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armoire et on leur apporte solennellement « la grillée, » c'està-dire du pain rôti dans du cidre.

A la grand'messe dominicale qui suit le jour du mariage, le sacristain vient présenter une quenouille ornée à la jeune femme; celle-ci touche l'objet qu'on lui présente, et une fille d'honneur qui est à ses côtés remet une offrande.

La plupart des jeunes filles ne vont habiter définitivement chez leur mari qu'après le renoçon. Tel est le nom qu'on donne à cette grand'messe.

Autrefois, la tenue de deuil exigeait que l'on portât : 1o l'affublás (manteau court, de laine noire, fine, tissée); 2° la coiffe de coton (au lieu de la coiffe de bazin, tissu plus blanc et plus fin); de plus, les barbes de la coiffe devaient baller sur les épaules, c'est-à-dire ne pas être nouées, mais retomber librement.

Danses populaires.

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Les deux danses populaires sont — je cite la définition qu'on m'en a donnée :

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Plusieurs fois, le soir, des cierges se sont allumés tout autour du grand doué (lavoir) de Trigohié, en Baguer-Pican, et l'on a vu des esprits mener les danses en avant-deux et chasse-à-huit.

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tonne (1), les paysans disent : « Ils charrient des roches! » Les petits enfants font le signe de croix et ajoutent : « Jésus menace! >>

Quand la neige tombe : « C'est le bon Dieu qui plume ses oies! >>>

(1) Chose curieuse à Saint-Lo, j'ai entendu : « C'est la chasse d'Arthur, » pour « il tonne. » C'est l'expression si usitée en Basse-Bretagne.

Quand le givre a blanchi les toits, l'on dit : « Les meuniers du bon Dieu ont travaillé cette nuit! »>

Lorsqu'un chat ronronne, c'est qu'il dit ses prières.

Celui qui entend le coucou chanter est assuré d'être heureux toute l'année, s'il sait ses prières.

Le chat est le plus fin des animaux. Il est plus malin que le renard.

Liturgie populaire. -- L'on dit aux enfants : « Ne montez pas sur les tables; Dieu seul s'y repose. »>

Formule pour exciter les convives à faire honneur au repas : <«< Est-ce que nous sommes dans la maison de Dieu, qu'on ne boit ni ne mange? »

Les diables! Ce sont des seigneurs, ce ne sont point de pauvres gens.

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La Pentecôte traîne ses boyaux. Par cette bizarre expression, l'on veut dire que la semaine qui suit la Pentecôte est une semaine des Quatre-Temps.

Les proverbes. << Mieux vaut user ses souliers que son chapeau, » c'est-à-dire, pour un fermier, mieux vaut user ses souliers à aller chez son propriétaire, que son chapeau à le saluer dans des rencontres perpétuelles. - Ce proverbe signifie donc : mieux vaut propriétaire éloigné que propriétaire rapproché.

Il n'est si haut chêne qui n'ait ses basses branches, c'està-dire, il n'y a pas de famille qui n'ait quelque chose à cacher. Les belles-mères! Il n'y en avait qu'une seule de bonne le loup l'a mangée!

Triades. Trois choses qu'une personne prudente évitera toujours faire des mariages; placer des domestiques; indiquer une nourrice.

Fille qui su (qui siffle),

Vache qui bu (qui beugle),

Poule qui chante le co (1) (comme un coq)

C'est trois bêtes de trop.

(1) Quand une poule chante, on la tue aussitôt; c'est un signe de malheur,

Devinettes populaires.

Dû du d'sus (= dur du dessus); dû du d'sous; mou à l'entour; deux cônes (= deux cornes) à la tête, et yune (et une) dans l'cul

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Nous évitons d'en citer beaucoup d'autres plus poivrées, mais que les paysans les plus respectables emploient volontiers pour faire éclater le rire large, franc et naïf de leur auditoire populaire.

Qui a la tête aux deux bouts? C'est un seillon (sillon).

Si vous ne l'avez pas (lavez), prêtez-le moi; si vous l'avez (lavez), gardez-le — (Un battoir).

Qu'est-ce qui couvrirait tout Paris et pas un puits? — (La neige).

Qu'est-ce qui est gros comme un boeuf et qui n'est pas lourd comme un œuf? - (La fumée).

Croyances populaires.

Les lavandières de nuit. Elles ont leur demeure principale à Cadran, village qui se trouve dans la commune d'Epiniac. - Il y a tel ruisseau où, à minuit, l'on entend distinctement le bruit des battoirs; en même temps, l'on voit des centaines de cierges allumés.

