Il ne pouvoit en vérité plus invinciblement affermir la vérité que nous proposons, qu'en l'attaquant comme il a fait. Parmi tant de sortes d'erreurs que nous condamnons les uns et les autres, qui ne seroit étonné que, depuis l'origine du christianisme, il n'en ait pu produire une seule, dont les auteurs ne soient certains, et dont les commencements ne soient marqués? Il est contraint de sortir de la question; et au lieu de montrer, comme il a promis, un changement dans les dogmes, il ne produit que le changement d'une coutume indifférente. Nous pouvons donc assurer, qu'encore qu'il n'y ait aucune des vérités chrétiennes qui n'ait été attaquée en plusieurs manières, néanmoins, malgré tous les artifices et les profondeurs de Satan, comme saint Jean les appelle dans l'Apocalypse 1, jamais aucune erreur n'a été tant soit peu suivie, qu'elle n'ait été convaincue par sa nouveauté manifeste. Si donc la nouveauté clairement marquée est un caractère visible et essentiel de l'erreur, nous avons raison de dire, au contraire, que l'antiquité dont on ne peut marquer le commencement, est le caractère essentiel de la vérité. Que si l'Anonyme n'a pu trouver, dans toute l'histoire de l'Eglise, aucun exemple constant de ces changements insensibles, qu'il prétend avoir été introduits dans les dogmes de la foi, c'est en vain qu'il auroit recours, comme à un dernier refuge, aux traditions des pharisiens. Car outre qu'il nous suffit d'avoir établi notre règle dans le nouveau Testament, duquel seul j'ai parlé dans l'Exposition, je puis encore ajouter que cet auteur assure sans fondement qu'on ne peut marquer l'origine des fausses traditions des Juifs. Il peut apprendre de saint Epiphane, que les traditions des Juifs ne sont pas toutes de même nature, ni de même date, et qu'on ne doit pas les comprendre toutes sous une même idée. Ce Père en reconnoît d'une telle autorité, et de si anciennes, qu'il les attribue à Moïse. Mais il y en a beaucoup d'autres, qui sont nées depuis, dont il nous a nommé les auteurs, et dont il nous a marqué les commencements. On est d'accord que ces traditions ne sont pas toutes mauvaises, ni toutes réprouvées par le Fils de Dieu. Quoi qu'il en soit, on ne peut pas dire que l'origine en soit inconnue. Pour celles que Notre-Seigneur a si souvent condamnées dans l'Evangile, les plus célèbres auteurs de l'une et de l'autre communion conviennent de les rapporter la plupart à la secte des pharisiens, dont on connoît assez les auteurs, aussi bien que les commencements et les progrès. On voit par là que l'Anonyme hasarde ce qui lui vient dans l'esprit, quand il croit qu'il sert à sa cause sans en considérer le fond; 1 Apoc., x1. 24.-2 Pag. 308. Voyez aussi ce que dit l'auteur touchant les traditions des Juifs, pag. 119. et l'on peut aisément juger combien est injuste la comparaison qu'il fait si souvent, des traditions chrétiennes avec celles des pharisiens'. On ne peut marquer les commencements des traditions chrétiennes; on vient de voir qu'on sait le commencement et de la secte et des traditions des pharisiens. Il paroît clairement par l'Evangile, que les traditions des pharisiens étoient contraires à l'Ecriture. Car, ou ils établissoient par ces traditions des observances directement opposées à la loi de Dieu, ou ils mettoient davantage de perfection dans des pratiques indifférentes, et en tout cas de peu d'importance, que dans les grands préceptes de la loi, où Dieu enseignoit à son peuple la vérité, la miséricorde et le jugement. Ainsi, en toutes manières, ils méritoient le reproche que leur faisoit Jésus-Christ, de transgresser les commandements de Dieu à cause de leurs traditions. Si donc on veut comparer nos traditions avec les traditions des pharisiens, il faut avoir prouvé auparavant, que les nôtres ne s'accordent pas avec l'Ecriture, comme Notre-Seigneur a décidé que celles des pharisiens y étoient directement opposées. Que si l'on veut toujours supposer que le silence de l'Ecriture suffit pour exclure une doctrine, quelque antiquité qu'elle ait dans l'Eglise, on sort manifestement du cas où le Fils de Dieu a parlé en tous ces passages; et c'est abuser le monde, que de s'autoriser par cet exemple. Ainsi l'on voit