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paiser les douleurs de colique qui, le tourmentoient; mais il ne croyoit pas qu'un tel remède pût s'accommoder avec la gravité d'un philosophe. Il avoit commencé de bonne heure à paroître singulier dans ses goûts et dans ses manières. A l'àge de 8 ans fréquentant déjà les écoles, if ne laissoit pas d'aller trouver sa nourrice et de lui demander à teter. Quoiqu'on l'eût grondé plusieurs fois comme un enfant importun, il ne cessa pas d'en user ainsi long-temps avec elle. Sa supériorité sur les autres hommes lui avoit donné une présomption extrême. Amelius son disciple, le pria un jour d'assister à un sacrifice qu'il offroit aux Dieux. C'est à eux, répondit le maître, de venir à moi, et non pas à moi d'aller à eux. Ce philosophe se vantoit d'avoir un génie familier comme Socrate; mais celui de Plotin, disoient ses disciples, étoit au-dessus des simples Démons et au rang des Dieux. Plotin méditoit si profondément, qu'il arrangeoit dans sa tête tout le plan d'un ouvrage, depuis le commencement jusqu'à la fin, et qu'il n'y changeoit rien en écrivant. Tous ses écrits réunis forment 54 Traités, divisés en six Ennéades. C'est à Porphyre que nous en devons la collection et l'arrangement. Ils roulent sur des matières fort abstraites; ils regardent presque tous, la métaphysique la plus relevée. Il semble qu'en certains points notre philosophe ne s'éJoigna pas du Spinosisme. Il n'y a eu presque point de siècle où ce monstrueux sentiment n'ait été enseigné. Spinosa n'a que le malheureux avantage d'être le premier qui l'ait réduit en sys

teme selon la méthode géomé trique. Que vouloit dire Plotin quand il fit deux livres pour prouver: UNUM ET IDEM UBI— QUE TOTUM SIMUL ADESSE ? N'é

toit-ce pas enseigner que l'Etre qui est par-tout est une seule et même chose? Spinosa n'en démontre pas davantage. Plotin examine dans un autre traité : S'il y

ly a plusieurs ames ou s'il n'y en a qu'une seule? Il s'ap pliqua beaucoup à l'étude de l'o rigine des idées. Il fit un livre sur la question: S'il y a des idées des choses singulières? Il en fit un autre pour prouver que les objets intellectuels ne sont pas hors de l'entendement. On reconnoît dans les livres dont nous parlons, trois sortes d'âges de l'esprit de leur auteur. Les premiers et les derniers traités sont fort au-dessous des autres. On voit dans les premiers un esprit qui n'a pas encore toute sa force, et dans les derniers un génie qui dégénère. C'est dans les écrits du milieu qu'on trouve une chaleur d'esprit portée au plus haut degré. Cependant les uns et les autres offrent des idées qui ne sont pas toujours nettes et précises. Som discours se ressent de l'obscurité de ses idées. Il faut quelquefois une lecture opiniâtre et répétée pour le comprendre. Ses Ennéades ont été imprimées à Basle, 1580, in-folio, en grec, avec la version latine des sommaires et des analyses sur chaque livre par Marsile Ficin, celui de tous les modernes qui a le plus étudie cet ancien philosophe.

PLOTINE, ( PLOTINA POMpeïa) femme de l'empereur Trajan, avoit épousé ce prince longtemps avant qu'il parvînt à l'er

