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tables, remonta à cheval et piqua des deux vers Nozay. « Le drapeau blanc, dit-il, était arboré dans cette commune. »

Le passage étant libre, il continua de fuir à toute bride vers Nantes sans s'arrêter, si ce n'est à la dernière poste pour donner un peu d'avoine à son cheval et entra à Nantes dans la nuit du 28 mars(1).

La ville d'Ancenis entourée de douves, et protégée par la Loire au sud, n'était pas facile à surprendre, cependant les révoltés tentèrent d'y pénétrer au nord par le passage du Pontreau voisin de la gare actuelle. Feuillette, receveur de l'Enregistrement à Ancenis, un vrai patriote, se porta au-devant des assaillants avec les autres gardes nationaux et, tous ensemble, ils firent bravement leur devoir. Il nous certifie que le combat fut acharné. Cette fois il en fut quitte pour la peur, mais le 16 juin, il lui fallut courber la tête devant la masse, subir l'invasion d'une armée en fureur et passer par toutes les émotions du pillage. Comme sa femme tenait boutique de draps et de soieries, il avait la double crainte de se voir dépouillé, à son domicile, de ses marchandises, et, à son bureau, de ses valeurs en assignats, en papier timbré et en monnaie. Battre en retraite avec les troupes de la République ne lui semblait pas le meilleur parti à prendre d'autant qu'il était père de trois jeunes enfants.

Il se cacha d'abord dans sa cave, puis, apprenant que la proclamation affichée par les révoltés promettait le respect des biens et des personnes, il se montra au comité local organisé par les habitants et réclama un procès-verbal de l'état de son bureau. Cinq chefs de l'armée royaliste se présentèrent alors et demandèrent la délivrance des fonds de sa caisse. Le receveur crut qu'il les contenterait facilement en leur déclarant une somme quelconque et en simulant une décharge de l'inspecteur ambulant pour couvrir ses écritures: il comptait sans leur prévoyance. Les envahisseurs étaient savamment organisés, ils avaient pris

(1) Déclaration de Cousin receveur à Derval.

dans leurs rangs un receveur d'enregistrement royaliste et un premier commis de direction qui ouvrirent les registres, arrêtèrent les comptes et dénoncèrent sa supercherie avec de vifs reproches (1). Il lui fallut compter de toutes ses recettes, soit 7,000 livres.

Effrayé des conséquences de sa conduite, il se cacha de nouveau de peur d'être mis au rang des otages, car on avait déjà arrêté 15 à 20 patriotes qu'on tenait en prison et d'autres se préparaient à les rejoindre, quand les Républicains vinrent délivrer la ville de la présence des Royalistes.

Tout le monde portait la cocarde blanche, personne ne pouvait la refuser sans s'exposer à la mort. Le receveur dont la maison était pleine de troupes fut donc obligé de s'exécuter comme les autres.

Pendant que les Royalistes tentaient l'assaut de la ville de Nantes, des volontaires républicains vinrent s'installer à Ancenis et voulaient la traiter en ville ennemie; ils en réclamèrent le pillage sans l'obtenir. Leur fureur redoubla quand ils apprirent sur la route de Nantes que les révoltés battaient en retraite et allaient profiter du butin qu'ils laissaient. Feuillette, le receveur, crut que sa maison allait être la première pillée, il se hâta d'emballer ses marchandises et les conduisit au delà de la Loire, sur la rive de Liré, dans un magasin appartenant à la famille Thoinnet qui était suspecte aux Républicains. Cet évément faillit le perdre quand il réclama plus tard une indemnité. En justifiant sa conduite, il expose très nettement que les trois frères Thoinnet n'ont pas tous suivi le même drapeau et que Jean-Baptiste Thoinnet, propriétaire du magasin qu'il a occupé, combattait à Nantes dans les rangs des assiégés. Tout compte fait, l'insurrection de 1793 lui causa une perte de 14 à 15 mille francs dont il fit le sacrifice à la patrie(?).

(1) O. Sullivan, receveur à St-Georges-sur-Loire, et Ténésie, neveu du directeur des Domaines à Angers.

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(2) Déclaration du citoyen Feuillette, receveur à Ancenis. Je ne sais s'il a obtenu le remboursement de ses pertes.

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LE PILLAGE DES BUREAUX D'ENREGISTREMENT EN 1793. En résumé, les insurgés ont été féroces pour la personne des fonctionnaires, ils ont fouillé avec rage dans les caisses publiques, mais quand ils se sont trouvés en présence des registres d'insinuation de contrats, du contrôle des actes des notaires, des sommiers de rentes, des livres de gestion des biens nationaux ils ont hésité; ils ont craint de nuire à leurs intérêts en les détruisant. Même dans les villes où le sang a coulé avec le plus de violence, comme à Machecoul, les collections du bureau de l'Enregistrement ont été respectées (1).

