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philo

dont il s'étoit enrichi en Egypte, il alla dans cette partie de l'Italie que l'on appeloit la grande Grèce, pour y entendre les trois plus fameux Pythagoriciens de ce tempslà. De là il passa en Sicile pour voir les merveilles de cette isle, et sur-tout les embrasemens du Mont-Etna. De retour dans son pays après ses savantes courses il fixa sa demeure dans un quar tier du faubourg d'Athènes, appelé Académie. C'est là qu'il ouvrit son école et qu'il forma tant d'élèves à la sophie. (Voyez AXIOTHÉE et II. DIOGÈNE. ) La beauté de son génie, l'étendue de ses connoissances, la douceur de son caractère et l'agrément de sa conversation, répandirent son nom dans les pays les plus éloignés. Denys le Jeune, tyran de Syracuse enflammé du desir de le connoître et de l'entretenir, lui écrivit des lettres également pressantes et flatteuses, pour l'engager de se rendre à sa cour. Le philosophe n'espérant pas beaucoup de fruit de son voyage auprès d'un tyran, ne se pressa pas de partir. On lui dépêcha courrier sur courrier, enfin il se mit en chemin, at arriva en Sicile. Il y fut reçu en grand homme; le tyran offrit un sacrifice pour célébrer le jour de son arrivée. Platon trouva en lui les plus heureuses dispositions; Denys haït bientôt le nom de tyran et voulut régner en père: mais l'adulation s'opposa au progrès de la philosophie. Platon retourna en Grèce, avec le regret de n'avoir pas pu faire un homme d'un souverain, et le plaisir de ne plus vivre avec de lâches flatteurs qui étouffoient sa bonne semence. A son retour, il passa

mille illustre. On l'appela d'abord Aristocle, du nom de son aïeul; mais son maître de palestre l'appela Platon à cause de ses épaules larges et carrées. Dès son enfance il se distingua par une imagination vive et brillante. Il saisit avec transport et avec facilité les principes de la poésie, de la musique et de la peinture. Les charmes de la philosophie l'arrachèrent à ceux des beaux arts. Il avoit fait plusieurs tragédies; il les jeta au feu; et dès l'âge de 20 ans, il s'attacha uniquement à Socrate, qui l'appeloit le Cygne de l'Académie. Le disciple profita si bien des leçons de son maître, qu'à vingtcinq ans il avoit la réputation d'un Sage consommé. Athènes gémissoit dans ce temps-là sous l'oppression des trente tyrans. Le premier usage que Platon voulut faire de sa philosophie, fut de réformer un gouvernement si insupportable; mais ses tentatives n'eurent point de succès. Les tyrans furent chassés à la vérité, sans que le bien public y gagnat. Le peuple s'empara de toute l'autorité. Ainsi, l'état fut sans ordre et sans discipline; les lois furent foulées aux pieds. Les caprices d'une multitude ignorante et tumultuense régloient et gouvernoient les affaires les plus importantes: tant il est vrai que l'anarchie populaire est cent. fois plus à craindre que celle de tous les tyrans du monde. Platon désolé de voir sa patrie livrée aux factions, se retira chez Euclide à Mégare. Il visita ensuite l'Égypte, pour profiter des lumières des prêtres de ce pays, et des hommes illustres en tout genre qu'il produisoit alors. Non content des connoissances

