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précisément, elle est regardée comme ajoutée au genre qui, étant indéterminé de soi, est déterminé par la différence à une espèce particulière, par exemple l'animal par le raisonnable à l'espèce de l'homme.

Voilà donc pourquoi la différence est énoncée adjectivement, aussi bien que le propre et l'accident; parce que, comme l'accident, par exemple la géométrie, ajouté à une substance, compose avec elle ce tout qu'on appelle le géomètre, ainsi la différence, par exemple le raisonnable, ajouté à l'animal, compose avec lui ce tout qu'on appelle l'homme.

Et ce qui se dit ici des véritables substances, comme de l'animal et de l'homme, se doit entendre de tout ce qui est exprimé par noms substantifs, c'est-à-dire des formes abstraites par précision; par exemple, blancheur et géométrie : ainsi on dit substantivement: la blancheur est une couleur; et la géométrie une science, qui sont le genre et l'espèce; et on dit adjectivement la blancheur est une couleur propre à dissiper la vue; la géométrie en soi est démonstrative; la géométrie d'un tel est peu sûre, parce que ces termes et autres semblables expriment les différences, les propriétés et les accidents.

Ces deux manières d'énoncer, l'une substantivement, et l'autre adjectivement, sont encore expliquées en d'autres termes. On dit : ce qui est énoncé substantivement est énoncé in recto, dans le cas direct, c'est-à-dire au nominatif; au lieu que ce qui est énoncé adjectivement, est dit et énoncé in obliquo, dans les cas indirects, où la chose est expliquée comme unie et attachée à une autre ; parce que, dire, par exemple, l'homme est raisonnable ou l'homme est sain, c'est dire : L'homme a en lui-même le principe de la raison; l'homme a en lui-même la santé. Mais la force de ces façons de parler se remarque mieux dans les langues grecque et latine que dans la nôtre qui, à proprement parler, n'a point de cas.

Au reste, il ne faut pas prétendre qu'on puisse réduire à une exacte logique toutes les façons de parler que l'usage a introduites dans les matières que nous venons de traiter : il suffit d'en avoir entendu le fonds.

Toutes ces choses par où Porphyre et Aristote ont préparé le chemin aux catégories étant expliquées, il est temps maintenant de parler des catégories elles-mêmes.

CHAPITRE LI.

Des dix catégories ou prédicaments d'Aristote.

Aristote a jugé que dans la partie de la logique où il s'agit d'expliquer aux hommes la nature de leurs idées, il était bon de leur faire voir un dénombrement des idées les plus générales, et c'est pour cela qu'il nous a donné ses catégories, c'est-à-dire le dénombrement des dix souverains genres auxquels il rapporte tous les êtres.

Pour ce qui est de l'être et de ce qui lui convient en général, on en traite en métaphysique, et l'École appelle cela les transcendants, c'est-à-dire les choses qui sont au-dessus de toutes les catégories, et conviennent non à certains genres d'êtres, mais à tous les êtres généralement.

Ces dix genres sont nommés par Aristote substance, quantité, relation, ou ce qui regarde un autre, qualité, action, passion, étre dans le lieu, être dans le temps, situation, avoir, ou, pour mieux dire, étre revêtu; substantia, quantitas, qualitas, ad aliquid, vel relatio, actio, passio, ubi, quandò, situm esse, habere.

Ces dix mots marquent la réponse aux dix questions les plus générales qu'on puisse faire de chaque chose 54. Quest-ce qu'un homme ? on répond en expliquant sa substance: combien est-il grand? de tant de coudées; à quoi a-t-il rapport? à son père, à son fils, à son maître, à son serviteur. Quel est-il? blanc ou noir, sain ou malade, robuste ou infirme, ingénieux ou grossier. Que fait-il? il dessine, ou fait une figure de géométrie. Que souffre-t-il? il a la fièvre, il a un grand mal de tête. Où est-il? il est à la ville, il est aux champs. Quand est-il né? en telle ou telle année. De quoi est-il vêtu? de pourpre ou d'écarlate.

Quelques-uns soupçonnent que le livre des catégories n'est pas d'Aristote, ce qui importe fort peu; il nous suffit que Porphyre, Boëce, et presque tous les philosophes, tant anciens que modernes, le lui attribuent 55.

Ces dix genres dont nous avons le dénombrement dans ce livre, s'appellent en latin prædicamenta, prédicaments, parce qu'ils peuvent être affirmés de plusieurs choses, prædicari de multis, à la manière des universaux, parmi lesquels ils tiennent le premier rang. Le mot de catégorie signifie en grec la même chose 56

CHAPITRE LII.

De la substance, et de l'accident en général.

Quand Aristote vient au fonds des catégories (Lib. Categ. c. 4 et 5), la première chose qu'il fait, c'est de diviser l'être en général, en substance et en accident 57.

Tous les philosophes supposent cette division comme connue par elle-même, et nous en avons traité lorsque nous avons expliqué la première division des idées.