Les papiers et les registres qu'on s'acharnait plutôt à détruire, étaient ceux des administrations des Districts, ils ont été saccagés à Blain, à Clisson, à Machecoul, à Guérande parce que la levée des 300,000 hommes était odieuse et qu'on espérait y mettre obstacle pour longtemps en anéantissant les matricules et les listes. Toutes les bandes des insurgés ne faisaient pas ces distinctions, le plus grand nombre était prêt à mettre le feu à toutes les collections. Si les destructions n'ont pas été plus étendues, nous le devons dans plus d'une localité à la vigilance des receveurs et aussi, il faut bien le dire, aux remontrances de quelques chefs intelligents dont la parole n'a pas été sans influence sur les colères déchaînées.

(1) Bureau des Domaines, copies de lettres, p. 77 (Arch. départ. série Q). Le bureau de Clisson est le seul qui ait perdu ses archives antérieures à 1792.

L'ÉPENTHÈSE DES LIQUIDES EN BRETON

(Suite).

65.

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L'addition d'un 7 initial se montre dans les mots sui

vants, d'origine française (cf. Gloss. 374):

bret. moy. lotrucc autruche, mod. lotruçz, autruig; van. lotrusse m. pl. -uzétt et euturche m. pl. -chett l'A.;

mod. limaich léon. imaich pl. ou image, limaicher, imaicher pl. -cheryen imager, qui fait ou vend des images Gr., limage m. pl. -geu image, limagérr pl. -gerion imager l'A.; van. lussiérr pl. étt huissier l'A, ailleurs hucher pl. -chéryen << huissier, sergent » Gr., tréc. hursel, An Hursier Gloss. 572 (voir § 44), cf. rouchi lussier;

mod. lestel dévidoir, moy. br. estell;

mod. losseau ossec, sentine (M. du Rusquec donne louséo, sans doute par réminiscence du mot lous sale); le Dict. de l'A. écrit aussi en franç. hossec;

pet. tréc. lans anse (d’un seau, etc.), cf. lans, nans anse, dans le Bas-Maine, Dottin;

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pet. tréc. louper pl. et batracien criard, cf. houpellat, hoppal

<< houper »>, appeler de loin Gr., moy. br. houp! interj.; van. houpér hibou, mot que m'a appris M. Buléon;

van. langroêsseenn f. pl. langroêss églantier l'A., moy. br. agroasenn Gloss. 20; léon. amgroaz, añgroaz fruit de l'églantier Gr.;

van. ur lanfin a dud « concours de peuple » Châl. ms, ailleurs anfin m. foule Moal, cf. fr. infinitė;

tréc. lodevi eau-de-vie, Rev. celt., XVI, 233;

argot trécorois de la Roche-Derrien luil huile, Rev. celt., XVI, 233.

C'est l'article français qui est cause de ces additions; cf. lendemain, loriot, luette. Le bret. mod. a, pour ce dernier mot, luetten, alueten (qui contient encore l'a de la luette), et des formes comme huget, hugeden, hugen, moy. br. huguen, Gloss. 328.

Cf. en argot rochois lahir personne de grande taille, du nom franç. Lahire expliqué comme un féminin du bret. Lehirle long (Rev. celt., XV, 354, 355).

66. Cette sorte d'agglutination donne lieu, dans le Bas-Maine, à une méprise inverse, qui a fait mutiler le commencement du mot anatomie: natomi anatomie; momie; dépérissement; atomi f. personne chétive, maigre comme un squelette; d'où encore lotomi, létomi personne faible, ou très vieille (Dottin). Une de ces formes a passé en van. : atomi anatomie Châl. ms. En v. franç. anatomie avait aussi le sens de squelette.

L'absence de l n'est imputable au bret. ni dans le van. impass m. pl. -azeu lampas l'A., cf. v. fr. empas (Rabelais), mot resté au centre de la France (Jaubert), ni dans hingued linguet, où Troude fait à tort sans doute sonner l'u : Jal, Glossaire nautique (1848) donne en bret. linguet et hingued; il cite un texte français de 1691 qui porte inguet, et un de 1678 qui a hinguet et ginguet, formes qu'il tient pour altérées. Le Dictionnaire général de MM. Hatzfeld, Darmesteter et Thomas tire ce franç. linguet d'un provençal *lenguet languette.

67. L s'est substitué à v initial dans vivergeant, liv-ergeant, van. liü-argant vif-argent Gr., lihue-argantt, lihuë-argantt

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