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Qu'il me soit permis d'insister particulièrement sur deux espèces d'améliorations introduites dans mon ouvrage. Ce sont d'abord les articles nouveaux qui m'ont été procurés par des notes manuscrites trouvées sur des exemplaires rien de plus authentique que de tels articles; je ne manque aucune occasion de m'en procurer, et elles se rencontrent très-souvent dans une ville comme Paris, où les ventes de livres sont si fréquentes. Ces ventes rejettent successivement dans la circulation une multitude de bons livres annotés par des possesseurs plus ou moins instruits transcrire ces notes pour en faire jouir le public est un moyen nouveau d'enrichir et de compléter l'histoire littéraire. Il y a quarante ans que ce moyen est à ma disposition; mais c'est surtout depuis treize ans que j'y ai eu recours avec autant de persévérance que de succès.

Le second genre d'amélioration vient de la communication qui m'a été donnée par M. Van Thol des recherches qu'il a faites pendant plus de dix ans sur les ouvrages anonymes et pseudonymes publiés en français. Voyez ci-après mon Discours préliminaire, page xxj.

M. Van Thol a été conservateur d'un de nos dépôts littéraires. Les employés de ce dépôt, ceux même des autres dépôts, lui ont remis beaucoup de notes manuscrites trouvées sur des exemplaires. Plusieurs gens de lettres lui en ont communiqué. Ces articles, réunis aux miens, formeront une masse de découvertes d'autant plus précieuses qu'elles ont échappé à une perte qui, sans nos soins, eût été inévitable.

Le peu de cas que je fais des livres qui ne sont que curieux m'a déterminé à composer un ouvrage véritablement utile: ai-je atteint ce but? Je serais porté à le croire en considérant l'usage que l'on peut faire des recherches consignées dans mon Dictionnaire. Il sera facile, par exemple, d'en tirer des bibliothéques spéciales d'art militaire, d'économie poli

tique, de jurisprudence, de médecine, de philosophie, de politique, et surtout de théologie. L'auteur de l'Ami de la Religion et du Roi y a puisé largement pour composer son Essai historique sur la controverse touchant le prét à intérét, inséré dans le vingt et unième volume de son journal, année 1819. Le rédacteur de l'Esprit des Journaux (M. Mellinet aîné) y a trouvé le fond de l'Histoire des Journaux, qu'il a publiée dans le volume de mai 1817. Dès l'année 1808, M. Peignot avait choisi dans les deux premiers volumes de mon ouvrage soixante-dix-neuf articles, sur les deux cent quatre-vingts dont se compose sa Bibliographie curieuse, ou Notice raisonnée des livres imprimés à cent exemplaires au plus, etc. Je trouverai moi-même d'amples matériaux dans mon Dictionnaire, si jamais je fais réimprimer la Bibliothèque des Romans de l'abbé Lenglet du Fresnoy, d'après les deux exemplaires que j'en possède, chargés d'additions, d'éclaircissemens et de corrections, par l'auteur, par l'abbé Sepher, l'abbé de Saint-Léger et par M. Adry.

par

Je ne puis terminer cet avertissement sans me féciliter de la situation où je me trouve depuis long-temps; en me livrant à ma passion pour les recherches littéraires, je remplis une partie essentielle des fonctions dont je suis chargé. Quelles obligations n'ai-je donc pas à son excellence M. le marquis de Lauriston, ministre de la maison du Roi, qui me fournit tous les jours les moyens d'accroître mes connaissances par les augmentations dont il enrichit le précieux dépôt confié à mes soins?

DISCOURS PRÉLIMINAIRE

DE

LA PREMIÈRE ÉDITION,

AVEC DES NOTES NOUVELLES.

N

SI. Nature et objet de ce Dictionnaire.

On appelle ouvrage anonyme celui sur le frontispice duquel ON l'auteur n'est pas nommé : quelquefois le nom de l'auteur se trouve soit au bas d'une épître dédicatoire, soit dans une préface, soit dans l'approbation du censeur, soit dans le corps du privilége accordé pour l'impression, soit à la suite du même privilége. On pourrait donc distinguer différentes espèces d'ouvrages anonymes; mais l'usage est de les ramener toutes à une seule, et de s'en rapporter au frontispice pour la déterminer.

1 Cette définition diffère de celle qui se trouve dans le Dictionnaire de l'Académie, et elle ne donne pas même la juste idée que l'on doit se faire d'un ouvrage anonyme. Suivant l'Académie, le mot anonyme, appliqué aux ouvrages, se dit de ceux dont on ne connaît point l'auteur; et en effet telle est l'idée que l'on doit se former d'un ouvrage anonyme : cependant la définition que je présente est le résultat d'un travail fait sur une multitude d'ouvrages dont les auteurs, nommés dans l'intérieur, ne le sont pas sur les frontispices. J'ai retranché beaucoup d'articles de ce genre dans la nouvelle édition de ce Dictionnaire; et autant qu'il m'a été possible, ils ne font pas partie des nombreuses additions qu'elle présente. Si je pouvais, ôter de mon ouvrage les articles de cette espèce qni s'y trouvent encore, il me resterait assez d'auteurs véritablement anonymes à dévoiler, et j'aurais la satisfaction de råmener le mot anonyme à sa signification la plus naturelle. (Note nouvelle.)

Un ouvrage pseudonyme est celui dont le frontispice contient un nom qui n'est pas celui de son auteur. Il y a aussi différentes espèces d'ouvrages pseudonymes. Les écrivains qui mettent sur le frontispice de l'ouvrage qu'ils publient le nom d'un auteur célèbre, doivent passer plutôt pour des imitateurs maladroits que pour des imposteurs. Beaucoup d'ouvrages de ce dernier genre ont paru vers le milieu du siècle dernier. «Il pleut des Fréret, des du Marsais, des Bolingbroke», écrivait Voltaire à d'Alembert en 1766. Ceux qui mettent leur nom à des ouvrages qu'ils n'ont pas faits, se nomment plagiaires. Il existe beaucoup d'ouvrages qui, au lieu du nom des auteurs, ne contiennent que des termes appellatifs. Ainsi l'abbé le Gros, chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris, a écrit contre J.J. Rousseau, Court de Gebelin et les économistes, sous la dénomination d'un solitaire; Condorcet, contre les Trois Siècles de l'abbé Sabatier de Castres, sous celle d'un théologien. L'illuminé Saint-Martin a publié plusieurs de ses ouvrages sous le nom du philosophe inconnu. Les Auteurs déguisés de Baillet contiennent des détails curieux sur les pseudonymes en général, et en particulier sur les différentes espèces de termes appellatifs.

La dénomination d'anonymes et de pseudonymes s'applique aux auteurs comme aux éditeurs, aux ouvrages comme aux traductions.

La réputation d'un traducteur suffit souvent pour nous inspirer de l'intérêt en faveur de l'ouvrage traduit, parce que, dans tous les temps, des hommes de génie ont regardé la transmission des beautés d'une langue dans une autre, comme un des meilleurs moyens de perfectionner leur goût et leur style. Fénélon avait traduit l'Odyssée d'Homère et Virgile tout entier : combien n'a-t-on pas à regretter la perte de ce dernier ouvrage? Parmi les traductions que nous possédons, beaucoup jouissent d'une réputation méritée; les traductions forment donc une branche importante de notre littérature. La Croix du Maine, du Verdier, Charles Sorel, Baillet et l'abbé Goujet, nous ont laissé des détails précieux sur nos anciens

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