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TROIS JEUNES FILLES S'EN VONT DANSER

(Variante à la chanson précédente).

M. Georges Mahéo, de Morlaix, nous a envoyé les paroles et la musique de la chanson suivante, qui, comme celle qui précède, sert à faire danser en Basse-Bretagne. Il l'a entendue à Plouguerneau et à Plougastel.

Trois jeu nes fill's s'en vont danser, o di bé na na na o di bé na na

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Le Pillage des Bureaux d'Enregistrement

EN 1793

DANS LA LOIRE-INFÉRIEURE

Le récit des premiers mouvements séditieux de l'insurrection de mars 1793 passionnera encore longtemps l'attention des historiens et des lecteurs parce que la description des circonstances tragiques qui remplissent les pages de ce drame, fournit un thème inépuisable à nos réflexions. Le dépouillement des archives des Districts n'a pas été sans résultats dans quelques régions, mais on n'a pas encore pensé à utiliser la correspondance adressée à la Direction des Domaines par les Receveurs qui furent pillés par les insurgés et forcés ensuite de raconter les événements dont ils furent témoins, pour obtenir décharge des sommes qui manquaient dans leur caisse, ou expliquer leur désertion). Cette source, on va le voir, mérite toute l'attention des chercheurs, elle nous a été révélée dernièrement, à la suite des mesures prises contre l'encombrement des bureaux des Domaines, et de l'exploration des liasses qu'on destinait au rebut. La correspondance de 1793 émanant des receveurs est à lire surtout dans l'ouest, elle contient des détails très précis, des dates, des noms, des chiffres que les historiens seront forcés d'enregistrer. Le personnel de cette grande administration ne perdra rien à ces révélations, au contraire, il pourra faire ins

(1) Les requêtes furent adressées ensuite aux Régisseurs des Domaines et au comité des Finances de la Convention.

crire à son actif plus d'un acte de courage civique, digne d'être offert en exemple. Ceux qui ont tenu tête aux rebelles pour sauver leurs registres et leur caisse ne sont pas rares. Sauveur qui fut cruellement déchiré sur la place de la Roche-Bernard était receveur de l'Enregistrement, comme Lorin qui fut assassiné par les paysans envahisseurs de Machecoul. Fouesnel, receveur à Malestroit, prit rang parmi les dragons de Lorient et chargea si vigoureusement les rebelles réfugiés à Rochefort qu'il fut obligé de quitter le pays pour éviter les effets de leur

vengeance.

Voici un spécimen des renseignements que renferme cette correspondance administrative:

<«< Vous avez sans doute déjà appris que la ville de la RocheBernard a été quelque temps dans la possession d'une horde de séditieux; que leur entrée dans cette cité y fut marquée par le meurtre et le brigandage; que le citoyen du Cosquer, procureur syndic du District, tomba sous le fer meurtrier de ces assassins; que le citoyen Sauveur, receveur de l'Enregistrement, fut inhumainement déchiré et que sa caisse devint le partage de ces rebelles également avides de sang et de pillage. Cette place est maintenant évacuée, mais elle se ressentira longtemps de la secousse qu'elle vient d'éprouver. »>

<«< Une autre troupe non moins sanguinaire commandée par le ci-devant chevalier de Silz attaqua la ville de Rochefort dont elle s'empara ainsi que de 50 hommes de garnison du 109° régiment qui furent faits prisonniers. Les citoyens du Quéro, secrétaire du District, et Lucas Bourgerel fils, capitaine de la Garde Nationale, reçurent la mort de la main de ces insurgés. Et le citoyen Charil, receveur de l'Enregistrement, n'échappa à leur fureur que parce que l'état affreux où ils l'avoient laissé, leur avoit fait croire qu'il n'existait plus. >>

«De là, cette horde de contre-révolutionnaires essaya de se porter à Malestroit d'où elle fut repoussée par la garnison qu'on y avait placée en tems utile et qui, réunie à une partie de notre

force armée, parvint à évacuer cette place où les assiégés ont perdu environ 250 hommes non compris les blessés et les prisonniers. Plusieurs de ces derniers ont déjà subi le sort de la guillotine qu'ils avaient si bien mérité. »