Janotin.

C'est un diable qui se déguise en joli chat noir, court sur le dos des chevaux et tresse leur crinière. Le cheval devient alors beaucoup plus beau et engraisse de jour en jour. Mirlikovir. C'est un diable qui, parfois, prend la forme d'un chien aux yeux rouges. On l'a rencontré ainsi dans le bois de La Brosse, en Epiniac.

(1) Cette devinette se retrouve en Basse-Bretagne et je l'ai notée dans mon Cojou-Breiz, 1re série: Plougasnou (Paris, Bouillon, 1896). A Dol, comme à Plougasnou, j'ai entendu aussi l'énigme suivante : « Dougerez ar vamm; dougerez ar verc'h, e kof he camm. » Il s'agit d'une jatte pleine d'eau dans une baratte remplie !

L'oraison d'incendie. En cas d'incendie, le prêtre va à l'église, récite une raison ad hoc, le feu s'éteint immédiatement mais c'est une méthode très dangereuse!

Le nombre sept. - Il est impossible qu'un homme se marie. plus de sept fois, parce qu'il n'y a que sept sacrements! BarbeBleue lui-même, qui est le plus grand brigand connu, n'épousa que sept femmes.

Les intersignes. -Les intersignes, ou avertissements mystérieux, sont très communs.

Dernièrement encore, une femme a vu une goutte de sang tomber sur sa serviette. Le lendemain, elle a reçu la nouvelle de la mort de sa fille.

Le Petit Albert. C'est le nom d'un livre que les prêtres seuls doivent posséder. Cependant des profanes se le procurent parfois et le lisent; mais malheur à eux s'ils ne savent le délire, c'est-à-dire le lire en commençant par la fin et en prononçant tous les mots à rebours.

Il y a quelques années, un jeune homme de Dol lut le petit Albert à l'un de ses amis, puis partit comme soldat au Tonkin. L'autre essaya de délire le livre. Peine inutile! Il ne sut s'y prendre! Un vacarme horrible se produisit tous les soirs dans la cheminée de sa maison et une pluie de pierres força la famille entière à déloger.

Megalithes.

Nos paysans disent que les Romains voulant faire le tracé d'une route qui traverserait le pays de Dol pour conduire en Normandie piquèrent trois mégalithes principaux.

I) La pierre de Beaufort.

Elle a environ cinq mètres de hauteur et se trouve dans un champ qui borde la route allant de Baguer-Morvan à Plerguer.

II) La pierre du Saut-au-Lièvre. Elle était en BaguerMorvan, mais on l'a abattue et mise en morceaux, il y a quelbues années. Au pied, se trouvait une sorte de pierre tombale,

reposant sur une maçonnerie de briques. Malheureusement, je n'ai pu obtenir des renseignements plus précis.

III) La pierre du Champ-Dolent. Ce menhir se trouve à trois kilomètres environ de la cathédrale; il est situé sur le bord de la route de Rennes, dans la paroisse de Carfantin, au sud-est de Dol. Il mesure plus de neuf mètres de hauteur audessus du sol. C'est un magnifique bloc de granit, au pied duquel on a trouvé plusieurs fois des monnaies romaines.

Si ce monument a fait divaguer plus d'un archéologue (1), il a aussi singulièrement surexcité l'imagination populaire. Voici d'abord une espèce de proverbe :

« Combat très sanglant

» Dans le grand Champ-Dolent. »

Puis des superstitions curieuses:

«Chaque fois qu'une personne vient à mourir, le menhir >> s'enfonce en terre d'une manière imperceptible; le jour où » il disparaîtra complètement, ce sera la fin du monde et le » jugement dernier. »

« Si l'on va au Champ-Dolent pendant que l'Evangile de la » Passion se chante à la messe du dimanche des Rameaux, l'on » est sûr de trouver un trésor auprès du menhir, à la condition >> d'accomplir certaines cérémonies (que j'ai oubliées). »

Pour la plupart des gens, la pierre du Champ-Dolent est le tombeau d'un général gaulois.

L'on parle couramment d'une voie romaine qui aurait passé par Carfantin pour aller du côté de Baguer-Morvan.

(1) Nous recommandons aux amateurs de rébus l'étymologie donnée par l'ingé nieux Deric (Hist. Ecclés. de Bret., t. I, p. 73 et note 4 du bas de la page, édit. de 1847).

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