faisait aucun quartier aux prisonniers de guerre; ils étaient tous égorgés par ses ordres. Cependant des révoltes éclatèrent contre lui; des conspirations menacèrent ses jours il tomba même une fois sous les coups des assassins qui, le croyant mort, respectèrent le cadavre de leur souverain au lieu de lui couper la tête. Toutefois ces révoltes, ces conspirations, furent pour Ala-eddyn d'utiles leçons; elles lui apprirent qu'il y avait dans son administration des vices, des abus, qu'il fallait extirper. Pour y parvenir, il convoqua une assemblée générale des ministres, des omrahs, des hommes les plus éclairés de l'empire. On reconnut que la source du mal était dans le cumul des principaux emplois sur la tête de quelques privilégiés; dans les alliances de quelques maisons trop puissantes; dans le partage trop inégal des propriétés foncières; dans le pouvoir illimité des gouverneurs de provinces; enfin dans l'usage immodéré du vin et des liqueurs spiritueuses. En conséquence, l'empereur rechercha la conduite de tous les fonctionnaires publics; récompensa les uns, destitua ou punit les autres en plus grand nombre, défendit les mariages entre les familles d'omrahs sans sa permission; confisqua les biens mal acquis; réduisit les émoluments des principaux emplois, et en abolit le cumul. Il fixa des limites aux acquisitions des propriétés territoriales, régla le nombre des domestiques sui

vant les besoins de l'agriculture; il diminua les impôts, et en rendit la répartition plus juste et la perception moins vexatoire. Par ses soins, la justice devint si surveillante et si active qu'on n'entendit plus parler de vols, et que les voyageurs purent en tous sens parcourir l'Indoustan sans crainte et sans danger. Il prohiba le vin sous peine de mort, et pour donner l'exemple, il fit répandre sur la place publique tout celui qui était dans ses caves. En un mot, Ala-eddyn, dans son ardeur des réformes, entra dans 'les moindres détails. Il ne négligea point les sciences et les arts dont il sentait le prix, bien qu'il fût illettré; il dota des collèges et des écoles, et il se livra lui-même à l'étude des lois et de la politique. Obligé d'avoir sur pied de nombreuses armées, il réduisit leur solde; mais, d'un autre côté, il fixa les grains et autres denrées de première nécessité, à un taux très-modique, en prohiha le monopole, et établit des magasins pour entretenir l'abondance et maintenir les bas prix. Il embellit sa capitale par de nombreux édifices publics, et y ajouta des fortifications pour la mettre à l'abri des attaques des Mogols. Gorgé de richesses, enivré de prospérités, Ala-eddyn s'en dormit au sein de la mollesse et de la volupté, abandonnant les rênes de l'empire à Kafour, qui, de la condition d'esclave noir et de prisonnier de guerre, lors de la conquête de Goudzerât, était devenu le premier ministre et le favori de son vainqueur. Cet ambitieux, aspirant au trône, inspira des soupçons à l'empereur sur ses deux fils aînés et sur leur mère, et il obtint l'ordre de les faire arrêter; leurs principaux partisans furent mis à mort. La tyrannie de Kafour excita des mécontentements

et des révoltes à Tchitor, dans le Dekhan et le Goudzerât; les revers qu'éprouvèrent les armées d'Ala eddyn dans cette dernière contrée le mirent en fureur et aggravèrent la maladie dont il était atteint. II mourut en 716 (1316) dans la vingtième année de son règne. Malgré le parricide qui ouvrit à ce prince le chemin du trône, malgré ses cruautés envers les prisonniers de guerre et les peuples vaincus, enfin malgré son insatiable avidité, son peu d'égards pour sa femme, son peu soins pour l'éducation de ses enfants, et la faiblesse qui deshonora la fin de sa carrière, il est mis au rang des plus grands monarques de l'Indoustan, parce qu'il sut défendre, agrandir et gouverner ses états, et qu'il rendit ses sujets heureux par la sagesse de son administration. Après sa mort tout changea. Kafour fit aveugler les deux fils aînés d'Ala-eddyn, plaça sur le trône le plus jeune, qui n'avait que huit ans, et s'em

para

de

de la régence mais il fut assas siné au bout d'un mois, et son pupille remplacé par un troisième fils d'Alaeddyn, qui régna et périt en tyran. Il fut le dernier de sa dynastie qui n'avait duré qu'environ trente-deux ans, etTouglouk-Chah, en 721(1321), en établit une nouvelle qui dura près d'un siècle (Voy. MAHMOUD-CHAH II, XXVI, 179). A-T.

ALAGON (LOUIS D'), baron de Mérargues, né en Provence, dans le 16e siècle, se disait issu des comtes d'Aragon. Il crut ne pouvoir mieux justifier une pareille origine qu'en tramant un complot pour livrer (1605) la ville de Marseille aux Espagnols, et en se servant pour y parvenir des moyens que lui donnait le commandement de deux galères dans le port. Il s'ouvrit sur

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