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pire. Elle fit avec lui son entrée dans Rome, aux acclamations 'du peuple; et en montant les degrés du palais impérial, elle dit qu'elle y entroit telle qu'elle souhaitoit d'en sortir. Sa sagesse et sa modestie lui gagnèrent également le cœur des grands et celui du peuple. Elle refusa le titre d'Auguste pendant tout le temps que Trajan ne voulut point accepter celui de Père de la Patrie. Son humanité contribua beaucoup à la diminution des impôts, dont les provinces étoient surchargées. Elle accompagnoit son époux en Orient, lorsque ce prince mourut à Selinunte, l'an 117. Elle porta les cendres de Trajan à Rome où elle revint avec Adrien qu'elle avoit favorisé dans tous ses desseins. Ce prince lui dut l'adoption que Trajan fit de Ini, et par conséquent l'empire. Elle eut pour lui des sentimens qui pénétréTent son ame mais qui ne purent corrompre son cœur, et sa conduite fut toujours à l'abri des soupçons. Adrien plein d'une tendre reconnoissance de ses services lui conserva l'autorité qu'elle avoit eue sous Trajan. La mort enleva l'an 129 Plotine, qui fut mise au rang des Dieux. Cette impératrice, aimable et bien faite, avoit un air de gravité et de décence qui convenoit à son rang. Son esprit étoit élevé, et elle ne l'employoit que pour faire le bien. Ne craignant point de déplaire, lorsque c'étoit l'avantage du peuple, elle avertissoit Trajan des malversations des gouverneurs de provinces. Ses conseils contribuè rent à la suppression de plusieurs abus.

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PLOTIUS-GALLUS, (Lucius) rhéteur Gaulois, vers l'an 100 avant Jésus-Christ, est le pre mier qui ouvrit dans Rome une école de Rhétorique en latin. Cicéron témoigne ses regrets de ne pas avoir assisté à ses leçonsa Cet illustre rhéteur eut des jours longs et heureux. Il avoit composé un excellent Traité du geste de l'Orateur , que le temps a dévoré.

PLUCHE, (Antoine) né à Rheims en 1688, mérita, par la douceur de ses mœurs et par ses progrès dans les belles-lettres, d'être nommé professeur d'humanités dans l'université de cette ville. Deux ans après, il passa à la chaire de rhétorique, et fut élevé aux ordres sacrés. L'évêque de Laon (Clermont instruit de ses talens, lui offrit la direction du collège de sa ville' épiscopale. Ses soins et ses lumières y avoient ramené l'ordre, lorsque des sentimens particu liers sur les affaires du temps troublèrent sa tranquillité, et l'obligèrent de quitter son emploi. L'intendant de Rouen (Gasville) lui confia l'éducation de son fils, à la prière du célèbre Rollin. L'abbé Pluche ayant rem→ pli cette place avec succès, quitta Rouen pour se rendre à Paris où il donna d'abord des lecons de géographie et d'histoire. Produit sur ce théâtre par des auteurs distingués, son nom füt bientôt célèbre, et il soutint cette célébrité par ses ouvrages. Il donna successivement au public: I. Lẻ Spectacle de la Nature, en neuf volumes in-12. Cet ouvrage également instructif et agréable, est écrit avec autant de clarté

que d'élégance; mais l'auteur dit peu en beaucoup de paroles: la forme du dialogue l'a entraîné dans ce défaut. Les interlocuteurs, le Prieur, le Comte et la Comtesse, n'ont aucun caractère particulier; mais ils en ont tous un qui leur est commun et qui plaît médiocrement, sans en excepter même celui du petit chevalier de Breuil, qui n'est pourtant qu'un écolier. C'est ainsi qu'en jugeoit l'abbé Desfontaines. Quoique ces entretiens aient un tour assez ingénieux et même quelque vivacité, ils tombent quelquefois dans le ton du collége. II. Histoire du Ciel, en deux vol. in-12. On trouve dans cet ouvrage deux parties presque indépendantes l'une de l'autre. La première contient des recherches savantes sur l'origine du Ciel poétique. C'est presque une Mythologie complète, fondée sur des idées neuves et ingénieuses. La seconde 'est l'histoire des idées philosophiques sur la formation du monde. L'auteur y fait voir l'iInutilité, l'inconsistance et l'incertitude des systèmes les plus accrédités, et finit par montrer l'excellence et la simplicité sublime de la physique de Moyse. Outre une diction noble et ar'rondie, on y trouve une érudition qui ne fatigue point. Quant au fond du système exposé dans la première partie, il est assez heureux; mais il n'est pas certain qu'il soit aussi vrai: Voltaire l'appeloit la FABLE du CIEL. III. De Linguarum artificio; ouvrage qu'il a traduit sous ce titre : La Mécanique des Langues, in-12. Il y propose un moyen plus court pour apprendre les langues c'est l'usage des versions, qu'il voudroit substituer

