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urs hommes. Voilà les erreurs que M. Burnet attribue aux preers siècles, en sorte qu'il n'y avoit nulle connoissance certaine et lle confession claire de l'unité ni de la perfection de Dieu non plus e de la Trinité de ses personnes. C'est à peu près dans la foi la me imperfection que reconnoît M. Jurieu : c'est ce qu'il avoit elé la Trinité informe.

a réforme a aujourd'hni trois principaux défenseurs : M. Jurieu, Burnet, et M. Basnage : tous trois ont donné les premiers siècles ir fauteurs aux hérésies des sociniens: nous avons vu les conséences de cet aveu; d'où l'on induit nécessairement la tolérance uniselle. M. Burnet l'a ouvertement favorisée dans sa préface sur un té qu'il a traduit de Lactance; et nous produirons bientôt d'autres uves incontestables de son sentiment. Pour ce qui est de M. Base, nous avons vu comme il s'est déjà déclaré pour la tolérance le qui, selon M. Jurieu, a une liaison si nécessaire avec l'indifence des religions. Il a loué les magistrats sous qui l'hérétique n'a à craindre1. Nous avons ouï de sa bouche que la punition de vet, quoique impie et blasphémateur, étoit un reste de papisme 2. là il met à couvert du dernier supplice les blasphémateurs les impies: ce qui favorise une des maximes de la tolérance, où l'on ient pour blasphémateurs que ceux qui s'attaquent à ce qu'ils onnoissent pour divin; directement contre saint Paul, qui se me blasphémateur: quoique ce fût, comme il le dit, dans son rance ; et même contre l'Evangile, qui range aussi au nombre blasphémateurs ceux dont les langues impudentes chargeoient jures le Sauveur, quoiqu'ils le fissent par ignorance, sans noitre le Seigneur de gloire; et que le Sauveur lui-même les excusés envers son Père, en disant qu'ils ne savoient pas ce qu'ils oient".

e grand principe des sociniens, et l'un de ceux que M. Jurieu que le plus, c'est qu'on ne peut nous obliger à croire ce que is ne connoissons pas clairement. C'étoit aussi le principe des nichéens; et saint Augustin, qui s'est attaché à le détruire en sieurs de ses ouvrages, a persuadé tout le monde excepté les iniens et M. Basnage. Je remarquerai ici en passant un endroit en rapportant les vaines promesses des manichéens «< qui s'eneoient à conduire les hommes à la connoissance nette et distincte la vérité, et qui avoient pour principe qu'on ne doit croire vériles que les choses dont on a des idées claires et distinctes; >> tout n coup, sans qu'il en fût question, ou que son discours l'y menât

asn., tom. 1. c. 6. p. 492; Ci-dessus, n. 10.-2 Déf. de l'Hist. des Var., n. 13.-3 1 Tim., — 4 Matth., xxvii. 39.— 5 Act., III. 17.—6 Luc., XXIII. 34.—7 Tab., Lell. III. p. 131.

par aucun endroit, il s'avise de dire que «< saint Augustin réfute ce principe de la manière du monde la plus pitoyable '. » C'étoit peu de dire la plus foible ou s'il vouloit la plus fausse; pour insulter plus hautement à saint Augustin il falloit dire la plus pitoyable et cela sans alléguer la moindre preuve; sans se mettre du moins en peine de dire mieux que saint Augustin, ni de détruire un principe dont il sait que les sociniens aussi bien que les manichéens font leur appui. Il leur a voulu faire le plaisir de leur donner gain de cause contre saint Augustin, et persuader à tout le monde qu'un docteur si éclairé est demeuré court en attaquant le principe qui fait tout le fondement de leur hérésie.

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C'est, en un mot, je l'ai dit souvent et je le répète sans crainte; c'est, dis-je, que la réforme n'a point de principe universel contre les hérésies, et ne produit aujourd'hui aucun auteur où l'on ne trouve quelque chose de socinien mais celui qui en a le plus, très-certainement c'est M. Jurieu. Avant lui on n'avoit ouï parler d'une Trinité informe. Personne n'avoit encore dit que la doctrine de la grâce fût informe et mêlée d'erreurs devant saint Augustin, ou qu'il fallût encore aujourd'hui prêcher à la pélagienne 2. Voilà ce qu'enseigne ce grand adversaire des sociniens. Il enseigne qu'on ne peut condamner ceux qui font la Trinité nouvelle, et deux de ses Personnes nouvellement produites; qui font dans l'éternité la nature divine imparfaite, divisible, changeante, et les Personnes inégales dans leur opération et leur perfection; ceux qui disent que le concile de Nicée, loin de réprouver ces erreurs, y a consenti et les a autorisées par ses décrets; que la doctrine de l'immutabilité de Dieu est une idée d'aujourd'hui, et qu'on ne peut réfuter par l'Ecriture ni accuser d'hérésie ceux qui la rejettent 3.

