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4° la même terminaison er dans les noms : canye (charnier), grėfyė (greffier), p umyė (pommier)...

III. Le son ę (è ouvert français) remplace la terminaison singulier de presque tous les noms en -eau : capę (chapeau), catę (château)...

IV. Le son a remplace également un bon nombre de finales.

en :

1° oi p. ex. ma (moi), fa (foi, dans « ma foi! »), purka (pourquoi?)... da (doigt).

2o -oir: p. ex. sa (soir), na (noir), ava (avoir), sava (savoir), dva (devoir, verbe)...

3o -eil: p. ex. sula (soleil), para (pareil), orta (orteil)... 4° -ai (rarement) : bala (balai).

V. Le son u (ou français) remplace toujours la terminaison française eur, et souvent eu dans le corps des mots : volu (voleur), mātu (menteur); pu (peur), puru (peureux), hur (heure)...

VI. Nous avons aussi un son ay qui revient très fréquemment en remplacement, soit :

1° De oi dans le corps des mots paysō (poisson), bặysõ (boisson)...

2o De la terminaison oire, soit d'un nom, soit d'un adjectif féminin, ou d'un verbe: făyr (foire), nặyr (noire), bặyr (boire)...

3o De la terminaison eille dans les noms et les adjectifs : butặy (bouteille), parăy (pareille)...

De même on dit vay (vieille), vặyi (vieillir), kayi (cueillir). VII. Le son nasalisé : èy est, aussi, fréquent : pěyn (peine), rēyn (reine), çātēyn (châtaigne), Mėlēyn (Melaine)...

VIII. Le son au remplace presque universellement :

1o Les pluriels en aux, eaux : kutyau (couteaux), çapya u (chapeaux), civa u (chevaux).

2o La diphtongue: au, quelle que soit du reste sa position dans le corps du mot: ça u (chaud), epa ul (épaule), fa uçõ (faucillon)...

IX. Nous aurons souvent l'occasion de remarquer un son ãė, au répondant à an français. Voici ce que dès 1550 le grammairien manceau Péletier signalait au sujet de cette intéressante diphtongaison de an. « Vrèi êt qu'an Normandie é ancous en Bretagne, an Anjou é an votre Meine, iz prononcet l'a devant n un peu bien grossement é quasi comme s'il i auoet aun par diftongue, quand iz diset: Normaund, Nauntes, Aungers, Le Mauns, graund chére. » Cf. Thurot : De la prononciation française..., t. II, p. 430.

C'est cette même prononciation que nous figurerons par ãė. AUTRES REMARQUES. A). Nous ajoutons souvent un é devant plusieurs mots qui en sont dépourvus en français, surtout devant r. C'est là du reste le phénomène bien connu de la métathèse de l'e de la première syllabe. Ainsi : erdir (redire), érvėni (revenir)...

B). Les terminaisons ac, euc, uc, perdent le c dans la prononciation. On dit en effet Piperya (Pipriac', Msa (Messac), Loya (Lohéac), Kyenne (Quelneuc), Bru (Bruc)...

Et du reste rien n'est plus fréquent que la chute d'une consonne finale Se Ju (Saint Just), fg (fer), Si (Sixt).

C). Souvent le g français suivi de u ou de l se prononce chez nous comme un y et la voyelle suivante s'allonge yep (guêpe), yer (guerre), yipri (Guipry), yãdra (gland).

D). Enfin beaucoup de mots français sont de véritables formes savantes pour le paysan qui n'a pas l'habitude de les prononcer. Il n'est pas rare alors de voir ces mots subir une déformation tendant, soit à les simplifier, soit à les rapprocher d'un mot plus connu, de son analogue. C'est ainsi qu'on entend dire culeton pour gueuleton. C'est ainsi que chauve-souris, par la forme transposée souris-chauve est devenu suris-ça ud (souris-chaude). De même on ne dira point les sangsues, mais les sãsur (censures), mot que les paysans entendent souvent au pròne de la messe, le dimanche «... sous peine d'encourir les censures de l'Eglise. J'ai aussi entendu cette phrase:

‹ Ah! ma pauvre Marie, notre voisin n'est point bien; le médecin l'a skultė (ausculté) et l'a trouvé bien malade! » etc.