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à celui des thèmes; et ses re flexions sont aussi judicieuses que bien exprimées. IV. Concorde de la Géographie des différens âges, Paris, 1764, in- -12 ouvrage posthume très-superficiel, mais dont le plan décèle un homme d'esprit. V. Harmonie des Pseaumes et de l'Evangile, ou Traduction des Pseaumes et des Cantiques de l'Eglise, avec des Notes relatives à la Vulgate, aux Septante et au Texte Hébreu, qui rendent intéressante cette traduction dont la fidélité est connue Paris in 12, 1764. L'abbé Pluche s'étoit retiré. en 1749 à la Varenne Saint-Mour, où il se consacra entièrement à la prière et à l'étude. Sa surdité étant au point qu'il ne pouvoit plus entendre qu'à l'aide d'un cornet, le séjour de la capitale ne lui offroit plus aucun agrément. Ce fut dans cette retraite qu'il mourut d'une attaque d'appolexie, le 20 novembre 1761, à 73 ans. Il possédoit les qualités qui font le savant, l'honnête homme et le Chrétien. Sobre dans ses repas, vrai dans ses paroles, bon parent, ami sensible, philosophe humain, il donna des leçons de vertu dans sa conduite comme dans ses ouvrages. Sa soumission à tous les dogmes de la Religion étoit extrême. Quelques esprits forts ayant paru surpris que sur les matières de la Foi, il pensât et parlât comme le peuple, Je m'en fais gloire, répondit - il ; il est bien plus raisonnable de croire à la parole de l'Etre-Suprême, que de suivre les sombres lumières d'une raison bornée et sujette à s'égarer.

PLUKENET, (Léonard) né en 1642, s'est distingue par ses

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recherches sur la botanique. On a de lui I. Phytographia seu Plantarum Icones, Londres 1691, 1692 et 1696, quatre parties, 328 planches. II. Almagestum Botanicum, sive Phytographie Onomasticon, 1696. Sloane lui reproche d'avoir supposé des plantes imaginaires et d'en avoir défiguré d'autres. III. Almagesti Botanici mantissa Plantas novissimè detectas compleciens, 1700, planches 329 à 350. IV. Amalthæum Botanicum, id est Stirpium Indicarum alterum Copiæcornu, 1705, planches 351 à 454: le tout en trois parties imprimées in-4°; édition très-recherchée. Il en a paru une nouvelle à Londres, 1769, in-4°, moins belle, mais plus commode pour les recherches, à cause de la Table générale.

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PLUMIER, (Charles) religieux Minime, né à Marseille en 1646, d'une famille obscure, apprit les mathématiques à Toulouse sous le Père Maignen son illustre confrère. Le maître charmé du génie de son élève, lui montra non- seulement les hautes sciences; mais il lui apprit encore l'art de faire des lunettes, des miroirs ardens, et d'autres ouvrages non moins curieux. On l'envoya à Rome où sou extrême application pensa lui faire perdre l'esprit. Alors il quitta les mathématiques, pour s'adonner à la botanique : science qui demandoit moins de contention. De retour en Provence, il se livra entièrement à son nouveau goût. Louis XIV, instruit de son mérite, l'envoya en Amérique, pour rapporter en France les Plantes dont on pourroit tirer

plus d'utilité pour la médecine Il y fit trois voyages différens > et revint toujours avec de nouvelles richesses. Le roi paya ses courses par le titre de son botaniste, et par une pension qui fut augmentée à proportion de ses services. Il fut affilié à la province de France, et Paris devint dès-lors son séjour. Lo célèbre Fagon, premier médecin du roi, l'engagea à faire un qua trième voyage, pour découvrir, s'il étoit possible, d'où vient que le Quinquina qu'on apporte à présent en Europe, a moins de vertu que celui qu'on y apportoit au commencement qu'on le connut? Le savant Minime entreprit courageusement cette périlleuse carrière; mais la mort l'arrêta au port de Sainte-Marie proche de Cadix, où il expira en 1706, à 60 ans. L'étude de la nature lui avoit inspiré un amour infini pour son divin Auteur 9 et sa piété étoit aussi tendre que sincère. On a de lui: I. Nova Plantarum Americana