à Olympie pour voir les Jeux. Il se trouva logé avec des étrangers de considération, auxquels il ne se fit pas connoître. Il retourna avec eux à Athènes, où il les logea chez lui. Ils n'y furent pas plutôt, qu'ils le pressèrent de les mener voir Platon. Le philosophe leur répondit en souriant: LE VOICI. Les étrangers surpris de n'avoir pas discerné le mérite de ce grand homme à travers les voiles de la modestie qui le couvroit, l'en admirèrent davantage.... Après l'anéantissement de la tyrannie dans la Sicile et la mort de Dion qui l'avoit renversée, les Siciliens écrivirent au philosophe Grec pour lui demander s'ils devoient réta― blir la tyrannie ou la domination du peuple. Platon leur répondit: « Un état n'est jamais heureux ni sous le joug de la tyrannie, ni dans l'abandon d'une trop grande liberté. Le plus sage parti est d'obéir à des rois, sujets euxmêmes aux lois. L'excessive liberté et la grande servitude sont également dangereuses et produisent à peu près les mêmes effets. Ce peu de mots fait assez connoître que Platon avoit des idées saines sur l'art de gouverner les hommes. On n'en est pas moins convaincu par la réponse qu'il fit aux Cyréniens, auxquels il refusa de donner des lois. « Vous êtes trop attachés aux richesses; et je ne crois pas qu'un peuple qui les aime puisse être jamais soumis aux lois. » On lui attribue quelques bons mots, ainsi qu'à Socrate. Voyant les Agrigentins faire d'énormes dépenses en bâtimens et en repas, il dit: Les habitans d'Agrigente bâtissent comme s'ils devoient -toujours vivre, et mangent comme

s'ils mangeoient pour la dernière fois.... Platon avoit naturellement un corps robuste et vigourenx; mais les voyages qu'il fit sur mer et les fréquens dangers qu'il courut, altérèrent beaucoup ses forces. Néanmoins il n'eut presque aucune attaque de maladie durant tout le cours de sa vie. Dans le ravage affreux que la peste fit à Athènes au commencement de la guerre du Pé loponnèse, il échappa à ce fléau commun par un régime de vie sobre et frugal, et par la privation des plaisirs qui énervent le corps et l'esprit. Sa tempé rance le conduisit à une heureuse vieillesse. Il mourut le jour de sa naissance, après une carrière de 8 ans, l'an 348 avant Jésus-Christ. On mit sur son tombeau cette inscription, simple et digne de lui: «Cette terre couvre le corps de PLATON; le ciel contient son ame bienheureuse. Homme, qui que tu sois, si tu es honnête, tu dois révérer ses vertus. » Il avoit toujours bravé la mort. Les médecins lui ayant conseillé de quitter promptement l'Académie, où l'air étoit infecté par des maladies contagienses, s'il vouloit sauver sa vie; Platon, sans avoir égard à cet avis, leur assura qu'il ne feroit pas même un pas pour aller au Mont-Athos, où l'on croyoit que les hommes vieillissoient plus tard que par-tout ailleurs, quand il seroit sûr d'y vivre plus longtemps que le reste des mortels.... Son ame élevée aux grandes vérités de la nature, méprisoit les petites tracasseries des hommes. Jamais il ne vengea ses injures particulières, mais seulement celles qu'on faisoit à ses amis ; car l'amitié étoit pour lui un besoin,

besoin, et il chérit sur-tout ses frères avec tendresse. Il fut aimé à son tour. La douceur de son caractère lui gagnoit les cœurs; et si la gravité s'y mêloit, c'étoit en donnant à sa physionomie plus de noblesse et de dignité. Platon, ce grand maître dans T'art de penser, ne le fut pas moins dans l'art de parler. Quand il écrit bien, on ne peut rien Imaginer de plus grand, de plus noble, de plus majestueux que son style. Il semble parler, dit Quintilien, moins le langage des hommes que celui des Dieux. Il puisa dans Homère, comme dans une source féconde, cette fleur d'expression, qui le fit appeler l'Homère des Philosophes. L'atticisme qui étoit parmi les Grecs, en matière de style, ce qu'il y avoit de plus fin et de plus délicat, règne dans tout ce qu'il a écrit. Aussi lui donnat-on de son temps le surnom APIS ATTICA, (Abeille Athé nienne); de même que la postérité lui a déféré celui de DIVIN', par rapport à la beauté de sa morale. Cependant son style, si loué par Quintilien a trouvé quelques censeurs. Il est trèssouvent enflé dit Linguet, obscur même dans l'expression. Il emploie quelquefois des métaphores sans exactitude, des allégories désagréables, des plaisanteries trop recherchées. Dacier lui-même a été forcé de convenir