E). Dans ses lignes générales, le patois de Pipriac renferme des sons doux et un peu traînants, au moins comparativement à celui de Saint-Just, Saint-Ganton et Sixt. J'ai même remarqué que par suite de sa position géographique, Pipriac prenait quelquefois un son intermédiaire entre les sons des deux localités qui l'entourent. Prenons par exemple le mot clos vous entendrez dire à Saint-Ganton: un syō, à Saint-Just un cyọ. Nous dirons à Pipriac: un c3yō, etc.

Donnons maintenant un tableau général comparatif des sons correspondants dans les diverses localités que nous avons étudiées. Un bon nombre de variantes s'expliqueront alors d'elles-mêmes.

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Nous prenons pour base de notre travail le parler de Pipriac et tous les exemples sans références appartiennent à ce parler.

Quand nous rencontrerons des différences intéressantes entre les autres prononciations et celle de Pipriac nous les noterons à la suite de cette dernière en les accompagnant des abréviations suivantes :

S. Sixt. S.-J. Saint-Just. B. Bruc. G.= Guipry. S.-G. Saint-Ganton.

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PREMIÈRE PARTIE

PHONÉTIQUE

Nous étudierons successivement le traitement des voyelles et celui des consonnes.

Traitement des voyelles.

Nous examinerons les voyelles d'après leur ordre régulier dans l'alphabet - et chacune d'elles dans ses différentes positions (tonique, protonique, posttonique).

Les noms français dérivant en général de l'accusatif latin, c'est cette forme que nous citerons partout dans nos exemples. Rappelons toutefois que cette forme a perdu I'm de bonne heure, les flexions de l'accusatif singulier, telles que murum, portam, turrem... s'étant uniformément réduites en latin vulgaire à muro, porta, turre...

Quand les formes restituées du latin sont douteuses, nous les faisons précéder d'un astérisque (*).

A

1o A tonique.

A tonique libre (c'est-à-dire à et ă en latin classique).

A tonique libre a donné, dans le patois de Pipriac, les sons

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ė, ẹ, ę: clarum : çsyė (clair), patrem: per (père), matrem : mer (mère), labram: lev (lèvre).

A noter aussi les formes nasum ney (nez), fratrem : frōr (frère).

A tonique libre devant les nasales donne è et æ quand la nasale subsiste; è quand elle ne subsiste pas et quelquefois même quand elle subsiste: ama: ém (var. œm) aime, manum : mẽ (main) (var. mã: Sixt), panem pẽ (pain) (var. pã : Sixt), planam plen (plaine) (var. plēyn).

Comme on le voit par cette dernière variante, le son é développe quelquefois après lui un y consonne, comme dans castaneam cateyn (châtaigne), lanam leyn (laine), campaniam : kāpēyn (campagne).

REMARQUES. -Suffixes -aticum et -arium. - Le suffixe latin -aticum donne aj comme en français : frumaj (fromage), silvaticum sauvaj (sauvage), viaticum: voyaj (1) (voyage). Une seconde forme vyaj, tout en signifiant quelquefois voyage, s'emploie le plus souvent dans le sens de pèlerinage : « Un vyaj à Sainte-Anne. >>

Le suffixe latin -arius, aria, arium, se retrouve assez régulièrement sous les formes: yé (pour le masculin) et yor (pour le féminin): primarium : prėmyė (premier) (var. pėrmyė) primariam premyōr (var. pėrmyōr), kuturyė (tailleur) — kuturyor (tailleuse), castanearium: catenye (châtaignier), panarium penyė (panier), amādye (amandier), palearium: pāhyė (tas de paille), granarium: grėnyė (var. gėrnyė) (grenier), ripariam: rivyōr (rivière), caldaria : çaudyōr (chaudière).

NOTA. Quand la forme française est identique pour le masculin et le féminin, le son o est seul usité pour les deux genres: contrarium kōtror (contraire), m. et f.

(1) Thurot: de la Prononciation française, t. I, p. 398 : « ... Ménage : Il faut dire voiage. D

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