((

Pontivy a eu également la plus violente secousse. Cette ville, assiégée par 6,000 paysans fanatiques, essuie dans le même temps un combat de cinq heures où 30 des rebelles perdirent la vie et 40 furent faits prisonniers; 12 déjà jugés ont eu la tête tranchée. »

« Les paroisses de Muzillac et de Sarzeau se sont aussi insurgées; on y a commis des brigandages; les caisses d'Enregistrement y ont été pillées mais personne n'y a perdu la vie. Les séditieux qui se portèrent sur Vannes, le 14 mars, au nombre de 3,000, en furent repoussés sans peine, deux des assiégeants furent tués, plusieurs furent blessés. De notre côté, nous n'éprouvâmes aucune perte (1). »

Il est avéré que la révolte n'a pas éclaté spontanément sur tous les points à la fois; ce fait est démontré par les rapports que nous avons sous les yeux. On dirait que le signal est parti des paroisses de la Loire-Inférieure les plus voisines de l'Anjou et de la Vendée. Dès le dimanche 10 mars, les têtes fermentaient à Saint-Mars-la-Jaille, arrondissement d'Ancenis, et à Aigrefeuille, au sud de la Loire, près de Clisson. Les receveurs des Domaines de ces deux localités le révèlent dans leur correspondance. Celui d'Aigrefeuille a été témoin d'un rassemblement extraordinaire de païsans, il en a conçu quelque inquiétude. Puis, le lendemain, lundi 11, il a entendu, le soir, plusieurs de ces paysans se donner des rendez-vous pour le lendemain mardi; alors, il n'a plus eu de doute qu'ils n'eussent quelque projet de violence et d'insurrection, surtout en se rappelant les propos menaçans qui lui étaient venus aux oreilles (2). Alors, il prit le

(1) Lettre du Directeur de Vannes au Directeur de Nantes, 8 avril 93 (Arch. de la Loire-Inférieure, série L.)

(2) Lettres et déclaration du sieur Duhil, receveur à Aigrefeuille.

parti de se retirer à Nantes avec son portefeuille et quelques registres. Saint-Philbert n'est pas loin de là. Ce bourg fut un centre d'organisation pour la révolte dès le dimanche, nous dit le receveur du Pont-James.

« Le 10 Mars au soir, apprenant qu'il y avait de la rumeur à Saint-Philbert et curieux d'en savoir la cause, j'y allais avec deux jeunes gens nommés Pitard et Hervouet, mais nous étant approchés à une portée de fusil, nous vimes plusieurs hommes. qui se détachèrent d'un attroupement de peut-être deux cents hommes et qui couroient sur nous. Ne nous trouvant pas en force pour leur résister, nous nous sauvâmes et rentrâmes à Pont-James où tout me parut tranquille. On me dit que la rumeur n'était occasionnée que par un ordre venu pour faire tirer à la Milice (1). »

« Le lendemain, 11 mars, les païsans de la paroisse de Bouin (Vendée) vinrent en très grand nombre à Pont-James, et, comme ils menaçoient à grands cris de tout massacrer et qu'une troupe se portait vers mon bureau, je me sauvai par la porte de derrière de la maison et me réfugiai chez la dame du Fief où j'ai resté caché huit jours sans être découvert. »

Les notaires du pays l'obligèrent à reprendre ses fonctions sous peine de mort et les paysans qui venaient à son bureau n'avaient que des injures à la bouche. « Bougre de bleu, disaientils, si on te voit dehors, tu n'en réchapperas pas ». On lui faisait comprendre ainsi qu'il n'avait pas à se montrer en uniforme de garde national.

Cette situation affreuse dura jusqu'au 7 avril, date où les rebelles vinrent l'arracher de son bureau et l'emmenèrent avec les autres habitants de Saint-Colombin, au camp des Sorinières, sous prétexte qu'ils étaient oisifs.

Il y avait là, nous dit ce témoin, un rassemblement considérable qu'il évalue à 3,000 hommes, près duquel il resta deux jours

(1) Déclaration du citoyen Pascal, receveur à Pont-James, 6 mai 1793,

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