Il est vrai qu'il a pris la peine de répondre à ce dernier reproche, et il soutient qu'il n'a voulu dire autre chose sinon que « les lumières naturelles achèvent ce que l'Ecriture sainte avoit commencé làdessus. >> Un autre auroit dit que l'Ecriture confirme et achève ce que la lumière naturelle avoit commencé : notre ministre aime mieux attribuer le commencement à l'Ecriture et la perfection à la raison : comme si les écrivains sacrés n'avoient pas eu la raison ; et par-dessus la raison, la lumière du Saint-Esprit qui en perfectionnoit les connoissances. Mais, après tout, ce n'est pas là ce qu'avoit dit le ministre il avoit dit en termes formels, que les anciens, en donnant au Verbe une seconde génération, lui donnoient non un nouvel être, mais une nouvelle manière d'être "; que cette nouvelle manière d'être

1 Basn., tom. 1. 1. part. c. 4. art. 2. p. 127.-2 Voy. vie Avert., 1. part. art. 2, 3, 4, 5.—5”Ibid. art. 6 et suiy.- 4 Tab., Lett. VIII. p. 580.- 5 Ibid., Lett. vI. p. 266 et suiv.

ajoutoit la perfection au Verbe et accomplissoit sa naissance imparfaite jusque-là : qu'on devoit pourtant «< BIEN REMARQUER que l'on ne sauroit réfuter PAR L'ECRITURE cette bizarre théologie des anciens; et c'est, disoit-il, une raison pourquoi on ne leur en sauroit faire une hérésie: il n'y a que la seule idée que nous avons AUJOURD'HUI, de la parfaite immutabilité de Dieu qui nous fasse voir la fausseté de ces hypothèses 1. » L'Ecriture n'étoit donc pas suffisante pour nous faire voir un Dieu immuable. Qu'il ne chicane point sur ce mot de faire voir, comme si l'Ecriture nous faisoit croire seulement l'immutabilité de Dieu, et que la raison nous la fit voir. Car il avoit dit elairement que ces hypothèses des pères ne sauroient être réfutées par l'Ecriture: l'Ecriture ne pouvoit donc, ni faire voir, ni faire croire, que Dieu fùt immuable l'idée de l'immutabilité est une idée d'aujourd'hui, qui n'étoit ni dans les saints livres, ni dans la doctrine de ceux qui nous avoient précédés. On a vu quelle est l'ignorance et l'impiété d'une telle proposition. Mais le ministre qui la désavoue ne sait encore qu'en croire : puisqu'au lieu de dire à pleine bouche, que nous voyons dans l'Ecriture l'immutabilité de Dieu; il se contente de dire, qu'il n'a « jamais dit que l'Ecriture ne servit de rien à en former l'idée. Car, poursuit-il, puisque l'Ecriture sert infiniment à nous donner l'idée de l'être infiniment parfait, elle sert aussi sans doute à nous faire comprendre la parfaite immutabilité de Dieu. » Vous diriez que l'Ecriture ne nous dise pas en termes assez formels que Dieu est immuable, jusqu'à exclure de ce premier être, même l'ombre du changement; mais qu'elle serve seulement à nous le faire comprendre, et que ce soit là une conséquence qu'il faille comme arracher de ses autres expressions. Je ne m'étonne donc plus si l'auteur des Avis prend à témoin M. Jurieu des belles lumières que nous recevons de la philosophie moderne. « M. Jurieu sait, dit-il, qu'avant la philosophie de l'incomparable Descartes, on n'avoit aucune juste idée de la nature d'un esprit : >> sans doute, avant ce philosophe, nous ne savions pas que Dieu fût esprit, ni de nature à n'être aperçu que par la pure intelligence, ni que notre âme fût faite à son image, ni qu'il y eût des esprits administrateurs : sans Descartes ces expressions de l'Ecriture étoient pour nous des énigmes; on ne trouvoit pas dans saint Augustin, pour ne point parler des autres Pères, la distinction de l'âme et du corps: on ne la trouvoit pas même dans Platon. M. Jurieu le sait bien : car, si nous n'entendons que d'aujourd'hui l'immutabilité de Dieu, pourquoi entendrions-nous mieux sa spiritualité, qui seule le rend im

Vle Avert., 1. part, art. 1. n. 10, 11; Tab., Lett. vI. p. 268.-2 Jac., 1. 17. —3 Avis sur le Tab., art. 3.

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muable; puisqu'un corps, qui de sa nature est divisible et mobile, ne le peut pas être. Que la réforme qui ne sait rien de tout cela, et qui l'apprend d'aujourd'hui, est éclairée ! L'aveuglement de ses docteurs ne la fera-t-elle jamais rougir? Mais ne comprendra-t-elle jamais combien l'esprit du socinianisme domine en elle, puisque M. Jurieu y est entraîné comme par force en le combattant?