La lumière naturelle nous apprend qu'une même chose peut être en diverses façons même contraires, successivement pourtant, et avoir certaines choses attachées à elle. La même âme peut avoir diverses pensées; le même corps peut être en repos ou avoir divers mouvements; le même doigt peut être droit ou courbé. Les pensées, les mouvements, le repos, l'être droit ou l'être courbé ne sont pas choses qui subsistent en elles-mêmes; elles sont les affections de quelque autre chose. Il y a donc la chose qui affecte et la chose qui est affectée; et personne ne peut comprendre que tout ce qui est ne soit que pour affecter et pour façonner quelque autre chose. La chose donc qui est proprement affectée et ajustée de telle ou telle façon, est celle que l'on appelle substance; au contraire, celle qui affecte et celle qui est la façon même est celle qui s'appelle accident. C'est pourquoi Aristote (Lib. VII, Metaph. c. 1, 3), a défini la substance: Ce qui est le sujet, et l'accident : ce qui est dans un sujet ; et encore: la sustance, dit-il, est ce qui est, et en qui quelque chose est; et l'accident est ce qui n'est qu'en un autre; ce qui est inhérent à un autre.

Cette notion est si claire que tout ce qu'on dirait pour l'expliquer davantage ne ferait que l'embarrasser. Il faut seulement observer ce qui a été dit plusieurs fois, et qu'on ne peut trop mettre dans son esprit, que ce qui est véritablement et ce qui mérite proprement le nom de chose, c'est la substance; au lieu que les accidents ne sont pas tant ce qui est, qu'ils affectent ce qui est (Aristot. lib. VII, Metaph. c. 1, 2.) ou, comme on dit dans l'École, ne sont pas tant des êtres, que des êtres d'être. Accidens non tam est ens quàm entis ens.

Selon cela, il paraît qu'il n'y a rien de plus clair que la raison. de substance en général, quoique, peut-être, il n'y ait rien de plus inconnu que la nature des substances particulières, dont nous

connaissons bien mieux les accidents et les façons d'être que le fonds.

CHAPITRE LIII.

De la substance en particulier.

A la tête des catégories, Aristote met la substance comme la plus noble et le sujet de toutes les autres; et c'est là sa définition ainsi qu'il a été dit.

Il divise la substance en substance première et en substance seconde. La substance première, c'est Pierre, Jean, Jacques, et les autres individus qui subsistent par eux-mêmes, dans quelque espèce que ce soit. Les substances secondes sont les substances prises en général, et qui sont comme tirées par précision des substances particulières. Les substances premières ni ne sont dites d'un sujet, ni ne sont dans un sujet. Les substances secondes, c'est-à-dire celles qui sont prises généralement, ne sont pas dans un sujet, mais sont assurées d'un sujet, c'est-à-dire de leurs inférieurs. Tout cela soit dit pour entendre le langage d'Aristote et de l'École.

Sous le nom de substance, sont compris, selon ce philosophe, Dieu, homme, corps, arbre, métal, et les autres choses qui, comme celleslà, subsistent par elles-mêmes et ne sont point entendues comme étant dans un sujet.

Ce sont celles-là qui proprement doivent être exprimées par les noms substantifs. Mais la nature des abstraits et la commodité du discours a obligé à faire des noms substantifs, qui ne conviennent qu'aux accidents, tels que sont mouvement, repos, situation, sentiment, pensée et une infinité d'autres.

Observons donc les lois du discours commun, mais songeons que ce qui est expliqué par un nom substantif n'est pas toujours une substance.

Il faut en revenir aux idées, et ne prendre jamais pour substance que ce que l'idée nous représente comme indépendant d'un sujet.

Aristote remarque ici que la substance ne reçoit ni plus ni moins; un arbre n'est pas plus arbre, un métal n'est pas plus métal, un cheval n'est pas plus cheval qu'un autre cela est vrai généralement de tout ce qui est essentiel à chaque chose, ainsi que nous l'avons remarqué 58.

CHAPITRE LIV.

De la quantité.

La seconde catégorie d'Aristote est la quantité, c'est-à-dire l'étendue,

Il appelle quantité ce qu'on répond à la question: combien ce corps est-il grand? il est grand de deux, de trois pieds, de deux ou de trois coudées. On détermine par cette réponse la grandeur, la quantité, l'étendue d'un corps.

Aristote distingue ici deux sortes de quantités, dont il appelle l'une continue et l'autre discrète ou séparée.

La quantité continue est celle dont les parties sont unies ensemble, comme les parties d'un métal, d'un arbre, d'un animal. La quantité discrète est celle dont les parties ne demandent pas d'être unies. Cette quantité, c'est le nombre à qui il convient d'être plus ou moins grand, et qui a, par cette raison, une certaine quantité.

On peut compter les choses unies, comme les pieds et les toises de quelque corps; mais le nombre, loin de demander que ses parties soient unies, les regarde, au contraire, comme séparées.

La géométrie a pour son objet la quantité continue; et l'arithmétique, la quantité discrète ou séparée.

Des quantités continues, l'une est permanente, et l'autre successive.

La quantité permanente est celle qui convient aux corps, choses qui demeurent et subsistent. La quantité successive est celle qui convient au mouvement et au temps ou à la durée dont la nature est de passer toujours.

On a raison d'attribuer de la quantité ou de l'étendue au mouvement et au temps, puisque le temps, qui n'est autre chose que la durée du mouvement, a sa longueur.

Être grand ou être petit, être long ou court, sont les propriétés de la quantité tant permanente que successive.

Mais Aristote remarque très bien (lib. de Cat., cap. VI.) que ces termes grand ou petit, long ou court, au fonds, sont termes relatifs. puisque la même quantité est appelée grande par comparaison à un certain corps, et petite par rapport à un autre.

C'est par cette raison que nous disons: Voilà une grande fourmi; voilà une petite montagne.

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