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de son père que le P. Plumier avoit appris l'art de tourner qu'il pratiquoit aussi bien qu'il F'enseignoit. V. Deux Dissertations sur la Cochenille, dans le Journal des Savans, 1694, et dans celui de Trévoux, 1703. On trouva dans son cabinet plusieurs ouvrages écrits de sa main, qui auroient pu former 12 vol, Il y traitoit de tous les oiseaux, de tous les poissons et de toutes les plantes de l'Amérique. Cet ouvrage étoit embelli par une infinité de dessins, dont l'auteur, habile dessinateur et graweur, avoit déjà gravé lui-même une bonne partie. On les conservoit dans la bibliothèque des Minimes de Paris.

PLUNKETT, (Olivier) pri mat d'Irlande sa patrie, passa de bonne heure en Italie. Après

avoir fait ses études dans le colJége des Hibernois et professé dans celui de la Propagande, il fut nommé archevêque d'Armach en 1669. Ses travaux apostoli ques lui attirèrent la haine des Hérétiques, qui l'accusèrent d'a

voir voulu faire soulever les Ca

tholiques contre le roi d'Angle

terre. On le condamna à être pendu, et son corps à être mis en quatre quartiers. Cet arrêt fut exécuté le 10 juillet 1681; il avoit alors 65 ans. L'innocence de ce vertueux prélat fut reconnue dans la suite, et ses indignes accusateurs punis du dernier supplice. C'étoient trois scélérats sentenciés en Irlande, et quatre prêtres, religieux d'une vie scandaleuse et dont il s'étoit attiré la haine par son zèle à réprimer leurs désordres.

PLUQUET, (François-André) né à Baieux le 14 juillet

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1716, embrassa l'état ecclésiastique et quitta un canonicat dans la cathédrale pour venir professer l'histoire à l'université de Paris. Ses leçons furent suivies, et Pluquet justifia sa réputation par de bons écrits. Homme vertueux, ami sûr, ennemi de la flatterie et de la dissimulation, on lui reprocha quelquefois un peu de brusquerie et de dureté. Il est mort d'apoplexie le 18 septembre 1790. Ses ouvrages sont: I. Examen du Fatalisme, 1757, trois vol. in-12. L'auteur combat avec force cette erreur ancienne qui fait encore l'un des principaux dogmes des religions de l'Orient. II. Dictionnaire des Hérésies, 1762, 2 vol. in-8.° II offre une logique saine, un jugement impartial, un savoir profond. Nous en avons cité plusieurs fragmens dans ce Diction

naire. III. De la Sociabilité, 1767, 2 vol. in-12. Pluquet combat dans cet ouvrage le système de Hobbes, et prouve que l'homme naît bienfaisant et religieux, IV. Livres classiques de l'empire de la Chine, 1784, 7 vol. in-12, C'est une traduction du recueil

du P. Noël, précédé ďun dis

cours bien écrit sur la morale des Chinois. V. Traité philoso¬ phique et politique sur le luxe, 1786, 2 vol. in-12,

née dans la Béotie, l'an 48 ou 50 PLUTARQUE, né à Chéroavant J. C., descendoit d'une des dérables familles de cette ville, plus honnêtes et des plus consi On ignore le nom de son père; d'un grand mérite et d'un savoir il en parle comme d'un homme peu commun. Son aïeul Lamprias étoit éloquent, avoit une ima gination fertile, et se surpassoit

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