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de ces défauts. «< Lorsqu'il veut se surpasser lui-même, et qu'il affecte d'être grand, il lui arrive quelquefois tout le contraire. Car outre que sa diction est moins agréable, moins pure et plus embarrassée, elle tombe dans des périphrases, qui étant répandues sans choix et sans me Tome X.

sure,

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n'ont ni grace ni beauté, et n'étalent qu'une vaine richesse de langue. Au lieu des mots propres et de l'usage commun il ne cherche que les mots nouveaux, étrangers et antiques; et au lieu de n'employer que des figures sages et bien entendues, il est excessif dans ses épithètes, dur dans ses métaphores, et outré dans ses allégories. » Quant au système de philosophie qu'il se forma Héraclite fut son guide pour la physique, Pythagore pour la métaphysique, et Socrate pour la morale. Il établit deux sortes d'êtres, Dieu et l'Homme : l'un existant par sa nature, et l'autre devant son existence à un Créateur. Le Monde étoit créé suivant lui: les prin cipaux êtres qui le composent, se réduisent à deux classes. Les Astres sont dans la re, et les génies bons et mauvais dans la seconde. L'Etre suprême qui préside à ces êtres intermédiaires, est incorporel , unique bon, parfait, tout - puissant, juste; il prépare aux gens dé bien des récompenses dans une autre vie, et aux méchans des peines et des supplices. D'un tel système doit découler nécessairement une morale pure. Rien ne l'est plus en effet, dit l'abbé Fleury que celle de Platon quant à ce qui regarde le désintéressement, le mépris des richesses, l'amour des hommes et du bien public; rien de plus noble, quant à la fermeté du courage, au mépris de la volupté, de la douleur, de l'opinion des hommes, et à l'amour du véritable plaisir. Une telle morale fut, sans doute, ce qui engagea les premiers Pères de l'Eglise à étudier soigneusement

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la philosophie de Platon. Saint Clément d'Alexandrie dit dans ses Stromates, que sa philosophie, quoique humaine, avoit servi aux Grecs pour les préparer à l'Evangile, comme la Loi aux Hébreux. On le donna pour un Prophète; on crut trouver la Trinité dans ses écrits, parce qu'il dit quelque part, «Que le Triangle équilatéral est de toutes les figures celle qui approche le plus de la Trinité. » Zonare dit qu'en 796 on ouvrit un sépulcre fort ancien, dans lequel on trouva un corps mort, qu'on crut être celui de Platon. Ce cadavre avoit une lame d'or à son cou, avec cette inscription: Le Christ naîtra

une Vierge, et je crois en lui. Il n'en fallut pas davantage pour accréditer l'idée que Platon avoit été un des hérauts du Christianisme. On ne faisoit pas attention alors, que les pensées raisonnables qu'on trouve dans la métaphysique de Platon, sont à côté de plusieurs idées extravagantes, enveloppées dans un pompeux galimathias. Que penseroit-on aujourd'hui d'un philosophe qui nous diroit que le monde est une figure de douze pentagones; que le Feu, qui est une pyramide, est lié à la Terre par des nombres ? Platon parloit si bien, qu'on ne pouvoit pas croire qu'il pensât mal. On

oublioit en l'entendant ses contradictions, le peu de suite de ses raisonnemens, ses passages brusques d'une matière à une autre, ses écarts frequens. Sa politique vaut mieux que sa métaphysique; mais il faut avouer qu'elle offre aussi plusieurs idées chimériques et impraticables. Ses leçons pourroient former un prince philosophe; mais elles