Pour ce qui regarde la tolérance, il n'y a qu'à se souvenir avec quelle évidence nous venons de démontrer que ce ministre l'a autorisée même en voulant la combattre. Et pour ne point répéter ce qu'on en a dit 1, on ajoutera seulement que M. Jurieu est lui-même le plus grand exemple qu'on puisse jamais proposer de la tolérance du parti. On lui tolère toutes les erreurs qu'on vient de voir, quoiqu'elles n'emportent rien moins qu'un renversement total des fondements du christianisme, et même des principes de la réforme.

On lui tolère de dire qu'on se peut sauver dans une communion socinienne : c'est une accusation que je lui ai faite dans l'Histoire des Variations et dans le premier Avertissement. Il n'est pas nécessaire d'en répéter ici la preuve; puisqu'après avoir beaucoup chicané, le ministre a enfin passé condamnation. « Il conclut (l'évêque de Meaux) son premier Avertissement par des preuves, que selon moi on peut être sauvé dans une communion socinienne. Il n'y a pas plus de bonne foi là-dedans que dans le reste. Si l'on pouvoit conclure quelque chose de mes écrits, ce seroit qu'un homme qui, sans être socinien et en détestant les hérésies sociniennes, vivroit dans la communion externe des sociniens n'en pouvant sortir, seroit sauvé : c'est ce que je ne nie pas 3. » Il avoue donc en termes formels le crime dont on l'accuse, qui est qu'on se peut sauver dans une communion socinienne.

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Car être à l'extérieur dans cette communion, c'est y recevoir les sacrements, c'est y assister au service, aux prêches, aux catéchismes, aux prières, comme font les autres, avec les marques extérieures de consentement: il n'y a point d'autres liens extérieurs de communion que ceux-là : or, si cela est permis, on ne sait plus ce que veulent dire ces paroles Retirez-vous des tentes des impies *; ni celles-ci de saint Paul: Je ne veux point que vous soyez en société avec les démons : vous ne pouvez boire le calice du Seigneur et le calice des démons : vous ne pouvez participer à la table du Seigneur et à la table des démons 3; ni enfin celles-ci, du même apôtre : Quelle communion y a-t-il entre la justice et l'iniquité? ou quelle convention entre Jésus-Christ et Bélial? ou quel accord peut-il y avoir

1 VIe Avert. II, part. n. 105.-2 Var., liv. xv. n. 79; 1er Avert., n. 42. — 3 Tab., Lett. vi. P. 298.-4 Num., XVI. 26.— 5 1 Cor., x. 20.

entre le temple de Dieu et les idoles 1? S'il est permis d'être uni par les liens extérieurs de la religion avec l'assemblée des impies, tous ces préceptes de l'apôtre, toutes ces fortes expressions du SaintEsprit, ne sont plus qu'un son inutile; et le ministre manifestement les réduit à rien. Ainsi la limitation qu'il apporte à sa proposition en supposant que celui qu'il met dans une communion socinienne, n'y sera qu'extérieurement et détestera dans son cœur les hérésies de cette secte, ne sert qu'à les condamner davantage. Car un tel homme sera nécessairement un hypocrite, qui sans être socinien fera semblant de l'être or c'est encore pis, s'il se peut, de sauver un tel hypocrite que de sauver un socinien; puisqu'on peut être socinien par ignorance et avec une espèce de bonne foi, au lieu qu'on ne peut être hypocrite que par une expresse perfidie et une malice. déterminée.

La condition qu'il appose, qu'on demeure innocemment à l'extérieur dans cette communion n'en pouvant sortir, met le comble à l'impiété. Car elle suppose qu'on est excusé de se lier de communion avec les impies lorsqu'on ne peut en sortir, c'est-à-dire manifestement, lorsqu'on ne le peut sans mettre sa vie ou ses biens ou son honneur en péril: or, si on reçoit cette excuse, tous les exemples des martyrs sont des excès; tous les préceptes de l'Evangile, qui obligent à mourir plutôt que de trahir la vérité et sa conscience, sont des préceptes outrés, qui ne sont propres qu'à envoyer les gens de bien à la boucherie.

Que si, enfin, le ministre se sent forcé à répondre que cet homme, qui communie à l'extérieur avec les sociniens, n'en déteste pas seulement les erreurs dans sa conscience, mais déclare publiquement l'horreur qu'il en a; il renverse la supposition. Car cet homme très-constamment n'est plus dans la communion extérieure des sociniens, puisqu'il y renonce expressément par la profession qu'il fait d'une foi contraire. Un tel homme se gardera bien de faire la cène avec eux, ni de prendre le pain sacré de la main de leurs pasteurs qu'il regarde comme des impies: et s'il assiste à leurs prêches, ce sera comme un étranger qui iroit voir ce qui se passe dans leurs assemblées, ou qui entreroit, si l'on veut, dans une mosquée par simple curiosité.

Que, si l'on assiste sérieusement au service des sociniens avec le même extérieur que les autres membres de leurs assemblées, et, en un mot, qu'on en fasse son culte ordinaire, on pourra assister de même au culte des mahométans ou des idolâtres les catholiques, les luthériens, les calvinistes pourront se tromper ainsi les uns les

12 Cor., VI. 14.

XI.

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