clairement, par les choses qui ont été dites, que l'auteur de la Réponse n'a pu alléguer aucune raison, ni aucun exemple contre cette belle règle que nous proposons qu'une doctrine qu'on voit reçue par toute l'antiquité chrétienne, sans qu'on en puisse marquer le commencement, doit venir nécessairement des apôtres. C'est la seconde proposition de mon traité, qu'il a attaquée. II m'en fait faire une troisième, pour appliquer cette règle à la prière des saints, à la prière pour les morts, et aux doctrines particulières. C'est à quoi je n'ai pas pensé, parce que cela n'étoit pas de mon dessein; et je l'ai déjà averti souvent que, pour voir les choses par ordre, il faut considérer premièrement la vérité de la règle, pour en faire l'application aux doctrines particulières. Quand on voudra entrer dans ce détail, il sera temps d'entrer dans cette discussion. 1 Pag. 298, 318. FIN DU ONZIÈME VOLUME. བ་ TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. AVERTISSEMENTS AUX PROTESTANTS SUR LES LETTRES DU MINISTRE JURIEU CONTRE L'HISTOIRE DES VARIATIONS. TROISIÈME AVERTISSEMENT. 1. Dessein de cet Avertissement. Que de l'aveu IV. Que l'idolâtrie attribuée par le ministre 5 V. Vains emportements du ministre, qui n'op- 6 VII. L'idolâtrie, selon le ministre, n'empêche 7 8 11 XXVI. Fanatisme manifeste de cette doctrine, XXVII. Que le ministre Jurieu n'a pu exclure 37 XXVIII. Réflexion sur cette doctrine. Vic- autres. 38 XXX. Vaine défaite. des sept mille qui n'ont 39 61 XXXII. Suite des embarras du ministre Ju-|XVIII. Différence infinie de l'intercession de 41* Jésus-Christ et de celle des saints. XXXIII. Conclusion et abrégé de ce dis-XIX. Médiation de Jésus-Christ très-bien ex- cours. 43 AVERTISSEMENT AUX PROTESTANTS SUR LE REPROCHE DE L'IDOLATRIE. 44 des ministres mêmes. H. Définition de l'idolatrie, définition de l'in- vocation des saints. Démonstration, par ces définitions, qu'elle ne peut pas être un honneur divin, ni un acte d'idolatrie. 45 III. Pourquoi on dit que les saints font, et que 46 sont de l'Ecriture. 47 V. Prières de saint Augustin, de saint Basile et des autres saints aux saints martyrs. 48 VI. C'est chose claire par la raison, et d'ail- 49 XIII. Passage d'OEcolampade. sance de nos prières. Preuve par l'Ecriture, ib. comme nous. ib. 66 ib. ib. XXIV. Que notre culte intérieur est infini- XXVII. Ce que c'étoit, selon les platoniciens, que la médiation des démons et combien nous sommes éloignés de cette doctrine. 67 XXVIII. Moyens que Dieu a trouvés pour fer- 68 XXIX. Les fêtes des saints, ce que c'est: doctrine de l'Eglise anglicane protestante: 69 XXX. Les Eglises dédiées aux saints, justi- QUATRIÈME AVERTISSEMENT. 1. Dessein des deux Avertissements suivants, 71 11. Permission donnée par les chefs de la ré- forme à Philippe, landgrave de Hesse, de tenir deux femmes ensemble: nécessité de défendre cette scandaleuse permission. XV. Aveu du ministre, que nous n'égalons pas les saints à Dieu par nos invocations: il IX. Que les termes du ministre sont incompa- se réduit à dire que nous les égalons à Jé- tibles, et que sa doctrine se détruit par elle- XVI. Le ministre réfuté par Daillé. La média-X. Les raisonnements du ministre sur les lois tion de Jésus-Christ expliquée, et les catho- divines et sur celles du mariage, convain- XVII. Qu'on n'adresse point à Jésus-Christ XI. Fausses idées du ministre sur le divorce et cette prière, Priez pour nous M. Jurieu corrigé par M. Daillé. 58 sur la séparation des mariés. protestants dans l'état de la religion et dans 120. réforme demeurent couverts d'un éternel CINQUIÈME AVERTISSEMENT. 81 82 11. Dessein de cet Avertissement. 83 84 90 ple envers les rois impies et persécuteurs; 122 123 XXVII. Que, selon les principes du ministre, 124 125 XXX. Que le ministre donne à David des sen- 126 XXXI. Etranges excès du ministre contre la 129 XXXII. Toutes les formes du gouvernement 132 XXXIII. Etat de la question impertinemment 133 III. Les guerres civiles sous prétexte de religion 92 99 100 109 110 107 113 116 135 XXXVI. Dessein du ministre de prouver par 136 ib. XXXVII. Erreur de M. Jurieu sur les premiers : 137 139 XL. Troisième exemple du ministre celui des Asmonéens ou Machabées. 142 144 147 143 149 |