ne feroient jamais un grand roi Tous les Ouvrages de cet homme illustre sont en forme de dialoge, à l'exception de xu Lettres qui nous restent de lui. On y trouve plusieurs principes sur la rhétorique, qui sont répandus en partie dans son Phædon et dans son Gorgias.Les sujets de ses principaux ouvrages sont : De la vraie et de la fausse piété ; l'apologie de Socrate; de l'immortalité de l'ame; des Etymologies; de la science; du sophisme de la Politique et de la Royauté ; Dissertation sur les idées et sur l'essence intelligible des choses à du plaisir; le Banquet où il traite de l'amour; du beau; de la na~ ture de l'Homme; de la prière; de la passion du gain; de la philosophie; de la sagesse ; de la nature; de la tempérance; du courage ou de la force; de l'amitié; de la dispute; de la vertu du mensonge; de la meilleure République ; de Lois, etc. Platon est persuadé que l'homme ne peut être heureux sans aimer la justice, sans mépriser les richesses; il pense qu'il ne peut y avoir de bon gouvernement que lorsque les sages montent sur le trône, ou que les rois devien nent philosophes. « Lorsque le magistrat, dit-il, est fidelle à la loi, l'état prospère; lorsque la Joi est l'esclave du magistrat, il n'y a à espérer que ruine et désolation.» La plus belle édition de ses Œuvres est celle de Serranus on Jean de Serres, en grec et en latin en trois vol in-folio, 1578, imprimée par Henri Etienne. C'est un chefd'œuvre de typographie. On estime aussi celle de Marsile Ficin, Francfort, 1602, in-folio, grec et latin. François Patrice a donné

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ane comparaison curieuse des opinions de Platon et d'Aristote dans ses Discussions Péripatéticiennes, et dans son Livre intitulé : Aristoteles exoreticus. (Voy. aussi le Parallèle que nous faisons de PLATON et d'ARISTOTE, article de ce dernier.) Dacier a traduit en françois une partie des Dialogues de Platon, et cette version, imprimée en 1701, deux vol. in-12, et réimprimée en 1771, trois vol. in-12, est fort au-dessous de l'original.

M. l'abbé Grou a traduit la République, Paris, 1762, deux vol. in-12. On a une version des Lois,

Amsterdam, 1769, deux vol. in-12; des Dialogues non traduits par Dacier, ibid, 1770, deux vol. in-12; de l'Hyppias ou Traité du Beau, mis en françois par Maucroix ; et du Banquet de Platon, par Jean Racine. Ces deux dernières versions sont à la suite de celle des Dialogues par Dacier, de l'édition de Paris, 1771. L'Anglois Clarke en 1803, a rapporté de l'isle de Patmos un beau manuscrit des Œuvres de Platon, in- fol., velin. Les scolies sont en petites capitales. Il fut transcrit par Jean le Calligraphe, pour Arethas doyen de Patras, moyennant treize écus Bysantins sous le règne de Léon fils de Basile, l'an 6404 du monde. Ce manuscrit grec est le plus ancien que l'on connoisse revêtu d'une date précise. Darville possédoit un Euclide plus ancien d'un an ; et Montfaucon dans sa Paléographie, dit avoir vu un autre manuscrit, grec antérieur de six aus; mais ces deux derniers manuscrits ont disparu. Voyez III. JEAN (Saint) l'Evangéliste, à la fin.

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II. PLATON 9 poëte Grec, florissoit environ cent ans après Platon le Philosophe. Il passa pour le chef de la moyenne Comédie. Il ne nous reste que quelques fragmens de ses Pièces : ils suffisent pour faire juger qu'il avoit été favorisé par la Muse de la Comédie.

PLAUTE, (Marcus AcciusPLAUTUS, ainsi nommé, suivant Sextius Pompeius, parce qu'il avoit les pieds plats ) naquit à Sarsine, ville d'Ombrie, et se fit à Rome une très-grande réputation dans le genre comique. On dit qu'ayant perdu tout son bien dans le négoce, il fut obligé pour vivre, de se louer à un boulanger pour tourner

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meule de moulin, et que dans cet exercice il employoit quelques heures à la composition de ses Comédies; mais ce conte doit être mis au rang des autres fables dont on a semé la vie des grands hommes. Il nous reste 19 Comédies de ce poëte, qui mourut l'an 184 avant Jésus-Christ; mais il y a lieu de croire qu'on en a perdu un grand nombre d'autres. Le savant Varron fit ce quatrain qui auroit pu lui servir d'Epitaphe:

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